Pour Formacolor et les autres
tombe de Rainer Maria Rilke à Raron, dans le Valais
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Bienvenue, au gré de mon humeur, de mes découvertes
Pour Formacolor et les autres
tombe de Rainer Maria Rilke à Raron, dans le Valais
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05 octobre 2015 : Fernando Botero – Musée Würth France
07 octobre 2015 : De nouveaux Talents Contemporains à la Fondation François Schneider
08 octobre 2015 : Mer Méditerranée, Rabih Mroué
13 octobre 2015 : « Slip of the Tongue » à Venise
15 octobre 2015 : Martial Raysse
21 octobre 2015 : Ben Vautier chez Tinguely
29 octobre 2015 : Nathalie Savey
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Quelle surprise aujourd’hui, un très beau livre était dans ma boite aux lettres.
Une promeneuse, qui choisit son itinéraire sur une carte. Elle avance, observe,
le paysage, l’eau, l’air, la nature, puis soudain elle déclenche pour nous rapporter
des images, du réel, qui paraissent irréelles, avec une alchimie qui relève du rêve.
« je suis peut-être enfoui au sein des montagnes »
Rainer Maria Rilke
peut-on lire sur une page,
Des auteurs magnifiques accompagnent les photographies.
Héloïse Conesà, conservateur en chef du département des Estampes et de la Photographie à la Bibliothèque nationale de France, signe » A la cime des yeux « .
Michel Collot (podcast) professeur de littérature française, nous parle de :
« Paysages rêvés réels »
« La montagne rêvée » sous la signature d‘Yves Millet
C’est dans les poèmes de Philippe Jaccottet qu’elle a puisé les textes
qui accompagnent à chaque page ses photographies sublimes,
car il s’agit vous l’avez deviné de Nathalie Savey, ( son site) photographe, qui nous permet de partager ses vagabondages. Il faut la suivre et se perdre dans ses pages à la découvertes de points de vues, poétiques, porteurs de grâce, contempler, le réel, à la quête de l’émotion, qu’elle nous communique à travers ses photographies.
Elle nous donne envie, de découvrir ses paysages, dans le silence, à la recherche de l’indicible beauté de la nature.
C’est une très belle oeuvre, un livre d’artiste, publiée par l’Atelier Contemporain de Strasbourg et son dynamique éditeur François Marie Deyrolle
Nathalie Savey vit et travaille à Strasbourg
Extrait en PDF
Je lui souhaite un grand succès, je la remercie pour son très beau cadeau,
ainsi que l’Atelier Contemporain de Strasbourg et son dynamique éditeur François Marie Deyrolle
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Ben Vautier. Est-ce que tout est art ?
Ben Vautier est un showman multilingue (vidéo), passant du français, à l’allemand, puis à l’anglais, dans une même phrase avec une facilité déconcertante.
L’amour c’est des mots, écrit-il, il a avant tout l’amour des mots, c’est un poète à 60 % suicidaire, mais il nous rassure dans un grand sourire : je ne me suiciderai pas ! (podcast)
La culture manipule ? Acrobate du verbe, avec sa faconde c’est lui qui nous manipule, même si vous n’appréciez pas particulièrement son art, il est d’une franchise désarmante, il clame, écrit
persiste et signe, l’artiste est égocentrique,
angoissé, vaniteux, peureux, philosophe. C’est aussi un perfomer, il se moque des journalistes qui se pressent à sa visite, en les appelant : » allez les moutons« ; ils sont plutôt conquis par sa bonhommie et suivent patiemment les curateurs dans les 30 espaces aménagés au rez de chaussée du musée Tinguely.
Le musée Tinguely présente toujours avec pertinence, dans ses expositions des artistes
en adéquation avec l’esprit de Jeannot Tinguely.
Le Musée Tinguely montre l’univers artistique de Ben Vautier pour la première fois dans son ensemble en Suisse. L’artiste franco-suisse vivant à Nice, connu surtout sous le nom de Ben, dit lui-même : « Je signe tout » – commentant ainsi, par ses images et actions, le monde comme un tout. « L’art est inutile », « Je suis le plus important » – c’est avec ce genre de propos que Ben Vautier crée délibérément la confusion et la provocation depuis près de 60 ans, mais tout en incitant aussi à la réflexion.
Car chaque phrase, aussi brève soit-elle, recèle un immense potentiel de questions capitales sur la vérité dans l’art, le rôle de l’artiste dans la société ou le rapport entre l’art et la vie. Ses écritures couvrent un très large éventail : réflexions intimes ou théories postmodernes sur l’art et jusqu’à l’anthropologie ou la religion. Elles sont le reflet de ses questionnements personnels sur ces thèmes et témoignent d’un esprit critique qui n’hésite pas à remettre en cause tout et tout le monde – y compris son propre ego. Par la manière dont elle mêle les arts, la philosophie et le quotidien, l’oeuvre de Ben est unique. À partir des ready-mades de Marcel Duchamp,
Ben perpétue de façon systématique l’idée selon laquelle une oeuvre d’art est reconnaissable non pas par sa teneur matérielle mais exclusivement par la signature. Les images écrites à la main qui font les commentaires de Ben sont assurément une caractéristique essentielle de son art et en constituent la griffe.
Ben fut l’un des premiers artistes en Europe à faire descendre l’art dans la rue. À partir de 1959, il élargit ensuite la notion d’art courante avec ses fameuses « actions de rue ». Celles-ci peuvent être des gestes quotidiens (attendre à un arrêt de bus) ou plutôt ‘décalés’ (traverser le port de Nice à la nage habillé, avec un chapeau).
Dans les années 1960, avec ses nombreuses actions, Ben devient un personnage majeur du mouvement Fluxus en Europe. Une sélection de ses performances – qu’il nomme simplement « gestes » –est présentée au Musée Tinguely avec des panneaux carrés, peints en noir et blanc, assemblés en collages, ainsi qu’à travers des documents historiques tels que des films originaux.
Une oeuvre figure au coeur de l’exposition : le « Magasin » (1958-1973) de Ben, où il vendait jadis, à Nice, des disques d’occasion. Ce magasin est devenu pendant les années 1960 le principal point de rencontre de la scène artistique et à la fois le lieu de maintes actions et expositions. La surprenante façade et l’aménagement inhabituel firent sensation. La conception du magasin, avec les nombreux objets et pancartes, va de pair avec le développement des panneaux écrits qui font la célébrité de Ben.
