DE REMBRANDT À VAN GOGH COLLECTION ARMAND HAMMER Hammer Museum, Los Angeles

Paul Gauguin, Bonjour Monsieur Gauguin, 1889

Oil on canvas and panel. 29 1/2 x 21 9/16 x 3/4 in. (74.9 x 54.8 x 1.9 cm). The Armand Hammer Collection, Gift of the Armand Hammer Foundation. Hammer Museum, Los Angeles.



A la FONDATION PIERRE GIANADDA, MARTIGNY SUISSE
DE REMBRANDT À VAN GOGH-COLLECTION ARMAND HAMMER
Hammer Museum, Los Angeles, jusqu'au – 2 décembre 2025

Commissariat de l’exposition
Cynthia Burlingham, directrice adjointe, responsable des collections
Naoko Takahatake, directrice, conservatrice en chef, Grunwald Center for the Graphic Arts

LA FONDATION PIERRE GIANADDA À L’HEURE CALIFORNIENNE

Cet été, la Fondation Pierre Gianadda, s’offre un petit air californien. En effet une quarantaine d’œuvres de peintres célèbres traversent l’Atlantique, certaines pour la première fois, pour faire vibrer les cimaises de la Fondation avec un panel impressionnant de tableaux allant de Rembrandt à Van Gogh !
Les grands artistes de la peinture française représentent avec brio cette collection tels Fragonard, Chardin, Corot, Boudin, Manet, Degas, Renoir, Monet, Sisley, Bonnard, Vuillard et bien d’autres encore, notamment Américains, tous issus du Hammer Museum de l’université de Californie à Los Angeles. (UCLA)

LA COLLECTION ARMAND HAMMER AU MUSÉE HAMMER DE L’UNIVERITÉ DE CALIFORNIE À
LOS ANGELES : UN GRAND VOYAGE DANS LE TEMPS

Le musée Armand Hammer de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) héberge de remarquables œuvres d’art européennes et américaines qui reflètent la vision et la passion de son fondateur Armand Hammer (1898-1990), homme d’affaires et philanthrope. Ce dernier achète tout au long de sa vie des peintures, des sculptures, des pastels, des gravures etc. qui constituent aujourd’hui la collection Armand Hammer et la collection Armand Hammer
Daumier et ses contemporains, dont la Fondation présente une sélection.
Cet ensemble permet de traverser les grands mouvements de l’art occidental depuis la Renaissance jusqu’au début du XXe siècle. Toutes ces œuvres témoignent de leur époque, du contexte social, économique et politique comme des grandes innovations et découvertes.
Pour Armand Hammer, sa collection exprime 


« une tentative de réunir certaines des représentations de la condition, des plaisirs et des rêves humains ».
Il précise :
« J’éprouve le profond besoin de partager avec d’autres le magnifique spectacle, l’enthousiasme et la joie que ces œuvres d’art m’ont procurés ».

ARMAND HAMMER UN DESTIN HORS DU COMMUN, AMATEUR D’ART ET GALERISTE

Hammer naît à New York en 1898 d’une mère russe et d’un père russo-américain de la première génération. Doté d’un diplôme de la faculté de médecine et de chirurgie de l’université de Columbia, il se rend au début des années 1920 en Union soviétique. Il y représente les intérêts de la compagnie pharmaceutique familiale. Sa mission consiste également à fournir une assistance médicale lors d’une épidémie de typhus dans l’Oural, pour
laquelle il apporte une ambulance et un hôpital de campagne achetés au gouvernement américain. Très vite, il prend conscience de la famine qui frappe la région et de la nécessité d’une aide alimentaire. Avec l’accord du soviet local, il négocie un accord commercial en vertu duquel il importe des céréales des Etats-Unis en échange de produits russes acheminés outre Atlantique. Hammer passe neuf ans en Union soviétique avant de s’établir brièvement à Paris
puis rentrer dans son pays. Durant son long séjour moscovite, il réside dans un palais loué et cherche de quoi garnir des vastes pièces et décorer des murs vierges. Ainsi naît sa passion de la collection qu’il qualifiera plus tard de
« chasse » et de « joie ». Son jeune frère Victor, diplômé en histoire de l’art de l’université de Princeton, le conseille dans ses premiers achats, notamment des meubles français du XVIIIe siècle, de la porcelaine de Sèvres et de la joaillerie
de Fabergé. Vers 1928 les deux frères associés à une galerie new-yorkaise, la reprennent en leur nom et donnent ainsi naissance aux Hammer Galleries dirigées par Victor jusqu’à sa mort en 1985.

