Carte Blanche à François Bruetschy

Le Séchoir, arts en mouvements à Mulhouse, a donné carte blanche à
François Bruetschy.

« La peinture, ce n’est pas seulement faire des
jolies toiles, c’est une réflexion.
C’est une façon de penser avec la main, le geste…
Et je suis mon
propre découvreur, un explorateur de ma propre pratique. » FB


Sur les cimaises de la galerie d’art, les dessins blancs sur papier noir, de François Bruetschy, sont comme des inscriptions sur des stèles, comme si l’artiste avait graphité sur des sculptures de Richard Serra. Ses formes sont issues de ses promenades, d’une mémoire visuelle, qu’il essaie d’intérioriser et tente d’exprimer dans son travail quotidien. Dans les formes, qu’il voit dans les trous noirs des arbres, lui sont apparues d’autres formes, comme des constellations. C’est une peinture intellectuelle découlant du cheminement de l’esprit, que l’on pourrait avec beaucoup de réserve, approcher de
Cy Twombly.
Il affectionne la monochromie, dans la superposition des couches
on comprend son admiration pour Bonnard.

« Le trait est la parole du peintre, ce n’est pas une gesticulation,
c’est une chorégraphie. Il faut que les choses aient une
résonance
intérieure. Cela vient avec le travail.
Beaucoup de travail. Je
suis là-dedans tout le temps,
j’en rêve la nuit… » FB

La matière du fusain (produit par la calcination des branches de saule) espèce de scintillement intérieur qui lui rappelle de la même manière, le scintillement du ciel. L’artiste procède par plusieurs couches, en partant du fusain le plus dur, pour lever la surface du papier, pour arriver à du fusain de plus en plus tendre, qui permet de créer ce velours avec le plat de la main par l’effacement, l’estompage et la préservation de la réserve, puis les formes s’imposent. Non les formes des arbres, mais celles qui se laissent voir entre les branches qui évoquent des paysages, comme des passages de nuages dans lesquels chacun se plait à trouver des formes. Ce sont comme des illustrations d’haïku ou encore des idéogrammes chinois ou japonais, de fines broderies sur coussins de velours, que l’on aime examiner attentivement.


Dans les éléments construits, c’est l’architecte qui se manifeste. Ils sont fait pour être en tension, ou en critique, une recherche entre construction et circulation à l’intérieur d’un espace.  Il y a des œuvres plus architecturales, plus monumentales, là encore on se trouve presque dans l’ornement, car elles peuvent se lire comme une tapisserie, ou un tapis suspendu.


Les formes se promènent à l’intérieur du format, indiquent la liberté du geste, la précision du pinceau, avec une ligne directrice, autour de laquelle tout s’enveloppe comme en contrepoint, comme dans un dessin entre l’abstrait et le figuratif.


Il dit avec malice, « que la peinture est aussi une sorte de désastre, parce qu’on aboutit jamais là où on voulait aboutir ».
Hélène Sturm en parle : « Le travail, c’est tout le temps. Le reste est du temps perdu, quel que soit le plaisir qu’il y prend. Les heures passées à courir ou marcher n’existent que pour que le corps peignant ne soit pas peinant et dure, et dur. Et c’est là que se font les provisions, les prévisions, les visions. Personne ne sait comment ça fonctionne. Même pas lui. Tout est dans les dessins, les peintures, les volumes, et dans certains 1 %, disparus – c’est un regret qu’il a. C’est un souci qu’il a : qu’est-ce que ça va devenir, tout ça ? La sinueuse ligne blanche qui traverse le noir du temps, il l’inventera en la suivant jusqu’au bout, qui arrivera trop tôt alors que rien ne sera achevé. Il n’arrive pas à se faire à cette idée. C’est une mauvaise idée, disent le noir à ses mains, la tache de rouge sur sa joue, quand il descend de l’atelier parce qu’il a soif et faim et qu’il s’inquiète de la marche du monde ».
Hélène Sturm son épouse, auteure de Walter et Pfff

(toujours en librairie)
« C’est toujours un plaisir de travailler avec lui, on
progresse tout le temps… On apprend des nouvelles techniques,
on réfléchit sur nos pratiques de manière très naturelle… En parlant
de poésie, de littérature, de musique… » Mathieu Stahl

A l’accueil un entretien vidéo du tac au tac, mené par Sandrine Stahl,
présidente du Séchoir, vous familiarise avec l’artiste.
Ouverture au public tous les samedis et dimanches
de 14h à 18h jusqu’au 20 décembre.

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.