Cette « installation », qu’il n’a cessé de faire évoluer, a été rachetée en 1975, avec la façade d’origine et l’intérieur, par le Centre Pompidou et exposée lors de l’inauguration du musée. Cette oeuvre d’art globale, d’un genre exceptionnel, permet d’établir un rapport avec ses tout débuts artistiques en réunissant les grands champs thématiques qui marquent son travail jusqu’à aujourd’hui.
La première partie de l’exposition rétrospective, organisée par Andres Pardey, porte avant tout sur les débuts justement et montre une sélection d’oeuvres clés des années 1958 à 1978. Elle commence par des témoignages qui retracent la quête de Ben d’un langage formel abstrait bien à lui et mène à un ensemble de « vieilles écritures ». On y voit comment Ben se détourne de l’expérimentation purement formelle pour s’intéresser ensuite davantage aux contenus et à la signification. Tout l’éventail de son répertoire artistique est présenté dans cette partie de l’exposition : nombreuses actions de rue à partir des années 1960, grands moments de Fluxus à Nice, jusqu’aux prises de position de Ben en tant que théoricien et philosophe de l’art.
Tout cela s’inscrit dans une période relativement brève et constitue le fondement de son oeuvre ultérieure. Le statut de Ben, son rôle crucial dans les milieux de l’art à Nice ou au sein de Fluxus en Europe et dans le monde entier, l’importance de ses réseaux avec des artistes, philosophes, écrivains, collectionneurs et politiciens internationaux trouvent ici toute leur illustration. D’autres thèmes sont également abordés, comme la multimédialité, présentant ainsi cet artiste « connecté » avant l’heure avec son site web, sa propre radio web et ses newsletters, petit extrait :
BALE
Courir après la gloire,
Ridicule j’ai honte
mais C’est ma vie
je ne dois pas le regretter
ou encore les immenses archives que Ben a rassemblées sur son travail et celui de ses amis artistes, mais il se défend d’être un archiviste, il regarde vers l’avenir et les jeunes artistes. La salle avec les oeuvres de l’« Introspection » montre comment l’art de Ben Vautier interroge également l’ego même de l’artiste.
Ben n’inspecte pas seulement le monde et ce qui se passe autour, mais porte un regard tout aussi critique sur lui-même en tant que personnage et sujet agissant. Le regard du dehors vers le dedans marque le passage vers la deuxième partie de l’exposition, qui introduit d’une part à l’oeuvre plus récente de Ben Vautier, mais d’autre part aussi au processus créatif que l’artiste applique à son propre travail. Il a conçu ainsi plus de 30 espaces qui, tous ensemble, constituent une sorte d’oeuvre d’art totale. À commencer par ses « petites idées » et jusqu’aux « nouvelles écritures », en passant par les« miroirs », la « photographie », le « temps » et la « mort », ainsi qu’un « Hommage à Tinguely », Ben nous propose un kaléidoscope de ses réalisations les plus actuelles.
A la fin du parcours, il répond à nos questions, dans son Centre Mondial du questionnement
Evènements
Tous les jeudis le musée Tinguely invitera une personnalité du monde de l’art
dans ce centre qui répondra au public, aux questions que celui-ci voudra bien lui poser
Publication
À l’occasion de l’exposition paraît chez Kehrer Verlag un important catalogue, richement illustré, avec des textes par Ben Vautier, Margriet Schavemaker, Andres Pardey, Roland Wetzel et Alice Wilke, ainsi que de nombreux textes historiques d’auteurs comme Bernhard Blistène, Isidore Isou ou Ad Petersen (édition allemande et édition anglaise, 256 pages), prix à la boutique du musée : 52 CHF, ISBN: 978-3-86828-648-9 (D), 978-3-86828-649-6 (E).
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N’ayant vu que peu de toiles et installations de Martial Raysse, (vidéo) artiste figuratif, poète, mondialement connu, ayant écouter son double passage savoureux chez Laure Adler sur France Culture dans l’émission, Hors Champs ( 2 podcast) en direct de Venise, du Palazzo Grassi, j’étais très curieuse de voir la rétrospective, de celui qui dit que l’art contemporain, n’a aucun intérêt pour lui, que c’était subalterne, qui ne croit pas à Cézanne, ni à Matisse, (c’est facile à faire, c’est de l’esbroufe), qui copie les maîtres pour apprendre la peinture, qui dit que si Raphaël revenait il aimerait l’entendre lui dire : « c’est pas terrible, mais continue »
Un tableau, c’est de l’intelligence condensée, c’est comme un théorème mathématique, chacun peut le prendre par un bout et divaguer à partir de là.
Son travail est lié à son apprentissage et son expérience de la sagesse : « Il y a une quête initiatique dans mon travail, si on peut parler ainsi sans être prétentieux. Mais la sagesse n’est pas triste, elle conduit à une sorte de sérénité merveilleuse. L’austérité n’est pas un principe de sagesse, c’est la juste mesure qui est sage. »
Il revient sur la comparaison que font les critiques entre ses premières œuvres et le Pop Art : « J’ai fait ces œuvres en 1960-1961, bien avant que les Américains ne se réveillent. Quand Warhol est arrivé avec sa série de Marylin Monroe, la peinture était encore fraîche ; moi j’avais fait cela un an auparavant. » Il évoque aussi son utilisation du néon : « J’ai utilisé du néon à une époque où on ne l’utilisait presque pas en France ; aux Etats-Unis, c’était courant dans la vie quotidienne, les artistes ne pensaient même pas à l’utiliser. Chez moi, à Nice, il n’y en avait que deux sur l’avenue de la Victoire, pour moi c’était des icones… »
Le motif de l’atelier est récurrent dans ses toiles : « Toute mon œuvre est marquée par mon environnement ; on est influencé par ce qui nous entoure et c’est susceptible de ressortir sur les images qu’on produit. »
Il évoque les couleurs toujours très vives de ses tableaux : « Beaucoup de gens sont dépaysés par les couleurs que j’utilise aujourd’hui. C’est en pratiquant la couleur que je suis arrivé à la ‘sur-couleur’. La maxime de la peinture, c’est de faire de la lumière avec de la matière. »
Selon lui, « l’art contemporain, ce n’est qu’une doxa, une rhétorique. » Et de constater que la peinture figurative a du mal à se faire une place au sein des galeries françaises : « Il y a de bons peintres figuratifs mais ils ne sont pas très connus. Beaucoup de jeunes gens, notamment des femmes, ont du mal à s’en sortir, surtout quand ils font de la peinture figurative. »
Il revient sur ses premières œuvres : « Pour la série Coco Mato, je n’avais pas de papier, je ne pouvais pas m’acheter de la toile, je travaillais sur des papiers journaux ou des papiers de mauvaise qualité. J’étais vraiment très pauvre. » Ces premières œuvres étaient exclues du marché de l’art.
