Strasbourg 1560-1600. Le renouveau des arts

Les Chars des sept jours : détail

Musée de l’OEuvre Notre-Dame/ Arts du Moyen Âge
Du 2 février 2024 au 19 mai 2024
Commissariat : Cécile Dupeux, conservatrice en chef du Musée de l’OEuvre Notre-Dame
Présentation

À la fin du XVIe siècle, Strasbourg est un foyer artistique éminent, dont l’activité doit beaucoup à sa position géographique privilégiée au coeur de l’Europe. Cette période de réveil des arts après la baisse d’activité qui fait suite à la Réforme est mal connue, car une grande partie de la production a disparu ou s’est trouvée dispersée. L’exposition explore cette ultime saison de la Renaissance, marquée par la diffusion à travers tous les arts de la nouvelle grammaire ornementale inspirée des canons antiques et son adoption par les artistes de toutes spécialités.Il s’agit aussi d’une remise en contexte plus générale, qui permet d’évoquer aussi bien la production littéraire que le dynamisme du domaine éducatif et scientifique ou la production éditoriale.
L’apport le plus marquant est celui de deux personnalités artistiques de premier plan, à la fois dessinateurs, graveurs et peintres de décors muraux, qui introduisent à Strasbourg les jeux ornementaux du maniérisme :

– Tobias Stimmer (1539-1584), graveur prolifique venu de Schaffhouse, est aussi l’auteur des décors de la célèbre horloge astronomique monumentale de la cathédrale. Ses projets en grisaille sur toile pour les sculptures de l’horloge (vers 1571), récemment restaurés, sont présentés pour la première fois au public.
– Dans une veine plus fantastique, les planches des trois volumes de l’Architectura de Wendel Dietterlin (1551-1599), également connu pour la production de nombreuses peintures murales, étonnent par leur verve exubérante et leur surcharge décorative et garderont de l’influence jusqu’à l’époque baroque.

Tobias Stimmer, Les Chars des sept jours : détail avec Jupiter (jeudi),
projet pour les sculptures de l’horloge, détrempe sur toile, vers 1571.
Musées de la Ville de Strasbourg. Photo : M. Bertola / Musées de la Ville de Strasbourg

Cette exposition est accueillie au sein même du musée, dont une partie des bâtiments date de la même époque. Elle permet également de mettre en valeur de nombreux éléments sculptés et architecturaux intégrés au parcours permanent, selon un dialogue imaginé déjà par le créateur du musée Hans Haug.
L’exposition met en lumière les exceptionnelles toiles peintes en grisaille par Tobias Stimmer, projets pour les sculptures de l’horloge astronomique, restaurées grâce au mécénat du Fonds de dotation du Docteur et de Madame Léon Crivain, ainsi que la salle des administrateurs de l’OEuvre Notre-Dame, dont les magnifiques boiseries viennent d’être restaurées grâce au mécénat de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Crédit Mutuel.

Points forts de l’exposition

Un foyer de rayonnement intellectuel et culturel

À la fin du XVIe siècle, Strasbourg continue à s’affirmer comme l’un des grands centres européens de l’imprimerie et à jouer un rôle important dans la diffusion des idées. La maison d’édition de Bernard Jobin et celle de la famille Rihel publient chacune près de trois cent titres. Leur collaboration avec Tobias Stimmer produit des chefs-d’oeuvre.

                                            Grisaille

L’illustration des livres imprimés renoue également avec la vitalité qui fit la gloire de Strasbourg à la fin du Moyen Age.
L’exposition évoque l’importance du livre à Strasbourg à la fin du XVIe siècle à travers une trentaine d’ouvrages parmi les plus importants produits de la période. Sont présentés en particulier plusieurs ouvrages et pamphlets de Fischart, auteur en 1575 de l’adaptation allemande de Rabelais qu’il égale en verve et en anticléricalisme, l’Architectura de Wendel Dietterlin, l’Architectura de Specklin, le Volumen primum mathematicum de Dasypodius, l’Histoire du règne de Charles Quint de Sleidan …

             Salle d’interprétation des dessins d’architecture de la cathédrale
             Crédit photo : Musées de la Ville de Strasbourg / M. Bertola

Réputées pour leur modération, les autorités protestantes poursuivent leur tradition d’accueil des immigrés et dissidents des guerres de religion. Ce mouvement s’intensifie dans la seconde moitié du siècle, en particulier après les massacres de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572, où de nombreux protestants français et flamands viennent se réfugier à Strasbourg. L’ornemaniste et graveur réformé français Étienne Delaune réalisa ainsi quatre séjours à Strasbourg entre 1573 et 1580. Le graveur Theodor de Bry (Dietrich Breÿ), de Liège, et ses deux fils trouvèrent refuge à Strasbourg pour les mêmes raisons confessionnelles. Les réalisations de ces artistes de passage, dont l’exposition donne un aperçu, permirent une régénération du milieu artistique.

Tobias Stimmer et Wendel Dietterlin

Les deux artistes les plus importants exerçant à Strasbourg à partir de 1570, Tobias Stimmer (Schaffhouse 1539 – Strasbourg 1584) et Wendel Dietterlin (Pfullendorf 1551 – Strasbourg 1599), ne sont pas originaires de la ville et sont nourris d’influences très diverses provenant d’Italie, de l’École de Fontainebleau ou des Pays-Bas. Tous deux sont peintres aussi bien que dessinateurs et produisent des modèles pour des graveurs. Ils ont été à l’origine d’un renouvellement des pratiques artistiques dans la ville.
Le peintre suisse Tobias Stimmer est appelé à Strasbourg pour réaliser le décor du buffet de l’horloge astronomique de la cathédrale. Il est alors un artiste réputé, en particulier pour les spectaculaires décors de façade réalisés à Schaffhouse et à Bâle ainsi que pour ses gravures. Formé en Suisse et marqué par l’art italien, ce célèbre peintre, dessinateur et graveur est également connu comme décorateur et dessinateur de vitraux. Il s’agit de l’un des principaux représentants du maniérisme ornemental dans les pays germaniques.
La commande qui lui est passée pour l’horloge astronomique concerne la direction artistique de l’ensemble, c’est-à-dire le décor peint de l’imposant buffet et de certains indicateurs astronomiques (globe, cadrans…), mais aussi la production de projets peints pour la réalisation des sculptures. L’exposition est l’occasion de redécouvrir après restauration les dix spectaculaires projets peints en grisaille sur toile pour ces sculptures. De nombreuses gravures et dessins de sa main sont également rassemblés afin de proposer un panorama de la production de l’artiste à Strasbourg.
Wendel Dietterlin est surtout connu à son époque pour la production de peintures murales et de panneaux (il se désigne lui-même comme « Maler von Strassburg »). Mais la postérité a essentiellement retenu de lui les nombreuses gravures (209 planches) et les variations fantastiques de son traité d’architecture Architectura, publié à Stuttgart et Strasbourg en 1593-94, qui sera réédité à de nombreuses reprises jusqu’au XIXe siècle. Ce traité apporte une contribution 

                   Tobias Stimmer, Les quatre Âges de la vie : l’Enfance, projet pour les            sculptures de l’horloge, détrempe sur toile, vers 1571, 72 x 42 cm.
Musées de la Ville de Strasbourg. Photo : M. Bertola

significative à l’ornementation maniériste. Il trouvera un écho dans le domaine des arts décoratifs, en particulier dans l’ébénisterie ou la menuiserie

                                                              Architectura

Restauration de la salle des administrateurs et des grisailles de Stimmer

La salle des Administrateurs, au 1er étage de l’aile Renaissance, est l’une des deux salles historiques conservées de la maison de l’OEuvre Notre-Dame. Ses boiseries marquetées, attribuées à Veit Eck, vers 1582, uniques en Alsace et remarquables par leur style Renaissance très pur et leur qualité d’exécution, ont enfin retrouvé leur lisibilité.
Couvrant l’ensemble des murs et du plafond, elles se distinguent par l’emploi savant de différentes essences de bois, jusqu’ici occultées par un fort encrassement. La restauration menée par Antoine Stroesser, restaurateur de mobilier, assisté de Thomas Flicker, d’avril à juillet 2023, a permis de redécouvrir toutes les nuances des quelques 11 essences identifiées. Le nettoyage s’est voulu respectueux des traces d’outils et des vestiges de vernis du 16e siècle.
Les nombreux soulèvements et fentes du placage ont été recollés, et quelques éléments décoratifs, perdus, restitués à l’identique. Enfin, une réintégration des parties restaurées et une mise en cire ont permis d’harmoniser l’ensemble. L’intervention a également permis de réévaluer l’authenticité de la salle.
La restauration des boiseries de la salle des administrateurs a été rendue possible grâce au mécénat de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Crédit Mutuel.

