Sommaire de novembre 2011

03 novembre 2011 : Laurence Demaison – Patrick Bailly Maître Grand – Robert Cahen
06 novembre 2011 : Le monde à l’en-verre
07 novembre 2011 : La couleur en avant  au Mamac de Nice
13 novembre 2011 :  Edouardo Chillida – Lieu de rencontre à la Fondation Maeght
20 novembre 2011 :  L’art d’être femme de ménage
24 novembre 2011 :  « Mobilité » les oeuvres de Raymond-Emile Waydelich
27 novembre 2011 :  St’Art 2011
30 novembre 2011 : L’École du Louvre à Mulhouse

L’École du Louvre à Mulhouse

Initiation à l’histoire de l’art

L'Ecole du Louvre à Mulhouse

 
Depuis 1978, l’Ecole du Louvre se déplace en région. Les cours s’organisent autour de deux grands axes pédagogiques : les cycles d’histoire générale de l’art et les cycles thématiques.
Pour la première fois, Mulhouse rejoint la liste de ce réseau national de formation et de sensibilisation à l’histoire de l’art.
La Kunsthalle et le Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace proposent un cycle de 4 séances qui se dérouleront entre février et mars 2012, hors congés scolaires, sur le thème de :
«La sculpture occidentale dans la seconde moitié du XXe siècle »
Cycle thématique de 4 séances d’1h30 de 18:30 à 20:00 –
La Fonderie / Grand Amphithéâtre
1 – Jeudi 16 février 2012/Nouveaux matériaux dans la sculpture : nouveaux moyen    nouvelles fins.
2 – Jeudi 15 mars 2012/Du vivant dans la sculpture moderne et contemporaine : corps humain, animal et hybride
3 – Jeudi 22 mars 2012/Mouvement, lumière, abstraction
4 – Jeudi 29 mars 2012/De la sculpture pensée en regard de l’architecture et inversement
au prix total de 32 € pour les 4 cours (tarif normal)
20  €                               (tatif réduit)
40  €                               (formation continue)
Ces cours s’adressent à tous, débutants ou confirmés, à toute personne désirant s’initier à l’art, afin d’avoir les clefs pour mieux comprendre l’art contemporain.
Pas de diplôme requis, ni de contrôle de fin de stages, tout simplement apprendre les rudiments de la sculpture, sans jargon et avec plaisir.
fiche d'inscription - clic pour la lire

à retirer ou à télécharger sur le site de la Kunsthalle Mulhouse ou auprès de l’ Université de Haute Alsace – Service Culturel

 Inscription uniquement par courrier, auprès de L’École du Louvre,
350 places
Bulletin téléchargeable sur : www.kunsthallemulhouse.com
Renseignements : 03 69 77 66 47
service culturel UHA : 03 89 33 64 76
clic sur les images pour les agrandir
 

St'Art 2011

ST-ART, 2ème plus ancienne foire française présente cette année sa 16ème édition. Véritable foire de prestige, ST-ART s’est imposée parmi les leaders des foires d’art contemporain grâce à la qualité des oeuvres exposées, la sélection des galeries et la découverte de nombreux artistes, dirigée de main de maître par Philippe Meder et son comité dont Yves Yffrig  galeriste, conseillés par le critique d’art Patrick-Gilles Persin qui en assume la direction artistique.

ST-ART est une foire Européenne résolument internationale qui rassemble chaque année une centaine de galeries dont 40 % étrangères. Près de 10 pays sont ainsi représentés : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Japon, Luxembourg, Pays-Bas…
La dynamique européenne est ré-affirmée depuis deux ans avec la venue de délégation de galeries de pays d’Europe du Sud : la Catalogne l’an dernier et l’Italie pour cette édition.
ST-ART affiche 30 000 visiteurs dans ses allées avec un public et des collectionneurs de plus en plus fidèles. La foire s’ouvre également sur le monde de l’entreprise avec des achats de plus en plus nombreux, des opérations de mécénat permettant aux décideurs de communiquer autour des valeurs de l’entreprise et de l’art contemporain. C’est ainsi que certaines voitures de la marque Audi, jalonnent l’espace et me permet un jeu de mots avec un autre mécène Deloitte, un des leaders mondiaux de l’audit et du conseil en entreprises.
Les Grands Crus d’Alsace s’associent , avec 2 espaces  à la Foire.
Enfin, des expositions et événements alternatifs donnent un aperçu de la création contemporaine sous toutes les formes : photographie, peinture, sculpture, estampes, studio glass, vidéo.
Cinq collectionneurs anonymes privés de Strasbourg exposent une sélection d’oeuvres de leur collection qu’ils ont eux-mêmes choisis. Cette démarche intéressante permet de présenter aux visiteurs des acquisitions faites par des collectionneurs strasbourgeois, et ainsi stimuler d’autres amateurs d’art dans le cadre de la foire.
C’est ainsi qu’on peut y admirer une série de rayogrammes de Patrick Bailly Maître Grand et une photographie de Laurence Demaison, qui exposent actuellement à la Filature de Mulhouse. Un Pont de Brooklyn de Serge Menjinsky, à la construction très géométrique, grouillant de personnages vous invite au voyage, ou encore l’intrigante Enigme 29 de Jacques Monory.