ARMAND HAMMER UN HOMME D’AFFAIRES DYNAMIQUE, COLLECTIONNEUR PASSIONNÉ
ET MÉCÈNE

Au fil des ans, Armand Hammer se lance dans de multiples affaires : il distille du whisky, produit des aliments pour bétail dont il pratique l’élevage, fabrique des stylos, fore des puits de pétrole…Mais il se consacre aussi à sa collection d’œuvres d’art, dont la qualité grandit à mesure des achats et des ventes. C’est auprès de galeries parisiennes et new-yorkaises, notamment chez Knoedler, celle de Georges Petit, chez Wildenstein et dans les grandes maisons de vente aux enchères comme Christie’s, Parke-Bernet et Sotheby’s qu’il fait ses
emplettes ! Hammer constitue sa collection dans l’intention de l’ouvrir au public et de la faire voyager, ce qui donne lieu à de maintes expositions. Il effectue également des dons importants aux musées et d’autres institutions.

LE MUSÉE HAMMER ET SES COLLECTIONS : DE LA RENAISSANCE AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE

La collection Armand Hammer et la collection Armand Hammer Daumier et ses
contemporains, concourent à la création du musée Hammer qui a été créé au décès de Armand Hammer en 1990. Exposées au départ au musée d’art du comté de Los Angeles, à l’heure actuelle, toutes ces œuvres exceptionnelles se trouvent dans le musée Hammer construit par le collectionneur en 1988 et inauguré en 1990. Il se situe dans le quartier de Westwood et le bâtiment, conçu par Edward Larrabee Barnes affiche une façade quelque peu austère, mais à l’intérieur on découvre une sorte de palais avec des galeries centrées autour
d’une cour.
Le large spectre et la variété des œuvres présentées témoignent de la quête très personnelle d’Armand Hammer et la nature de ses goûts. En effet, la collection parcourt quatre siècles, de la Renaissance au début du XXe siècle, avec une prédominance à l’art français, surtout celui du XIXe siècle. Des artistes américains remarquables complètent cet ensemble. Quelques œuvres
anciennes signées de peintres majeurs tels Titien (1488-1576), Rembrandt (1606-1659), Chardin (1699-1779), Fragonard (1732-1806) ou Goya (1746-1828) apportent un intérêt supplémentaire à la collection. 

LA COLLECTION ARMAND HAMMER DAUMIER ET SES CONTEMPORAINS

Cette collection s’inscrit aussi dans le fonds permanent du musée Hammer de l’UCLA et recèle quelques quatre mille lithographies et avec ses sept mille cinq cents œuvres, il s’agit, hors de la France, de l’un des fonds les plus importants de peintures, de dessins, de sculptures et lithographies de Daumier. Cet incroyable patrimoine de ce caricaturiste de génie, participe du désir d’Armand Hammer de rassembler un témoignage le plus exhaustif possible de l’œuvre
de Daumier.

DE QUELQUES TABLEAUX : REMBRANDT : JUNON PROCHE D’UN TEMPLE DÉDIÉ
NOTAMMENT À MERCURE

Junon, déesse romaine, épouse de Jupiter, protectrice du mariage, peinte en majesté par Rembrandt, peut-être est-ce la première fois qu’elle règne sur des cimaises, proche d’un temple gallo-romain, d’une stèle dédiée à Mercure, de statues en marbre d’Hercule et d’Apollon ! La voilà représentée dans un format presque carré, une huile sur toile datée vers 1662-1665. Imposante, habillée et couronnée comme une princesse néerlandaise du XVIIe siècle, une chaire lumineuse mise en exergue par ce fond sombre, tenant son sceptre, Symbole
de son autorité en tant que reine des dieux et, à l’époque de Rembrandt, symbole de richesse (avec le paon).

VAN GOGH : ADMIRATEUR DE SON COMPATRIOTE REMBRANDT

On enchaîne avec Van Gogh, dont on connaît l’admiration pour le rendu de la lumière chez Rembrandt. Foin de mythologie avec le peintre d’Arles et son tableau Le Semeur, huile sur toile de 1888. Van Gogh interprète la peinture éponyme de Millet. En action, une silhouette brossée avec un trait dynamique et elliptique qui répand, avec un geste ample, une terre dans les tons bleus tracés avec des coups de pinceaux énergiques. Une ligne d’horizon portée très
haut, avec des cheminées fumantes qui témoignent de l’industrialisation, en contraste avec l’humilité du Semeur, en communion avec son champ.

LA COLLECTION SE CONJUGUE AVEC DE GRANDS ARTISTES FRANÇAIS

Jean-Siméon Chardin, artiste hors du temps, présent avec Les Attributs de la peinture, 1730/1732. Il met en valeur ses pinceaux, ses pots et une toile roulée en attente, dans une nature morte révélée avec une harmonie discrète en nous convoquant dans son monde silencieux.

