Chhttt…Le merveilleux dans l’art contemporain (2ème volet)

chhttt-affiche9.1234219352.JPGJusqu’au – 10 mai 2009
 
Après le merveilleux spectaculaire des œuvres présentées dans Waoohhh!, le second volet de l’exploration du thème au CRAC Alsace, intitulé Chhttt…, présente des œuvres où celui-ci se fait plus conceptuel et minimal : un merveilleux qui naît d’avantage d’une certaine façon de regarder et de magnifier le quotidien, le banal, l’inframince.
Les artistes réunis dans Chhttt… s’intéressent, chacun à leur manière, au postulat suivant : le fait merveilleux n’est pas merveilleux en lui-même, il est merveilleux dans sa relation avec le réel. On peut donc créer un merveilleux en appliquant cette relation sur une réalité quelle qu’elle soit, la plus ordinaire comme la plus fugace.
Se trouve ainsi révélé ce dont, d’habitude, on ne s’aperçoit pas : ce qui se trouve dans les plis du réel.
Les moyens requis par les artistes pour explorer ces plis du réel et interroger notre perception sont nombreux : jeux subtils d’apparition et de disparition des images et des objets (Simon Schubert, Estefania Peñafiel Loaiza, Yves Chaudouët),yves-chaudouet.1234220299.jpg mouvement lent des corps (Robert Breer), vibrations de la lumière, de la couleur et/ou de la ligne (Jugnet + Clairet, Sandra Böhme, Camila Oliveira Fairclough), évocation d’éléments universels par des objets et procédés pourtant modestes (Bruno Peinado, Pierre Ardouvin, Pierre Alferi), etc.
Finalement, le merveilleux à l’œuvre dans Chhttt… est peut-être celui qui, simplement, permet de se poser des questions nouvelles, inattendues, insolites, et pourtant essentielles : quand fondra la neige , où ira le blanc ?
(Rémy Zaugg) La météo elle-même s’était adaptée au vernissage….
Cette exposition minimaliste et conceptuelle est toute en subtilités.
L’exposition s’accompagne d’un petit journal, qui comporte un texte inédit de Pierre Alferi, extrait de son prochain livre, à paraître au printemps 2009.
avec : Pierre Alferi (FR), Pierre Ardouvin (FR), Sandra Böhme (D), Robert Breer (EU), Yves Chaudouët (FR), Jugnet + Clairet (FR), Perrine Lievens (FR), Camila Oliveira Fairclough (BR), Bruno Peinado (FR), Estefania Peñafiel Loaiza (EC), simon-schubert-4.1234221042.JPGSimon Schubert (D), Guido van der Werve (NL), Rémy Zaugg (CH)
Mes coups de cœur sont nombreux :
Peintre-philosophe, « artiste conceptuel », Rémy Zaugg a réalisé un œuvre riche et complexe autour de la question de l’artremy-zaug.1234219447.JPG et de ses conditions de perception. Liant la place de l’artiste à celle du spectateur, le « sujet percevant », son art, empreint de nombreuses références théoriques, explore diverses thématiques, de l’effacement à celle de la trace et soulève la problématique de l’absence. Quand fondra la neige où ira le blanc ? Voici une question bien étrange et énigmatique que pose l’artiste dans cette œuvre à la limite du monochrome : l’écriture de couleur blanche tend à se fondre, voire à véritablement se confondre à l’arrière-plan blanc. Blanc sur blanc. On pense évidemment à Casimir Malevitch et sa célèbre œuvre Carré blanc sur fond blanc… Mais, au-delà de cette expérience du néant, l’œuvre de Rémy Zaugg, représente la dissolution du visible en s’articulant autour d’un subtil jeu de mots, en conflit avec leur sens, leur perception et leur forme. À peine lisible, à peine visible, cette question posée crée une forme de dialogue intime avec le lecteur/regardeur.
Artiste vidéaste, Guido van der Werve, compose des scénarios imaginaires. Son œuvre, indéniablement romantique, se caractérise également par une esthétique de l’absurde et du décalage, qui remet en question, interroge et découvre les incohérences de notre monde et nos rêves inaboutis. Entre détachement et amusement, Guido van der Werve cherche à surprendre le spectateur. Ainsi, Nummer Zeven, The Clouds are more beautiful from above, qui relate une tentative ratée de vouloir quitter la Terre, exprime l’échec et la perte tout en illustrant le désir d’évasion de l’artiste face à l’ennui grâce à la fin tragique d’une fusée, soigneusement construite par l’artiste, qui au moment de décoller explose. Détournant l’ordre logique des choses, usant d’une tonalité tragicomique et dévoilant de nouveaux horizons l’artiste interpelle le spectateur et l’incite à une réflexion, à la fois mélancolique et existentialiste.