Espace des collectionneurs

A la Galerie Mathilde Hatzenberger de Bruxelles Dom Kippelen nous invite à participer à
« Attraction Répulsion »
Dom Kippelen - Attraction - Répulsion 2009-2011

Cette jeune galerie présente une artiste d’inspiration mystique mexicaine
Fabienne Auzolle.
Nathalie Savey nous emmène dans ses rêveries de paysages, qu’elle découvre après les avoir imaginés, et les imprime  sur la pellicule.

Nathalie Savey

En compagnie de Dan Steffan  qui multiplie les autoportraits, puis nous propose une ébauche de Maternité, qui attend son exécution définitive en bronze, montrés à la Galerie Nicole Buck.

Dan Steffan

La Galerie Dock Sud Chine  de Sète présente des artistes qu’elle soutient par son activité de résidence à SongZhuang, la Mecque chinoise de la création artistique. Inspirée de l’art européen, voire mondial, mais aussi chinois. Voici un lien vers la vidéo tournée à St’Art du la galerie Dock Sud Chine
Shen Jingdong 2011 - le Fifre

La Galerie Dock Sud Chine est présente au bar champagne avec une toile de l’artiste Liu Zhengyong :
Liu Zhengyong

A la Galerie Tristan, on peut admirer la palette de François Bruetschy.
Philippe Pasqua est très présent avec ses vanités inspirées de Jan Fabre
Chantal Bamberger nous présente Claire Koenig, délicate, à côté d’Ann Loubert, puis une étonnante auto-dictate Sefolosha,qui pourrait figurer dans la très dense exposition actuelle au MAMCS  « L’Europe des Esprits et la fascination de l’Occulte »
La sobriété des toiles de Joseph Bey contrebalancent l’insolence douteuse des nains avoisinants.
L’omniprésence de Raymond-Emile Waydelich ne peut échapper à personne.
j’aurai bien aimé voir fonctionner le photomaton de Christophe Meyer.
Carlos Broc

Atypique, le catalan Carlos Bros dénonce la pêche abusive à l’anchois, sous forme de bocaux, cageots, peintures, collages, prêt à faire le tour du monde pour militer contre
le pillage de la pêche par les grandes compagnies.
Quelques pépites, comme le Centre International d’Art Verrier (CIAV) de Meisenthal et la Galerie Jordan-Seydoux présente une sélection de pièces uniques et multiples d’artistes et des séries limitées de designers.

Christelle Familiari Lustre Méduse - verre soufflé

Cela correspond à la biennale du verre qui se termine le 28 novembre, visible aussi au Musée Würth d’Erstein
Si vous avez traversé tout l’espace, sans oublier la Galerie Jean Brolly,  Paris ou encore la Galerie Pascal Gabert, de Paris, vous trouverez immanquablement le point d’orgue de la Foire, l’espace de l’association Médicis,  société strasbourgeoise de conseil en acquisition d’œuvres d’art, avec le concours de La Chambre.
Intitulé  « Architecture et Psychiatrie, Asylum, la splendeur perdue des Asiles »
les photographies poignantes de Christopher Payne vous plongent dans l’univers des hôpitaux psychiatriques.

Christopher Payne Cemetery, Connecticut Valley State Hosspital Middeltown Connecticut

Jusqu’au lundi 28 novembre.
Photos de l’auteur – clic pour les agrandir
Vidéos Ouvre tes Yeux
 

« Mobilité » les oeuvres de Raymond-Emile Waydelich

Europa-Park présente une nouvelle exposition hivernale
« Mobilité » les oeuvres de Raymond-Emile Waydelich

                                                   Raymond Waydelich
Sur terre, dans l’eau ou dans les airs, curieux, chargés ou non, les véhicules de Raymond-Emile Waydelich sont toujours en mouvement. Lors de la période hivernale, du 26 novembre 2011 au 8 janvier 2012, les oeuvres de l’artiste s’exposent à Europa-Park.
Après une exposition estivale destinée aux 125 dernières années d’innovation dans le sport automobile, le hall Mercedes-Benz s’offre, durant la période hivernale, un bon bol d’air en présentant les peintures et sculptures pleines d’humour de Raymond-Emile Waydelich. L’artiste alsacien aborde depuis de nombreuses années le thème de la « Mobilité ». Voitures, bateaux et avions sont représentés dans ses peintures actuelles mais aussi dans celles des années passées. Ses dessins humoristiques sont d’une intense ingéniosité et stimulent bien souvent la réflexion. Ayant su conserver un plaisir enfantin dans la créativité, l’artiste touche par ses oeuvres un public de tous les âges.

             Raymond Waydelich – Hommage à Leonardi da Vinci et Pontiac 1999
vernis sur Papier

Né à Strasbourg en 1938, étudiant à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg et de Paris, l’artiste expose individuellement ou en groupe dans le monde entier depuis 1974.
Waydelich est reconnu, à juste titre, comme un collectionneur un peu extravagant, un conteur, un poète pictural, un magicien, un caricaturiste et un archéologue du futur. Composition plastique, assemblage, collage, dessin, et graphisme sont les points forts de sa pratique artistique.