La restauration des exceptionnelles grisailles de Tobias Stimmer

L’ensemble de dix esquisses sur toile commandé à Tobias Stimmer pour les sculptures de l’horloge astronomique de la cathédrale revêt une importance particulière en raison de la rareté de ce type de projets, généralement non conservés, et de la disparition d’une grande partie de la production peinte de l’artiste.
Cet ensemble conservé jusqu’alors dans les réserves des musées de Strasbourg vient d’être restauré et se trouve rassemblé dans l’exposition. Il s’agit des projets pour une partie des figurines automates de l’horloge sur le thème des Planètes et des Âges de la vie. À l’étage supérieur de l’horloge, les Âges de la vie défilent devant la Mort en sonnant les quarts-d ‘heure, et le Christ sonne les heures au registre supérieur; à l’étage inférieur les chars des sept dieux des planètes correspondant aux jours de la semaine se succèdent. Les esquisses concernent également quelques figures indépendantes : deux angelots et deux amours placés de part et d’autre du cadran des minutes, et Apollon et Diane à gauche et à droite du cadran du calendrier civil.
Les dix peintures de tailles variables sont réalisées selon la technique de la grisaille, en camaïeu utilisant plusieurs niveaux de gris, depuis le blanc jusqu’au noir. La technique est celle de la détrempe à la colle sur toile. Le geste de l’artiste est rapide mais très précis, afin de guider au mieux le sculpteur. Plusieurs des figures sculptées exécutées d’après ces projets ont également été restaurées et sont présentées dans l’exposition.
La campagne de restauration a été réalisée par le groupement Art Partenaire, sous la direction de Janin Bechstedt, avec Dorine Dié, Eve Froidevaux et Amalia Ramanankirahina.
La restauration de l’ensemble des Chars des planètes a été rendue possible grâce au Fonds de dotation du Docteur et de Madame Léon Crivain.

            Salle de la loge

Informations pratiques

Musée de l’OEuvre Notre-Dame
3, place du Château, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : en semaine – sauf le mardi – de 10h à 13h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches de 10h à 18h
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00

Accès et services

  • Bus 14 et 24 – arrêt Ancienne Douane
  • Tram A ou D – arrêt Langstross – Grand’Rue

Retrouvez la Programmation culturelle et éducative ici

Sommaire du mois de janvier 2024

Centre Pompidou Metz

29 janvier 2024 : Jeff Wall
28 janvier 2024 : La Quinzaine de la Danse
17 janvier 2024 :  Guernica / Ukraine de Jean Pierre Raynaud à Schiltigheim
15 janvier 2024 :  VAN GOGH à Auvers-sur-Oise
7  janvier 2024   : Picasso. Dessiner à l’infini
5  janvier 2024  :  Les trois Rois Mages

Jeff Wall

du 28 janvier – 21 avril 2024 à la Fondation Beyeler
Commissaire :l’exposition est placée sous le commissariat de Martin Schwander, Curator at Large, Fondation Beyeler, en
collaboration avec Charlotte Sarrazin, Associate Curator.

Martin Schwander, Jeff Wall et Sam Keller directeur de la Fondation Beyeler

Introduction

En ce début d’année, la Fondation Beyeler consacre une importante exposition personnelle à l’artiste canadien Jeff Wall (*1946). Il s’agit de la première exposition de cette envergure en Suisse depuis près de deux décennies. Wall, qui a largement contribué à établir la photographie en tant que forme autonome
d’expression artistique, compte aujourd’hui parmi ses représentant·e·s majeur·e·s. Réunissant plus d’une cinquantaine d’oeuvres réalisées au fil de cinq décennies, l’exposition présente une vue d’ensemble très complète du travail précurseur de l’artiste, allant de ses emblématiques grandes diapositives montées dans des caissons lumineux à ses photographies grand format noir et blanc et ses tirages en couleur au jet d’encre. L’exposition met un accent particulier sur les oeuvres des deux dernières décennies, parmi elles des photographies données à voir en public pour la première fois. L’exposition a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste.

Son travail

Dans son travail, Jeff Wall sonde les limites entre fait et invention, hasard et construction. Depuis le milieu des années 1970, il a exploré différentes façons d’étendre les possibilités artistiques de la photographie.
Wall qualifie son travail de « cinématographie », voyant dans le cinéma un modèle de liberté de création et d’invention, liberté qui avait été freinée dans le domaine de la photographie par sa définition dominante comme
« documentaire ». Beaucoup de ses photographies sont des images construites impliquant une planification et une préparation longues et minutieuses, une collaboration avec des acteurs·rices et un important travail de
« postproduction ». Jeff Wall crée ainsi des images qui divergent de la notion de la photographie comme principalement une documentation fidèle de la réalité.

Wall est né en 1946 à Vancouver au Canada, où il vit et travaille. Il commence à s’intéresser à la photographie dans les années 1960, âge d’or de l’art conceptuel. À partir du milieu des années 1970, il produit de grandes diapositives montées dans des caissons lumineux. Avec ce format, jusqu’alors associé plutôt à la photographie publicitaire qu’à la photographie d’art, il innove et lance une forme nouvelle de présentation d’oeuvres d’art. Depuis le milieu des années 1990, Wall a encore élargi son répertoire –
d’abord avec des photographies noir et blanc grand format puis avec des tirages en couleur. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles dans le monde entier, entre autres à la Tate Modern, Londres (2005), au Museum of Modern Art, New York (2007), au Stedelijk Museum, Amsterdam (2014) et au Glenstone Museum, Potomac (2021).

Evolution

Les images de Jeff Wall évoluent entre instantané documentaire, composition cinématographique et invention poétique libre, confrontant les spectateurs·rices à une vaste palette de sujets et de thèmes, à la beauté et à la laideur, à l’ambiguïté et à l’inconfort. Pour Wall, l’art de la photographie se doit d’être aussi libre que toutes les autres formes artistiques dans son éventail de sujets et de traitements – aussi poétique que la poésie, aussi littéraire que le roman, aussi pictural que la peinture, aussi théâtral que le théâtre, et
tout cela avec pour objectif d’atteindre à l’essence même de la photographie.

L’exposition

L’exposition à la Fondation Beyeler s’ouvre dans le foyer du musée avec la juxtaposition de deux oeuvres emblématiques de 1999. Morning Cleaning, Mies van der Rohe Foundation, Barcelona montre les préparatifs matinaux effectués dans le célèbre pavillon avant l’arrivée des premiers visiteurs. L’agent
d’entretien est en train de nettoyer les grandes baies vitrées donnant sur un miroir d’eau, nous faisant ainsi assister à un moment habituellement invisible dans la vie de ce célèbre édifice.

A Donkey in Blackpool représente une étable modeste et pourtant très riche sur le plan visuel, occupée par la figure familière d’un âne, qui nous apparaît ici dans un moment de repos. L’association des deux images réunit des univers socialement et culturellement très différents tout en dirigeant notre attention sur leurs points communs – les êtres humains et les animaux entretiennent tous deux une relation profonde aux intérieurs qui les abritent. L’exposition a été conçue de manière à créer une séquence de comparaisons et de juxtapositions de ce type, tissant des échos et des résonances entre les sujets, les techniques et les genres. Pour le catalogue, l’artiste a rédigé un guide qui présente les différentes dimensions de la production des images et de leur agencement dans l’exposition.

Les paysages

Jeff Wall
The Thinker, 1986
Le penseur
Diapositive dans caisson lumineux, 211 x 229 cm
Courtesy l’artiste
© Jeff Wall

Ainsi, la première salle de l’exposition présente une série de diapositives montées dans des caissons lumineux qui mettent en avant des paysages. Produits entre 1987 et 2005, ces paysages urbains offrent une vaste vision des zones urbaines et périurbaines de Vancouver. Jeff Wall considère les paysages urbains comme un aspect important de son travail, qui lui permet d’explorer l’essence même de la ville, les rapports qu’elle entretient avec les zones non urbaines ou périurbaines qui l’entourent, et sa spécificité en tant que théâtre du maillage infini d’événements qui constituent la vie en société.


