Jusqu’au 26 mars 2018
La rétrospective de l’oeuvre de César présentée par le
Centre Pompidou coïncide avec le vingtième anniversaire
de la mort de l’artiste. Illustre dès l’âge de 25 ans, César
a vécu plus de cinquante années de création.
À travers une centaine d’oeuvres présentées dans la plus vaste
de ses galeries d’expositions, le Centre Pompidou propose
de découvrir, dans toute son intégrité et sa richesse, le parcours
de l’un des plus grands sculpteurs de son temps.
Avec les oeuvres majeures les plus célèbres, comme à travers
certains cycles plus méconnus, cette rétrospective présente
un ensemble inédit à ce jour.
De l’espace, aucune cloison. C’est un jardin de sculptures qui
se découpent sur une vue panoramique sur Paris.
La scénographie de Laurence Lebris privilégie la fluidité
afin de mettre en évidence le caractère monumental des
oeuvres ainsi que le principe de sérialité et de répétition qui
l’anime.
L’INTELLIGENCE DU GESTE
Confrontant sans cesse son oeuvre au classicisme et à la
modernité, César élabore alors une pratique fondée sur
ce que le critique Pierre Restany appellera une opposition
continue entre « homo faber » et « homo ludens ».
Jouant de l’opposition entre une maîtrise assumée du métier
de sculpteur et des gestes novateurs, César stupéfie son public
lorsqu’au tournant des années 1960, il réalise ses premières
Compressions. Présentées au Salon de Mai de 1960, elles font
scandale et inaugurent un cycle aux évolutions nombreuses
qui ne s’interrompra qu’avec la mort de l’artiste, en 1998.
Les Compressions seront l’un des gestes les plus radicaux
de la sculpture du 20e siècle, présentées aussi bien à la
Documenta de Cassel qu’à la Biennale de Venise, repensées
par de nombreux artistes allant de l’américain Charles Ray,
au français Bertrand Lavier.
L’AUDACE DES MATÉRIAUX
Inventif et guidé par la logique accidentelle du matériau,
César s’engage ensuite dans une forme de dialectique en
développant des Expansions selon un principe opposé
à celui des Compressions. Au métal compressé succèdent
le polyuréthane et autres matériaux que l’artiste teinte et polit,
leur appliquant son savoir-faire et une méthode propre à la
sculpture classique.
Après les Fers soudés, les Compressions
et les Expansions sont tôt reconnues comme deux moments
inauguraux de la sculpture moderne.
Les Moulages et les Empreintes humaines, qui ont précédé
et initié les Expansions, ajoutent à l’oeuvre de César une
dimension nouvelle. Déléguant au pantographe l’agrandissement
mécanique de son propre pouce à l’occasion d’une exposition
autour du thème de la main, César conceptualise un nouvel aspect
de sa pratique, variant délibérément les échelles et les matériaux,
soucieux d’apporter une méthode jusqu’ici inconnue à l’art
de la représentation. Autre sujet de prédilection, le thème de
l’autoportrait traverse les différents cycles de son oeuvre.
UN ARTISTE DE SON TEMPS
César, au faîte de la célébrité, devient au tournant des années
1970, l’une des figures emblématiques de l’art de son temps.
Associé aux artistes du mouvement du Nouveau Réalisme
fédéré depuis 1960 par Pierre Restany, il expose dans le monde
entier et réalise en public des expansions éphémères qui sont
autant de performances. De Paris à Londres, de São Paolo à Milan,
César allie à la permanence de la tradition classique des gestes
radicaux et inventifs, souvent spectaculaires et éphémères.
Refusant de choisir entre le mot d’ordre des modernes et
celui des classiques, il construit ainsi une réflexion originale
et sans doute médiane entre l’intensité d’expériences souvent
imprévisibles requises par l’art de son temps et la sagesse
du temps long que lui offre la pratique patiente et laborieuse
de l’assemblage.
UN CONSTANT POUVOIR D’INVENTION
Les années 1980 voient se développer un nombre important
de ses sculptures monumentales. La carrière de César est
récompensée et il reçoit le prestigieux
Praemium imperiale au Japon. Il expose dans le monde
entier mais l’institution française – toujours elle – tarde
à reconnaître en lui davantage qu’un maître du passé.
Les rétrospectives de Marseille, du Jeu de Paume ou de la
Fondation Cartier rappellent au public le rôle essentiel de
l’artiste et son constant pouvoir d’invention. Il représente
la France à la Biennale de Venise et ses rétrospective se
succèdent à Milan, Malmö, Mexico…
Après Otto Hahn, Pierre Restany, Daniel Abadie ou
Catherine Millet parmi bien d’autres en France, une nouvelle
génération de critiques venus de toutes parts le découvre
et met en évidence la singularité de son oeuvre et de son propos,
révélant un intérêt pour les matériaux les plus contradictoires
allant du marbre au chiffon, du fer à la paille, du plastique
au papier.
Né à Marseille en 1921, César commence un apprentissage qui
le conduit à Paris à l’École nationale supérieure des Beaux-arts.
À Paris, il croise entre autres, Alberto Giacometti, Germaine Richier,
Pablo Picasso et se mêle à la scène artistique d’alors, côtoyant
les artistes de Saint-Germain-des-Prés et de Montparnasse.
Très tôt, il se fait remarquer par une technique qui lui est propre
et lui apporte la célébrité : ce sont les « Fers soudés »,
les figures humaines et autres « Vénus » ainsi que le bestiaire
qu’il invente, peuplé d’insectes et d’animaux de toutes sortes
qui l’amènent à sa première exposition personnelle,
galerie Lucien Durand en 1954. Bientôt célèbre, son oeuvre
est exposée de Londres à New York.
La rétrospective est conçue et réalisée par Bernard Blistène,
directeur du Musée national d’art moderne, avec la
collaboration de Bénédicte Ajac, attachée de conservation
au Musée national d’art moderne et Hervé Derouault,
chargé de production
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