Une fois encore, le Crac Alsace étonne par son choix diversifié, étonnant, détonnant. A nouveau, l’équipe de Sophie Kaplan a réussi son pari de réunir des talents à l’imagination plus que fertile. Dans le 1er volet de « Waoohhh, Le merveilleux dans l’art contemporain », treize artistes de la scène internationale proposent leur vision de notre société et nous plongent dans leur monde singulier rempli de rêves et de science-fiction.
Si les locaux du Crac ont subi une grande rénovation, en entrant, à peine franchi les quelques marches, le spectateur se dit que les travaux sont loin d’être achevés. En lieu et place du bureau d’accueil, sur un amas de gravier et de terre des centaines d’araignées lumineuses tentent de gravir le monticule. À y regarder de plus près, c’est d’une œuvre dont il s’agit : « Araignées ». Celle d’un jeune Suisse, Vincent Kohler qui, du haut de ses 21 ans, se fait un malin plaisir à surprendre. Il met en scène un curieuse montagne, plutôt un rocher fumant, grondant, un volcan en phase menaçante, portant bien son titre inquiétant de « rocher du diable ».
L’Anglaise Zoë Mendelson a recréé une salle de classe. « La cyclo teacher », une fresque avec des éléments hétéroclites et des pupitres en carton.
En arrivant au premier étage, le titre de l’exposition vous apparaît de façon lumineuse, » Waoohhh » devant un gigantesque haricot vert jubilatoire, une exubérance qui envahit la grande salle, dévore l’espace.
Son auteur, le Portugais João Pedro Vale, est influencé par les contes de fées,mais c’est aussi une avant première de la Forêt Enchantée d’Altkirch.
Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen ont dessiné à quatre mains des œuvres fantastico-loufoques qui répondent aux sculptures de Johnston Foster qui a l’art de recycler nos déchets en nous interpellant sur notre société de consommation, corne d’abondance d’où dégouline un amas hétéroclyte, telle une nature morte. Ou encore une autre compostion faite de club de golf surmontée d’un oiseau peut-être cible du chasseur « Rangerdanger »
Stéphane Thidet de retour au Crac, mais aussi présent à la FIAC, dessine sur un billard une montagne lieu d’une très haute valeur symbolique inaccessible au commun des mortels et pourtant si poétique. Une sorte de quête d’un ailleurs. Il nous précise
« le titre pourrait théoriquement exister au milieu de cette table »
Le facétieux Pierrick Sorin réalise des courts-métrages et des dispositifs visuels dans lesquels il questionne avec humour et désespoir, tel un leitmotiv sous-jacent, la condition humaine, la place et le rôle de l’artiste ainsi que le processus créatif. Pour se faire, il adopte une démarche intellectuelle et humoristique à la croisée de la magie et du burlesque. Il n’a de cesse de manipuler les codes de l’audiovisuel et de détourner les stéréotypes. Acteur principal de ses oeuvres, il investit le rôle de l’antihéros dans des situations absurdes et
facétieuses, autant de clins d’oeil aux illustres Buster Keaton, Jacques Tati et, plus récemment, Mister Bean. S’inscrivant dans l’héritage d’Emile Raynaud, Pierrick Sorin réinvente avec fantaisie les Petits théâtres optiques, où, à l’image des hologrammes, des personnages filmés évoluent dans de vrais décors et des objets réels.
Juste pour vous donner envie de voir la suite…
Son DJ vaut son pesant de dérision.
Entre contes et mythes, nouvelles technologies et science-fiction, l’oeuvre de Nicolas Darrot dessine les contours d’un monde imaginaire peuplé de chimères et d’automates. Dans cette « fantaisie » à la fois ludique et poétique, l’artiste raconte l’histoire de métamorphoses impossibles et explore une réalité ambiguë, nourrie par un imaginaire où se côtoient différents univers. Le Cerf Macroterminitae, subtile référence à l’imagerie religieuse médiévale du Christ en croix, est un automate dissimulé sous un voile qui, dans un enchaînement de mouvements mécaniques, se dresse peu à peu, jusqu’à pouvoir entièrement tourner la tête vers le ciel. Le merveilleux à l’œuvre dans la pièce de Darrot se rapproche de la conception médiévale, où la merveille relève indifféremment du miracle chrétien, de la magie ou de la mécanique et où l’art de l’enchanteur et celui de l’ingénieur sont mal différenciés.<br />Alice Anderson Dans ses films comme dans ses photographies, l’artiste franco-anglaise Alice Anderson revisite et invente des contes fantasmagoriques à la frontière entre réel et imaginaire, perversité et innocence, rêve et cauchemar. À travers ses histoires merveilleuses dont les hommes sont le plus souvent absents, elle décrit la cruauté des relations mère fille et interroge l’identité féminine. Les « contes freudiens » d’Alice sont des miroirs déformants qui reflètent les images multiples de ses héroïnes, d’elle-même et de chacun d’entre nous. Ses oeuvres révèlent la dualité essentielle du conte : derrière la fantaisie et le jeu se cache une réalité amère » (d’après Maud Jacquin). Dans la vidéo Bluebeard, Barbe Bleue est une femme. Elle habite seule dans une grande demeure. Un jour, une mère et son jeune fils (l’interprète est féminine) frappent à la porte. Barbe bleue les accueille. La fable qui se déroule alors est la scène où se nouent et dénouent de troubles relations entre les trois protagonistes. Une autre photographie évoque Peter Pan.<br />Jouant de contrastes et d’oxymores, Christian Gonzenbach explore un univers qui se situe à la frontière du poétique et de l’effrayant, du quotidien et de l’extraordinaire, et où, peu à peu, tout semble changer de sens. Dans Waoohhh!, à l’instar des trophées de chasse, Christian Gonzenbach accroche aux murs ses Ordinary Tales, peaux de lapin gravées au laser. Entre tragédie et ironie, les Ordinary Tales narrent les aventures du Lapin Géant, issues de contes et légendes populaires et d’imageries collectives largement réinterprétés. Ainsi, en King-Kong, chassé par Diane, crée par Frankenstein ou encore terrassé par Saint-Georges, le lapin s’approprie différents rôles, à la fois drôles et sordides, qui l’inscrivent dans un cycle de vie et de mort.
Les caniches géants de Michel Blazy avec leur pelage en mousse à raser semblent être fascinés par les bêtes terrestres et aquatiques de Bruno Pelassy qu’un simple son rend à la vie, au grand plaisir des tout petits.
Fiers Caniches éphémères qui demandent un toilettage et une surveillance quasi quotidienne à la dynamique équipe du Crac.
photos et 1ière vidéo de l’auteur
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