Raymond Waydelich Africa Dream 2008 gravure
Ainsi, pas moins de 50 oeuvres sont présentées dans le hall Mercedes-Benz.
Sculptures en acier, collages, gravures, laques sur papier…
l’exposition est une représentation de la diversité artistique de l’artiste.
Vidéo Raymond Waydelich
 « La mobilité est pour l’homme moderne une évidence – comme moyen de locomotion ou pour se divertir comme à Europa-Park. L’interprétation du thème de la mobilité dévoile, en sus d’un aboutissement formel, un second aspect : la mobilité de l’esprit. Elle
est la condition première de chaque idée, de chaque succès et de chaque célébration. » Ute Dahmen, commissaire de l’exposition
Un espace pour les enfants
Avant l’exposition à Europa-Park, Raymond-Emile Waydelich est intervenu dans l’atelierde création pour les enfants de la Fondation Frieder Burda à Baden-Baden.
Les résultats de cet atelier seront également présentés à Europa-Park. Par ailleurs, comme l’an passé, un espace dessin et bricolage est installé pour les enfants dans le hall Mercedes-Benz. A cette occasion, Raymond-Emile Waydelich réalisera un dessin, représentant une voiture, qui sera imprimé et qui servira de modèle aux enfants.
Ils pourront ainsi l’enrichir au gré de leur fantaisie.
Un puzzle géant avec le visuel générique de l´exposition peut être démonté et remonté à souhait par ces mini artistes.

Roland Mack président de l’IAAPA – Raymond Waydelich

Toutes les informations sur le site : www.europapark.fr
du 26 novembre 2011 au 8 janvier 2012
texte presse Europa-park
Images et vidéos de l’auteur

 

L'art d'être femme de ménage

Ma perle, connaissant mes hobby, mes phobies, mon bazar, mon zouk, me voyant toujours lire sans lunettes, me demande prudemment :
– Est-ce normal cette paire de lunettes par terre ?
Moi :
– Mais alors pas du tout, contrairement à ce que l’on pourrait croire ce n’est pas une œuvre d’art.
Serait-elle une adepte de Duchamp ?
Lunettes sur tapis de soie
Je lui raconte qu’un jour, une autre de nos dévouées perles, alors que j’étais en train de gagner les quatre sous qui me permettaient de la rémunérer, s’est escrimée à nettoyer pendant de longues heures, à mes frais (normal), la garniture en cuivre du four, qu’elle imaginait encrassé. Nous partons dans un immense éclat de rire. Rassurée, elle me tend les lunettes que je range rapidement sur le bureau de mon conjoint.
Je me plonge dans la lecture de la presse quotidienne. L’actualité déborde d’histoires de femmes de ménage en mal avec des mâles, manifestant, réunissant les ligues des droits de la femme, du travail, etc. Signe des temps et de l’emploi services menacé, soupçonné d’être une niche fiscale, alors que c’est une mesure honorable de contribution à la pénurie de l’emploi, alors que sa suppression serait un encouragement manifeste au travail au noir et aux cumuls des emplois.
Et surprise voici ce que je lis sous la plume d’Arronax dans Le Post, un quotidien :
« La pauvre femme de ménage du musée de Dormund avait cru bien faire. En trouvant cette vieille baignoire encrassée et patinée sous quelques planches de bois elle avait décidé de lui redonner du brillant. Mais voilà cette baignoire était… une œuvre d’art. Et la patine, déposée avec un œil d’artiste et avec minutie… ». Intitulée : « Quand des gouttes d’eau commencent à tomber du plafond », il s’agissait d’une œuvre de l’artiste allemand Martin Kippenberger, dont j’avais visité la rétrospective au Moma, aujourd’hui décédé, estimée à 800.000 euros ! « Il s’agissait », car la baignoire propre est désormais redevenue un objet tout à fait banal. En regardant cette image prise au Moma en 2009, vous comprendrez aisément cette pauvre dame, désapointée devant l’univers kafkaien de la rétrospective d’où son titre.

Martin Kippenberger The Happy End of Franz Kafka's "Amerika"

Dans ce musée, les femmes de ménage sont censées respecter une distance d’au moins 20 centimètres entre elles et les œuvres d’art, a indiqué la porte-parole de la ville, rapporte Le Matin. Le problème, pour la femme de ménage, c’est sans doute de ne pas avoir pu imaginer qu’une baignoire sale puisse être une œuvre d’art ! Le Matin rappelle aussi qu’en 1986, « Fettecke » (littéralement « coin gras »), une motte de beurre suintante de l’artiste allemand Joseph Beuys installée dans un musée de Düsseldorf, avait elle aussi été « nettoyée ».
Cette autre anecdote est racontée dans tous les cours d’histoire de l’art contemporain. Il s’agit de la « Chaise de graisse ».
Joseph Beuys, Fat Chair - Darmstadt

Avez-vous été surpris, vous aussi, par des œuvres d’art trop réalistes ? ajoute le rédacteur. Réponse : oui, et je n’étais pas la seule, à maintes reprises, à Art Basel j’ai eu pitié de cet agneau le pied englué dans un pot rouge de peinture noire de l’artiste Javiez Tellez à la Galerie Kilchmann,
Javiez Tellez Art Basel

