Cette nature morte de grand format, constituée d’objets et
d’animaux, vivants ou morts, a étonné les écrivains
et les peintres jusqu’à Matisse ; Proust admira « la beauté de son architecture délicate et vaste, teintée de sang rouge, de nerfs bleus et de muscles blancs, comme la nef d’une cathédrale polychrome ».
Un morceau de réception
Morceau de réception du peintre à l’Académie royale
de peinture et de sculpture en 1728, ce tableau, ainsi que son pendant, a permis à Chardin d’être agréé et reçu le même jour.
Car la Raie a un pendant : Le Buffet (exposé dans la même salle au Louvre).
Partager la publication "La raie de Jean Baptiste Siméon Chardin"
Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu’il vous faut. Cicéron
Jardins se veut un modeste écho à la phrase, souvent
reprise mais essentielle, de Foucault : « Le jardin, c’est la pluspetite parcelle du monde et puis
c’est la totalité du monde. »
150 ans après la publication de l’ouvrage fondateur
d’Arthur Mangin, Les Jardins : histoire et description et
quarante ans après l’exposition déterminante de la Caisse
nationale des monuments historiques et des sites en 1977,
Jardins, 1760-1820. Pays d’illusion, terre d’expérience,
l’engouement que suscite le patrimoine vert en France ne se
dément pas, avec aujourd’hui 22 000 parcs et jardins
présentant un intérêt historique, botanique ou paysager,
dont près de 2000 sont inscrits ou classés au titre des monuments historiques. Jardins, dont le titre entend
refléter sobrement toute la diversité du sujet, considère à
la fois l’histoire de l’art des jardins et l’histoire des expositions
sur ce thème, qui n’a que rarement retenu l’attention
des institutions culturelles.
Si sa présence au musée semble fondée sur une
contradiction –le jardin, monument vivant, par nature
changeant, éphémère et in situ, n’est-il pas l’objet par
excellence d’une exposition impossible ? –
les liens entre le musée et le jardin sont en vérité étroits.
Lieux de savoir et de plaisir, qui naissent,
grandissent et meurent, ils sont aussi un espace
que peut arpenter, à son rythme, le visiteur.
entité délimitée au sein d’un territoire, espace
mis en scène et donc miroir du monde. Présenté dans les Galeries nationales du Grand Palais, ce rassemblement
pluridisciplinaire de peintures, sculptures, photographies,
dessins, films, etc., n’est ni une histoire complète de l’art des
jardins, ni un état des lieux qui prétendrait à l’exhaustivité.
Des notions connexes, comme celle de nature, sont tenues
à l’écart d’un propos fermement centré sur son sujet mais
qui entend néanmoins montrer, comme dans un grand collage,
le jardin comme oeuvre d’art totale, qui éveille tous les sens,
et poser la question essentielle de la représentation.
Le parcours thématique, où s’entremêlent l’histoire de l’art
et celle des sciences, est construit comme une promenade
où le jardin « réel » – ni littéraire, ni symbolique, ni philosophique
– est entendu à la fois comme ensemble botanique
et construction artistique.
Cette exposition « jardiniste », un mot d’Horace Walpole repris par Jean-Claude-Nicolas Forestier, entend défendre
le jardin comme forme d’art et ses créateurs comme artistes. Jardins se concentre sur les expérimentations menées
en Europe – et plus particulièrement en France – de la Renaissance
à nos jours. Si le jardin médiéval est souvent le point de
départ des grands panoramas de la discipline, l’histoire de l’art
comme celle de la botanique invitent à privilégier un autre
commencement.
A la Renaissance, les savants et les artistes
animés par une nouvelle démarche critique relisent
les sources antiques – illustrées par la présence inaugurale,
au sein de l’exposition, d’une fresque de la Maison du Bracelet d’or de Pompéi – à la lumière d’une observation minutieuse de
la plante. Ces réinterprétations, accompagnées de véritables
révolutions artistiques incarnées par les extraordinaires dessins d’Albrecht Dürer, conduisent aussi à la création
à Padoue (1545) du premier jardin botanique. Si les plantes y
sont toujours cultivées pour leur rôle utilitaire, leur
rassemblement a désormais aussi une vocation démonstrative
et sert de support à l’enseignement scientifique.
L’hortus conclusus médiéval se brise et s’ouvre au monde,
avec des jardins qui s’enrichissent des découvertes des
grands explorateurs ; il s’ouvre aussi au paysage, entre
dans le champ des arts et devient un véritable projet pictural
pour des artistes qui disposent, notamment grâce à la
perspective, d’outils de représentations inédits et révolutionnaires.