robert-breer61.1234219981.JPGRobert Breer déjoue les catégories formelles, stylistiques et conceptuelles et réalise un travail libre et rigoureux à la fois. Son oeuvre polymorphe (sculptures , peintures, dessins , films) se caractérise par les échanges entre ces différentes pratiques. Robert Breer éprouve les seuils de conscience, de perception et les limites de la représentation. Ses sculptures, modules géométriques, sont une allusion ironique à l’art minimal. Ces présences discrètes sont motorisées. Elles se déplacent très lentement, à même le sol, de manière presque imperceptible et sans logique. La perception ténue du mouvement offre au spectateur une reconnaissance du temps et de l’espace qu’il occupe.’ (Extraits du communiqué de presse de l’exposition Robert Breer, gb agency, 2001)
Artiste multiforme, Yves Chaudouët explore des univers à la fois singuliers et multiples avec une grande liberté de moyens et tisse des liens nouveaux entre différentes disciplines. Souvenirs d’enfance et fascination pour le monde marin sont les sources d’inspiration de l’installation Tiefseefische, dans laquelle il plonge le spectateur dans l’obscurité desyves-chaudouet-poisson.1234220147.jpg abysses. L’artiste façonne ici un monde encore inconnu et inexploré par l’homme, dans lequel le spectateur découvre des êtres – presque – imaginaires. Fragiles et précieux, ces espèces des profondeurs sont en verre, ce qui permet d’offrir une palette d’effets saisissants, comme le jeu de lumière et de reflets sur les surfaces lisses, translucides ou opaques. Poissons, étoiles, monstres marins, c’est donc tout c’est un bestiaire océanique fantasque et luminescent, flottant dans l’espace, qui transforme la grande salle du CRAC en un immense et curieux fond marin, qui n’est pas sans rappeler les fascinants mondes nés sous la plume de Lautréamont ou encore de Mallarmé.
Jouant à dé-produire et à re-produire l’image que se donne le monde, Anne-Marie Jugnet et Alain Clairet explorent dans leurs œuvres les conditions et le processus de production d’une œuvre, ainsi que leurs représentations et leurs limites. Ce travail conceptuel autour de l’image met en scène l’acte artistique ou « le faire » comme un élément permettant de mieux appréhender le système et le contexte dans lesquels il s’inscrit. Avec Ligne FB-BT, néon bleu dans un caisson translucide ou encore Ligne de partage du ciel, les deux artistes investissent le genre du paysage avec le ciel comme champ d’observations. Si Ligne FB-BT est une « sculpture » matérialisant l’éclat lumineux du ciel, les peintures de la série Ligne de partage du ciel sont quant à elles une capture d’un bout de ciel, vaste étendue à la limite du monochrome, où seule une ligne à peine perceptible se dessine. Cette évocation d’un au-delà, frôlant l’abstraction et la dématérialisation, est le résultat de l’analyse du passage de la lumière vers la forme, une tentative illusoire d’approcher une image idéalisée. Un phénomène insaisissable, un motif fugitif ou encore un non-visible qui devient pourtant palpable et apparent au spectateur.
Le travail de Perrine Lievens interroge avec finesse la forme et son intégration dans un espace donné. Ce faisant, le traitement plastique conceptuel de ses œuvres propose une subtile relecture du réel, en perturbant l’approche et la perrine-lievens-2.1234220684.JPGcompréhension que nous avons de celui-ci. Transformant notre environnement commun, Perrine Lievens joue avec le spectateur, appelé à faire l’expérience d’un univers réinventé et d’en changer sa perception. Témoin de ce jeu, le balcon exposé dans les escaliers du CRAC et revisité par un effet de lumière diffus, perd son utilité et devient inaccessible : il n’est plus le lien entre deux espaces distincts, intérieur et extérieur. Transgressant l’ordre habituel des choses, Vue se donne à voir au lieu de donner à voir. S’offrant ainsi à notre regard, il confère à l’objet qu’il incarne une nouvelle dimension poétique.
texte provenant du site du CRAC, photos de l’auteur et provenant du site du Crac.
 