cet autre ami de l’homme en faïence, levant la patte contre une table à la Guinguette, où la décontraction est de mise, mais il y a les limites de l’hygiène élémentaire pour un lieu qui sert des denrées aussi délicieuses. Les ballots de Jason Rhoades, laissés à proximité du pénétrable en briques rouges de Kendell Geers le jour du pré-vernissage, j’ai soupçonné l’organisation d’Art Basel de ne pas avoir terminé la préparation, surtout lorsque l’on connaît la propreté de nos amis helvètes.
Qui n’a pas été tenté de ramasser à Art Basel 2010 le portefeuille laissé intentionnellement à terre et indécrochable, par un artiste dont j’ai oublié le nom, où j’ai pu observer l’attitude des visiteurs qui se baissaient, ravis de l’aubaine et se relevaient avec une pointe de déception.
Mais là où je me suis fait totalement piéger, c’est au ZKM de Karlsruhe, où une pièce était aménagée comme l’antichambre d’un salon de réception. On voyait à travers les persiennes des couples aller et venir, discuter et danser. Dans l’antichambre comme dans une maison bourgeoise, se trouvaient à l’accueil une table fleurie avec un livre d’or, contre un mur une cheminée où flambaient des bûches, accroupi devant et si près, un petit garçon, qui ne pouvait être que factice, sous le grand lustre, se tenaient des soubrettes accortes en robes noires et tabliers blancs, avec une coiffe blanche (nous voilà revenus à notre fil conducteur)
ZKM

multipliées par quatre et tellement semblables qu’on aurait pu les prendre pour des quadruplés. Je m’approche du maître d’hôtel policé, tout aussi avenant et souriant que le reste du personnel, hésitant, vrai ou factice ? J’hésite entre lui faire des grimaces ou le toucher, le pincer ? non j’ai de la retenue, arrivent mes amis, nous parions, certains lui adressent la parole, lui sourient, lui soufflent au visage, lui offrent une cigarette, n’y tenant plus, je tente une phrase dans la langue de Goethe :
Maître d'hôtel ZKM

« si sprechen deutsch, mein Herr »
Réponse du maître d’hôtel « Natürlich meine dame, bitte ».
Éclats de rire général, la farce était bien menée.
Photos de l’auteur sauf la 3
 

Edouardo Chillida – Lieu de rencontre à la Fondation Maeght

Elle se termine aujourd’hui dimanche 13 novembre 2011, l’exposition
d’Edouardo Chillida – Lieu de rencontre (vidéo)à la Fondation Maeght de St Paul de Vence.
C’est un plaisir simple et délicieux de grimper à travers les villages des Alpes Maritimes pour arriver jusqu’à la Fondation. Le jardin des sculptures vous accueille avec ses Miro, Calder, Kricke, les Amoureux, mosaïque de Marc Chagall, Zadkine, cette fois Chillida y est l’honneur, avec les « Peignes du vent »

Edouardo Chillida main gauche dédicacée à Aimé Maeght

Mais pourquoi toutes ses mains dans l’exposition ?  Tantôt la droite, tantôt la gauche, en dessins au crayon , à l’encre, à l’ eau-forte, en collages.
Chillida considérait que la main était l’instrument de création, le geste d’écarter les doigts ou de les resserrer, lui faisait entrevoir les formes de son art, la sculpture. Il s’exerçait à dessiner sa main gauche avec la droite, puis lorsqu’il se rendit compte qu’il y réussissait avec trop de facilité, il se contraignit à dessiner sa main droite avec sa main gauche.
Dans la cour Giacometti, c’est encore le « forgeron » qui a pris la place, avec des pièces de la collection de la famille Chillida.
Edouardo Chillida - Accolade 1991 acier famille Chillida

C’est avec ses mains qu’il fabrique le bronze, sculpte l’albâtre, découpe  le marbre, forge l’acier, façonne la terre et le béton, équarrit le bois, soude, ponce, des formes géométriques, des espaces.
Les dessins faits de papier et de fil, des collages, parfois par combinaison des matériaux, sont accrochés au milieu des 140 œuvres exposées.
Edouardo Chillida - albâtre 1965 Etude Hommage à Kandinsky - Fondation Maeght

Il rend hommage à ses amis, artistes, galeristes, portrait au crayon,  son marchand qui était Maeght, en magnifiant les formes , dans la pureté des matériaux utilisés.
Edouardo Chillida portrait 1966 crayon sur papier Famille Chillida San Sebastiàn

Une vidéo dans la chapelle aux vitraux bleus de Miro relate sa vie, simple où son art était toute sa passion.
La Fondation Maeght est un musée privé au milieu de la nature qui est toujours  plaisant à visiter en toute saisons.
photos de l’auteur
 

La couleur en avant au Mamac de Nice

« Apprenez à penser en couleurs, et vous verrez le monde autrement ! »
Nous propose Dominique Simonnet dans la préface du petit livre des couleurs de l’historien anthropologue Dominique Pastoureau.
« les couleurs sont la musique des yeux … Certaines harmonies de couleurs produisent des sensations que la musique elle-même ne peut atteindre »
Extrait du Journal d’Eugène Delacroix (le dialogue du visible René Huyghe)
En effet le voyage au Maroc, a été un coup de foudre, libérant sa vision de la lumière et des couleurs, cela a été une révélation et a transformé totalement sa palette.
Le Mamac nous en fait une démonstration magistrale en mettant
« la couleur en avant ! »

