Vous avez pu voir ses photos dans le mensuel NOVO, la page centrale que j’avais intitulée « playmate ».
Sa Lampgirl éclairait l’intimité du Kunsthaus L 6 de Freiburg, pendant la Regionale 2010.
Déconstruire / reconstruire, une image de la femme
À dix ans, Marianne Maric s’enfuit en pleine nuit par la fenêtre de sa chambre après avoir vu L’Enfant sauvage de Truffaut à la télévision. Au bout de quelques heures passées toute seule dans la forêt de la Hardt à observer le manège des sangliers en rut et les combats de cerfs, elle s’endort au bord d’un ruisseau. Au petitmatin, elle est découverte inanimée par un garde forestier qui la ramène à la vie avant de la raccompagner chez ses parents, lesquels ne s’étaient même pas aperçus de sa disparition.
Après cet épisode marquant, Marianne se jure de tout faire pour devenir artiste, afin de réaliser ses fantasmes les plus fous, sans que plus jamais personne ne puisse la ramener à la raison. Quinze ans plus tard, une heure après avoir obtenu le diplôme de l’école supérieure des beaux-arts de Nancy qui lui ouvre grandes les portes de l’inconnu, elle croit reconnaître le garde forestier qui lui a sauvé la vie en couverture d’un magazine pornographique.
Choquée, Marianne décide de retourner au coeur de la forêt munie de son appareil photographique pour tenter de comprendre le monde cruel des hommes. C’est là le point de départ d’un travail influencé à la fois par la photo de mode adulte, les contes de fées de l’enfance et les blessures secrètes de l’adolescence.
PHILIPPE SCHWEYER
«Depuis que j’ai commencé à faire de la photographie il y a sept ans, je prends mes amies proches pour unique modèle. Mon travail, qui consistait au départ à les photographier dans des mises en scène sophistiquées, généralement situées en extérieur, a glissé vers une approche plus tridimensionnelle du corps de la femme, que j’ai envisagé comme une sculpture. La photographie est aussi pour moi un moyen de suspendre le temps. Mes amies perdent leur identité, on ne voit jamais leur visage. Elles ressemblaient à des jouets cassés ;
poupées aux membres disloqués, petits robots brisés. Mon esprit est ensuite devenu une sorte de sanctuaire dans lequel ces corps objectivés étaient autorisés à reprendre vie. Je les imagine se mouvoir à nouveau lentement, timidement. Ces créatures, que j’ai tout d’abord décidé de figer, je leur redonne vie, au risque qu’elles semblent tout à coup pouvoir échapper à mon contrôle. J’envisage le corps à la manière de William Klein : “une extraordinaire et
fascinante architecture qui vaut vraiment la peine d’être photographiée”. Je tue d’un clic. Initialement je voulais figer ces filles vivantes, maintenant je veux donner vie à ces objets. Cela n’a qu’un seul motif : me permettre de donner une forme au sujet/objet que je veux créer.
Les filles lampes ont tout d’abord été une manière d’incarner une image de la femme transmise dans notre “société du spectacle”. Puis ce travail s’est inscrit dans un projet plus large, une fois le costume terminé, un modèle “vivant” s’en vêtissait puis prenait place sur une base pivotante blanche dans une salle obscure. Le publicavait le choix d’allumer ou non la lampe, la fille, la pièce… J’ai voulu immortaliser cet instant, ce moment où la femme devient une simple pièce de mobilier. C’est ainsi que sont nées ces photographies.»
MARIANNE MARIC
photo 1 de l’auteur
photos 2 et 3 courtoisie de l’artiste
extrait de la revue « Le Regardeur »
Le Regardeur, art contemporain dans le Lot
est édité par le Conseil Général du Lot et diffusé gratuitement.
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