Lanternes magiques

La lanterne magique est une petite machine d’optique
Qui fait voir dans l’obscurité sur une muraille blanche
Plusieurs spectres et monstres si affreux
Que celui qui n’en sait pas le secret
Croit que cela se fait par magie 

Antoine Furetière

Dictionnaire universel 1690

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Divulguée par un jésuite allemand, Anasthase Kirscher, en 1671, l’invention de la « Laterna Magica » est sans doute née grâce à un astronome et physicien hollandais, Christiaan Huygens, en 1659. Cette technique n’a pas cessé de se perfectionner  et dans son article, Laurent Mannoni nous explique qu’on en vient à une véritable « tempête optique » une fantasmagorie réalisée par un appareil révolutionnaire, le fantascope, monté sur rail et placé à l’arrière de l’écran. Grâce à ce procédé, l’image s’avance vers le spectateur ou au contraire apparaît extrêmement lointaine pour ne former qu’un point miniscule. C’est cimg0002.1233881329.JPGun curieux prêtre liégois qui, ayant transformé son nom en Robertson, a mis en pratique ces spectacles de fantasmagorie avec un succès immense. Un journaliste du XVIIIe siècle déclarait que « Robertson était passé maître dans l’art de faire apparaître des spectres et des fantômes. Toutes les puissances de l’au-delà lui obéissaient » Il semble qu’il avait le pressentiment du cinématographe.

 

Jean Lorentz – président de la Ste Schongauer

 

Lanterne de peur ou lanterne magique, le Musée Unterlinden  de Colmar, jusqu’au 16 mars, nous présente, une infinie variétés de ces lanternes. Les adultes, comme les enfants visiteurs, restent ébahis devant la variété présentée et devant les projections drôles, fantasmagoriques, poétiques.cimg0054.1233536656.JPG

Tantôt sous forme de Tour Eiffel, de mosquée, de Boudha, de « lampadorama »,  de voiture,  de maisonnette,  de chalet, de kiosque, de vase fleurs, d’ église Ste Sophie,  chinoise, boule,  de communion,  bijou, de salon, de colporteur, qu’elles soient romantiques, à feuilles de chêne, à gaudrons, riche, carrée, Louis XV, à rouleau horizontal, « Bi-Unial » ou « Tri-Unial » elles nous parviennent grâce à des collectionneurs passionnés ; depuis leur origine à son évolution jusqu’au 20e siècle.

Le catalogue est l’occasion de rappeler les premières projections au milieu du XVIIe siècle, des danses macabres par Holbein le Jeune.

C’est aussi le moment de rappeler que l’on célèbre le centième anniversaire du premier dessin animé, intitulé « Fantasmagorie » par son auteur Emile Cohl.

Elles sont toutes des pièces uniques et rares, intéressantes dans leur originalité.

Des plaques de projection pour tous les usages,  celles qui servaient aux danses macabres, celles qui sont montrées par un singe projectionniste, celles qui animaient simplement les soirées ordinaires, ou celles qui instruisaient les amateurs, toutes tendent vers le futur cinéma de Georges Méliès, sans oublier la camera oscura chère à Veemer.

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photos provenant du catalogue de l’exposition qui comporte un DVD d’images de lanternes magiques et de fantasmagories

Play – Replay Robert Cahen

L’espace d’art contemporain André Malraux à Colmar pointe son objectif sur la vidéo.
« Play — Replay » propose trois regards, jusqu’au 15 février 2009.
robert-cahen2.1233786395.jpgRobert Cahen l’un des pionniers du genre,  présente des travaux réalisés durant les dix premières années de sa carrière de vidéaste, entre 1973 et 1983.  Le spectateur a une sorte d’historique de l’art vidéo. Il laisse parler la camera, de façon libre, audacieuse, mais aussi poétique. Il fait une plongée onirique, presque surréaliste, dans un univers ondulant et imaginaire.
Né à Valence, Il se partage entre Mulhouse et Paris. Diplômé du Concervatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1971, il intègre le Groupe de Recherche Musical (GRM) de l’ ORTF et expérimente les médiums artistiques.
Il réalise une installation vidéo permanente à Lille sur le site Euralille (1995) et participe avec ses installations vidéo depuis 1997 à différentes expositions internationales d’Art Contemporain : Suisse, Italie, Allemagne, Canada, Pérou, USA, France : Frac Sélestat.

Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs en 1992, son oeuvre 7 visions fugitives remporte le Grand prix du Videokunstpreis du ZKM et de la SDR en 1995.

À ses côtés s’installent deux jeunes femmes sorties des ateliers d’arts plastiques de Colmar : Catherine Meyer-Baud et Céline Trouillet., dont je vous parlerais dans un autre billet.
Robert Cahen sculpte le temps” Marc MERCIER,
Dans sa toute première œuvre, il aborde son premier essai vidéo : L’invitation au voyage, sur un poème du psychanalyste Jo Attié, encore empreint de son expérience de chercheur qui tente toujours d’expérimnter les machines à contre-courant sans but précis, mais avec une démarche très personnel. Selon ses propres mots, il met beaucoup de lui-même dans ce film tel : « Un jeune auteur qui découvre un nouveau langage auquel il apporte sa propre poétique »cimg0003.1233786273.JPG
Traduire le mouvement, la pesanteur des choses qui tombent ou le temps font partis des thèmes de réflexion récurrents dans son travail, comme le montre l’importance qu’y prend le ralenti
Sur le quai, (1978)  est un travail en noir et blanc sur le ralenti qui « fictionne la réalité », constitué d’un seul plan de séquence. Ce court métrage, qui fait allusion à sa manière, à « l’arrivée d’un train des frères Lumière » fut tourné avec une caméra à très grande vitesse, dans le but de rendre les mouvements des personnes et des objets quasi imperceptibles. La vitesse du train est comme arrêtée et l’image, comme suspendue en équilibre sur la frontière en tre le mouvement et l’immobilité, objet de fascination pour Robert Cahen.
Il réalise en 1983, Juste le Temps, fiction vidéo de treize minutes, considérée comme une oeuvre charnière pour la vidéo des années 80 Cette oeuvre est achetée par le Moma à New York ou par le centre Pompidou à Paris.
Horizontales couleurs, le Spectotron,  ( 1979 )est un film de 16 mn entièrement réalisé grâce à un synthétiseur-vidéo. Appareils qui génèrent des formes à partir de constituants électroniques. Appareils dont le créateur est Nam June Paik.
Entr’aperçu (1980) est constitué d’une superposition d’image, où se meuvent des objets en mouvement, des paysages à la Magritte, la foire du Trône, les manèges, un train, un oiseau qui traverse le paysage, la pluie, une péniche, voilés par une résille, qui incite à voir et à revoir le mystère créé
robert-cahen-cartes-postales.1233786794.JPGEnsuite c’est une série de vidéos, présentées comme des cartes postales de paysages, paysages qui s’animent, prennent vie, enregistrent de petits événement, surprenants, mais aussi attendus, pour revenir à son stade initial figée à nouveau, un invitation au voyage.

Picasso et les maîtres expliqué

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Si vous êtes frutrés de ne pas avoir vu cette très belle expostion, si vous avez patientez dans les queues interminables, si vous avez envie de vous y replonger, cela est possible.
Je porte à votre connaissance, les analyses détaillées, du blog Bleu de cobalt, petites chroniques picturales, que vous trouvez en lien du mien, sous la rubrique blogs amis, qui a consacré 4 billets fournis à cet évènement, que vous pouvez lire ici, , ici,et encore.

Après trois jours non-stop, 24h sur 24, l’exposition parisienne « Picasso et les maîtres » a fermé ses portes lundi soir

picasso-et-les-maitres.1233668857.jpgL’exposition du Grand Palais a accueilli plus de 780.000 visiteurs, un record. Plus de 65.000 personnes ont profité du marathon de 83 heures qui l’a conclue, de vendredi à lundi.
L’exposition en 210 chefs-d’oeuvre confrontait Picasso aux peintres qui l’ont marqué, Titien, Velasquez, Goya, Zurbaran, Rembrandt, Poussin, Manet, Cézanne ou Van Gogh.
Le succès populaire a été tel qu’il a fallu à chaque instant s’y  adapter, en élargissant les horaires et même en décidant d’une ouverture non stop pendant quatre jours et trois nuits, en réimprimant le catalogue, en augmentant  le nombre d’ateliers pour les enfants.
De ce succès, la Réunion des musées nationaux (RMN) tire au moins deux enseignements. « Même en période de  crise, ou peut-être parce que nous sommes en période de crise, l’art est une  valeur-refuge », affirme son admininstrateur général Thomas Grenon. Et la personne même de Picasso, l’accrochage qui a été un « véritable résumé d’histoire de l’art » et plus prosaïquement, l’amplitude horaire jamais atteinte à ce degré, « a amené un public nouveau, différent et renouvelé », dit-il. Le taux de primo-visiteurs, personnes qui visitent pour la première fois une exposition, a été de 55% contre 20 à 30% d’habitude.
Et des comportements que l’on n’imaginait ont été constatés, donnant matière à réflexion pour l’avenir. Si le public s’est déplacé les soirs du dernier week-end, les horaires de 6h ou 7h du matin ont aussi été réservés rapidement, par un public familial. « Jusqu’à présent, on  raisonnait en nocturne. Ouvrir tôt le matin est aussi un créneau », certains publics pouvant vouloir voir une « expo avant le bureau ou la sortie familiale à la piscine », estime Thomas Grenon.
(source France 2)