Nice Mamac


 Dès la montée des escaliers, la couleur vous saisit. Elle est la star de l’exposition et prend toute son autonomie. Une même jouissance de la palette que l’on peut étendre à la cinquantaine d’artistes choisis par le commissaire Gilbert Perlein, conservateur en chef et directeur du Mamac de Nice, assisté de Michèle Brun et de Rébecca François que je remercie de tout cœur ici pour son formidable accueil.
Louis Cane (1943) Denis Castellas (1951) César (1921-1998) Marc Chagall (1887-1985) Max Charvolen (1946) Marc Chevalier (1967) Albert Chubac (1925-2008) Daniel Dezeuze(1942) Erik Dietman (1937- 2002) Noël Dolla (1945) Raoul Dufy (1877-1953) Max Ernst (1891-1976) Robert Filliou (1926-1987) Roland Flexner (1944) Jacqueline Gainon (1951) Ellsworth Kelly (1923) Yves Klein (1928-1962) Rotraut Klein Moquay (1938) Fernand Léger (1881-1955) Cynthia Lemesle & Jean-Philippe Roubaud (1974/1973) Ludovic Lignon (1966) Arnaud Maguet (1975)Eric Michel (1962) Robert Malaval (1937-1981) Henri Matisse (1869-1954) Serge III Oldenbourg (1927-2000) Bernard Pagès (1940) Pablo Picasso (1881-1973) Eve Pietruschi (1982) Pascal Pinaud (1964 Niki de Saint Phalle (1930-2002) Patrick Saytour (1935) Adrian Schiess (1959) Nicolas de Staël (1914-1955) Cédric Teisseire (1968)Xavier Theunis (1979) Bernar Venet (1941) Claude Viallat (1936)
Les artistes exposés, sont natifs de la région pour la plupart, ou du moins y ont séjourné à un moment de leur existence, ils sont tous de stature internationale. C’est une explosion des couleurs primaires avec l’américain Ellsworth Kelly qui dès son arrivée dans le midi, abandonne son bi-chrome noir et blanc, pour s’adonner au rouge, jaune, bleu et devient ainsi le père fondateur de l’abstraction géométrique américaine.
Ellsworth Kelly - Red, Yellow, Blue I 1963 Fondation Maeght

Les papiers découpés peints à la gouache de Henri  Matisse, par une recherche savante, avec de délicats blancs, composent la danseuse créole, qui fait partie du thème de la danse choisie par le Dr Barnes. La femme à l’amphore, créée à la toute fin de sa vie est à l’inverse du processus, c’est le fond qui est gouaché en bleu, disposé en positif et la forme féminine qui est en réserve est en négatif.
Picasso, Mère et enfants jouant 1951 succession Picasso

Picasso peint de manière simplifiée, en aplats de couleurs primaires, Françoise Gilot, étendue sur une serviette jaune débordant sur les enfants, Paloma jouant dont la tête émerge d’un fond rouge, et Claude sur fond bleu sur un tricycle, le tout sur fond bleu, encadré de vert, belle scène de sérénité et d’intimité en un jeu spéculatif de la couleur.
Yves Klein salle au Mamac

Yves Klein renonce à la figure, à la ligne et à la forme pour avancer dans le champ sensible de la couleur pour aller vers l’absolu.
Fernand Léger, ( que je retrouverai le lendemain à la Fondation Maeght) s’émancipe de ce qu’il faisait jusqu’à présent, tracer des contours, qu’il remplissait de couleurs, il leur donne leur autonomie en peignant de grandes surfaces en ne tenant plus compte des lignes noires.
Dufy pose la couleur indépendamment de la forme sous-jacente, voyant courir sur la plage, une petite fille vêtue de rouge, il s’aperçoit que la mémoire garde la trace de la couleur, plutôt que de la petite fille elle-même. On dit de lui qu’il peint en dessinant et dessine en peignant, phénomène paradoxal et facteur de trouble au regard de la tradition.
Roland Flexner - sans titre 2011

Roland Flexner juxtapose deux monochromes verts en tonalités légèrement différentes et laisse transparaître en filigrane la silhouette fugace d’un pleurant. La capuche dissimule totalement son visage et rend toute identification impossible. Cela ajoute au mystère du recueillement et pour moi cette image restera gravée très longtemps dans mon esprit.
Les œuvres de Niki de St Phalle sont très présentes ici, étant donné qu’une donation de sa succession y est exposée en partie. Les blessures infligées à ses œuvres par les tir de peintures de couleurs, s’inscrivent comme une biographie de l’artiste, l’attitude de sa mariée siestant sous un arbre  (à 0.50) me renvoie au visage renversé de Jan Fabre dans la Pietà vue à Notre Dame de la Misericordia à Venise.
Niki de St Phalle - Cathédrale Rouge 1963

Jean Charles Blais a collé dans les couloirs qui relient deux salles les papiers qui ornaient la station de métro de l’Assemblée nationale.

Il me faudrait parler du magnifique Hartung et de bien d’autres.
Pour terminer une cimaise peinte en rouge sang, à connotation politique laisse en réserve la phrase en blanc d’un prisonnier
« Détenus de l’intérieur » signée Jean Baptiste Ganne.
Jean Baptiste Ganne - Détenus de l'intérieur Grafitti 2010

Tout le musée est à la gloire de la couleur, les couloirs, les extérieurs, les cages d’escaliers, avec mesure et discernement. Il ne faut surtout pas oublier  la terrasse du 7 e étage que vous aurez beaucoup de mal à quitter, où s’offre à vous, la vue panoramique sur le vieux Nice, la montagne, la mer, un paysage azuréen de carte postale.
Vous avez jusqu’au 27 novembre pour visiter l’exposition
Photos de l’auteur  et visuel presse – courtoisie du Mamac