Jeff Wall
Boxing, 2011
Les boxeurs
Impression lightjet, 215 x 295 cm
Courtesy l’artiste
© Jeff Wal

Les salles suivantes réunissent des scènes réalisées dans des intérieurs et des extérieurs variés, publics et privés, représentant des hommes et des femmes, des personnes pauvres et aisées, jeunes et âgées – certaines images témoignant d’un travail et d’un artifice recherchés, d’autres ne semblant avoir nécessité
aucun effort, en couleur et en noir et blanc, transparentes et opaques, de grand et de petit format, représentant le réel et l’irréel, et un large éventail d’atmosphères, d’états d’esprit et de relations.

Les oeuvres les plus célèbres de l’artiste

L’exposition inclut beaucoup des oeuvres les plus célèbres de l’artiste, parmi elles After ‘Invisible Man’ by Ralph Ellison, the Prologue (1999–2000),

construction d’une scène du roman de 1952 d’Ellison qui montre le jeune protagoniste noir en train de rédiger l’histoire du livre dans son repaire secret en sous-sol, éclairé d’exactement 1369 ampoules électriques.
A Sudden Gust of Wind (after Hokusai) (1993), l’une des oeuvres aux dimensions les plus impressionnantes de Wall, est une adaptation contemporaine d’une des planches de la série de gravures sur bois de Katsushika Hokusai Trente-six vues du mont Fuji (1830- 1832). Ces deux images puisent leurs origines dans les oeuvres d’autres artistes ;


Wall s’accorde la liberté de trouver ses sujets là où le mène son imagination.
A Sudden Gust of Wind est l’une des premières oeuvres pour lesquelles l’artiste a recouru à la technologie numérique, qui lui permet de combiner plusieurs
négatifs individuels en une seule image finale.

Les oeuvres récentes en contrepoint des oeuvres anciennes

La plupart des oeuvres récentes de Wall sont inclues dans l’exposition, généralement présentées en contrepoint à des images plus anciennes.
Fallen rider (2022), image d’une femme qui vient de chuter de sa monture,

est accroché face à War game (2007), où trois jeunes garçons, apparemment photographiés pendant un jeu de guerre, sont allongés sous surveillance dans une prison improvisée.

Dans Parent child (2019), c’est une petite fille qui est allongée, cette fois sur un trottoir dans l’ombre paisible d’un arbre, sous le regard d’un homme qui est probablement son père.

Comme des images de film, les photographies de
Wall semblent saisir un instant en train de se dérouler – l’avant et l’après demeurent hors champ. Sur un mur voisin est accroché Maquette for a monument to the contemplation of the possibility of mending a hole
in a sock (2023), dans lequel une autre figure contemplative, une femme d’un certain âge tenant à la main une aiguille, considère un trou dans le talon usé d’une chaussette mauve. La repriseuse semble irréelle, telle une apparition nous rappelant à l’incertitude qui pèse sur la volonté et la capacité de l’humanité à réparer ce qui a été usé, sursollicité et abîmé.

Le catalogue

Le catalogue de l’exposition, mis en page par Uwe Koch en consultation étroite avec l’artiste, est publié en version anglaise et allemande par Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 240 pages, il contient des illustrations des oeuvres de l’exposition, une conversation entre Jeff Wall et Martin Schwander, une explication détaillée de l’artiste lui-même de la sélection des oeuvres et de leur accrochage dans les onze salles de l’exposition, ainsi que des essais rédigés par Martin Schwander et Ralph Ubl.

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00

Programmation associée « Jeff Wall »

Dimanche, 28 janvier
14h –15h
Conférence de Jeff Wall
L’artiste canadien Jeff Wall s’exprimera personellement sur place au
sujet de son travail actuel et de sa toute nouvelle exposition, qui sera
présentée à la Fondation Beyeler du 28 janvier au 21 avril 2024.
L’exposition peut être visitée avant et après la manifestation. La
conférence sera donnée en anglais.
Prix : billett d’entrée
Un lundi sur deux à partir
du 29 janvier
14h–15h
Perspectives – en allemand
Un lundi sur deux, nous vous invitons au parcours thématique autour de
thèmes choisis, en rapport avec l’exposition « Jeff Wall », en compagnie
d’un.e membre de notre équipe de médiation. Ce format vous permet de
découvrir les oeuvres sous des angles inattendus, d’élargir vos
connaissances et d’approfondir votre compréhension de certaines
oeuvres choisies.
29.01. Échos – l’histoire de l’art pour toile de fond
12.02. Une absence – langage et image
26.02. Freeze – l’instant décisif
11.03. Par procuration – poupées, zombies, actrices et acteurs
25.03. Visions du monde – paysage et société
08.04. Poses, postures et gestes – le corps signifiant
Prix : billet d’entrée + CHF 7.-
Samedi, 3 février
Dimanche, 4 février
Samedi, 2 mars
Dimanche, 3 mars
Samedi, 20 avril
Dimanche, 21 avril
10h–18h
Open Studio – en allemand
Au travers de différents ateliers, l’Open Studio offre à ses participants
l’opportunité d’aborder et d’approfondir divers thèmes et techniques de
travail, ainsi que de s’essayer eux-mêmes à quelques explorations
créatives.
Sans inscription. Participation gratuite et ouverte à tous les âges (en
compagnie d’un adulte pour les enfants jusqu’à 12 ans).
Dimanche, 4 février
Dimanche, 3 mars
Dimanche, 21 avril
11h–12h
Visite accompagnée en famille – en allemand
Une expérience artistique et ludique pour les enfants de 6 à 10 ans
accompagnés de leurs parents. La visite accompagnée et interactive en
famille fait de l’art une expérience ludique pour petits et grands. Le
nombre de participants est limité.
Prix : jusqu’à 10 ans : CHF 7.- /Adultes : billet d’entrée
Un mercredi sur deux à
partir du 7 février
12h30–13h
Conversation autour d’une oeuvre – en allemand
Lors de cette confrontation courte mais intense avec une oeuvre d’art
choisie, vous aurez accès à des informations sur les singularités de
l’oeuvre en question, sur son auteur et sur l’époque de sa genèse.
Le nombre de participants est limité.
07.02. Jeff Wall, Dead Troops Talk, 1992
21.02. Jeff Wall, The Storyteller, 1986
06.03. Jeff Wall, After ‘Invisible Man’ by Ralph Ellison, 1999/2000
20.03. Jeff Wall, War game, 2007
03.04. Jeff Wall, In the Legion, 2022
17.04. Jeff Wall, Restoration, 1993
Prix : billet d’entrée + CHF 7.-
Mercredi, 7 février
Mercredi, 6 mars
18h30–19h30
Visite avec les commissaires de l’exposition
Vous souhaitez voir les expositions de la Fondation Beyeler à travers les
yeux de celles et de ceux qui les conçoivent ? Cette visite vous en donne
l’occasion. Les commissaires ne se contentent pas de vous renseigner
sur la conception, l’organisation et la programmation de l’exposition,
mais vous apportent également des éclairages sur les artistes, leur
époque, la genèse des oeuvres et leur signification dans le contexte
artistique. Le nombre de participants est limité.
Prix : CHF 35.- / Bénéficiaires d’une rente AI 30.- / Moins de 25 ans
10.- / Art Club, Young Art Club, Amis, Museums-PASS-Musées 10.-
Dimanche, 11 février
Dimanche, 10 mars
Dimanche, 7. avril
Visite accompagnée – en français
Aperçu de l’exposition « Jeff Wall ».
Le nombre de participants est limité.
Prix : billet d’entrée + CHF 7.-
Jeudi, 22 février
Jeudi, 14 mars
Jeudi, 11 avril
10h30–11h30
Sketch it! – en allemand
« Sketch it » donne l’occasion de se confronter de manière créative à
des oeuvres choisies exposées à la Fondation Beyeler. En particulier, les
oeuvres photographiques de Jeff Wall nous inspirent à explorer
différentes techniques. Nous posons ainsi un regard neuf sur les oeuvres
originales.
Tous les matériaux nécessaires sont mis à disposition.
Prix : billet d’entrée + CHF 10.-
Dimanche, 25 février
Dimanche, 7 avril
9h–12h
L’art au petit déjeuner – en allemand
Délicieux petit–déjeuner au « Beyeler Restaurant im Park » suivi d’une
visite accompagnée (11–12h) de l’exposition. Le nombre de participants
est limité.
Attention : la vente des billets se termine le vendredi après-midi.
Prix : CHF 80.- / Bénéficiaires d’une rente AI 75.- / Moins de 25 ans
55.- / Art Club, Young Art Club, Amis, Museums-PASS-Musées 48.-
Mercredi, 28 février
18h–20h30
Atelier pour adultes – en allemand
L’atelier pour adultes offre la possibilité d’approfondir de manière active
par la pratique ce que l’on a vu et vécu durant la visite guidée. L’objectif
est de comprendre les techniques artistiques en atelier et de les mettre
en pratique. Point n’est besoin de notions ni de compétences
artistiques; toutes les personnes s’intéressant à l’art – que ce soit sous
l’angle esthétique, philosophique ou artisanal – sont les bienvenues.
Le nombre de participants est limité. Inscription obligatoire :
tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20.
Prix : billet d’entrée + CHF 20.- (matériel inclus)
Jeudi, 29 février
16h30–17h30
Visite accompagnée pour personnes avec un handicap visuel – en
allemand
Les visites guidées destinées aux malvoyants et aveugles contiennent
des descriptions détaillées qui permettent de faire ressentir l’oeuvre au
plus profond. Votre chien guide peut vous accompagner dans le musée.
Nous souhaitons vous informer du fait que les oeuvres ne peuvent pas
être touchées. Entrée gratuite pour une personne accompagnante. Le
nombre de participants est limité. Inscription obligatoire :
tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20.
Prix : billet d’entrée
Jeudi, 7 mars
16h30–17h30
Visite accompagnée pour personnes avec un handicap auditif – en
allemand
Un(e) interprète traduit les explications des oeuvres d’art de l’exposition
en cours simultanément en langage des signes.
Le nombre de participants est limité. Inscription obligatoire :
tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20.
Prix : billet d’entrée
Mercredi, 13 mars
14h–16h30
Ateliers pour enfants – en allemand
Découverte de l’exposition au cours d’une visite guidée suivie
d’expérimentations ludiques dans l’atelier.
Inscription obligatoire : tours@fondationbeyeler.ch ou 061 645 97 20.
Prix : CHF 10.- matériel inclus
Dimanche, 14 avril
10h–18h
Journée des familles – en français, allemand & anglais
Organisée autour de l’exposition « Jeff Wall », la Journée des familles
sera consacrée aux histoires, aux secrets et aux ambiances qui
imprègnent les univers visuels de l’artiste canadien. Des visites guidées
en famille offriront un accès amusant aux oeuvres et aux thèmes de
l’exposition. Les plus jeunes pourront voyager sur le tapis des contes ou
explorer le musée en compagnie de Fred l’écureuil. Des ateliers pour
tous les âges proposeront des activités de création, de découverte et de
jeu.
Toutes les animations de la Journée des familles sont comprises dans le
billet d’accès au musée. L’accès au musée est gratuit jusqu’à 25 ans

