Clément Cogitore

Clément Cogitore (site) (* 1983, Colmar), le
Kunsthaus Baselland
présente la première exposition
personnelle en Suisse, de l’actuel lauréat
du Prix Marcel Duchamp 2018.
Exposition en deux temps.

Dans son travail, qui prend de l’ampleur au fil des ans,
le cinéaste et photographe français discute en détail
de la question du rôle des images issues de la publicité,
du divertissement, des réseaux sociaux ou même des rituels,
des secrets et des mondes illusoires, qui jouent un rôle actif
dans la construction des modes de vie.
Clément Cogitore, nous accueille avec une photographie
minimaliste,
(Photographie, C-print contrecollé sur aluminium, 110×60 cm
Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR)
et de la galerie Reinhard Hauff (DE))
une fenêtre (romane ?) qui préfigure sa curiosité et son
esprit ouvert porté sur l’observation du monde,
son goût pour l’iconographie religieuse, le théâtre, le baroque.
Conteur, poète, manipulateur, cet ancien pensionnaire de la
Villa Médicis, aime confronter et mélanger le passé et le présent.


Puis avec Élégies, 2014 (vidéo)
(Vidéo HDCAM – couleur – 6 min
Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR)
et de la galerie Reinhard Hauff (DE))
nous sommes plongés dans une ambiance étrange, signe
des temps, les téléphones ont remplacés les briquets.
Des centaines de petits écrans lumineux flottent au-dessus
d’une marée humaine : le public d’un concert (secret)
photographie à l’aide de téléphones portables une scène hors-champ.
Comme les sous-titres d’un chant absent, ou de la voix intérieure
d’un narrateur invisible, des vers des
Elégies de Duino” de R.M Rilke rythment ce gigantesque
élan collectif aux airs de liturgie numérique.
Puis dans un court film couleur qui tourne en boucle de 45 secondes
Sans titre
(Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR) et de la galerie
Reinhard Hauff (DE))
Le matériel de départ pour cette vidéo est un plan d’archive
de la grotte Lascaux réalisé dans les années 1980.
Ce court film montre des fresques aujourd’hui disparues ou
gravement dégradées par les champignons. Ces images sont
ensuite projetées dans une petite serre contenant une centaine
de papillons de différentes tailles avec un écran disposé au fond.
Les ailes des papillons se déploient dans la lumière du faisceau
de projection, pour accrocher l’image film au rythme de leur
battement, saisi par la pellicule. Dans cet étrange bestiaire ou
cohabitent traces et images de prédateurs millénaires et insectes
éphéméroptères, plusieurs temporalités s’entrechoquent.
extrait du texte de
Léa Bismuth, Critique d’art et commissaire d’exposition
Digital Désert


Courtesy de l’artiste et de la galerie Eva Hober.
Pour cette série, l’artiste nous propose une nature morte,
déposée en plein-air. Les différentes photographies nous
rapprochent plus ou moins des éléments photographiés.
On y découvre alors le dépôt au sol d’uniformes militaires,
dans un environnement désert. Inspiré du motif militaire
de camouflage américain « digital desert », Clément Cogitore
confond la matière des uniformes et celui du paysage.
Puis, ils se distinguent finalement par l’agrandissement du
grand format, capable de confondre la matière du paysage
et des vêtements dans une surface indéterminée constituée
des pixels.
Il interroge ainsi les questions de la visibilité
et de camouflage grâce à une représentation d’un conflit
moderne et non une image documentaire.
Le motif des uniformes militaires permet aux soldats
de ne pas être repérés par les drones.

GHOST_HORSEMAN_OF_THE_APOCALYPSE_IN_CAIRO
_EGYPT, 2017
Il s’agit d’une photographie de foule réunie sur la Place Tahrir,
lors de la révolution égyptienne qui symbolise à elle seule cette
capacité que possède le cerveau humain à créer ses propres récits
et narrations. Cette image, capture d’écran tirée d’une vidéo d’une
chaîne d’informations a circulé sur la toile pendant plusieurs jours
car certains internautes y avaient vu en son centre une figure
trouble, un halo lumineux prenant la forme d’un homme sur
un cheval et devenu soudainement sur les réseaux sociaux le
quatrième cavalier de l’Apocalypse.
La cause est simple et technique : là où certains ont détecté
rapidement un « facteur de flare », illusion optique produite
par une diffusion de la lumière à l’intérieur d’un objectif de
caméra, d’autres ont laissé courir leur imagination, teintée
du plus grand mysticisme.
extrait de Léa Chauvel-Lévy, Critique d’art
Cette image est à l’origine d’une tapisserie confectionnée
par les Tapisseries d’Aubusson, livrée cet été.
Les Indes Galantes