« C’étaient des objets avec les moyens du bord, très humbles, qui témoignaient de la poésie mystérieuse des rapports humains dans une société à part. »
Il pense qu’un peintre ne devrait pas parler de sa peinture : « Je n’aime pas traduire mes tableaux, je n’aime pas en parler non plus, car je trouve que le peintre fait sous-titre à son tableau. C’est le principe même de notre époque, on connaît tout des peintres. J’aurais aimé être comme étaient les peintres anciens dont on ne connaît rien… » « Martial Raysse »
au Palazzo Grassi à Venise, jusqu’au 30 novembre 2015
Le Palazzo Grassi a été construit entre 1748 et 1778, selon un plan dont le centre est occupé par une cour couverte où la lumière naturelle entre largement, comme elle entre dans les salons sur le Grand Canal. Un escalier double monte à la galerie du premier étage, suite d’arcades en balcon au-dessus de la cour. Les salles sont de proportions variées, en enfilade ou en angles. Il y a de l’espace et donc la possibilité de considérer les toiles les plus vastes de loin et de près.
Caroline Bourgeois, commissaire de l’exposition, a pris le parti pour Raysse, de ne pas disposer les pièces selon leur date d’exécution, de la plus précoce à la plus récente, mais selon un agencement harmonieux.
Dès l’entrée, la cour est occupée par de grandes vitrines où voisinent des assemblages pop d’il y a un demi-siècle, des bricolages d’hier, des objets détournés, des petits assemblages nés de la récupération de trois fois rien, des bronzes presque baroques et des ready-made de plastique. Une sorte de salle à manger-salon de nos grands parents.
D’autres de ces reliquaires sont dispersés au fil du parcours, de même que des néons et les films. Ils sont tous de la même veine, le Raysse ancien ou récent, avec ses calembours, ses sous-entendus, ses blagues, ses sarcasmes, ses titres pétiques. Il précise qu’il a utilisé les néons avant les artistes américains, car pour lui c’était nouveau, alors que l’Amérique était inondée de néons à cette époque. (années 60)
Quelques ensembles sont réunis sur un thème ou un genre, la baigneuse – il y a foule de baigneuses chez Raysse, à toutes les périodes –, le portrait – féminin y domine –, les mythes antiques – tels quels ou modernisés. Qu’ils dominent ne surprend pas, tant l’artiste s’y est régulièrement consacré. Mais d’autres, demeurés moins visibles, se manifestent grâce aux rapprochements.
Dans la campagne il choisit ses modèles, chiens, coqs, cygne, paysans, carnaval, qu’il associe à des fêtes médiévales.
Modello pour Ici Plage, comme ici bas
A la cafétéria on voit Martial Raysse, 80 ans, dansant, dans une vidéo, heureux, d’avoir pu exposer au Palazzo Grassi, ravi de l’opportunité que lui a offerte François Pinault, de donner à voir ses oeuvres à la lumière naturelle, qui lui semble de ce fait, des nouveaux tableaux, dans un écrin si prestigieux.
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Je dois dire d’entrée, que de pénétrer à la Dogana, bâtiment du XVIIème siècle, si particulier et emblématique, réveille en moi une émotion fébrile.
Il a ainsi changé de fonction pour la première fois de son histoire, abandonnant les trafics commerciaux pour accueillir des productions majeures de l’art contemporain et devenir un lieu pour les partager avec le public. Il semble encore résonner de son passé.
Slip of the Tongue, c’est la langue qui fourche
– Un train qui bifurque pour prendre la route qui ne mène pas à Rome,
Mais à Venise, à la Pointe de la douane – La punta della Dogana.
Voilà le titre de l’exposition
Slip of the Tongue : lapsus.
Visite sonore avec France Musique
Elle est organisée par l’artiste d’origine vietnamienne Danh Vō (né en 1975), en collaboration avec Caroline Bourgeois.
C’est la première fois que la fondation Palazzo Grassi – Punta Della Dogana – Pinault Collection invite un artiste à jouer le rôle de commissaire.
Le nom de l’exposition, « Slip of the Tongue », est emprunté à l’artiste Nairy Baghramian (né en 1971), qui a beaucoup échangé avec Danh Vō. L’exposition semble tenter de « cartographier l’amitié ».
Le clou du spectacle : deux ensembles extraordinaires exécutés par l’artiste américaine Nancy Spero (1926-2010).
Certains projets présentés combinent les dimensions personnelles et sociales des relations entre artistes. Certains artistes n’ont jamais rencontré Danh Vō, comme Felix Gonzalez Torres (2009, Wiels Contemporary Art Centre, Bruxelles), Martin Wong (2013, Solomon R. Guggenheim Museum, New York), et son amie Julie Ault (2013, Artists Space, New York).
Ces notions permettent de tisser des liens entre les œuvres sélectionnées au sein de la collection Pinault ; des œuvres par Bertrand Lavier, Tetsumi Kudo, Lee Lozano… La conversation se poursuit entre les 35 artistes invités par Danh Vō, à laquelle une photo de Robert Manson donne un tournant remarquable.
L’exposition « Slip of the Tongue » trouve une résonnance particulière à Venise, ville carrefour entre tradition et modernité, dont l’histoire a toujours été marquée par un équilibre instable entre division et communion. Cette résonnance est accentuée par le choix de Danh Vo d’insérer dans le parcours de l’exposition un dialogue entre des oeuvres contemporaines et des oeuvres plus anciennes provenant de l’Institut d’Histoire de l’Art de la Fondation Giorgio Cini et des Galeries de l’Accademia. Ces prêts s’inscrivent dans le lien de collaboration étroite et de développement de synergies qui s’est tissé entre Palazzo Grassi – Punta della Dogana et les deux institutions vénitiennes depuis 2014. Ils résultent, par ailleurs, du dialogue fructueux qui a eu lieu entre l’artiste Danh Vo et Luca Massimo Barbero à la Fondazione Giorgio Cini et Giulio Manieri Elia aux Galeries de l’Accademia. extrait Elisabeth Lebovici
Le musée est une bouche dans laquelle nous rentrons avec nos regards.
Nos yeux se posent sur la bouche de Bertrand Lavier,
Mais la langue est instable et nos corps glissent.
