Fantômes – Sur les traces du surnaturel

Jusqu'au 8 mars 2026, le Kunstmuseum Basel | Neubau, présente Ghosts
Curatrice : Eva Reifert directrice Elena Filipovic

« Les fantômes sont les miroirs de l’époque. Ils reflètent nos inquiétudes, évoluent avec le flot des tendances culturelles et se fondent dans l’ambiance de l’époque. »
Susan Owens

Thomas Schütte

Les fantômes sont omniprésents. Ils abondent dans la culture visuelle, des blockbusters hollywoodiens à l’instar de Ghostbusters (1984) au cinéma indépendant comme All of Us Strangers (2023). Ils hantent les écrans, les scènes de théâtre et les livres : la littérature, le folklore et les mythes sont habités par des esprits qui refusent de nous laisser en paix.
De tout temps, ils ont également hanté l’art. Êtres de l’entre-deux, les fantômes sont des intermédiaires entre les mondes, entre le haut et le bas, la vie et la mort, l’horreur et l’humour, le bien et le mal, le visible et l’invisible. Chaque tentative de les représenter, de les enregistrer ou de communiquer avec eux relève ainsi d’un défi cognitif et provoque des émotions fortes.
Cet automne et cet hiver, le Kunstmuseum Basel consacre une exposition temporaire d’envergure à ces êtres insondables. Avec plus de 160 œuvres et objets conçus ces 250 dernières années, Fantômes. Sur les traces du surnaturel explore la riche culture visuelle qui s’est développée autour des fantômes dans le monde occidental au 19e siècle.

Ryan Gander
– sous l’impulsion de la fusion de la science, du spiritualisme et des médias populaires, qui n’a cessé depuis d’inspirer les artistes.
Aujourd’hui, le 19e siècle est principalement perçu comme l’âge d’or de la rationalité, de la science et de la technologie, mais la croyance aux fantômes et aux apparitions y était également à son apogée. Dans la seconde moitié du siècle, les fantômes devinrent un moyen de se rapprocher de l’exploration de la psyché et d’ouvrir de nouveaux accès à la vie intérieure humaine. Le romantisme ayant éveillé le désir de spectacles et d’émerveillement, la croyance aux fantômes fut accompagnée d’innovations technologiques et de techniques d’illusion, à l’instar de la technique théâtrale du
Pepper’s Ghost.

Photo Paul Benney
L’invention de la photographie vers 1830 favorisa l’essor de la photographie de fantômes avec des représentants majeurs comme William H. Mumler aux États-Unis et plus tard William Hope en Angleterre. Leurs photographies, qui font réapparaître des personnes bien-aimées et qui semblent promettre une vie après la mort, influencent sensiblement la manière dont nous nous représentons les fantômes aujourd’hui encore.

Albert Freiherr von Schrenck-Notzing,

« baron des fantômes » munichois – et sans doute le parapsychologue le plus célèbre –, associa les nouvelles techniques photographiques à une approche quasi scientifique afin d’apporter des preuves des apparitions surnaturelles qui survenaient pendant ses séances de spiritisme (qu’un écrivain, et non des moindres, du nom de Thomas Mann a rapportées).

Par conséquent, la photographie de fantômes constitue un chapitre important de l’exposition. Les captations et les images créées par les médiums spirites pour saisir le  contact direct avec le monde des esprits proposent un autre accès. Compte tenu de la proximité entre fantômes et situation psychique exceptionnelle, l’exposition explore en outre le phénomène des apparitions – avec des fantômes dans ses salles. Elle suit les multiples traces visuelles et histoires d’épouvante dans la culture occidentale du 19e siècle, dont les artistes se sont emparés plus tard. Elle intègre avec curiosité des univers
visuels s’étendant au-delà des beaux-arts qui sont devenus des sources d’inspiration particulières pour l’art du 20e siècle.

L’exposition Fantômes. Sur les traces du surnaturel et la publication au look de
magazine qui l’accompagne ont été élaborées en étroite collaboration avec Andreas Fischer et Susan Owens. Fischer travaille à l’IGPP (Institut für Grenzgebiete der Psychologie und Psychohygiene) de Fribourg, en Allemagne. Il est considéré comme l’un des principaux experts dans le domaine de la photographie de fantômes et des phénomènes de matérialisation. En 2017, l’historienne de l’art britannique Susan Owens a écrit le livre The Ghost: A Cultural History dans lequel elle définit avec justesse les fantômes comme « des ombres de l’humanité ». Le projet expositionnel suit les traces de
cette composante humaine sans tenir compte des anges, des esprits de la nature, des démons, etc. À la place, il se concentre sur le potentiel poétique de ce thème, sa force d’inspiration et la fonction métaphorique des fantômes qui permettent de réagir avec critique face au monde contemporain et font surgir le refoulé.


Le fait que les apparitions dont il est question ici interagissent en permanence avec notre imaginaire collectif, voire avec notre inconscient culturel, fait des esprits et des fantômes des êtres d’une puissance immuable – et de l’exposition une expérience surprenante, stimulante et remarquable.
La scénographie a été conçue par Alicja Jelen et Clemens Müller de please don’t touch (Dortmund). Elle vise à ouvrir les sens à de subtiles transformations et à des expériences extrêmes.

Katharina Fritsch
Informations Pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Case postale, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch
Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00
tram n 2  depuis la gare SBB arrêt Kunstmuseum

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

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