La Quinzaine de la Danse

Édito

6e édition du 7 au 26 mars 2024

Depuis six ans, La Quinzaine de la Danse est devenue un rendez-vous incontournable sur le territoire de l’Agglomération mulhousienne.
Il permet de partager et de faire rayonner le travail que nous portons ensemble à trois structures. Aujourd’hui, plus que jamais, nous pensons qu’il nous faut retrouver du sens et continuer à favoriser l’accès du plus grand nombre aux œuvres. Nous nous plaçons ensemble, artistes, spectateur·rices, en plein milieu d’un monde qu’il nous faut sans cesse interroger, comprendre, poétiser. Engagée sur les enjeux esthétiques et les questions de société, la programmation ouvre les regards vers tant d’horizons. C’est dans cette perspective que nous nous sommes engagés à représenter et soutenir la danse dans sa pluralité. La multiplicité des styles et la richesse des cultures chorégraphiques représentées dans nos structures nous permettent de programmer sur ce temps de festival une grande diversité d’artistes. Nous renforçons nos liens avec le Canada en accueillant deux propositions qui traversent l’Atlantique pour venir à votre rencontre.

Venez célébrer la danse à nos côtés, voyagez d’une structure à l’autre, profitez du pass Quinzaine, vibrez avec les propositions qui gravitent autour de La Quinzaine. Bon festival !

Benoît André, Bruno Bouché, Thomas Ress

Initiée par Thomas Ress, directeur de l’ESPACE 110 – Centre Culturel d’Illzach et également portée par Benoît André, directeur de La Filature, Scène nationale de Mulhouse et Bruno Bouché, directeur du CCN•Ballet de l’Opéra national du Rhin, la 6e édition de La Quinzaine de la Danse offre au public de l’agglomération mulhousienne un programme inédit dans plusieurs lieux partenaires.


Le programme

Téléchargez le programme de la quinzaine de la danse ici

Infos pratiques

PASS QUINZAINE

Le premier spectacle à plein tarif donne accès aux autres spectacles au tarif partenaires sur présentation du premier billet, dans toutes les structures

Les adresses de La Quinzaine :

ESPACE 110 – CENTRE
CULTUREL D’ILLZACH

1 avenue des rives de l’Ill
68110 ILLZACH
+33 (0)3 89 52 18 81
www.espace110.org

LA FILATURE, SCÈNE
NATIONALE DE MULHOUSE

20 allée Nathan Katz
68100 MULHOUSE
+33 (0)3 89 36 28 28
www.lafilature.org

CCN•BALLET DE L’OPÉRA
NATIONAL DU RHIN

38 passage du Théâtre
68100 MULHOUSE
+33 (0)3 89 45 94 10
www.operanationaldurhin.eu

PATINOIRE OLYMPIQUE
DE MULHOUSE

47 boulevard Charles Stoessel
68200 MULHOUSE

LA PASSERELLE, CENTRE
SOCIAL ET RELAIS CULTUREL

au Trèfle, allée du Chemin Vert
68170 RIXHEIM
+33 (0)3 89 54 21 55
www.la-passerelle.fr

GYMNASE MAURICE
SCHOENACKER

rue Jules Verne
68200 MULHOUSE

MUSÉE DES BEAUX-ARTS
4 place Guillaume Tell
68100 MULHOUSE
+33 (0)3 89 33 78 11
www.beaux-arts.musees-mulhouse.fr

MAISON DE L’ÉTUDIANT –
UNIVERSITÉ DE HAUTE-ALSACE

1 rue Alfred Werner
68200 Mulhouse

téléchargez la plaquette de La Quinzaine de la Danse 2024

Voir aussi

 

On achève bien les chevaux

Création mondiale. Production du CCN • Ballet de l’Opéra national du Rhin et de La Compagnie des Petits Champs.

D’après They Shoot Horses, Don’t They? (1935) de Horace McCoy.

Règlement du marathon de danse à l’usage des compétiteurs:
1. La compétition est ouverte à tous les couples amateurs ou professionnels. — 2. Le marathon n’a pas de terme fixé : il est susceptible de durer plusieurs semaines. — 3. Le couple vainqueur est le dernier debout après abandon ou disqualification des autres compétiteurs. — 4. Les compétiteurs doivent rester en mouvement 45 minutes par heure. — 5. Un genou au sol vaut disqualification. — 6. Des lits sont mis à disposition 11 minutes durant chaque pause horaire. — 7. Baquets à glaçons, sels et gifles sont autorisés pour le réveil. — 8. Les compétiteurs se conforment aux directives de l’animateur. — 9. Sponsors et pourboires lancés sur la piste par le public sont autorisés. — 10. Des collations sont distribuées gracieusement durant la compétition. — 11. L’organisateur décline toute responsabilité en cas de dommage physique ou mental.