La bêtise

Où se loge la bêtise ? Ne la croyez pas loin de vous : elle est dans les murs, elle est le bouffon inévitable de la reine intelligence. Alain Roger, invité de Raphaël Enthoven, nous aide à la dépister dans le buisson ardent, dans une caravane betise.1233586810.jpgqui prend l’eau et même dans une boîte de cacao.

Je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager avant sa diffusion sur Arte, ce dimanche 8 février à 12 h 30, la vidéo complète de l’émission. Après avoir relu le livre paru en 2004, Rien de grave, de Justine Levy, ex-épouse de Raphaël Enthoven, père du fils de Carla Bruni Sarkosy, ma curiosité est aiguisée, je regarde le beau Raphaël, qui parait en champ et contre-champ, quelque peu amusée, presque avec l’oeil de Justine. La leçon que j’en tire, c’est que j’arrêterais de clamer bêtement…  « c’est mon opinion, et je la partage » que je trouvais plutôt drôle, et j’en conviens, ne voulait strictement rien dire, et servait juste à meubler lorsque l’on est à bout d’argument.

Tristan et Isolde précédé de "Magicologie"

 filtre-wagner.1233507572.jpg Soirée de grâce aux Dominicains de Haute Alsace ce samedi. À la manière d’une mise en voix pour un chanteur, d’une mise en doigts pour un instrumentiste ou encore d’une mise en bouche pour un fin gourmet, en tendant l’oreille aux confidences musicales d’un «magicologue» avertis, nos  sens ont été  aiguisés pour nous ouvrir au concert et accéder à ses vertus les plus mystérieuses grâce aux clés reçues. Une transition entre notre quotidien et notre imaginaire, juste avant le concert. Inlassable Wanderer des deux rives du Rhin, musicologue, pédagogue et historien de l’art, Mathias Schillmöller a été formé à Freiburg et à Paris.
 Magicologue de naissance, il a exploré et pénétré pendant plusieurs années le monde des sortilèges musicaux de Maurice Ravel, thème principal de sa thèse de doctorat.  Avide de correspondances entre les arts et les cultures et hanté par le désir de transmettre les magies de la musique, il enseigne au Lycée Franco-Allemand et à la Hochschule für Musik de Freiburg. Avec un léger accent allemand, ce qui rajoutait au charme de son propos, vêtu avec élégance, il était plein de verve, ironique, ayant vécu assez longtemps en France, il nous révéla qu’il n’aimait pas du tout Wagner, il insistait sur sa lourdeur, détaillait les passages du livret en jouant lui-même au piano, puis les interprétant en version jazz et mimant les dialogues Tristan et Isolde, version Rap.
 Il a poursuivi sa conférence comme récitant pendant la représentation, en citant Cocteau, Baudelaire, avec une érudition et une diction formidables. Cela était un peu surréaliste et me ramenait dans un film  de Claude Chabrol, les Cousins,  où Jean Claude Brialy, déclamait du Heinrich Heine au son de la musique de Wagner et à la lueur d’un flambeau (de mémoire). 
Mathias Schillmöller  a fini pas succomber à Wagner en écoutant et en étudiant Tristan et Isolde, il a insisté sur le filtre d’amour, pour nous le faire presque goûter, afin de parvenir à l’extase, c’était jovial, mais aussi très prenant avec la musique, j’ai versé une petite larme à la mort d’Isolde.
Au buffet étaient vendu des cocktails animés par du gaz carbonique ? couleur du filtre d’amour de l’affiche
duo.1233507760.jpg.Les Airs d’Isolde étaient interprétés par Marion Amman, Isolde gracile soprano à la voix wagnérienne surprenante, accompagnée par Richard Decker, Tristan, magnifique ténor, tous les 2 interprètes magnifiques et comédiens. C’était une version expurgée de l’opéra de Wagner, ne comportant que les Airs d’Isolde, de l’acte 1 ou des duos, le prélude de l’acte 1, et le duo de la scène 5 de l’acte 1.
Une vidéo de Marc Finiels accompagnant la représentation, à l’image de ce que j’avais vu à Bastille, avec la vidéo de Bill Viola. nef-des-dominicains-de-haute-alsace.1233507678.jpg
Lorsque l’on pénétrait dans le cloître le bruit des vagues vous accompagnait jusqu’à la salle de spectacle, qui est la nef de l’église.
L’orchestre symphonique de Mulhouse – OSM – dirigé par Daniel Klajner a été chaleureusement applaudi, tout comme les solistes.  