L’exposition parle des rencontres impromptues qui se créent entre une bouche, un mot, l’art et la grande histoire.
Slip of the Tongue, c’est le glissement qui fait qu’un frigo devient une œuvre d’art ou qu’une peinture de Giovanni Bellini de la Renaissance se retrouve découpée et recardée pour devenir autre chose.
L’histoire est une suite de malentendus,
Et l’art est un élastique, qui s’étend, s’étire, prenant de ci delà une légende, un cadre, un carton.
Les hybridations du temps créent des surprises que des bouches nous disent – Par le biais d’un choix d’oeuvres dans la collection Pinault – Oeuvres déracinées sélectionnées par Danh Vo – artiste, curator de l’exposition.
Codex Artaud XVII (détail), 1972
© Nancy Spero, Courtesy Galerie Lelong, New York 12
C’est dans les mots d’Antonin Artaud, artiste engagé et enragé, que Nancy Spero trouva les moyens d’exprimer toute cette colère et cette frustration de sa condition de “femme-artiste“ dans les années 60/70.
Il n’était pas dans mon intention de composer des images qui viendraient illustrer les textes, mais bien de continuer à fracturer les écrits déjà fracturés d’Artaud. Fracturés par la perte de son esprit
au fil des séances d’électrothérapie, par le non-être, par la peur de perdre sa langue ; son
amertume face à son isolement exprimée dans des commentaires tels que :
“On lit les mémoires des poètes morts, mais, vivant, ils ne vous passeront même pas un verre d’opium ou une tasse de
café.”
Les citations que j’ai incluses portent surtout sur un désaveu de l’existence ou du monde matériel – un désaveu d’une vie passée dans un monde d’ombres et d’obscurité. J’ai volontairement employé les oeuvres d’Artaud pour exprimer un dégoût existentiel. La voix de “l’autre” (quoique masculin) me fournissait un outil capable de porter ma voix d’artiste réduite au silence. Néanmoins, j’ai préféré utiliser le texte original, en français, et, ce faisant, ne pas faciliter la lecture des citations. Le Codex Artaud se compose de couches superposées, il comporte des références “artistiques” : images tant égyptiennes, romaines que celtiques, autoportraits au miroir imaginaire de Léonard de Vinci, images renvoyant implicitement à mes oeuvres passées, auxquels
s’ajoutent des textes tapés à la machine comme s’il s’agissait de poésie concrète, et ainsi de suite.
Les images grotesques représentant des figures rêvées dans des cauchemars donnent les clés pour comprendre un langage qui sonderait du regard un abysse. Ces figures sont autant d’extensions des textes, dans le sens où je destinais ceux-ci à faire office de hiéroglyphes. Nancy Spero
En 1987, Andres Serrano travaille à des photographies immergées dans des
fluides corporels. Il expérimente en versant du sang dans un récipient de
lait et en prenant la photo en même temps (Bloodstream, 1987). Il produit
des images monochromes de sang, de lait, ou d’urine comme « pigments purs »
(Blood, Milk, Piss). L’artiste construit des récipients en Plexiglas, qu’il remplit de
ces liquides, conservant ses matériaux dans des bouteilles de lait vides
entreposées dans la salle de bains du petit appartement où il vit alors. Cherchant
à produire quelque chose qui soit à la fois abstrait et une représentation –
une couleur et une substance – Serrano cadre ses photographies de façon
à ce que les bords des récipients ne soient pas visibles.
Livret guide de l’exposition
Slip of the tongue
Jusqu’au 31 décembre 2015
A la Punta della Dogana de Venise
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Rabib Mroué occupe tout l’étage de La Kunsthalle de Mulhouse avec une exposition personnelle
Mer Méditerranée jusqu’ au 15.11.2015
Elle rassemble à La Kunsthalle Mulhouse un ensemble d’œuvres de cet artiste majeur de la scène libanaise. Plasticien, performeur, metteur en scène et aussi acteur interprète, Rabih Mroué est un artiste pour qui le rapport au monde passe par la création, sans limite de genre. Son œuvre est un point de vue unique sur les enjeux contemporains du Proche-Orient, par extension du monde, qu’il rapporte avec émotion et sincérité.
Rabih Mroué place son regard là où la vie et les événements le mènent, jamais loin de sa terre natale, jamais loin de son entourage. Que ce soit comme acteur d’une histoire familiale riche d’épisodes drôles et douloureux ou comme témoin d’une situation géopolitique complexe et meurtrie, il propose des œuvres dans lesquelles il engage sa personne aussi bien physique que morale. En reprenant les images, les mots liés au proche orient et abondamment diffusés par les médias, en les saisissant et les réinjectant dans ses films ou ses photographies, il s’emploie à décaler le regard du spectateur qu’il implique volontiers à ses côtés. Ses œuvres rappellent l’importance de se sentir concerné par la réalité de l’actualité même si, au quotidien, les faits énoncés par les uns ou écoutés par les autres se bousculent et tombent souvent dans le piège de la banalité et de l’oubli. Avec Rabih Mroué, ces mêmes faits reprennent vie et corps dans un travail qui inscrit côte à côte l’information et le devoir de responsabilité. L’histoire contemporaine nous regarde autant qu’elle le regarde.
Libanais, il parle de son pays, des évènements qui s’y sont passés, de sa famille, de lui-même.
Plasticien, performeur, metteur en scène et aussi acteur interprète, Rabih Mroué est un artiste pour qui le rapport au monde passe par la création, sans limite de genre. Son œuvre est un point de vue unique sur les enjeux contemporains du Proche-Orient, par extension du monde.
L’exposition suit trois axes principaux :
Dès l’entrée une vidéo dans laquelle s’effondre un immeuble, puis à côté d’un collage intitulé Exodus, 2015, une vidéo où Rabih Mroué présente ses excuses :
Je soussigné, Rabih Mroué, vous présente publiquement à vous
tous et à tout le peuple libanais mes sincères excuses. D’abord,
je tiens à préciser que ma décision ne doit pas être comprise
comme une réaction, ou même une action. Depuis la fin de la
guerre, je suis obsédé par cette idée et ce besoin, mais…
Officiellement, la guerre civile libanaise s’est achevée en 1990, et
jusqu’à présent, aucun des responsables encore au pouvoir n’a
présenté d’excuses au peuple libanais pour ce qu’il a commis, à
l’exception d’une seule personne, comptée au nombre de ceux
qui ont perdu la guerre : Asaad Shaftari. En 2002, soit près de 12
ans après la fin de la guerre, Asaad Shaftari publie un court texte
dans un quotidien arabe où il présente ses excuses. Personne n’a
pris ses excuses au sérieux. Elles n’en demeurent pas moins les
premières excuses officielles présentées aux Libanais.