De la petite touffe d’herbe d’Albrecht Dürer au « jardin planétaire » de Gilles Clément, les jeux d’échelles
constituent un fil rouge de ce parcours. La visite commence avec
la terre, prélude à un vaste ensemble qui met à l’honneur les
éléments premiers et le vocabulaire des jardins.
Si l’exposition commence avec la bibliothèque de Koîchi Kurita, elle se termine poétiquement avec les
deux vallons de pollen de fleurs de châtaignier
de Wolfgang Laib.
Jusqu’au 24 juillet 2017 Grand Palais
accès square Jean Perrin
commissariat : Laurent Le Bon, conservateur général du
patrimoine, président du Musée national Picasso, Paris
commissaires associés : Marc Jeanson, responsable de l’Herbier
national du Museum national d’histoire naturelle ; Coline Zellal, conservatrice du patrimoine, Musée national Picasso, Paris
scénographie : Laurence Fontaine
Tous les jardins sont sur France Culture ! à (ré)écouter sans modération
23/03/2017 – 17:59 —
Les 18 et 19 mars derniers, la nature était l’invitée d’honneur des ondes
de France Culture.
Voici une petite sélection d’émissions diffusées
pendant ces deux journées exceptionnelles sur
France Culture autour du thème du jardin. A (ré)écouter ou podcaster sans modération !
Invité par le musée Rodin à travailler à partir de
l’ouvrage que Rodin consacra il y a plus de
cent ans aux « Cathédrales de France », En effet, le rapprochement de ces deux artistes est à l’image de la naissance du projet : d’abord presque fortuit, dont la nature s’adapta naturellement à l’évolution de la création d’Anselm Kiefer. Pragmatiquement, comme on assiste à l’éclosion puis à la croissance d’une plante inconnue, nous avons vu apparaître des efflorescences, certaines branches se ramifiant, d’autres stoppant leur croissance, et avons ménagé l’espace autour d’elles. Catherine Chevillot Conservateur général du patrimoine directrice du musée Rodin
Anselm Kiefer a très vite souhaité élargir ses
investigations à l’ensemble de l’univers créatif
du sculpteur. Kiefer est un artiste qui, comme Rodin,
expérimente sans fin des combinaisons de formes
et s’intéresse à la matière, associant délibérément
des éléments de provenance et de statut différents.
À travers ses vitrines, peintures, livres, il joue de tous
les supports et use de toutes les techniques pour
comprendre ou digérer l’héritage du passé
et apprivoiser ici l’univers rodinien.
L’exposition commence par la présentation
de vitrines, toutes inédites. Elles se répondent
les unes aux autres, mêlant aux vestiges de sa propre
vie des objets de nature et d’origine diverses et créant
par la même occasion des rapprochements souvent
inattendus et parfois déroutants.
En effet, lorsque Kiefer s’immerge dans l’oeuvre
de Rodin, il entame un long périple. Des croquis
d’architectures, en nombre limité, à l’immense corpus
des dessins érotiques, qu’il consulte à plusieurs
reprises, l’artiste s’arrête volontiers aux dessins
découpés avant d’être attiré par les innombrables
sujets en plâtre déclinés par Rodin et la profusion
d’abattis – fragments de jambes, bras ou têtes.
Ce voyage dans l’univers rodinien lui permet aussitôt
d’imaginer des formes nouvelles.
Ainsi dans ses vitrines, Kiefer agence les débris
de ces progénitures qu’il s’approprie. Il introduit
divers éléments, d’autres matériaux. Et de ces
métamorphoses, il attend, patient, que
se produise selon ses propres termes « l’étincelle ».
De la même manière, les moules des sculptures
l’interpellent. Soudainement confrontés à l’univers
de Kiefer, ces éléments témoignent d’une vie passée
comme d’une autre à venir. Kiefer s’intéresse moins
au procédé de moulage qu’à l’effet mystérieux
de l’empreinte. C’est la matrice qu’il retient,
celle susceptible de donner vie, mais qui
suppose de la part du regardeur un complément
de recherche ou d’interprétation. À lui de
réinventer la forme prisonnière et prête à éclore.
À la lisière de l’étrange, chacune de ses vitrines
est une ode au mystère, un univers poétique
dans lequel Kiefer nous invite à le suivre. Sursum corda
Sursum corda convoque de manière explicite une
référence chrétienne par son titre biblique associé
à une échelle en spirale – peut-être celle de
Jacob – et à un arbre, qui même séché n’est pas sans
évoquer celui de la connaissance. Les mots latins « sursum corda » – en français « élevons nos coeurs »
– inscrits sur la vitrine par Kiefer, prononcés par le
prêtre lors de la messe avant la prière eucharistique,
sont un appel à la prière, une élévation symbolisée
par l’échelle qui tend vers un au-delà et relie tant bien
que mal la terre au ciel. L’arbre s’enracine dans une
terre nourricière et fertile faite de sédiments, de débris,
de fragments de têtes de damnés directement empruntés
au répertoire rodinien, héritage artistique,
esthétique et strate ancestrale, à partir de laquelle
l’arbre et l’échelle s’élèvent. Ce travail fait écho
aux réalisations de Rodin mêlant oeuvres en plâtre
et végétaux, comme le grand assemblage réunissant
deux figures d’Ève, une Femme accroupie et un branchage.