En 1935, l’écrivain américain Horace McCoy décrivait dans On achève bien les chevaux le spectacle mortifère d’individus tombés dans la misère, réduits pour quelques dollars à danser jusqu’à épuisement pour divertir un public en mal de sensations fortes. Après une première adaptation au cinéma par Sydney Pollack en 1969, Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro s’emparent à leur tour de ce roman noir pour créer ensemble une nouvelle forme de danse-théâtre, réunissant sur scène quarante-quatre danseurs, comédiens et musiciens.

Coproduction avec la Maison de la danse, Lyon-Pôle européen de création, la Scène nationale du Sud Aquitain et la Maison de la culture d’Amiens, Pôle européen de création et de production

Distribution

Adaptation, mise en scène et chorégraphie : Bruno BouchéClément Hervieu-LégerDaniel San Pedro

Assistant mise en scène et dramaturgie : Aurélien Hamard-Padis
Scénographie : Bogna Grażyna JaroslawskiAurélie Maestre
Costumes : Caroline de Vivaise 
Lumières : Alban Sauvé
Son : Nicolas Lespagnol 

Les artistes

Comédiens : Louis Berthélémy, Luca Besse, Clémence Boué, Stéphane Facco, Joshua Hoffalt, Juliette Léger, Muriel Zusperreguy, Daniel San Pedro

Musiciens : M’hamed El Menjra, David Paycha, Noé Codjia, Maxime Georges

CCN • Ballet de l’Opéra national du Rhin

Guernica / Ukraine de Jean Pierre Raynaud à Schiltigheim

Sans titre – Ukraine dénonce par l’art les horreurs de la guerre

Lors de la Biennale de Venise en avril 2022, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, a exhorté les artistes du monde entier à soutenir l’Ukraine. Les Éditions Jannink ont répondu à cet appel en demandant à l’artiste-plasticien Jean Pierre Raynaud de faire don à l’Ukraine d’une oeuvre inédite.
À l’instar de Guernica (1937) de Picasso, Raynaud a repris les dimensions exactes (3,49 m x 7,76 m) de cette oeuvre emblématique. Comme la toile du peintre espagnol, les deux toiles monumentales étaient exposées à la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg 2023, pour entamer une tournée d’expositions mondiale.

Après la Sorbonne à Paris et ST-ART à Strasbourg, je suis très heureux que la Ville de Schiltigheim, avec sa Maire Danielle Dambach et son adjointe à la Culture, aux Participations Citoyennes et à la Politique de la Ville, Nathalie Jampoc-Bertrand, marquent leur soutien dans ce réseau international 1937 Guernica / Ukraine 2022 que nous mettons en place avec Baudouin Jannink, initiateur de ce projet.
Robert Becker 

Nathalie Jampoc-Bertrand nous dit : 

« Parce qu’il n’est jamais vain de s’engager contre la violence, pour la paix et qu’il est essentiel de rappeler que l’art est un révélateur de l’Histoire, la Ville de Schiltigheim renouvelle ainsi son soutien à l’Ukraine et son engagement aux côtés des victimes de la guerre.« 

Cette œuvre monumentale réalisée par l’artiste Jean Pierre Raynaud en réponse à l’appel du Président Zelensky pour soutenir son pays suite à l’invasion de son pays, en écho au Guernica de Picasso, symbole pour la paix, sera exposée avec la reproduction en taille réelle de Guernica dans la salle de l’Aquarium de la Mairie de Schiltigheim.

Information importante

Mardi 23 janvier 2024 à 18h30: Inauguration officielle avec Danielle Dambach, Nathalie Jampoc-Bertrand, Adjointe et Baudouin Jannink, éditeur d’art qui a proposé à Jean Pierre Raynaud de relever ce défi.

Suivi d’une Performance de Geneviève Charras avec Baudouin Jannink Aphorismes dansés #2 face aux œuvres dans l’Aquarium.

Et d’un récital piano-voix de Hanna Koval et Olga Fekete

Entrée libre sur invitation.

Si vous souhaitez une invitation* pour le vernissage, merci de le demander par mail.
à
Robert Becker

robert.becker@laposte.net
robert.bckr@gmail.com

* Pour lui écrire n’utilisez pas « répondre à » mais écrivez à un de ses mails ci-dessus. 

Pour en savoir plus sur le projet Guernica / Ukraine, voir le billet, en cliquant sur le lien ci-dessous, sur le Blog de Robert Becker, La Fleur du Dimanche :
« 26 avril 1937 – 24 février 2022 – Guernica Ukraine – Jean Pierre Raynaud – Y a-t-il un sens ?« 

VAN GOGH à Auvers-sur-Oise


 à Auvers-sur-Oise, Vincent  van Gogh, Champ de blé sous des nuages d’orage, 1890, huile sur toile, Amsterdam

Au musée d’Orsay jusqu'au 4 février 2024
Commissariat :
Emmanuel Coquery,
conservateur général, directeur du développement culturel et du musée de la Bibliothèque nationale de France, Paris ;
Nienke Bakker,
conservatrice des peintures au Van Gogh Museum, Amsterdam.
En collaboration avec Louis van Tilborgh et Teio Meedendorp, chercheurs au Van Gogh Museum, Amsterdam.
Exposition organisée par l’Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie – Valérie- Giscard-d’Estaing, Paris, et le Van Gogh Museum, Amsterdam.

Les derniers mois

Cette exposition événement – d’abord présentée au Van Gogh Museum
à Amsterdam jusqu’au 3 septembre 2023 – est consacrée aux œuvres
produites par Vincent van Gogh durant les deux derniers mois de sa
vie à Auvers-sur-Oise, près de Paris : un véritable chant du cygne
où l’artiste, plus prolifique que jamais, livre toutes ses dernières forces
dans son art. L’exposition constitue l’aboutissement d’années de recherches sur cette phase cruciale de la vie de l’artiste.

Arrivé à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890, Vincent van Gogh y décède
le 29 juillet à la suite d’une tentative de suicide. Durement éprouvé par
les différentes crises subies à Arles puis dans l’asile de Saint-Rémy,
Vincent van Gogh se rapproche de Paris et de son frère Théo,
désormais marié et père d’un petit Vincent, pour retrouver un nouvel
élan créatif. Le choix d’Auvers tient à la présence dans le village du Dr Gachet, médecin spécialisé dans le traitement de la mélancolie, et par ailleurs ami des impressionnistes.

Van Gogh s’installe au centre du village, dans l’auberge Ravoux, et explore tous les aspects du nouveau monde qui s’offre à lui, tout en luttant contre des inquiétudes multiples, alors même qu’il connaît une notoriété naissante dans la critique.
Aucune exposition n’a encore été consacrée exclusivement à cette ultime période de sa carrière, alors qu’à Auvers, l’artiste a produit 73 tableaux et 33 dessins, parmi lesquels des chefs-d’œuvre iconiques comme Le Docteur Paul Gachet,

L’église d’Auvers-sur-Oise, ou encore Champ de blé aux corbeaux. L’exposition met en lumière cette période prolixe, à travers une cinquantaine de tableaux et une vingtaine de dessins. Elle présente notamment une série unique dans l’œuvre de van Gogh : onze tableaux d’un format allongé en double carré, et se conclut par une plongée dans la dimension cinématographique du mythe van Gogh.

Biographie

La vie de van gogh
30 mars 1853 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vincent van Gogh
naît à Zundert (Pays-Bas), dans une famille bourgeoise.
Son père, Theodorus van Gogh, est pasteur.
1869 – 1876 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Van Gogh est employé
chez Goupil & Cie, maison de commerce d’art, à La Haye,
Londres puis Paris.
1878 – 1880 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Après des études
abandonnées de théologie, il devient prédicateur laïc dans
le Borinage, près de Mons, en Belgique, auprès d’une
population de mineurs de charbon.
1880 – 1886 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Il décide de devenir
artiste, prend des cours de peinture mais se forme surtout
en autodidacte, à La Haye, dans la Drenthe, et à Nuenen.
Son frère Theo subvient à ses besoins.
février 1886 – février 1888 . . . . . . . . Il vit chez Theo
à Paris, côtoie Émile Bernard, Paul Gauguin, Henri de
Toulouse-Lautrec ou Paul Signac, et expose ses oeuvres.
février 1888 – mai 1889 . . . . . . . . . . . . Il s’installe à Arles.
Le 23 octobre, Gauguin le rejoint et travaille avec lui.
Le 23 décembre, après une dispute, Van Gogh se tranche
l’oreille gauche. Ses premières crises de démence apparaissent.
mai 1889 – mai 1890 . . . . . . . . . . . . . . . . . Il est interné à l’asile
Saint-Paul-de-Mausole, près de Saint-Rémy-de-Provence.
20 mai – 29 juillet 1890 . . . . . . . . . . . . Van Gogh s’installe à
Auvers-sur-Oise, à l’auberge Ravoux. Il meurt des suites
d’un coup de revolver dans la poitrine, tiré le 27 juillet.