Comme tant d’autres citoyens, j’ai longtemps attendu des excuses
des politiques, mais en vain. C’est pourquoi j’ai décidé de
m’excuser pour tout ce que j’ai commis durant la guerre civile.
Cependant, je dois préciser que ceci n’est pas une confession ;
il y a une grande différence entre se confesser et présenter ses
excuses. Personnellement, je ne crois pas aux confessions.
Pourquoi ces excuses maintenant ? En fait, jusqu’à aujourd’hui,
je n’ai pas eu assez de courage pour franchir le pas. Peut-être la
peur et la lâcheté m’ont-elles toujours empêché de satisfaire ce
désir. À présent, il est plus que temps de m’excuser auprès de
vous, mes frères et soeurs, mes amis, camarades et compagnons,
mes ennemis.
Respectueuses salutations,
Rabih Mroué
Sans trop savoir pourquoi, je collectionne des portraits de moi
comme une personne disparue, recherchée dans des petites annonces
parues dans la presse locale . Je me suis toujours demandé
comment une personne pouvait disparaître, surtout dans
un petit pays comme le Liban, où l’on dit que tout le monde
se connaît, que la société est confessionnelle, communautariste,
tribale, etc.
Quel que soit le niveau de contrôle et d’autorité au Liban
(comme dans n’importe quel pays d’ailleurs), il y a toujours
des failles, des fissures dans lesquelles les gens disparaissent. Ils
fuient, ils se cachent, ils se perdent et parfois même commettent
des crimes sans laisser aucune trace.
Il me semble que nous, citoyens libanais, pour exister en tant
qu’individus, devons payer le prix fort, celui des enlèvements,
des disparitions, des meurtres ou de devenir des martyrs. Et
encore, je ne suis pas certain que cela suffise
Je ne raconte pas pour me souvenir. Au contraire, je le fais pour
être sûr que j’ai oublié. Ou du moins pour être sûr d’avoir oublié
certaines choses ; qu’elles se sont effacées de ma mémoire. Lorsque
je suis sûr d’avoir oublié, je tente d’identifier ce que j’ai oublié. Et
ce faisant, je commence à deviner et dire : peut-être, c’est possible,
probable, cela se pourrait, je crois, je ne suis pas sûr… Ainsi, je
réinvente ce que j’avais oublié d’après ce dont je me suis en fait
souvenu. Après un temps indéfini, je raconte à nouveau. Pas
pour m’en souvenir mais pour être sûr d’avoir oublié, au moins
en partie… et ainsi de suite.
Cette opération peut sembler répétitive, mais c’est l’inverse, c’est
un refus de revenir aux commencements ; et que savez-vous des
commencements ? Ainsi j’oscille sans cesse entre souvenir et
oubli, oubli et souvenir, souvenir et oubli jusqu’à ce que la mort
vienne. Je parie sur la mort pour me faire tout redécouvrir sous
un jour nouveau. Même s’il n’y avait rien de nouveau, cela serait
en soi une découverte.
Puis par le passage d’une vidéo on se trouve dans un espace où
Les manifestants syriens filment leur propre mort.
Je me suis retrouvé à naviguer d’un site Internet à l’autre à la
recherche d’informations sur la mort en Syrie. J’ai trouvé beaucoup
de choses, mais certaines vidéos m’ont particulièrement
saisi. Elles montrent le contact visuel entre un sniper et un
caméraman, au moment où la ligne de tir du fusil et l’objectif
de la caméra se rencontrent : double visée / double shooting.
On peut voir et entendre le tir du sniper, et au mouvement de
l’image on comprend que le caméraman s’écroule. RM
Le 11 juillet 1982, durant le siège israélien de Beyrouth,
un bref accord de trêve fut conclu entre les parties palestiniennes
et libanaises d’une part, et l’armée israélienne
d’autre part, et pour cause : le match final de la coupe
mondiale de football.
La trêve était de deux heures environ, le temps du match.
Durant ces deux heures, aucun coup de feu ne fut tiré,
aucun incident sécuritaire ne vint ébranler l’accord.
Cette vidéo montre les 2 dernières secondes
de ce match qui opposait l’Italie à l’Allemagne.
Ces 2 secondes ont été étirées jusqu’à 2 minutes.
Ces 2 minutes sont accompagnées des 5 premières
mesures de la Suite N°6 de Bach.
Ces 5 mesures sont répétées 8 fois.
La durée de ce film représente la durée de la trêve.
Les 2 secondes étirées à 2 minutes représentent
les 2 heures de la trêve.
Essayez de ressentir ces 2 minutes
comme étant 2 heures.
2 heures sans guerre.
2 heures sans violence.
2 heures
Puis il nous parle de ses proches, sa tante, son frère touché par une balle à l’âge de 18 ans, qui se rééduque, son grand père, immense amateur de littérature, qui a confectionné
pour son plaisir des fiches pour chacun de ses livres, et que Rabih a reconstitué pour l’occasion.
Longtemps, ma tante maternelle a enregistré la neige
parce qu’elle croyait qu’elle contenait des messages subliminaux
des ennemis du Liban. Elle s’évertuait vainement
à les décoder. Elle fit même appel à un spécialiste
en décryptage. Lui non plus ne trouva aucun message
secret. Avec le temps, elle est devenue dépendante de
ces écrans de neige, en oubliant cette histoire de messages
ennemis. Elle continue à faire des enregistrements,
qu’elle conserve. Peut-être aime-t-elle la neige,
et à Beyrouth il ne neige jamais. Peut-être voulait-elle
devenir danseuse et a-t-elle trouvé dans ces rapports sa
propre écriture chorégraphique.
La bibliothèque :
Le grand père possédait une bibliothèque de plus de 8000 livres.