Dimanche des rameaux
Cette vitrine offre une lecture inhabituelle
et paradoxale de ce moment qui marque l’entrée
du Christ dans Jérusalem, accueilli par une
foule en liesse, qui, quelques jours plus tard à peine,
le condamnera. La palme, ou le rameau, qui était
brandie en signe d’acclamation gît, piétinée, à moitié
cassée, au fond de la vitrine. Comme si tout
était vain, l’espérance déçue et le salut impossible.
La grande tige s’élève tel un mât dépecé et sec,
tandis que les branchages, abîmés et tordus,
proches d’un balai de sorcière, s’écrasent sur
les restes d’un moule sans fond. Il est la matrice
devenue inutilisable, vide, creuse et stérile.
Peintures Dans sa peinture, l’artiste-alchimiste se confronte
à la matière qu’il sature de pigments. Les couches
sont labourées, les empâtements pétris.
Et de ces substances oppressantes aux tonalités
terreuses surgissent avec noblesse les « Tours-Cathédrales », noircies, blessées mais
triomphantes, promesses d’une renaissance
et annonciatrices de la floraison à venir.
En 2013, Kiefer entreprend un travail autour de
la « Cathédrale » en hommage à Rodin et à son
ouvrage publié en 1914. Livres
Dans l’éternité de ses livres, véritable empreinte de son
oeuvre, il n’hésite pas à rejoindre l’univers poétique et
érotique du sculpteur, entre dévotion sacrée
et jouissance profane. Tous uniques, ces livres partagent
la même puissance d’évocation poétique et spirituelle :
la femme, sensuelle et tentatrice, s’accapare l’église,
joue avec elle.
Les taches colorées librement répandues rappellent
le travail du sculpteur. La série de livres
aux effets marbrés fait naître de la matière
des silhouettes féminines et évanescentes. Car
pour Kiefer comme pour Rodin, et selon la formule
de Michel-Ange, l’idée et la forme sont partie
intégrante de la matière, qu’elle soit de marbre
ou de plomb. À eux, passeurs, de les faire émerger
et exister. Ainsi les lignes souples et sensuelles
de ces nus féminins surgissent de la feuille
et se fondent dans les veines qui évoquent celles
du marbre. Absolution Au centre de la salle, Absolution, oeuvre
monumentale et unique, constituée à partir
d’éléments de plusieurs figures (Torse d’Ugolin
assis, La Terre, Tête de la Martyre), recouverte
d’un grand drapé, ajoute moins à la modernité
du sculpteur qu’à son audace et à sa capacité
à se renouveler. Sans doute réalisée vers 1900,
cette oeuvre mystérieuse et sans équivalence
dans la production de l’artiste, présentée aujourd’hui pour la première fois au public,
proclame – cent ans après sa mort – tout le génie
créatif du sculpteur-explorateur et puissant
éclaireur.
Chez Kiefer le tissu s’invite souvent sous la forme d’un
vêtement, qu’on pourrait croire vide mais qui est bel
et bien « habité » par des éléments symboliques et suggestifs ;
ainsi les Walkyries, ces vierges guerrières issues de
la mythologie nordique, voient leurs armures laisser
place à de simples tuniques désincarnées.Femmes et Architecture L’exposition se termine à l’étage du musée dans le cabinet
d’art graphique où est évoquée la fervente admiration
de Rodin pour l’architecture médiévale.
Carnet à la main, il parcourut la France,
à la découverte de la plus modeste des églises
comme de la plus glorieuse des cathédrales.
Cette passion architecturale traversa sa
vie et sa carrière, irriguant toutes les phases
de sa création graphique et sculptée (La Cathédrale, L’Ecclésiaste et même son Monument à Balzac). Une série de dessins
retrace la réflexion de l’artiste sur la dimension
organique qu’il attribua à ces édifices.
Les croquis d’architecture se transforment
progressivement en silhouettes féminines
combinées ou transformées en éléments
ornementaux avant de faire place à des figures
allégoriques. Son ouvrage Les Cathédrales
de France, publié en 1914 est un ultime hommage.
Il espérait ainsi les arracher définitivement
à l’oubli.