Le monde à l’en-verre

Michèle Bruel

Signe des temps, après le musée Würth qui se met au verre …. contemporain, la biennale du verre de Strasbourg et de sa région, c’est à Pfastatt que  « le monde se met à  l’en-verre » avec l’exposition de Michèle Bruel au Foyer St Maurice de Pfastatt du 4 au 6 novembre où Bruel rime avec Bruegel, la preuve ?
Michèle Bruel-Rupp née en Alsace, peint depuis son enfance. Elle découvre les peintures anciennes sous verre et prend conscience de l’atout précieux du verre, il est support de peinture et fait office de vernis dur et inaltérable. C’est un partenaire idéal de la peinture. Mieux : il donne à l’image une brillance et un éclat chatoyant qui ne terniront jamais avec le temps. Michèle s’attache à sauvegarder cette ancienne technique et donne à la peinture sous verre une nouvelle dimension et une facture particulière. Cette technique est singulière. En effet, la peinture est posée à l’arrière du verre, ce qui a pour conséquence de perdre la transparence de ce dernier. La démarche est inverse par rapport à la peinture sur toile. Il est indispensable de commencer par les premiers plans pour aller, plans par plans successifs, vers le fond du tableau. De ce fait il n’y a pas de repentir possible. Michèle admet son attirance pour le style figuratif : compositions florales, paysage et tableaux d’inspiration naïve, natures mortes. Les scènes de village, ne nous renvoient-elles pas aux toiles du grand Bruegel, avec ces paysans,  ces chasseurs, accompagnés d’animaux, cheminant dans le crépuscule, revenant de la montagne quelquefois enneigée.
Michèle Bruel - les moutons

 
Ces ciels aux couleurs automnales aux bruns chatoyants, juste après le coucher du soleil, laissent apparaître  une dernière touche de rouge de l’astre du jour. Les détails foisonnent, les squelettes d’arbres se dressent dans les paysages d’hiver, mais aussi explosent de toutes leur beauté dans ses vues de mer, ses villages provençaux qui respirent la sérénité.

Michèle Bruel St Paul de Vence

Elle traduit par ses peintures tout ce qu’elle ressent devant la nature et la vie quotidienne. Les angoisses existentielles et inévitables sont très vite sublimées en message d’espoir. Michèle nous incite à pénétrer dans les tableaux et à rêver.
Un coup de foudre général pour cette scène intimiste du petit garçon à la fenêtre, contemplant un ciel étoilé non seulement il a remporté tous les suffrages, mais à fait un heureux et beaucoup d’envieux.

Michèle Bruel

Ne rappelle t’il pas une toile de Magritte, sans son ambiguïté, tout en sublimant le romantisme avec la délicatesse d’une Berthe Morisot. Ou encore ces moutons au jaune dominant de la transhumance, cheminant sous un ciel d’automne vers la bergerie. Images d’antan, scènes d’autrefois ? Michèle Bruel nous les restituent avec ses réalisations lumineuses, d’une minutie folle, d’une finesse incroyable, dans sa peinture sous-verre, à laquelle elle redonne ses lettres de noblesse, si besoin en était.
Des années de passion et de travail ont permis à Michèle
« d’apprivoiser la lumière ». Son talent reconnu par ses pairs a été récompensé par divers prix et médailles tant en France qu’à l’étranger.
photos de l ‘auteur – courtoisie de Michèle Bruel

Laurence Demaison – Patrick Bailly Maître Grand – Robert Cahen

Patrick Bailly Maître Grand – LesTrophées-Tatoos (2011)

L’art une drogue légale, s’interroge Fabrice Bousteau (BA magazine) ? L’art rend-il heureux ? (Anne Cantin – Arts magazine) La réponse paraît évidente. Les artistes non reconnus, les marchands d’art ruinés, les collectionneurs obsédés, les musées déserts, vus des coulisses ne semblent pas refléter cette béatitude. Côté public, l’engouement constaté pour les expositions dans ces 20 et 21 e siècles semble une évidence. Est-ce un effet de mode où une prise de conscience, qu’il faut s’immerger dans l’art, le partager, le mettre aux programmes scolaires, afin d’aboutir à une vision humaniste de la culture. Les émotions qu’il procure, le sens qu’il peut donner à une vie, sont autant de vertus stimulantes qui devraient être inscrites dans les droits de l’homme ou du moins prescrites par la faculté (de médecine…) afin de mieux préserver nos facultés (mentales).
J’en avais rêvé, la Filature l’a réalisée : l’exposition de deux pointures de l’histoire de l’art dans les domaine précis de l’art vidéo et de la photographie, qui de surcroît habitent notre belle région : l’Alsace. Nous allons de surprise en contentement, car Patrick Bailly Maître GrandPBMG, expose conjointement avec sa moitié,
Laurence Demaison. Le couple est uni autant par l’argentique que par les liens du mariage. Quant au travail de cette moitié, il justifierait un « entier » par sa recherche, son ingéniosité, sa virtuosité.