Passé soixante-dix ans, sa vue baissa et il ne se souvint plus de
l’emplacement exact de chaque livre. Pour trouver un livre précis,
cela lui demandait beaucoup de temps et d’effort. Le père imagina
une solution : il demanda à sa fille (la soeur) de l’aider à mettre au
point un système de catalogage des livres…
Le livre :
En 1979, le père décida d’écrire un livre de mathématiques en
s’inspirant des théories de Fibonacci. Au moment où il s’y mit,
la guerre repartit de plus belle à Beyrouth. Le père persévéra
dans son projet, malgré la guerre civile qui tentait de contrarier
ses efforts intellectuels…
La nouvelle (Échec et mat) :
En 1989, le fils écrivit sa première nouvelle. C’était l’histoire
d’une famille enfermée dans leur maison pendant un échange
de tirs d’obus entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest…
Du 23 au 25 octobre, Lina Majdalanie propose, en parallèle à l’exposition, un programme de rencontres, performances et projections pour mieux comprendre les enjeux et la place du Liban dans le monde contemporain. Le programme précis sera dévoilé à l’ouverture de l’exposition.
Et enfin, le 24 et 25 novembre, en partenariat avec La Filature, Scène nationale – Rabih Mroué présentera Riding on a cloud.
Ils étaient déjà présents sur scène à la Filature, dans le cadre des Vagamondes,
33 tours et quelques secondes (2012),
Retrouvez les diverses manifestations et évènements liés à l’exposition
sous
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Il est désormais de tradition à la Fondation François Schneider de Wattwiller de présenter chaque année une exposition consacrée aux lauréats du
concours Talents Contemporains.
D’octobre au 20 décembre 2015 sont montrés les travaux des artistes de la sélection de l’année 2013.
Depuis 2011, la Fondation François Schneider soutient les artistes avec ce concours par l’acquisition de leurs oeuvres et leur mise en valeur au Centre d’Art Contemporain de la Fondation, entièrement dédié à la rencontre de l’art et de l’eau.
Le grand jury sous la présidence de Jean-Noël Jeanneney a porté son choix sur quatre artistes des plus surprenants –Yoav Admoni, Antoine Gonin, Harald Hund et Olivier Leroi.
Le thème de l’eau est le fil conducteur de ces réalisations. On passera de l’installation-vidéo à la photographie en passant par des objets en verre soufflés. Cet ensemble propose aux visiteurs de voyager dans ces univers forgés par des regards critiques et de réflexion, mais aussi d’humour et d’amusement.
Yoav Admoni, né en Israël, dont le travail évolue entre l’installation, la performance et la
vidéo représente l’importance de l’eau et des problèmes environnementaux dans les conflits.
Les photographies en noir et blanc d’Antoine Gonin retranscrivent l’empreinte que l’homme laisse sur le paysage dont l’eau est le motif central.
Harald Hund dans ses vidéos et films expérimentaux, détourne les valeurs quotidiennes, notamment celles liées à l’habitat.
Dans la vidéo Apnoe, réalisée dans une piscine, il met en scène une famille écrasée par les lourdeurs du quotidien.
Entre sculpture-objet, assemblage, photographie et ready-made, Olivier Leroi
développe un travail multiforme dont les thèmes naissent d’une expérience instinctive du
terrain.
L’exposition présente les oeuvres acquises par la Fondation dans le cadre du concours
2013 « Talents Contemporains » aux côtés d’oeuvres prêtées par les artistes.
Et l’on sera ravi également avec le « bonus » de l’exposition.
En effet, on aura l’occasion de revoir deux oeuvres issues de la collection : il s’agit de l’oeuvre Stumbling block II d’Etienne Fouchet et de Onde de Laurent Faulon.
Et nul doute que dans le bel écrin de la Fondation, la découverte et la surprise seront au
rendez-vous.
Yoav ADMONI né en 1983 – Israël
Évoluant entre la sculpture et la performance, le travail de l’artiste
israélien Yoav Admoni représente une réflexion sur nos notions de la
nature et sur la relation qu’entretient notre corps avec l’environnement
naturel. Ses oeuvres sont toujours conçues en lien étroit avec un endroit
spécifique et cherchent à révéler la structure de pouvoir souvent cachée
entre les éléments culturels et naturels inhérents à un lieu.
Le projet Bodies of Water thématise le rôle de l’eau à Jérusalem,
Mostar et Tijuana/San Diego, trois villes de conflits ethniques. Par le
biais de performances faisant référence à la problématique spécifique
de chaque endroit, l’artiste montre le rôle primordial que l’eau et des problèmes
environnementaux jouent dans les conflits en question.
Antoine GONIN né en 1951 – France
Dans sa série Empreintes, des photographies en noir et blanc,
Antoine Gonin met en scène des traces que l’activité humaine
imprime au paysage. Alliant un objectif documentaire à un
langage formel épuré, ses visions d’environnements façonnés par
l’homme ont été captées au fil de ses nombreux voyages autour du
globe.
L’eau constitue un motif essentiel de cet oeuvre. Elle y figure
comme source de vie, mais également comme un fond abstrait sur
lequel se déploient des signes inspirés autant par la calligraphie
que par l’art minimal devenant ainsi un champ poétique pour l’imaginaire.
Harald HUND né en 1967 – Autriche
En collaboration étroite avec le scénographe Paul Horn, l’artiste
autrichien Harald Hund se consacre dans ses vidéos et films
expérimentaux depuis plusieurs années à la thématique de l’habitat,
évoquant avec ironie les contraintes et absurdités de nos vies en
communauté.
Filmé entièrement sous l’eau dans une piscine de l’Université de
Vienne, Apnoe interroge la notion de « normalité » en montrant le
quotidien d’une famille dans son appartement. La situation filmique sous l’eau souligne la
sensation de lourdeur qui règne dans ce noyau familial et la pression qui pèse sur chacun de ses membres.
Olivier LEROI né en 1962 – France
Entre sculpture-objet, assemblage, photographie et ready-made,
Olivier Leroi développe un travail multiforme dont les thèmes
naissent d’une expérience instinctive du terrain. Celle-ci s’exprime
aussi dans des oeuvres participatives telles l’action qui consistait à
faire tomber la première neige au Mali ou l’introduction d’une
molécule d’eau dans la Loire.
Ce projet permettait de suivre une balise Argos des sources de la
Loire jusqu’au Mexique. Souffles a été inspiré par cette expérience.
Dans cette oeuvre composée de deux parties, le goujon et la grémille révèlent la zone de
mélange des eaux qui est l’estuaire, où se rencontrent poissons d’eau douce et poissons de
mer.