Musée Rodin, Paris
du 14 mars au 22 octobre 2017
The Barnes Foundation, Philadelphie
du 17 novembre 2017 au 12 mars 2018
Commissariat général
Catherine Chevillot Directrice du musée Rodin
Conservateur général du patrimoine
Commissariat scientifique
Véronique Mattiussi Responsable scientifique du fonds historique
Adjointe au chef de service de la Recherche
« Icônes de l’art moderne – la Collection Chtchoukine »
vient de fermer ses portes ce dimanche 5 mars.
Elle a accueilli en quatre mois et demi 1 205 063 visiteurs.
C’est l’exposition qui détient en France le record
de fréquentation d’une exposition d’art, dépassant
l’exposition « Toutankhamon et son temps »
qui avait attiré en 1967, au Petit Palais, 1,2 millions
de visiteurs en six mois. C’était le must en 2016
à tous points de vue.
Anne Baldassari
Conservateur du Patrimoine
Commissaire général de l’exposition
Directeur du catalogue L’organisation parfaite et la circulation devant les oeuvres et dans le musée expliquent ce record.
La collection Chtchoukine est une légende moderne.
Occultée durant près d’un siècle pour des raisons
idéologiques, la collection de Sergueï Chtchoukine
reste encore aujourd’hui méconnue du grand public.
De fait, depuis sa dispersion en 1948, elle n’a jamais
été réunie comme une entité artistique singulière
et cohérente. L’exposition
« Icônes de l’Art moderne » en présentant à Paris une
sélection emblématique de cent-trente oeuvres
de la collection Chtchoukine a visé à lui restituer
toute sa valeur patrimoniale comme à
la resituer à sa juste place dans l’histoire de l’art moderne,
celle d’un des premiers foyers
d’« insurrection de la peinture » (André Breton).
C’est à partir de 1898 que Sergueï Chtchoukine,
grand industriel moscovite, entre en contact
avec les marchands Paul Durand-Ruel, Ambroise Vollard,
Berthe Weill, puis Georges Bernheim et
Daniel Henry-Kahnweiler.
Les relations affinitaires qu’il entretient avec les artistes
comme Matisse, influencent fortement la formation
de sa collection exemplaire de l’art le plus radical de son temps.
Grâce à la généreuse participation du Musée d’État de l’Ermitage
et du Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine qui ont
contribué à l’élaboration du projet, l’exposition présente
un significatif ensemble de 127 chefs-d’oeuvre des
maîtres impressionnistes, postimpressionnistes et
modernes de la collection Chtchoukine, tout particulièrement
représentatifs de l’art de Monet, Cézanne, Gauguin,
Rousseau, Derain, Matisse ou Picasso, mais aussi de Degas,
Renoir, Toulouse-Lautrec ou Van Gogh.
L’exposition traite également de l’impact de la collection Chtchoukine ouverte au public dès 1908 sur la formation
des mouvements cubofuturistes, suprématistes et constructivistes,
à travers un ensemble de 31 oeuvres (29 peintures, papiers collés,
constructions et reliefs, et 2 sculptures) des artistes majeurs
de l’avant-garde russe (Galerie Trétiakov, Musée d’art
contemporain de Thessalonique, Musée Pouchkine,
Stedeljik Museum, MoMA). L’exposition réunit ainsi
des chefs-d’oeuvre des maîtres tels que Malévitch,
Rodtchenko, Larionov, Tatline, Klioune, Gontcharova,
Popova ou Rozanova.
Un parcours muséographique en treize grandes
séquences a permis de suivre l’évolution du goût
du collectionneur russe « découvreur » de l’art moderne
depuis la toute première collection de toiles romantiques
et symbolistes qu’il réunit au tournant du siècle jusqu’aux
ensembles stupéfiants de modernité de Matisse et surtout
de Picasso dont les oeuvres furent alors frappées par l’anathème
de « peste noire ».
Composant des ensembles monographiques
(Monet, Gauguin, Matisse, Picasso)
ou thématiques (Première collection, Paysage, Autoportraits,
Portraits, Natures-mortes), ces séquences ont suivi le fil
chronologique de la période 1898-1914.
L’exposition a ainsi rendre compte et a synthétisé les polarités
particulières auxquelles obéit la collection Chtchoukine où culmine le genre du paysage avec près de quatre-vingt-dix toiles
sur les deux-cent-soixante-quinze numéros de la collection.
Puis suivent des ensembles d’oeuvres dédiés aux portraits,
essentiellement féminins, (près de soixante-dix oeuvres),
aux natures mortes (une quarantaine d’oeuvres), aux compositions
mythologiques et religieuses évoquant ce « temps
des cosmogonies » invoqué par Matisse (une quarantaine d’oeuvres),
et enfin aux scènes de genre (une dizaine d’oeuvres).