Sa dernière toile

Les Racines 1890

Autour de l’exposition

En visite
Réalité virtuelle « La palette de Van Gogh »
Activité proposée pendant toute la durée de l’exposition
Réservation obligatoire sur billetterie.musee-orsay.fr
Durée : 10 min / tarif : 6 € (n’inclut pas le droit d’entrée
au musée)

Picasso. Dessiner à l’infini

Pablo Picasso
Portrait de Françoise, Paris, 20 mai 1946
Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979 – MP1351
© Succession Picasso 2023
Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau

À l’occasion de la célébration des cinquante ans de la mort de Pablo Picasso, l’exposition « Picasso. Dessiner à l’infini », organisée par le Centre Pompidou en collaboration avec le Musée national Picasso - Paris, met en lumière la part la plus foisonnante de sa création à travers la présentation de près de mille œuvres (carnets, dessins et gravures).
(18 octobre 2023 – 15 janvier 2024)  Galerie 1, niveau 6
qui explore toutes les possibilités du dessin.

Commissariat
Anne Lemonnier, attachée de conservation, Musée national d’art moderne
Johan Popelard, conservateur du patrimoine, en charge des arts graphiques, Musée national Picasso-Paris
Réalisation : Clara Gouraud
Montage et mixage : Antoine Dahan
Habillage musical : Sixième son

Conférence : à écouter

Prologue

L’exposition met en lumière la part la plus foisonnante de sa création en réunissant près de mille oeuvres : carnets, dessins et gravures dont la plupart sont issues de la collection du Musée Picasso-Paris.
Depuis les études de jeunesse jusqu’aux oeuvres ultimes, le dessin est le lieu, pour Picasso, d’une invention toujours renouvelée autour des puissances du trait, allant de la ligne serpentine au dessin hachuré et aux compositions proliférantes, des nuances délicates du pastel aux noirs profonds de
l’encre.
Cette traversée de l’oeuvre graphique, sorte de journal intime tenu compulsivement, dont les carnets sont les exemples les plus précieux, offre une immersion au coeur du travail du dessinateur. L’exposition met en avant l’extraordinaire collection du Musée national Picasso-Paris, issue des ateliers de l’artiste et conservée par lui jusqu’à sa mort. Le parcours proposé, non linéaire, bousculant la stricte chronologie, permet de créer des échos entre
différentes périodes et met en regard des chefs-d’oeuvre reconnus et des dessins présentés pour la première fois.
Plus grande rétrospective de l’oeuvre dessiné et gravé jamais organisée,
« Picasso. Dessiner à l’infini » plonge le visiteur dans le tourbillon de la création picassienne.

Parcours de l’exposition

Visages

Au cours de son oeuvre, Pablo Picasso n’a cessé d’inventer et d’expérimenter, prenant souvent le contrepied de ce qu’il avait fait dans la période précédente. Dans ses ateliers étaient rassemblées des oeuvres de toutes les périodes et de tous les styles, accrochées ou simplement posées contre le mur, créant des dialogues inattendus, des jeux d’échos ou de dissonances. S’il est impossible d’avoir une vue globale de l’oeuvre prolifique de l’artiste, les douze dessins rassemblés ici autour du motif du visage permettent d’en saisir l’extraordinaire variété technique et stylistique, témoignant d’un questionnement
toujours renouvelé sur les moyens de la représentation :

« Qu’est-ce qu’un visage, au fond ? » se demandait Picasso en 1946, « sa photo ? son maquillage ? […] Ce qui est devant ? Dedans ? Derrière ? Et le reste ? Chacun, ne le voit-il pas à sa façon ? »

Ligne pure et prolifération
En bleu

À partir de 1902, la couleur bleue devient dominante dans les oeuvres de Picasso, définissant une période de quelques années dans la production de l’artiste. Guillaume Apollinaire sera le premier à évoquer rétrospectivement ces « peintures bleues » dans un article de 1905. Les figures de marginaux et les scènes nocturnes dans les cafés, presque monochromes, acquièrent une dimension tragique. Le critique Christian Zervos note le « charme étrange » de ces figures qui reviennent « souvent hanter » le spectateur.
Dans les écrits de Picasso, le bleu revient aussi avec insistance, notamment dans Les Quatre Petites Filles, une pièce de théâtre qu’il compose en 1947-1948, où il rend un hommage vibrant à cette couleur : « le bleu, le bleu, l’azur, le bleu, le bleu du blanc,le bleu du rose, le bleu lilas, le bleu du jaune, le bleu du rouge, le bleu citron, le bleu orange… ».

Saltimbanques

En 1905, les peintures, dessins et gravures de Picasso se peuplent de saltimbanques.
Le cirque Medrano dresse alors son chapiteau à quelques pas de son atelier du Bateau‑Lavoir, au pied de la butte Montmartre. Mais plutôt que les feux de la piste, c’est l’envers du décor – la pauvreté, la marginalité, l’errance – que Picasso dépeint ; en cela, il s’inscrit dans une lignée poétique, celle de Charles Baudelaire et de Paul Verlaine. Les échanges avec Guillaume Apollinaire, rencontré cette même année 1905, sont fondateurs. Dans « Crépuscule »,
le poète évoque une arlequine « frôlée par les ombres des morts », un charlatan
« crépusculaire », un arlequin « blême » et un aveugle qui « berce un bel enfant » – à l’intersection entre deux mondes, les saltimbanques sont des passeurs vers l’au-delà.

Nus rouges

Entre la fin de l’année 1906 et l’été 1907, Picasso multiplie les esquisses, notamment dans seize carnets de formats divers, à travers lesquels se cristallise progressivement la composition des Demoiselles d’Avignon. Le poète André Salmon décrit « l’inquiétude » de l’artiste dans les mois qui précèdent l’élaboration du tableau : « Il retourna ses toiles et jeta ses pinceaux. Durant de longs jours, et tant de nuits, il dessina, concrétisant l’abstrait et réduisant à l’essentiel le concret ». De grands nus féminins, dessinés à la
gouache ou à l’aquarelle rouges, sont parmi les premières oeuvres qui annoncent cette intense phase de travail. Comme absorbées dans un rêve intérieur, les yeux souvent clos, ces apparitions féminines deviennent des images entêtantes, répétées d’un dessin à l’autre.

Liste des sections

derniers jours

Les trois Rois Mages

Albrecht Dürer (1471-1528), L’Adoration des Mages (peinture à l’huile sur bois de pin, 1504), Musée des Offices, Florence, Italie.

En France, la tradition de la galette des rois vient célébrer l'épiphanie. Mais qui sont vraiment ces trois rois mages ? Que dit le texte biblique sur ces personnages ?
Sont-ils trois ? Sont-ils rois ? Sont-ils mages ?

Les Inconnus incarnent les Rois Mages ! Mais les mages ne sont-il pas les véritables inconnus de l’affaire ?

De bon matin, ils ont rencontré trois grand rois

Ils chantent la venue des Rois Mages : 300 petits chanteurs affiliés aux Pueri Cantores entonnent La marche des rois dans la magnifique cathédrale de Saint-Louis des Invalides à Paris. De notre côté, on vous fait découvrir une nouvelle chose sur ces fameux rois dans L’éclairage !

Le texte biblique qui raconte la venue des Mages à Bethléem pour adorer Jésus

Jésus étant né à Bethléem de Judée aux jours du roi Hérode voici que des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem disant :
– Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus l’adorer.

Ce que le roi Hérode ayant appris il fut troublé et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple et il s’enquit auprès d’eux où devait naître le Christ.