On avance dans le temps avec Eugène Boudin, peintre reconnu pour ses marines et surtout précurseur des impressionnistes, un des premiers pleinairistes, signe un tableau
Des Voiliers dans le port, 1869, où les bateaux sont à quai dans une mer menacée par de lourds nuages. Camille Corot, un des fondateurs de l’école de Barbizon, avec sa Vue lointaine sur la cathédrale de Mantes, peint cette cathédrale devinée au fond d’un paysage, point de vue assez courant chez Corot. Et puis Gustave Moreau, surnommé « le prince des symbolistes français » avec une représentation palpitante de Salomé dansant devant Hérode, 1876, nous
entraîne dans un monde féérique, orientalisant, ornementé d’orfèvrerie dans un décor mauresque !

LES VIBRATIONS IMPRESSIONNISTES PRÉSENTES CHEZ HAMMER

Et, nous voilà avec quelques impressionnistes célèbres : Claude Monet, avec Vue sur Bordighera, 1884, livre ici un paysage luxuriant, une végétation dense qui domine cette ville haute de Bordighera baignée d’une lumière méditerranéenne ; la mer et le ciel ferment le paysage, le tout exprimé avec la touche fragmentée et dynamique de ce peintre de Normandie.

Changement de décor avec Boulevard de Montmartre, Mardi gras, 1807, œuvre
de Camille Pissarro qui brosse avec une belle expressivité l’animation de la
« procession » du mardi gras. Les danseuses, thème privilégié d’Edgar Degas, qu’il aime montrer sans artifice souvent loin des feux de la scène. Avec La Loge du théâtre au premier plan, en contrepoint une spectatrice dans sa loge dans l’ombre, puis un cadrage surprenant dévoile des ballerines en « grappe », toutes en mouvement et en grâce !

FANTIN-LATOUR, GAUGUIN

Passons à un artiste, éloigné des innovations artistiques, Henri Fantin-Latour qui signe une nature morte Pivoines dans un vase bleu et blanc, 1872, dont le dépouillement met mieux en valeur le rendu admirable de la texture des fleurs. Paul Gauguin séjourne en Bretagne où se trouve un cercle d’artistes. Au Pouldu, en 1889, avec Bonjour Monsieur Gauguin, faisant allusion bien sûr à l’œuvre de Courbet, mais la rencontre se révèle ici moins chaleureuse,
l’artiste dans son grand manteau, solitaire, ne s’intéresse pas à la Bretonne. Une clôture les sépare. Des touches dynamiques en faisceau contrastent avec les aplats.
Cézanne


Et encore Henri de Toulouse-Lautrec et ses thèmes qui fleurent bon l’ambiance des maisons closes, les nabis Edouard Vuillard et Pierre Bonnard. Ce dernier nommé le « nabi japonard » en raison de son goût pour l’art japonais. Sa Scène de rue de 1902, par son jeu de composition novateur et sa palette caractéristique représente un lieu et un moment définis. Sa peinture épasse la simple transcription d’une expérience visuelle. 

UN ENSEMBLE EXCEPTIONNEL DE SCULPTURES DE DAUMIER

Honoré Daumier l’observateur pointu de la vie sociale et politique de la France du XIXe siècle, conçoit ces figures en terre. Les seize personnages exposés à la Fondation, se révèlent une partie d’un ensemble de trente-six pièces fondues en bronze entre 1929 et 1948 dans les moules de FixMasseau. Daumier caricature les politiciens du début de la Monarchie de Juillet qui porte
Louis-Philippe au pouvoir (1830-1848). Il s’agit de portrait-charge exécuté par Daumier avec son réalisme outrancier et son esprit républicain.

Ce lot exceptionnel de bronzes de Daumier, participe du fonds permanent du Hammer Museum rassemblé par Armand Hammer avec passion.
Et enfin la divine Sarah Bernhardt admirablement brossée par le Belge Alfred Stevens en 1885.

De Rembrandt à Van Gogh, une exposition qui se parcourt comme une balade éclectique dans les siècles et au cours de laquelle, le public peut admirer des toiles renommées de maîtres européens et américains embellissant les cimaises de la Fondation Pierre Gianadda. Toutes ces œuvres honorent le collectionneur et mécène Armand Hammer.
Antoinette de Wolff

Informations pratiques

Fondation Pierre Gianadda Téléphone : +41 (0) 27 722 39 78
Rue du Forum 59   Site internet : www.gianadda.ch Mail : info@gianadda.ch
1920 Martigny (Suisse)
Jours et horaires d’ouverture
Tous les jours de 9h00 à 18h00
Visites commentées en principe les mercredis à 19h00
Au tarif normal, sans supplément (dates à consulter sur notre site Internet)

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

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