Le genre du nu, véritable sujet tabou pour Chtchoukine prit le plus
souvent dans sa collection la forme elliptique d’allégories telles
que Le Bois sacré, (Maurice Denis),
Nymphe et satyre (Matisse), ou Trois Femmes (Picasso).
Sergev Chtchoukine1854-10 janvier 1936 1917 Révolution et prise du pouvoir par Lénine
et les bolcheviks. 29 octobre 1918 Décret de nationalisation de la
Collection Chtchoukine (274 oeuvres). 1919 Création du Musée de la nouvelle peinture occidentale
(collections Chtchoukine et Morosov). 1922 Transformation du Musée de la nouvelle peinture
occidentale en Musée national d’art moderne occidental (GMNZI). 25 octobre : Ekaterina, Michel Keller son époux et leurs six enfants
quittent la Russie pour Riga, puis pour la France. 1928 Fusion des deux départements historiques du GMNZI.
La collection Chtchoukine est déménagée dans l’ancien
palais Morozov. 10 janvier 1936 Décès à Paris de Sergueï Ivanovitch Chtchoukine,
âgé de quatre-vingt-deux ans. 6 mars 1948 Décret de Staline ordonnant la dissolution du GMNZI.
Les collections sont réparties entre le Musée d’État des Beaux-Arts
Pouchkine à Moscou et le Musée d’État l’Ermitage à Leningrad. une vidéo
Partager la publication ""Icônes de l'art moderne – la Collection Chtchoukine""
C’est une belle partition que déploie Charles Fréger
au musée Unterliden de Colmar.
Pas de signes, de notes, de silences, de nuances,
mais des termes comme : Irudi, Exiliados / Anairak,
La Porte du milieu. Des images fortes du passé, qui
hélas se retrouvent dans l’actualité
Gernika est la capitale symbolique
des Basques. Guernicaest un tableau, la
grande fresque de Picasso, est conservé à Madrid,
au musée de la Reine Sofia.
Le Musée Unterlinden qui expose l’un des
trois exemplaires de la tapisserie Guernica,
dont le carton a été réalisé en 1955 par
Jacqueline La Baume Dürrbach à la demande
de Picasso, accueille ainsi pour l’anniversaire
du bombardement de Guernica cet ensemble de
photographies de Charles Fréger. Le 2e exemplaire d’Unterlinden (vidéo)
Charles Fréger a choisi de citer cette oeuvre : sa suite basque, pleine de bruits et de murmures.
Elle n’aurait pu être complète sans elle. Avec les
membres du groupe de commémoration Gernika-Lumo, qui rejouent année après
année l’événement, il a reconstruit une frise
de neuf scènes.
Neuf photographies qui figent les gestes des
acteurs ou les objets devenus aujourd’hui partie
de la geste mémorielle. L’inversion du positif
au négatif, le passage de l’ombre noire à la
blanche luminosité des silhouettes renforce le
sens de l’image. Comme les ombres errantes
qui peuplaient les enfers, ou même les blancs
fantômes des lieux hantés, les silhouettes des
acteurs, jouant les moments de cette après-midi
funeste, font revivre pleinement leurs personnages
et resplendir les symboles. Irudi Pour faire revivre les protagonistes de Guernica,
il a choisi de photographier ses modèles en buste,
de profil, en attitude. Ainsi défilent le berger calme,
la femme au fichu, l’enfant à la fronde qui joue au soldat…
Stéréotypes créés au fil des années, le regard
vers le ciel, vers l’horreur de leur destinée. Seule
la jeune mère a le visage tourné vers son enfant,
sans avenir.
Exilados/Ainarak Les jeunes filles de Navarre ou d’Aragon qui
venaient en Soule pour y travailler dans les
fabriques de sandales, même si elles ont
vraiment existé, font désormais partie de la
légende basque. Comme des hirondelles – les
Souletins les ont nommées ainsi – les Ainarak
traversaient en automne les montagnes pour
rejoindre les fabriques de Mauléon où elles
allaient travailler jusqu’au printemps. Dans ce
voyage, on dit qu’elles apportaient le tabouret
qui leur servirait de siège, quelques vêtements
serrés dans un baluchon de toile ; objets qui
sont devenus, au fil des années, leur costume.