Cette vidéo est une confrontation de plusieurs univers dont
la symbiose offre un univers intemporel. Il s’agit de l’adaptation
d’une partie du ballet Les indes galantes de Jean-Philippe Rameau,
avec le concours de danseurs de Krump et de trois chorégraphes :
Bintou Dembele, Grichka et Brahim Rachiki.
Le Krump émerge aux Etats-Unis à la suite des émeutes raciales
de 1992. Les mouvements du Krump sont des éléments inspirés
des arrestations policières ; pacifique, le Krump est, pour ses créateurs,
un don de Dieu. Déposé sur cette musique baroque, le ballet captive
et envoute le regard.
La première séquence de l’exposition donne un aperçu de son
travail des dernières années avec différentes œuvres,
tandis que dans la seconde partie, à partir de la mi-mai,
sa nouvelle œuvre The Evil Eye, pour laquelle il a reçu
le prix Marcel Duchamp en 2018, fera pour la première fois
l’objet d’une présentation institutionnelle.

Après des études à l’Ecole supérieure des arts décoratifs
de Strasbourg, et au Fresnoy – Studio national des arts
contemporains, Cogitore développe une pratique à mi-chemin
entre art contemporain et cinéma. Mêlant films, vidéos,
installations et photographies son travail questionne les modalités
de cohabitation des hommes avec leurs images.
Il y est le plus souvent question de rituels, de mémoire collective,
de figuration du sacré ainsi que d’une certaine idée de la perméabilité
des mondes.
Clément Cogitore a été récompensé en 2011 par le
Grand prix du Salon de Montrouge, puis nommé pour
l’année 2012 pensionnaire de l’Académie
de France à Rome-Villa Médicis. Ses films ont été sélectionnés
et récompensés dans de nombreux festivals internationaux
(Cannes, Locarno, Telluride, Los Angeles, San Sebastian…).
Son travail a également été exposé et projeté dans de nombreux
musées et centre d’arts (Palais de Tokyo, Centre Georges Pompidou
– Paris, ICA Londres, Museum of fine arts – Boston, MoMA New-York…).
En 2015 son premier long-métrage « Ni le ciel, Ni la terre »
a été récompensé par le Prix de la Fondation Gan, au Festival de
Cannes – Semaine de la critique, salué par la critique et nominé
pour le César du meilleur premier film. La même année il reçoit
le Prix BAL pour la jeune création. L’année 2016, il reçoit le
Prix Science Po pour l’art contemporain et le 18° Prix de la
Fondation d’Entreprise Ricard pour l’art contemporain.
En 2018, le Prix Marcel Duchamp lui est décerné par
l’ADIAF (Association pour la Diffusion Internationale de
l’Art Français).
Pour célébrer son 350ème anniversaire, l’Opéra National de
Paris a confié à Clément Cogitore la mise en scène
de l’intégralité de l’opéra-ballet Les Indes galantes
de Jean-Baptiste Rameau. La première représentation
aura lieu en septembre 2019.
Sur une invitation de José-Manuel Gonçalvès, Clément Cogitore
devient artiste associé au 104 pour l’année 2018-2019.
Le travail de Clément Cogitore est présent dans de nombreuses
collections publiques : Centre Georges Pompidou, Musée national
d’art moderne, Fonds national d’art contemporain, Fonds
d’art contemporain de la Ville de Paris, FRAC Alsace, FRAC
Aquitaine, FRAC Auvergne, MAC VAL, Musée d’art moderne
et contemporain de Strasbourg, Daimler Art collection et
de nombreuses collections privées.
Né en 1983 à Colmar, Clément Cogitore vit et travaille entre
Paris et Strasbourg.
Représenté par la Galerie Eva Hober (Paris) et la
Galerie Reinhard Hauff (Stuttgart)

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.