Sommaire de janvier

01 janvier 2008 : Voeux 
02 janvier 2008 : Coucher de soleil australien
04 janvier 2008 : l’Epiphanie
06 janvier 2009 : La nuit des musées de Bâle
08 janvier 2009 : L’opéra au cinéma

15 janvier 2009 : George Nelson

19 janvier 2009 : Google Earth et le Prado
22 janvier 2009 : The Puppini Sisters
24 janvier 2009 : Rencontre avec François-Bernard Mâche
25 janvier 2009 : Art is Arp
28 janvier 2009 : Londres cinq filles et un garçon pour Rothko
30
janvier  2009  : La magie des Images, l’Afrique, l’Océanie, l’Art Contemporain
31 janvier 2009 : Les Révélations d’une ombre

les Révélations d'une Ombre

 geoges-gagnere.1233360978.jpgLe spectacle, librement inspiré de l’univers fantastique des contes d’Hoffmann, propose aux jeunes spectateurs (et aux moins jeunes les plus nombreux) la découverte de mystérieux territoires de l’ombre, mêlant danse, musique et arts numériques.
C’est la rencontre d’un magicien musicien qui capture dans son atelier le génie espiègle des ombres… Sorti de sa platitude forcée, le génie explore les facettes cachées et proliférantes de sa personnalité et, une fois apprivoisé, fait preuve de stupéfiantes capacités à habiter la matière. L’inquiétante étrangeté, si chère à Hoffmann, s’installe peu à peu… L’ivresse du pouvoir aveugle le magicien et l’apprivoisement du génie tourne au cauchemar ! La créature s’affranchit de son maître. Les rôles s’inversent. Pas à pas, un dialogue musical et visuel se reconstruit entre les deux personnages et transporte les spectateurs au cœur de propriétés insoupçonnées et surprenantes.
Pour sa première création à destination du jeune public, Georges Gagneré montre que le phénomène de l’ombre permet à l’homme de mieux connaître le monde qui l’entoure, et c’est finalement l’odyssée perpétuellement renouvelée du rapport à l’autre et à l’inconnu qui se raconte, avec une poésie infinie.
La composition musicale de Tom Mays, l’accompagnement au saxophone par Xavier Rosselle, la régie audionumérique, avec les capteurs d’ Olivier Pfeiffer, les lumières Nathalie Perrier, la réalisation des images, la régie vidéonumérique Renaud Rubiano, la danse Merce de Rande, permettent un spectacle tout de tendresse, de fantaisie dans l’univers de l’imaginaire. Un retour à l’enfance, ce vendredi 30 janvier à la Filature de Mulhouse