Si les sujets photographiés le sont une fois encore
– et cela signe la série – en contre-jour, soudain
les paysages, la montagne, deviennent un cadre,
un personnage. Se dessinent des reliefs, des
éboulis, des failles. Cependant, les visages sont
toujours dans l’ombre ; seuls les vêtements et
les accessoires prennent des formes et, éclairés
par des rayons de soleil, se colorent doucement
La porte du milieu En contre-jour, un personnage au profil acéré,
immobile, pose. Dans le noir de la silhouette,
se devinent quelques détails, des croisillons de
broderie, un plumet, des collants de dentelle,
des chaussons de danseurs. Un long jupon s’accroche
à ses hanches, terminé par une minuscule
proue en forme de cheval. Le Zamalzain,
comme le berger – autre figure de fierté, avec sa
longue canne, ses guêtres et sa peau de mouton
– appartient, sans doute aucun, à la galerie des
personnages basques. Pays dont ils ont participé
à forger l’image faite de résolution, d’indépendance
d’esprit, de réserve et de gaieté aussi,
et une certaine part d’insolite et d’obscur qu’accentue
la présence des autres personnages de
ces deux séries de chants et les sons qui
martèlent les représentations,
les passages par les trois portes qui, sur la
scène, signifient leur entrée dans le monde du
récit .
Ces personnages posent en contre-jour, devant des
tentures, rideaux de scène dont les superpositions,
les dérangements redessinent des paysages, ils deviennent
autres.
Non pas les acteurs grimés d’un spectacle mais
des hommes habités par le sens de leurs personnages
qu’ils subliment.
Quant au diable, il est le seul à être une ombre
chinoise cornue, qui se devine, derrière le rideau
de scène. Mais le diable n’est qu’une figurine de
bois dont l’ombre est unie, sans relief.
Samedi 18 mars Opening Night Colmar
Rencontre – discussion
Dans le cadre du Week-End de l’Art Contemporain Temps fort Gernika Du 27 au 30 avril Cycle histoire de l’art
En partenariat avec le Musée Basque et de
l’histoire de Bayonne
Profitez de la nocturne du jeudi soir pour vous
initier à un courant, une démarche artistique ou
un genre de l’histoire de l’art. Gernika, quand l’histoire devient symbole I Jeudi 27 avril Jean-Claude Larronde, Historien, Président du Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne
Horaire I 18h30
Tarif I 4,50€ en sus du droit d’entrée
Réservation I 03 89 20 22 79 I
reservations@musee-unterlinden.com Jusqu’au 22 mai dans l’espace de la Piscine
Partager la publication "Charles Fréger, Gernika* / La suite basque"
Une photographe suisse expose à La Filature, Scène nationale – Mulhouse
Simone Kappeler vit et travaille à Frauenfeld (Suisse)
où elle est née en 1952. Elle commence à prendre des
photographies dès l’âge de 11 ans. Après des études en
littérature allemande et en histoire de l’art, elle étudie la
photographie à la Haute École d’art de Zurich.
En 1981, elle entreprend un voyage de quatre mois à travers
les États-Unis au volant d’une vieille Gran Torino.
Ces photographies, redécouvertes seulement en 2010,
sont regroupées dans l’exposition Through America
présentée notamment à Paris et New York. En 2014,
elle se voit décerner le Prix artistique de la ville de Constance (Konstanzer Kunstpreis).
Une multitude de techniques photographiques:
Hasselblad, Leica, Diana, Brownie, Polaroid, appareil
jetable, films périmés ou infrarouges…
Depuis 1970, Simone Kappeler explore tous types
de techniques photographiques, introduit des colorations,
un flou artistique ou encore des distorsions pour
multiplier la diversité et la complexité de la vision
et de la perception.
Elle utilise un stock de films qui ne sont désormais
plus produits et apporte un soin extrême aux tirages.
Son oeuvre, expérimentale et poétique, révèle le monde
curieusement étranger qui nous entoure.
Simone Kappeler aborde le proche comme le lointain.
Elle photographie sa famille, métamorphose les couleurs
des paysages alpins grâce à un film sensible aux infrarouges
ou fixe la fragile beauté des fleurs sous l’appareil
de radioscopie de son voisin médecin.
Ses expositions
Outre de nombreuses participations à des expositions
collectives, ses travaux ont été présentés dans des expositions
individuelles, notamment à la Kunsthalle de Winterthour
ou au Museum zu Allerheiligen de Schaffhouse.
Son travail a fait l’objet d’une première monographie :
Seile. Fluss. Nacht. Fotografien 1964–2011, édité par
Hatje Cantz.
Elle accompagne son travail par l’ écoute des textes de
littérature, fidèle à ses études.
Avec Fleur, Simone Kappeler présente à La Filature
une exposition photographique sur le thème de la nature,
réunissant une centaine d’oeuvres.
Evènements vernissage mardi 14 mars 19h
club sandwich jeudi 16 mars 12h30
Une visite guidée de l’exposition le temps
d’un pique-nique tiré du sac.