Le bonus de l’exposition
Etienne FOUCHET né en 1981- France
L’histoire que raconte le travail d’Étienne Fouchet est le
résultat de ses hybridations, greffes, assemblages, ligatures,
collages, lacérations. Il décrit les objets qui en résultent comme
« échoués à marée basse, lorsque la mer est au repos ». Le
mystère de ces objets réside dans l’association de formes
naturelles, organiques avec des marques d’intervention qui
relatent une histoire personnelle. Stumbling block II s’inspire
également du monde maritime et se compose de deux blocs
géométriques, rectangulaires, dont l’un est posé sur l’autre, l’un
est l’écho et le socle de l’autre. Ils reposent en position
horizontale, sur des faces bombées. Ils s’affirment dans un rapport d’échelle, d’équilibre et de densité. Durant le processus de création, le matériau passe de l’état liquide à l’état solide. Cette métamorphose évoque les propriétés de l’eau, capable de redessiner les paysages, de se transformer.
Laurent FAULON né en 1969 – France
En une vingtaine d’années, la recherche artistique de Laurent
Faulon s’est développée autour de différents thèmes – comme le
rôle du corps dans notre société et notre culture, le
consumérisme occidental, l’individu et le collectif –, tout en
empruntant une grande diversité de médiums : sculpture,
installation, dispositif sonore, photo, vidéo, film 16mm,
performance. Quel que soit le médium retenu, l’eau demeure un
matériau récurrent dans l’oeuvre de l’artiste. Onde est constituée
de trois grands containers à déchets en plastique noir remplis
d’eau. Des haut-parleurs installés à l’intérieur des containers
transmettent une vibration créant un mouvement rythmé de la surface de l’eau.
Commissariat d’exposition, scénographie
Auguste Vonville, Directeur culturel
Du 3 octobre au 20 décembre 2015
Centre d’Art Contemporain Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée 68700 WATTWILLER
Tel: + 33 (0)3 89.82.10.10
info@fondationfrancoisschneider.org
http://www.fondationfrancoisschneider.org
Du mercredi au dimanche de 10h à 18h
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Le Musée Würth présente une riche sélection d’oeuvres du peintre et sculpteur colombien Fernando Botero. Cet ensemble, issu de la Collection Würth et de l’atelier de l’artiste, couvre une période allant des années 1960 jusqu’à aujourd’hui.
C’est suite à l’abandon de sa formation dans une école taurine colombienne que le jeune Fernando Botero (vidéo l’Alsace) s’oriente vers la peinture et le dessin à la fin des années 1940. La décennie suivante sera marquée par des séjours d’étude à Madrid, Paris et Florence, durant lesquels il copie sans relâche les grands maîtres de la peinture espagnole et de la Renaissance italienne. Il trouve dans les peintures et les fresques de Fra Angelico, Piero della Francesca, Uccello ou encore Raphaël, des aspects qu’il intégrera dans ses recherches artistiques : une régularité des formes épurées et simplifiées, le rôle central joué par la figure humaine dans la composition, une représentation presque statique des personnages. Un tournant décisif intervient en 1956 avec Nature morte à la mandoline : Botero découvre l’importance de communiquer le volume de l’objet et n’hésite pas à lui donner un caractère monumental.
Dès lors, son style unique se révèle dans des formes rondes et généreuses, ses personnages acquièrent une volupté toute baroque et ses natures mortes aux fruits surdimensionnés une extravagante opulence.
L’exposition aborde différentes thématiques chères à l’artiste : la tauromachie, le cirque, l’Amérique Latine, la nature morte ou les références à l’histoire de l’art. Dans toutes ses oeuvres, le comique, voire la satire, le dispute à la tristesse. La sérénité apparente qui s’en dégage est fragile et souvent empreinte d’une signification sociale et culturelle.
Boterosutra*
La série intitulée Boterosutra aujourd’hui exposée au Musée Würth, est, comme le révèle non sans humour le titre, inspirée du Kâma-Sûtra, recueil d’aphorismes sanscrits sur le désir. Dans cet ensemble peu conventionnel, Botero reste fidèle à son style figuratif naïf et voluptueux, représentant dans plus de 80 dessins, peintures et sculptures un couple faisant l’amour dans une grande variété de positions. Boterosutra évoque, de façon paisible et contenue, l’interaction rythmique entre deux corps. Le corps, le nu et la sensualité ayant toujours occupé une place importante chez Fernando Botero, on ne s’étonne pas de voir abordé ici le thème de l’érotisme.
*cette section est déconseillée aux moins de 14 ans
Extraits :
C’est la seconde fois que la Collection Würth consacre à Fernando Botero une exposition qui présente un ensemble inédit de ses travaux¹. Il s’agit aujourd’hui de son cycle Boterosutra. Les variations de l’artiste colombien évoquent le titre du plus ancien traité hindou d’amour érotique, le Kâma-Sûtra composé en sanskrit au IIIᵉ siècle par Vâtsyâyana Mallanâga, alors qu’il vivait à Bénarès et se vouait à l’étude de la tradition védique […]
Si l’on veut parler des travaux qui composent Boterosutra, il est indispensable de revenir encore une fois sur ce précédent ensemble 1 [Abu Ghraib], car sans Abu Ghraib, il est difficile d’imaginer que cette nouvelle série aurait vu le jour. Après les impitoyables accusations que l’artiste avait peintes et dessinées avec une fureur sans pareille, il lui fallait une possibilité de se délivrer de ce cauchemar. Qu’est-ce que Botero a en vue lorsqu’il crée ces nouvelles oeuvres ? Certainement plus qu’apporter son écot ou sa note personnelle à l’industrie du coït et à l’exhibition des corps nus […]
Fernando Botero s’est toujours intéressé au nu et l’on ne saurait s’en étonner. Le corps, dans sa pleine dimension de sensualité, forme le thème majeur de son art et le trait caractéristique de ses peintures et de ses sculptures, au point d’être devenu sa marque de style, parfaitement reconnaissable et impossible à confondre […] Il dit qu’il fait enfler les formes pour les doter de plénitude. En revanche, l’épaisseur, la corpulence ne l’intéressent pas du tout comme telles […]
La série regorge d’allusions à l’histoire de l’art, à Jacob Jordaens, Peter Paul Rubens, Degas ou Picasso par exemple, et l’on ne saurait manquer de voir qu’ici ou là, une tête rejetée en arrière renvoie à la ferveur que Jean-Auguste-Dominique Ingres a su exprimer dans son tableau de Jupiter et Thétis (1811)
Ce sont également des plaisirs anti-platoniques qui nous attendent à chaque pas dans les romans de Vargas Llosa. L’écrivain ne renvoie-t-il pas lui-même à l’équation, courante dans le monde hispanique, qui associe le beau (hermoso) avec les formes pleines d’une personne bien nourrie ? C’est à Vargas Llosa que l’on doit d’ailleurs une formule frappante : selon lui, Botero procède dans ses créations à un « traitement “cannibale” de l’art européen ». Un tel projet met au jour un principe de plaisir qui ne peut qu’affoler le puritanisme […] Ce qui se dégage de la matérialité débordante de Botero où l’oeil mord à belles dents n’est pas sans rapport avec l’étrange et inquiétante fascination pour la
« beauté comestible » à travers laquelle Salvador Dalí et Luis Buñuel ont célébré l’exaltation de la chair, avec le biomorphisme à couper le souffle qui éclate dans les sculptures réalisées par Picasso à la fin des années 1920, quand Marie-Thérèse Walter posait pour lui […]
¹ C’est lors de l’exposition Fernando Botero, présentée à la Kunsthalle Würth de Schwäbisch Hall en 2005-2006, que l’ensemble de peintures et de dessins intitulé Abu Ghraib aura en effet été montré pour la première fois au public. Par la suite, l’artiste a fait don intégral de ces oeuvres à l’Université de Berkeley.