La Magie des Images, l'Afrique, l'Océanie et l'art moderne

portrait-en-plumes-kii-hulu-manu-du-dieu-de-la-guerre-kukailimoku.1233265914.jpgLa Magie des images – l’Afrique, l’Océanie et l’art moderne », présentée à Bâle, à la Fondation Beyeler,  à la fois la réunion la plus riche d’oeuvres africaines et océaniennes que l’on ait vue depuis longtemps et une expérience artistique bluffante.
Cette exposition instaure un dialogue captivant qui témoigne de la contribution irremplaçable de l’Afrique et de l’Océanie à l’histoire de l’art mondiale.
 Au mur des Nymphéas, de Monet ; et, devant elle, au sol, deux longues sculptures de crocodile de Nouvelle-Guinée, une idée déconcertante. l’association est-elle une symbolique de l’initiation, par le fleuve et le crocodile ?
Chaque salle – il y en a douze – associe un artiste à une esthétique et une provenance, Cézanne et les Sénoufo, Miro et les Dogon, Léger et les Mumuye, Klee et les îles Cook, Picasso et les « fétiches à clous » des Vili et des Yombe. Quelques prêts provenant de la prestigieuse collection Barbier Muller de Genève viennent compléter les toiles de la Fondation Beyeler. Quelques 180 pièces, présentées comme seule la Fondation Beyeler excelle dans ce domaine. Pour une novice de l’art africain et océanien, comme moi c’est un bonheur sans limite, une occasion formidable de m’initier quelque peu à cet art, où culture, artisanat et culte sont expliqués, que j’avais tenté d’approcher au Quai Branly et au musée Dapper. Ici elles vous invitent au regard, par la polychromie et la diversité des objets présentés dans un choix judicieux et unique, qui semble une évidence et qui vous laisse pantois. On comprend aussi où les artistes comme Picasso, Vlaminck et d’autres étaient inspirés par ces visages et cette culture.  Le regard provocateur des grands yeux en fragments de nacre et la bouche grimaçante, abondamment pourvue de crocs de dents de chiens, les plumes de coloration rouge vif, sont une représentation du Dieu de la guerre Kübâ’ilimoku, il fait partie d’un groupe de huit sculptures en plumes acquises lors du troisième voyage de James Cook à Hawaï, (assassiné lors de son retour involontaire) Les images en plumes étaient fichées sur un bâton et menées en procession en l’honneur des dieux lors des expéditions guerrières. Elles associaient forces vitales divines et revendications profanes du pouvoir. La toile rouge de Rothko est en parfaite résonance avec ce guerrier.mabuiag-rothko.1233415745.jpg
Par contre je n’ai pas trouvé de correspondance entre Mondrian et les sculptures malagan, est-ce à cause des codifications, cérémonies funéraires pour les uns, l’arbre pour l’autre ? Les Mumuye  du Nigéria avec leur coiffe de « Bécassine » sont en parfaite concordance avec la magnifique sculpture de Hans Arp et la toile de Fernand Léger.
Après avoir visiter cette nouvelle présentation, on ne peut rester indifférent à cet art. Je ne peux que vous encourager à vous précipiter pour cette exposition visible jusqu’au 24 mai 2009. Sans oublier l’exposition sur les Nagas au musée des cultures de Bâle jusqu’au 17 mai ni le Musée Tinguely qui présente le cabinet de curiosités de Ted Scapa : un mélange haut en couleurs d’œuvres d’art, d’objets artisanaux et d’objets curieux, jusqu’au 19 avril. L’ exposition Venise  à la Fondation Beyeler se termine le 15 février, 4 bonnes raisons pour faire un petit saut dans la ville de Federer, d’Erasme et de Holbein.
ypwom.1233490582.jpg Vous pouvez lire ici le billet plus détaillé de Détours des Mondes, mon amie Lyliana, spécialiste de l’art africain et océanien, ancienne élève et diplômée de l’école du Louvre, conférencière, qui m’a permis de bénéficier d’une visite guidée commentée par elle, avec force détails et brio.
photo 1 provenant du dépliant de la Fondation