L’occasion de partager son casse-croûte autant
que son ressenti. Passionnant et hautement convivial !
entrée libre en galerie, réservation conseillée
T 03 89 36 28 28
week-end de l’art contemporain Grand Est vendredi 17, samedi 18 et dimanche 19 mars
Les réseaux d’art contemporain Versant Est en Alsace,
LoRA en Lorraine et Bulles en Champagne-Ardenne,
proposent au public de découvrir ou redécouvrir les lieux
d’art et les nombreuses propositions artistiques
programmées durant ce week-end : vernissages, visites,
rencontres, ateliers, concerts, conférences, lectures…
plus d’infos, réservations sur www.versantest.org dimanche 19 mars : parcours en bus depuis Strasbourg
avec notamment visite de l’exposition à La Filature plus d’infos, réservations sur www.versantest.org
Partager la publication "Simone Kappeler « Fleur »"
Totem, vibrations chamaniques, installation vidéo de Robert Cahen réalisée pour le lieu, sera exposée dans
le hall de la Fonderie à Mulhouse du 14 mars au 1er avril2017.
Mulhouse Art Contemporain présente, dans le cadre du week-end de l’art contemporain, du 17 au 19 mars 2017 une œuvre de l’artiste vidéo Robert Cahen.
L’association poursuit en cela son objectif principal
qui consiste à faire partager à tous les publics
la découverte des expressions multiples
de l’art contemporain, dont la vidéo est devenue,
ces dernières décennies, un des modes majeurs.
Dans cette discipline, il apparaît pertinent
d’offrir à Robert Cahen, l’un des représentants
majeurs y compris au plan international, de cette
écriture créative, une visibilité dans
sa propre ville.
Le choix du lieu, la Fonderie, la collaboration
avec La Kunsthalle, l’intégration de cette proposition
au week-end de l’art contemporain, illustrent
cette volonté de diffusion et de promotion de l’art
contemporain dans l’espace public mulhousien. Vernissage-rencontre : mardi 14 mars à 18h00
La Fondation Beyeler a été inaugurée officiellement
le 18 octobre 1997. Ernst et Hildy Beyeler, couple
de galeristes et de collectionneurs passionnés, avaient
constitué depuis la fin des années 1950 une
collection de remarquables oeuvres d’art moderne,
qui put alors pour la première fois être présentée à
Riehen durablement.
Les visiteurs de moins de 25 ans seront accueillis gratuitement au musée toute l’année 2017
En 2017, la Fondation Beyeler fête ses vingt ans
avec trois expositions exceptionnelles successives, qui
présentent la Collection Beyeler sous trois perspectives
différentes : un regard sur le passé, un regard
sur le présent, un regard vers l’avenir.
La première exposition de la collection de l’année,
conçue en hommage aux fondateurs du musée, Ernst et Hildy Beyeler, s’inspire de la présentation
inaugurale de 1997.
Un certain nombre de documents photographiques et de
témoignages de l’époque ont permis de reconstituer le premier
accrochage de la Collection. Malgré certaines modifications
apportées au sein de la Collection, il reste possible de
reconstituer largement la présentation sous sa forme originelle.
On peut ainsi admirer les oeuvres des principaux représentants
de l’art moderne – de van Gogh, Cézanne et Monet à Giacometti,
Rothko et Bacon, en passant par Picasso, Matisse, Léger et Klee
– sous forme d’un ensemble d’une grande force expressive,
qui met en évidence la qualité artistique exceptionnelle de
la Collection Beyeler.
Cette exposition permet d’illustrer le dialogue particulier
entre les différentes oeuvres dans la vision et
la conception personnelles du couple de fondateurs sur
sa propre collection et ainsi le point de départ
programmatique de nombreuses présentations passées
et à venir de la Collection Beyeler. C’est aussi
l’occasion de rappeler le credo d’Ernst Beyeler, formulé dans le
discours qu’il a prononcé lors de la
conférence de presse donnée à l’occasion de l’inauguration
du musée, il y a vingt ans :
« Nous avons toujours été profondément émus par des oeuvres d’art dont, souvent, nous avons été incapables de nous séparer ; plus tard, nous avons pris conscience que nous souhaitions transmettre cet art, ainsi que les bénéfices que ces oeuvres nous avaient apportés. Mais nous tenions aussi et surtout à rendre hommage aux immenses artistes de notre époque, une époque que nous pouvons certainement compter parmi les grands moments de l’histoire de l’art. »
Giacometti, a été très vite apprécié par Ernst Beyeler.
Il a soutenu la création de la Fondation Giacometti.
