Carte blanche à Philippe Parreno au Palais de Tokyo
se termine le 12 janvier 2014
« L’exposition est conçue comme un espace scripté, comme un automate, produisant différentes temporalités, un rythme, un parcours, une durée. Le visiteur est guidé à travers les espaces par l’apparition et l’orchestration de sons et d’images… Une chorégraphie mentale », résume Philippe Parreno.
Depuis les années 1990, l’artiste Philippe Parreno, figure éminente de la scène artistique internationale, doit sa renommée à l’originalité de son travail et à la diversité de ses pratiques (cinéma, sculpture, performance, dessin, texte etc…)
Il était l’invité en 2013 de la Fondation Beyeler en 2012, où il a montré un partie de son travail. Il envisage l’exposition comme un médium, un objet à part entière, une expérience dont il explore toutes les possibilités. Sa démarche volontiers collective permet de repousser les limites traditionnelles de la création. Les hypothèses de travail formulées à ces occasions ont eu une influence considérable sur sa génération et la présente exposition retient quelques unes de ces collaborations : Nicolas Becker, Liam Gillick, Dominique Gonzalez-Foerster, Douglas Gordon, Pierre Huyghe, Darius Khonji, Randall Peacock, Tino Sehgal. Philippe Parreno est le premier artiste a occupé seul l’intégralité des espaces agrandis du Palais de Tokyo.
Dès l’entrée extérieure le parcours commence en passant par un auvent lumineux
« Marquee », denue sculpture, (marquises) comme celles que l’on trouve à l’entrée des cinémas sur lesquels sont écrits les titres te le noms des acteurs des films. Dans l’exposition on en retrouve une belle série,(vidéo) transparentes et lumineuses qui jouent une partition, c’est la musique de l’électricité (PP), rythmées par des percussions.
Un écran lumineux, guide de l’exposition se trouve à l’accueil, les silhouettes du personnel et des visiteurs apparaissent à contre jour. Les hautes fenêtres sont recouvertes d’un film qui floute la vision. C’est une ambiance de fête, dans les couloirs, dans les escaliers sont accrochées des lumières qui clignotent, en fait 56 lumières qui correspondent aux 56 mouvements de Petrouchka, cœur battant du parcours. (l’histoire d’une poupée mécanique aux amours malheureux)
Chacune clignotant selon le tempo de chaque mouvement.
Les cartels affichent les titres, mais aussi des mots, des dessins, des images. Le parcours de l’exposition est rythmé selon Petrouchka, scènes burlesques en quatre tableaux de d’Igor Stravinsky. Cette pièce interprétée par le pianiste Mikhaïl Rudy découpe l’exposition, quatre pianos (vidéo),
selon une mécanique d’horlogerie, vous surprennent par ce que les touches s’activent seul. Il faut un moment pour comprendre l’ingéniosité de l’organisation magique.
How Can We Now The Dancer From The Dance ,
dans la rotonde, sur une scène les visiteurs peuvent entendre les pas de danseurs qui se déplacent, ce sont les fantômes de la troupe du danseur américain Merce Cunnigham, dont on peut voir aussi les dessins, cachés dans un lieu, derrière une bibliothèque qui s’ouvre
manipulée par les visiteurs.
Le film Marilyn (vidéo)déjà vu chez Beyeler, est le portrait d’un fantôme de Marilyn. Il a reconstitué la suite du Waldorf Astoria à New York, que la star a occupé dans les années 50. On découvre les lieux à travers les yeux de l’actrice, un ordinateur reconstitue sa voix, un robot reconstitue son écriture, on entend un téléphone, la pluie, un orage. On sent les vibrations, la présence de l’actrice, sans jamais la voir, c’est très émouvant. A la fin du film quand l’écran se rallume apparaît un paysage de neige. Un DVD est offert contenant le film sur Marilyn, la bande s’efface après visionnage. A un autre étage est exposé, un robot qui reproduit l’écriture de Marilyn , comme une réminiscence de l’image. Il reproduit inlassablement une lettre et des dessins de l’actrice.
TV Channel On y voit une série d’œuvres phares : Anna (1993), plan-séquence sur le visage d’un nouveau-né recomposé sur un immense « écran » d’ampoules Led, éteintes ou allumées, jouant des vides et des pleins ; Fleurs, No More Reality, Alen Seasons, The Writer. les Marquees (2007-2013), ensemble de panneaux lumineux surplombant les entrées de casino et autres théâtres, qui composent des jeux d’ombres et de lumières sonores ; ou Anywhere out of the world (2000), docu-fiction représentant le manga Annlee, dont les droits furent rachetés par Philippe Parreno et son complice Pierre Huyghe afin d’extraire le personnage de fiction de l’industrie du divertissement qui l’avait créé. Au sous-sol, on ne peut qu’être attiré par : Zidane En 2006, il réalisa avec un autre artiste, l’Ecossais Douglas Gordon, un film sur Zidane, produit par une riche mécène, un grand clip sans paroles d’une heure et demie, qui avait été montré à Art Basel en 2011, 17 caméras focalisé sur la légende du foot du 20 e s. C’est totalement spectaculaire, on est immergé dans le mouvement même si comme moi, on apprécie peu le foot
C’est un parcours en noir et blanc, tout à fait spectaculaire, une expérience totale, un art protéiforme qui sème le trouble, et excite la curiosité. Le thème de l’invisible et de la disparition hante son œuvre, il les met en scène en de complexes dispositifs. L’exposition entière se comporte , comme un automate, où des œuvres se déclenchent, pendant que d’autres s’arrêtent, se court-circuitent, rythmée par d’étranges synchronisations. Le public créé sa propre musique en se déplaçant, en s’approchant en s’éloignant des objets dans l’exposition, dont il est son propre chef d’orchestre. Cette dramaturgie minutée de la perception laisse une grande liberté aux visiteurs, dont l’imaginaire est libéré. C’est, aussi, l’art de savoir se perdre dans les espaces-temps imaginés par l’artiste, dont les vides, les noirs et les silences ne sont pas les moins remarquables.
photos et vidéos de l’auteur
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