Extraits :
Lorsque Fernando Botero était enfant, la tradition qui assimile l’abondance à la beauté était très vive en Amérique latine […] Les formes exubérantes des artistes coiffées d’un chignon haut qui chantaient des boléros, dansaient la huaracha et portaient des vêtements serrés qui gonflaient leur poitrine et grossissaient leurs fesses avec une vulgarité étudiée […] ont dû rester ancrées dans le subconscient de l’enfant de Medellín. Plus tard, elles se mêleraient dans une alliance insolite, aux vierges et madones du 15e siècle italien, aux pieds desquelles Botero atteignit la maturité artistique […] Tout, dans l’art de Botero, résulte de la même alchimie entre la tradition esthétique occidentale, qu’il étudia avec passion en Italie, et l’expérience de l’Amérique latine provinciale, exubérante et vitale, de sa jeunesse […]
À la différence de ce qui se passe avec l’existence humaine, le monde de Botero est un monde gelé, un temps devenu espace. Ses fruits, ses êtres humains, ses animaux, ses arbres, ses fleurs sont arrivés à pleine maturité, avant de commencer à pourrir, s’oxyder, moisir ou mourir. Ce moment de surabondance est celui que la peinture de Botero fige dans l’éternité, l’arrachant au temps, c’est à dire à la dégradation. Ce temps suspendu est celui de la mémoire et de la nostalgie, un passé […]
Le monde de Botero est américain, andin, provincial, parce que ses thèmes inventent une mythologie à partir des images emmagasinées dans sa mémoire depuis l’enfance […] Un monde de gens bien habillés, de routines strictes, de messieurs, des avocats à n’en pas douter, à lunettes et aux cheveux gominés, qui se coupent la moustache au millimètre près, portent un gilet et ne quittent jamais leur cravate. Les jeunes filles adorent les uniformes d’opérette des militaires et les vieilles femmes les habits mordorés des curés et des religieuses. Les distractions sont rares […] Ce monde réprimé, machiste, aux instincts bridés par la religion et le qu’en dira-t-on, se déchaîne dans cette institution maudite et désirable, aussi solide que la famille, son alter ego, où l’on se rend la nuit en cachette : le bordel.
Là, l’avocaillon pointilleux et le fonctionnaire ponctuel, le dévot rentier et le militaire autoritaire peuvent laisser sortir les démons qu’ils occultent devant leurs familles et en journée, et jouer de la guitare, raconter des cochonneries, s’enivrer jusqu’à perdre tout discernement et forniquer comme des crapauds […]
Sa fascination pour le 15e siècle italien ne fut pas due uniquement à la générosité artistique offerte à son admiration mais aussi au fait qu’à travers cette richesse lointaine, il découvrait et valorisait sa propre richesse. En d’autres termes, une forte disposition pour le « réalisme » et contre l’abstrait, pour « le concret » et « le précis », pour un monde dans lequel la « quantité » jouerait un grand rôle et où les thèmes et les motifs constitueraient une mythologie dont la filiation et les racines sont typiquement de la classe moyenne […]
Botero peint comme s’il faisait l’amour ou dégustait un mets. Tout ce qu’il dessine, peint ou sculpte, par le fait d’être dessiné, peint ou sculpté, réveille sa solidarité et son affection et est exalté. La célèbre expression de
Saint John Perse, « je parle dans l’estime », pourrait être sa devise. « Je peins dans l’estime », autrement dit dans l’enthousiasme et la ferveur pour les êtres et les choses du monde […]
Catalogue de l’exposition :
► Fernando Botero – Boterosutra
«Sur le trampoline de l’amour» de Werner Spies
© 2015 les auteurs, Forum Würth Rorschach,
Musée Würth France Erstein et Swiridoff Verlag, Künzelsau
© Fernando Botero
ISBN 978-3-89929-309-8
Livret de traduction française
Format : 24,5 X 16,5 cm – 16 pages
Tarif : 29,50 €
Jusqu’au 15 mai 2016
Horaires
► Du mardi au samedi, de 10h à 17h
► Dimanche, de 10h à 18h
Tarifs
► Normal : 6 €
► Réduit : 4 €
► Gratuit : handicapés, scolaires, Pass Musées
► Samedi : entrée libre
Une riche PROGRAMMATION CULTURELLE
à consulter sur le site du musée. à consulter et télécharger
ainsi que des cours d’histoire de l’art
Cycle de cours d’histoire de l’art (1/6)
Mercredi 21 octobre à 18h30
Fernando Botero
– Bonjour Monsieur Botero
Le musée propose d’octobre à avril 2016 un cycle de six cours sur l’art contemporain. Destinés à un large public, ces cours seront l’occasion de parcourir les grands mouvements et tendances artistiques des XXe et XXIe siècles, et de découvrir de manière approfondie les artistes dont les œuvres sont exposées au Musée Würth.
Conférence n°1 : Les artistes d’Amérique Latine
Tarif : 65 € le cycle de 6 cours ou possibilité de choisir les cours, à raison de 15 € le cours (payables avant le cours à l’accueil du musée)
Renseignements au 03 88 64 74 84 ou mwfe.info@wurth.fr
Télécharger ici le programme 2015-2016 et la fiche individuelle d’inscription
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08 septembre 2015 : Bernard Frize et Günter Umberg
15 septembre 2015 : Antoine Wagner, « Cadences »
19 septembre 2015 : Claire Morgan à la Fondation Fernet Branca
27 septembre 2015 : Cy Twombly – Peinture et sculpture
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