Ils lui dirent :
– À Bethléem de Judée car ainsi a-t-il été écrit par le prophète : Et toi Bethléem terre de Juda tu n’es pas la moindre parmi les principales villes de Juda car de toi sortira un chef qui paîtra Israël mon peuple.

Alors Hérode ayant fait venir secrètement les mages s’enquit avec soin auprès d’eux du temps où l’étoile était apparue. Et il les envoya à Bethléem en disant :
– Allez, informez-vous exactement au sujet de l’enfant et lorsque vous l’aurez trouvé faites-le-moi savoir afin que moi aussi j’aille l’adorer.

Ayant entendu les paroles du roi ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient allait devant eux jusqu’à ce qu’elle vint et s’arrêta au-dessus du lieu où était l’enfant. À la vue de l’étoile ils se réjouirent avec une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l’enfant avec Marie sa mère et se prosternant, ils l’adorèrent puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l’or de l’encens et de la myrrhe. Et ayant été avertis en songe de ne point retourner vers Hérode ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Chapitre 2 de l’Évangile de Matthieu dans le Nouveau Testament, versets 1 à 12. Traduit par les équipes de notre programme de recherches La Bible En Ses Traditions
Fray Juan Bautista Maino (1581-1649), L’adoration des mages (Huile sur toile, 1611-13), Musée du Prado, Madrid, Espagne.
Les trois Rois Mages : une invention de la tradition chrétienne

On passe au tapis 3 points de ce récit à travers 3 questions :

  • sont-ils trois ?
  • sont-ils rois ?
  • d’où sortent leurs prénoms ?

Trois mages, vraiment ?

En fait, rien n’assure qu’ils sont seulement trois. Les trois « rois mages »,
« Gaspard, Melchior et Balthasar », sont l’un des fruits de la tradition.

En effet, le texte du Nouveau Testament ne précise pas le nombre de mages. Plusieurs traditions ont existé. Celle qui a fini par dominer est celle qui compte trois rois, d’après les trois dons qu’ils apportent : l’or, l’encens et la myrrhe.

Des rois ou des conseillers royaux ?

Rien n’atteste non plus que les « mages » sont aussi des « rois ». C’est d’ailleurs étranger à l’esprit du texte biblique : les mages orientaux ne sont pas des rois mais plutôt des conseillers royaux. Tertullien (au tournant du IIème et du IIIème siècle) est le premier à avoir vu dans ces mages des rois, car, dit-il, l’orient était gouverné par des mages (Contre Marcion, 3,13)

Une tradition qui remonte au VIème siècle

Progressivement la tradition a aussi nommé les rois. Les prénoms Gaspard, Balthazar et Melchior apparaissent pour la première fois dans le Livre de la Caverne des trésors, ouvrage écrit en langue syriaque et attribué par plusieurs traditions manuscrites à Éphrem de Nisibe.

Pierre Paul Rubens (1577-1640), L’adoration des mages (huile sur toile, 1617-18), Musée des Beaux-Arts de Lyon, France.

Le mot de la fin

Bernanos s’était visiblement donné la peine de lire le texte biblique puisqu’il parle d’eux comme de simples « Mages ». Dans un petit écrit sur Luther, datant de 1943, il fait parler le Christ et propose une méditation magnifique de ce qu’est l’Eglise :

«  Dès le commencement, mon Église a été ce qu’elle est encore, ce qu’elle sera jusqu’au dernier jour, le scandale des esprits forts, la déception des esprits faibles, l’épreuve et la consolation des âmes intérieures, qui n’y cherchent que moi.

Oui, frère Martin, qui m’y cherche m’y trouve, mais il faut m’y trouver, et j’y suis mieux caché qu’on le pense, ou que certains de mes prêtres prétendent vous le faire croire – plus difficile encore à découvrir que dans la petite étable de Bethléem, pour ceux qui ne vont pas humblement vers moi, derrière les Mages et les Bergers.

Car c’est vrai qu’on m’a construit des palais, avec des galeries et des péristyles sans nombre, magnifiquement éclairés jour et nuit, peuplés de gardes et de sentinelles, mais pour me trouver là, comme sur la vieille route de Judée, ensevelie sous la neige, le plus malin n’a encore qu’à me demander ce qui lui est seulement nécessaire : une étoile et un cœur pur. « 

« Martin Luther », 1943, cité par A. Béguin, Bernanos par lui-même, Paris, Seuil, 1954.

texte les  Bernardins

Sommaire du mois de décembre 2023

24 décembre 2023 : Joyeux Noël
20 décembre 2023 : Trésors en noir et blanc, Dürer, Rembrandt, Goya, Toulouse-Lautrec …
15 décembre 2023 :  À toi de faire, ma mignonne. – Une exposition de Sophie Calle au Musée Picasso
13 décembre 2023 : Les Années Fauves
10 décembre 2023 : Antony Gormley, Critical Mass

Joyeux Noël

Lorenzo Lotto (1480-1556), L’adoration des bergers (1534, huile sur toile, 147 x 166 cm), Pinacoteca Tosio Martinengo, Brescia (Italie). Domaine public.

Le récit de la naissance de Jésus dans l’évangile de Luc.
Collège des Bernardins origine
Le texte biblique

Il advint aussi, en ces jours-là, que sortit un édit de César Auguste ordonnant de recenser tout le monde habité. Ce fut le premier recensement, Quirinius étant gouverneur de Syrie. 

Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth vers la Judée, vers la ville de David qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la lignée de David, pour se faire recenser avec Marie promise pour être sa femme, laquelle était enceinte.

Or il advint, comme ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils, celui qui fut son premier-né, et elle l’emmaillota et le coucha dans la mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle. 

Il y avait dans la région même des bergers qui vivaient aux champs et qui passaient les veilles de la nuit à veiller leur troupeau. Et voici, l’ange du Seigneur se tint près d’eux et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux et ils furent saisis d’une grande crainte.

Mais l’ange leur dit :
— Soyez sans crainte car voici, je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la cité de David. Et voici pour vous le signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté placé dans une mangeoire. 

Et soudain il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant :
— Gloire à Dieu dans les hauteurs et sur la terre paix aux hommes, volonté bonne.  

Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel que les hommes, les bergers se disaient entre eux :
— Passons donc jusqu’à Bethléem et voyons cette parole qui est arrivée que le Seigneur nous a fait connaître.

Et ils vinrent en hâte et ils trouvèrent Marie et Joseph et le nouveau-né placé dans la mangeoire.

Après avoir vu, ils firent connaître la parole qui leur avait été dite au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui les entendirent s’étonnèrent de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces paroles, conférant en son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu comme il leur avait été annoncé.

Évangile selon saint Luc, chapitre 2, versets 1 à 20. Traduit du grec de la tradition byzantine par les équipes du programme de recherche La Bible en ses Traditions.

La Fuite en Egypte Caravage

L’éclairage

La Nativité : naissance d’un tout petit enfant nommé Jésus

À la veille de Noël, ce passage de l’évangile de Luc tombe à pic : il met en lumière la succession des scènes qui rythment l’événement de la Nativité. 

À vrai dire, on assiste même à tout un défilé de personnages et d’allers-retours. 

  • Joseph et Marie (alors enceinte) quittent Nazareth pour rejoindre Bethléem afin de participer à un recensement.
  • La fin de ce voyage correspond avec le terme de la grossesse de Marie : elle accouche donc à Bethléem.
  • Premier élément qui caractérise cette naissance : il n’y a pas de place pour Joseph et Marie dans la salle commune, et Jésus nouveau-né est d’emblée placé dans une mangeoire.
  • Les premiers témoins de cette naissance sont les bergers des environs. Un ange leur annonce la bonne nouvelle.
  • L’ange messager de bonne nouvelle est ensuite rejoint par un cortège d’anges qui forme une immense chorale chantant la louange de Dieu.
  • Les bergers se rendent à Bethléem en hâte pour constater de leurs propres yeux cette naissance.
  • Tandis que Marie garde ses événements et les médite, les bergers font connaître cette bonne nouvelle et chantent la louange de Dieu.

Fra Angelico Florence

« Entre le bœuf et l’âne gris », vraiment ?