Patrick Bailly Maître Grand Robert Cahen Laurence Demaison

Nos trois « stars » dont les liens évidents sont la poésie, l’invisible, la métaphore du temps, mais aussi l’étrangeté sont commentées elles aussi par des pointures : pour Laurence Demaison et PBMG, Muriel Berthou-Crestey, dont les titres de docteur en esthétique, critique d’art et chercheuse, indiquent immédiatement la haute tenue de la conférence d’avant le vernissage du 2 novembre 2011.
Extrait du Carnet à Facette : à lire ici  titre du blog de Muriel Berthou-Crestey
Robert Cahen, présenté, pas son ami écrivain, Stephan Audeguy , auteur de nombreux ouvrages dont la « Théorie des nuages » et le dernier sorti : Rom@, comme proustien et baudelairien, dans sa recherche du temps qu’il ne perd pas en tentant de l’arrêter, présenté dans les nombreuses conférences, données à l’occasion  de la rétrospective de ses films et vidéos en 2010 au Jeu de Paume à Paris, puis à Strasbourg, lors de la sortie du
coffret par Ecart Production en 2010 qui donne une vision de sa production de
films et vidéos entre 1973 et 2007, de son court métrage sur Pierre Boulez « les Maîtres du Temps » ,  au Fresnoy.  Stephan Audeguy a eu le privilège d’être pensionnaire (intra muros) de la Villa Médicis à Rome, comme RKN (hors les murs),
Un autre texte écrit par Hou Hanru, critique d’art, actuel commissaire de la biennale de Lyon, commissaire d’exposition né en Chine, de nationalité française, Chevalier des Arts et des Lettres,  dont le mot d’ordre est : multiculturalisme, mondialisation et pluridisciplinarité de la scène artistique, dans le livret qui accompagne le coffret du DVD et CD.
Toutes ces festivités étant chapeautées par Anne Immelé photographe, docteur en Art, professeur à l’Ecole du Quai, École supérieure d’art de Mulhouse et à l’Université Marc Bloch de Strasbourg.
Que dire après que toutes ces sommités se soient exprimées, que la presse se soit fait largement écho de l’événement ?
Ma rencontre avec Patrick Bailly Maître Grand, que je me permets d’appeler familièrement PBMG :
PGMG LA FACE et LE PROFIL (2006-2007).

Patrick Bailly-Maître-Grand , nous a accueillis dans son atelier de Strasbourg, un samedi de mars 2007. Ce fut un après midi de grâce. Il nous permit de suivre quelques-unes des innombrables pistes qu’il emprunte et explore depuis plusieurs années, avec une égale passion et une curiosité sans failles. D’emblée nous sommes fascinés par ses petites vanités, ses natures mortes. Il explore les procédés anciens et fait fi de l’aventure du numérique, qu’il trouve sans véritable imagination, ne permettant pas une réelle aventure et un enrichissement intellectuel.
Chaque matin dit-il avec malice, il a la chance de se réveiller avec une idée de sujet, qu’il s’ingénie à mener à son terme, en y consacrant toute son énergie, son temps, sa « débrouillardise » On a l’impression que son imagination est sans limites, à l’instar de ses grandes photos « les fourmis ».
Il nous raconte les réalisations de quelques unes de ses œuvres sans jamais dévoiler le « secret ». Son œuvre est multiple, astucieuse, ironique. On est presque saisi de vertige devant tant d’inventivité et de beauté pure. Inlassablement il nous montre les nippones d’eau, les digiphales, le virage, le rayogramme ou photogramme, les anneaux d’eau, les poussières d’eau, les verres d’eau, le vase, l’éclipse de 99 dans une tasse de café,
Patrick Bailly Maître Grand – Les Vanités

les Véroniques, les Maximilennes, Sirius, le hasard et la nécessité, le pâté d’alouettes, les gemelles, les comas, la mélancolie, son autoportrait en vampire. Sur son site en lien sur mon blog,  vous pouvez retrouver toutes les photos,
Nous tombons tous en amour devant Endroit en verre, j’en oublie beaucoup. Il nous fait une démonstration rapide de la caméra oscura. Je commence à gamberger devant les herbes….
Pendant des mois, les herbes de PBMG ont hanté mon imagination, je les voyais chez moi, sur mon mur blanc, zen, propices à la réflexion calme. Mais il me fallait créer un cadre digne de les acquérir. Un beau jour c’est arrivé, j’ai réussi à convaincre ma moitié d’aller à la rencontre de PBMG, d’acquérir enfin les Herbes convoitées.
Depuis je les salue au quotidien, je recherche les détails, les petites bestioles prises dans le faisceau du rayogramme. Quand mon moral est en baisse, il me suffit de les regarder pour que le calme et la sérénité m’inondent. Son oeuvre s’est continuée toujours aussi inventive et mystérieuse, montrant une intelligence du regard.
Magicien de la photographie, Patrick Bailly est un Grand Maître. Jamais patronyme n’a été si bien porté.
PBMG de souligner la phrase de Walter Benjamin  et son analyse de l’image photographique et de souscrire à la phrase d’un photographe américain, Harry Callahan :
« je photographie les choses pour voir à quoi elles ressemblent une fois que je les ai photgraphiées »
raisonnement qu’il considère unique de ce qu’est une photographie, un éclairage du regard.
La conférencière a cité Janus avec à propos, je lui préfère l’orchidée de PBMG  (photo )   de vœux de bonne année, sa signification  fortement érotique, sa grande richesse d’expression, sa merveilleuse fantaisie qui la caractérise est le symbole du désir d’amour et de plaisir. Sa zygomorphie m’offre une opportunité que je saisis avec plaisir pour vous parler de Laurence Demaison.