La collection de la Fondation comporte quelques 250 à
300 oeuvres, actuellement et s’enrichit régulièrement
avec des travaux d’artistes contemporains. Pour l’exposition : l‘Originale, la Fondation présente
150 oeuvres sur les 180, certaines étant en prêt pour
des expositions, notamment les Acanthes de Matisse
pour l’exposition, lesJardins à venir au Grand Palais,
ou encore Max Ernstau Zentrum Paul Klee de Berne
Une pièce rarement montrée pour sa fragilité, une étude
pour la baignade à Asnieres de Seurat très chère à Ernst Beyeler
L’exposition respecte la présentation originale, en débutant
par la période des modernes, puis par artistes, par thèmes,
la Joconde des Arts Africains, une Figure,
Mumuye du Nigeria
Des aquarelles de Cézanne très peu montrées pour leur fragilité
à la lumière
Ernst Beyeler a soutenu Mark Tobey, artiste moins
connu que ses compatriotes américains, ce qui lui
a permis de finir ses jours à Bâle.
Les détails de son graphisme particulier n’est pas
sans évoquer le papier d’Ane Mette Hol
Sans oublier les magnifiques Rotho, Barnet Newmann
et toutes les sculptures africaines, qui se répondent
d’une salle l’autre.
Le commissaire a su recréer l’ambiance des débuts,
sur les cimaises de la Fondation, en respectant le goût
très sûr de son créateur, sans surcharge,
en privilégiant la qualité, l’arbitrage d’Ernst Beyeler.
Ernest Beyeler a du choisir entre sa vocation
de collectionneur et son métier de marchand d’art,
en vue d’ériger son musée en collaboration avec Renzo Piano.
Un bonheur pour les habitués qui sont ravis de retrouver les
oeuvres connues, une découverte pour les autres visiteurs.
Ils peuvent en même temps visiter l’autre exposition : Claude Monet, Lumière, Ombres et réflexion
visible jusqu’au 28 mai 2017
Le commissaire de l’exposition est Raphaël Bouvier.
Les expositions de la Collection Beyeler présentées
à l’occasion des 20 ans de la Fondation Beyeler
bénéficient du généreux soutien de : Beyeler-Stiftung Hansjörg Wyss, Wyss Foundation Dr. Christoph M. Müller et Sibylla M. Müller Basler Kantonalbank Bayer ISS Facility Services Mon hommage personnel à Ernst Beyeler Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
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Laissez parler – Les p’tits pa-piers À l’occasion – Papier chiffon Puiss’nt-ils un jour – Papier buvard Vous consoler – Laissez brûler Les p’tits papiers – Papier de riz Ou d’Arménie Qu’un soir ils puiss’nt – Papier maïs Vous réchauffer On pourrait continuer à l’envi la chanson de Régine, tant elle s’adapte au travail imaginatif
de l’artiste :
Ane Mette HOL.
Une proposition de Sandrine Wymann jusqu’au 30 avril 2017
in the echoes of my room est le titre de la première
exposition solo de l’artiste norvégienne Ane Mette Hol dans un centre d’art français. Elle dévoile un ensemble d’oeuvres en partie produites
et exposées pour la première fois à La Kunsthalle.
Ane Mette Hol investit par le dessin la relation
de l’original à la reproduction.
Aucun support papier n’échappe
à son travail de précision et de patience : le papier kraft,
la photocopie, le papier de soie, le carton nu ou imprimé… À la manière du copiste, elle reproduit la texture
et la matérialité de chacun de ses sujets au point
d’obtenir des facsimilés qu’elle confond dans
ses installations avec des décors bruts et sans artifices.
L’artiste s’intéresse à des objets, souvent simples
et issus du quotidien qui ont pour point commun
une histoire de papier, d’impression ou de marquage.
Elle observe et retient ces objets apparemment dépourvus d’intérêts, elle les révèle par la force
et l’incroyable virtuosité de son dessin.
Elle a redessiné l’empreinte de ses doigts sur la pellicule
projetée ci-dessous :
Ane Mette Hol est née en 1979 à Bodø et
vit et travaille à Oslo. Elle a fait ses études à
l’Académie Nationale des Arts
d’Oslo puis au Collège des Arts des métiers
et du design de Stockholm, de 2001-2006.
Son travail a été présenté maintes fois en Norvège
et à l’étranger, et récemment à la Städtische Galerie
de Delmenhorst, à la galerie Franz- Josefs Kai de
Vienne, à la galerie Taxispalais d’Innsbruck.
Ses oeuvres ont rejoint la collection du Centre Georges
Pompidou de Paris.
En 2016, elle a fait partie du programme de résidences
de Wiels à Bruxelles.
www.anemettehol.com
L’exposition bénéficie du généreux soutien
de l’ambassade de Norvège. L’exposition est accompagnée d’une kyrielle de rendez-vous, des conférences, des performances. A consulter ici