 photo 2 de presse, ne concerne pas le guerrier

 photo 3 provenant du blog de Détours des Mondes

Londres 5 filles et 1 garçon pour Rothko

Moi je plagie ? Rassurez-vous, il n’y a pas eu d’enterrement. C’était une belle équipée, qui partait ce 22 janvier à la découverte des joies de la capitale de la brume. Cette fois je m’étais entourée de gardes du corps et du coeur. 
rothko-national-gallery-of-art-washington.1233102294.jpgPour nous mettre dans le bain, les grilles du métro se ferment, pour laisser sortir un nombre incessant de passagers et restent closes pendant un bon quart d’heure. Devant le flegme manifesté par les usagers nous en faisons autant et nous patientons. Ce qui nous fait arriver devant la Tate Modern avant l’heure.  cimg0014-medium.1233103241.JPGTout d’abord nous allons au 7 ème étage pour contempler la vue, sur la cathédrale St Paul, la Tamise, mais aussi les affreuses grues qui défigurent les paysages urbains du monde entier.
La foule est là, pour admirer la réunion de 16 toiles, qui avaient été commandées au nombre de trente pour des peintures murales destinées au restaurant les quatre saisons dans le Seagram Building de Londres. Mark Rothko en avait offert 9 à la Tate Gallery. Cela me permet de dire que j’ai apprécié davantage l’intimité de la Rothko room, plus sombre, moins facile d’approche, les toiles se méritent, il faut les laisser monter vers vous, les couleurs se révèlent au fur et à mesure, il faut y revenir sans cesse, passer et repasser, les considérer sous un autre angle, se rapprocher s’éloigner, le mystère demeure, le moment est intense.
Mark Rothko renonça à poursuivre et à terminer son travail. Ses peintures sont dominées par des pigments sombres, pétries de tragique. Sa palette décline le brun, le rouge, le noir, certaines toiles paraissent singulièrement éteintes si on les compare au jaune, bleu et rose, plus connues. Parfois le contraste avec le rectangle est à peine perceptible, ainsi on comprend ce que Dore Ashton a appelé « une expression sans dieu de la divinité » L’exploration au coeur des ténèbres se poursuit dans l’exposition avec les cycle Black-Form, les oeuvres sur papier Brown on Grey et son ultime série, Black and Grey.

« Je ne m’intéresse pas au rapport entre les couleurs et la forme ni a rien de tel. La seule chose qui m’intéresse, c’est d’exprimer des sentiments humains fondamentaux, la tragédie, l’extase, le destin funeste et ce genre de chose »
Mark Rothko

En 2001, la Fondation Beyeler présentait, grâce aux liens tissés avec le fils Christopher une exposition intitulée « Mark Rothko – Union approfondie entre peinture et spectateur

En 2006, La Filature de Mulhouse à l’issue d’une conférence d’Isy Morgensztern, un film écrit et réalisé par celui-ci a été projeté sur la vie et l’oeuvre de Mark Rothko, intitulé : The Rothko Chapel Project. Depuis le film existe dans le commerce.
Un concert a complété idéalement cet évènement.

En hommage à son ami disparu Mark Rothko, Morton Feldman a composé une musique en se fondant sur les quatorze grandes toiles que Rothko avaient peintes pour « la Chapelle Rothko » (Houston, Texas), lieu de culte et de recueillement. De l’espace créé par la chapelle, dans laquelle le visiteur se trouve environné par les toiles, Feldman a retenu l’essence purement émotionnelle. Gualtiero Dazzi, sans imiter Feldman, mais en se donnant comme contrainte d’employer la même distribution, donne une autre lecture sensible du lieu : il rend à son tour hommage au peintre, en introduisant dans son écriture, l’ode magnifique du poète John Taggart, dédiée aussi à la Chapelle Rothko. Enfin, Georges Bloch s’attache à ce qui, dans la musique de Feldman, s’entend sans que cela y soit : une activité intense, fébrile presque, qui se dissimule derrière la lenteur et le pianissimo. Un seul concert, trois œuvres en écho, qui permettent de comprendre que dans la peinture comme dans la musique, c’est l’émotion qui est au centre de l’œuvre. Ce que les compositeurs proposent ici est certes un hommage au peintre, mais plus encore à sa volonté d’œcuménisme : un hommage au public. Gualtiero Dazzi est un compositeur cosmopolite et polyglotte, dont on dit « qu’il vous réconcilie avec l’art lyrique ». Loin de tout refuge idéologique réducteur, il bâtit son œuvre à partir des influences les plus diverses ou sur la base de rencontres avec d’autres disciplines artistiques. Ce fut un moment de pure émotion.

 

Ce fut une journée pleine de joie, de bonheur et d’amitié partagés, je regrette que vous n’ayez pas participé aux évènemens antérieurs à Beyeler et à la Filature.

Pour ceux qui sont allés à la National Gallery et à la Courtauld Gallery, et celle qui a été fouillée non seulement au corps, mais dans son bagage, qui a dû abandonner son entremets, qu’elle comptait déguster en attendant l’embarquement, par la sécurité sous mon oeil connaisseur, mais néanmoins intéressé,  je leur laisse la parole…

 

Je vous dis à bientôt pour une autre incursion dans le domaine de l’art.

 

photo n° 1 provient du site de la Tate, photo n° 2 de l’auteur

pour la diversité des polices je donne ma langue au chat … je plaide non coupable.