D’après ses photographies et son catalogue, je la voyais très grande et blonde, mais à ma grande surprise elle est plutôt grande certes mais brune. Telle l’omniprésente Cindy  Sherman, elle se transforme, se travestit, avec des perruques, des vêtements,  des masques, le visage et le corps ensanglantés, quelques fois gore, le rêve de presque toutes les femmes, d’être toutes les femmes, chaque fois une autre, tout en étant la même. Le travail photographique de Laurence Demaison est exclusivement constitué d’autoportraits (sauf  les séries « Radiopthérapie » et « Si j’avais su »).
Laurence Demaison

Les techniques utilisées – prise de vue, développement, tirage – sont argentiques et réalisées par l’auteur. Aucune manipulation particulière n’intervient au-delà de la prise de vue (sauf inversion chimique des films pour certaines séries)
Son travail orienté sur son corps, sur sa nudité où se mêlent érotisme, mystère, féminité, désir de choquer, réminiscences d’enfance, autobiographie ? C’est à elle de répondre, invisible, tout en étant visible et lisible ?  Ne dit-on pas que chaque artiste dans son œuvre fait son autoportrait, alors Laurence Demaison qui êtes-vous réellement ?
Photographies, dessins et peintures, tantôt  superposés, tous les possibles lui appartiennent.
Robert Cahen
Robert Cahen – L’eau qui tombe

« C’est en regardant longtemps de l’eau tomber, et en écoutant le bruit de sa chute, que le temps semble s’arrêter ».
Robert Cahen

La vidéo est dans une certaine mesure comparable à une lanterne magique, objet proustien grâce auquel l’enfant qui est en l’homme peut projeter des images sur les murs de sa chambre, se raconter des histoires pour échapper au temps ; mais l’artiste, lui, connaît le secret du monde, et les vidéos de Robert Cahen le révèlent comme les derniers mots de :  À la recherche du temps perdu
Stephan Audeguy


Robert Cahen, rebaptisé sans son autorisation RKN, le monde entier connaît sa haute silhouette vêtue de noir, boucles devenues blanches, yeux bleus au regard soutenu, à la démarche virevoltante, voire flottante. RKN à l’image de certains oiseaux migrateurs qui voguent d’un continent, l’autre, à la rencontre de la beauté et de la poésie du monde, qui sont au cœur du travail de RKN. Mais qu’est-ce qui fait courir RKN ?
Il n’est jamais à court d’idées, un projet à Macao juxtapose un autre en Colombie.

Robert Cahen Artiste vidéo

Du pôle nord, à l’équateur, en passant par l’Asie, les Etats Unis,  l’Europe, l’Alsace,  aux antipodes du monde, tout l’intéresse. Les traces de ses envolées sont visibles. Son œuvre vidéo est là pour nous montrer ses voyages et la réalité qu’il en extrait.  Dans ses nombreux voyages, il regarde défiler, le paysage, les gens. C’est ainsi que l’on croit percevoir, des souvenirs d’enfance, de vie d’adultes de tous âges, de toutes nationalités, avec une préférence pour l’Asie, des références cinématographiques à Hitchcock teintées d’érotisme, de fétichisme. Ce sont des rencontres, des apparitions, des disparitions,  qui évoquent le passage éphémère des choses et du temps. Ce temps suspendu, étiré, proustien dixit Stephan Audeguy, saturnien, onirique, où les personnages effectuent des passages, pour devenir flou avant de disparaître.
Les images sont musicales, les sons qui les accompagnent sont une évidence, le compositeur de musique concrète a rejoint l’œil du cinéaste, non pas comme dans un documentaire, mais dans un conte de souvenirs, une invitation à voir et regarder les choses, la beauté du monde, par le prisme du poète.
Dans un temps ralenti, arrêté,  pour mieux voir et en même temps nous faire toucher du regard, sinon de la conscience de l’éphémère de la vie. De l’eau qui coule, des corps qui flottent, comme le temps, la vie qui s’écoulent de façon immuable. Par cela même c’est une évocation constante de la mort, voire d’êtres chers disparus.
Contempler, pour en extraire les grâces, il a inventé un rapport à la beauté du monde. Affinité touchante avec les estampes, un désir de rendre au monde sa réalité, un rapport au temps et à l’éternité, tout en nous emmenant dans son voyage dans l’imaginaire.
C’est un personnage touchant, aux rêves communicatifs, ses amis du monde entier peuvent témoigner de sa curiosité, de sa cordialité, de son amabilité, et de son ouverture au monde,  dans la conception de  Hou Hanru, du multiculturalisme, de la mondialisation passive et de sa théorie :
« La force des artistes réside avant tout dans leur capacité à bousculer les concepts de frontières, de fermeture », « L’art est, par définition, synonyme d’ouverture et de main tendue », si simples et si terribles : tout est dans le temps. »
Hou Hanru.
Photos 1 et 2 Site de PBMG
autres photos et vidéos de l’auteur
clic sur les photos pour les agrandir

Sommaire d'octobre 2011

03 octobre 2011 : Cadavres exquis
04 octobre 2011 : Encore Une /  Eine noch  = Sélest’Art 2011
06 octobre 2011 : Le surréalisme à Paris à la Fondation Beyeler
07 octobre 2011 : Tra au Palazzo Fortuny de Venise
16 octobre 2011 : Bientôt le métal entre nous sera changé en or
20 octobre 2011 : Bernard Latuner – Peplum au musée des Beaux Arts
22 octobre 2011 : Le musée Würth Erstein se met au verre…contemporain