La tradition chrétienne a largement popularisé de nombreux chants de Noël, parmi lesquels le célèbre « Entre le bœuf et l’âne gris » . Mais d’où viennent ce bœuf et cet âne ? Avez-vous relevé la mention de ces deux animaux dans le texte de l’évangile ?

Certesla mention de la « mangeoire » dans laquelle Jésus est déposé situe la scène dans un décor où le bœuf et l’âne auraient toute leur place (puisqu’une mangeoire est par définition un grand récipient où est déposée la nourriture destinée aux animaux). 

Mais autant le dire d’emblée : vous ne trouverez pas la moindre trace du bœuf et de l’âne dans les évangiles. Il s’agit purement et simplement d’une tradition, qui ne s’explique pas directement par le texte de l’évangile.

Mais pourquoi le bœuf et l’âne sont-ils parmi les personnages principaux des crèches de Noël ? La tradition populaire dit que l’haleine du bœuf et de l’âne servent à réchauffer le petit Jésus. C’est une belle invention qui découle en fait d’une exégèse antique. Car la référence au bœuf et à l’âne provient… du Livre d’Isaïe, dans l’Ancien Testament !

« Le bœuf connaît son possesseur ; et l’âne, la crèche de son maître : 
Israël ne connaît pas, mon peuple ne réfléchit pas. » (Is 1,3)

Le prophète Isaïe reproche au peuple d’Israël de ne pas connaître ou reconnaître son Dieu — au contraire du bœuf et de l’âne qui, eux, connaissent leur maître.

Pour les Pères de l’Église, le bœuf et l’âne représentent symboliquement le peuple humble qui reconnaît son sauveur et son Dieu dans ce petit enfant posé dans une mangeoire.

Petit détour par le Livre du prophète Habacuc

Mais on peut aussi avancer une seconde explication. Dans la traduction grecque de la Bible (la Septante), un court verset du prophète Habacuc dit* : 

  • « Tu te manifesteras au milieu de deux animaux » (Ha 3,2 LXX)

Dès les premiers siècles de notre ère, les chrétiens ont donc interprété cette prophétie comme l’annonce de la naissance de Jésus.

Finalement, c’est à partir de références issues d’Isaïe ou d’Habacuc que la tradition chrétienne a symboliquement associé le bœuf et l’âne au récit de la naissance de Jésus, même si les évangiles n’en disent rien. 

*Vous ne trouverez pas cette phrase telle quelle dans les traductions de l’hébreu, car ce verset dans la version hébraïque dit : « Au milieu des années, fais-la connaître » (Ha 3,2)

Un voyage à dos d’âne ?

Le duo de l’âne et du bœuf n’est donc pas mentionné dans le texte des évangiles. Mais l’âne seul tient, lui, une place toute particulière dans les représentations des deux récits autour de Noël où on retrouve la Sainte Famille… et un âne :

  • Marie et Joseph viennent à Bethléem pour se faire recenser (Lc 2, 1-7). Or, ils viennent de loin (de Nazareth, 150 km plus au nord). Les peintres et les artistes ont souvent représenté ce voyage avec Marie à dos d’âne — même si rien ne le dit explicitement dans le texte.  
  • Dans l’évangile de Matthieu, le récit de la fuite en Égypte (Mt 2, 13-23) est souvent représenté comme un voyage à dos d’âne — même si, une fois de plus, le texte de l’évangile n’en dit rien !

En fait, dans l’Ancien Testament l’âne est l’animal royal par excellence. Ainsi, lors de son entrée à Jérusalem (fêtée par les Chrétiens lors du « dimanche des Rameaux »), Jésus arrive à dos d’âne, et ce détail fait écho à un passage prophétique du Livre de Zacharie qui annonce la venue du Messie sur une monture royale, alias à dos d’âne.

Bref, on se plaît chaque semaine à décrypter les habiles indices glissés dans les tableaux des peintres inspirés par les Écritures. Il faut savoir lire les images qui peuplent nos imaginaires non pas pour les « débunker », mais pour savoir d’où viennent certaines traditions et comment elles pointent vers une vérité plus profonde ! Ainsi, on pourra mieux apprécier les chefs-d’oeuvre, à l’image de ce tableau d’Aleksender Lauréus qui fait discrètement figurer trois personnages au second plan au fond à droit. L’âne au premier plan pointe vers le voyage qui commence ici mais qui mènera Jésus jusqu’à sa passion.

Aleksander Lauréus (1783-1823), Âne sellé (1820, huile sur toile, 25 x 33 cm), Pori Art Museum (Finlande). Domaine public.

Les moutons de la crèche

Pour finir ce numéro sur la présence des animaux autour de cet enfant qui naît à Bethléem, comment ne pas mentionner les moutons ou brebis ? Pour le coup, l’évangile de Luc parle des bergers qui viennent reconnaître et saluer cet enfant. On sait que les bergers surveillent leurs troupeaux (Lc 2,8), il y avait donc des brebis.

Encore une fois, il s’agit d’un détail symbolique. Dans le Proche-Orient ancien et l’Ancien Testament, le métier de berger a une connotation royale. L’un des textes les plus célèbres à cet égard est sans doute le psaume 23. Il s’agit d’un poème qui présente Dieu sous la figure d’un berger :

« Le Seigneur me fait paître, je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages.
Il me mène près des eaux rafraîchissantes, il restaure mon âme. » (Ps 23, 1-3)

La tradition des « moutons de la crèche » trouve d’ailleurs une magnifique interprétation :

  • À la suite de leurs maîtres les bergers de Bethléem, les brebis et moutons viennent rendre visite à ce nouveau-né.
  • Or Jésus lui-même se présentera en disant : « je suis le bon berger » (Jn 10, 11) et sa mort sur la croix reprend le modèle du sacrifice de l’agneau célébré par les Juifs lors de la fête de Pessah.
  • Ainsi, les brebis (comme le bœuf et l’âne dans le Livre d’Isaïe) peuvent symboliser l’ensemble de la création qui vient reconnaître cet enfant comme son sauveur.

Finalement, ce ne sont pas seulement Marie, Joseph et les bergers qui entourent l’enfant dans la mangeoire de Bethléem, mais aussi les anges et les animaux. Autrement dit, toute la création se trouve réunie à la crèche pour célébrer la naissance du Christ !

Juan Bautista Maíno (1581-1649), L’adoration des bergers (vers 1614, huile sur toile, 314 cm x 174 cm), Musée du Prado, Madrid (Espagne). Domaine public.

Le mot de la fin

L’image du bœuf et de l’âne prenant place avec Marie et Joseph autour du
« petit Jésus » est devenue une tradition. Et le poète Jules Supervielle (1884-1960) fait partie de ceux qui ont donné à cette tradition toute sa puissance poétique.

« Sur la route de Bethléem, l’âne conduit par Joseph portait la Vierge : elle pesait peu, n’étant occupée que de l’avenir en elle. Le bœuf suivait, tout seul. Arrivés en ville, les voyageurs pénétrèrent dans une étable abandonnée et Joseph se mit aussitôt au travail.

“Ces hommes, songeait le bœuf, sont tout de même étonnants. Voyez ce qu’ils parviennent à faire de leurs mains et de leurs bras. Cela vaut certes mieux que nos sabots et nos paturons. Et notre maître n’a pas son pareil pour arranger les choses, redresser le tordu et tordre le droit, faire ce qu’il faut sans regret ni mélancolie.

Joseph sort et ne tarde pas à revenir, portant sur le dos de la paille, mais quelle paille, si vivace et ensoleillée qu’elle est un commencement de miracle.

Que prépare-t-on là ? se dit l’âne. On dirait qu’ils font un petit lit d’enfant« 

On aura peut-être besoin de vous cette nuit”, dit la Vierge au bœuf et à l’âne. […]

Une voix légère mais qui vient de traverser tout le ciel les réveille bientôt. Le bœuf se lève, constate qu’il y a dans la crèche un enfant nu qui dort et, de son souffle, le réchauffe avec méthode, sans rien oublier. D’un souriant regard, la Vierge le remercie. Des êtres ailés entrent et sortent feignant de ne pas voir les murs qu’ils traversent avec tant d’aisance. »

Jules Supervielle (1884-1960), Le bœuf et l’âne de la crèche, nouvelle parue dans le recueil de contes L’enfant de la haute mer, Paris, Gallimard, 1931