Jusqu’au 22 janvier 2018
au Grand Palais Galeries nationales
entrée square Jean Perrin
Forte d’un ensemble de plus de 230 oeuvres de l’artiste
(54 peintures, 29 céramiques, 35 sculptures
et objets, 14 blocs de bois, 67 gravures et 34 dessins),
Gauguin l’alchimiste est une plongée exceptionnelle
dans le passionnant processus de création du grand artiste.
Elle est la première exposition du genre à étudier
en profondeur la remarquable complémentarité des
créations de l’artiste dans le domaine de la peinture,
de la sculpture, des arts graphiques et décoratifs.
Elle met l’accent sur la modernité du processus créateur
de Gauguin (1848-1903), sa capacité à repousser sans
cesse les limites de chaque médium.
Après l’exposition fondatrice Gauguin organisée en 1989,
cette nouvelle collaboration entre l’Art Institute de
Chicago – qui possède un fonds significatif de peintures
et d’oeuvres graphiques de Gauguin – et le musée
d’Orsay – dont la collection de peintures, céramiques
et sculptures sur bois de l’artiste est une des plus
importantes au monde –, permet de présenter sous
un jour nouveau les expérimentations de Gauguin sur
différents supports. Elle montre la production de l’artiste
dans toute sa diversité, à la lumière des recherches
récentes sur les techniques et matériaux utilisés par Gauguin,
s’appuyant notamment sur l’expertise d’Harriet
K. Stratis, Senior Research Conservator à l’Art Institute
de Chicago pour l’oeuvre graphique de Gauguin, ou
les travaux de Dario Gamboni, professeur titulaire
à l’Université de Genève.
Le parcours de l’exposition est ainsi ponctué de salles
proposant une immersion dans les
techniques et les méthodes de travail de l’artiste.
À partir d’une trame chronologique, et enrichie d’un grand
nombre de prêts exceptionnels
(Les aïeux de Teha’amana, Chicago ;
Eh quoi ! Tu es jalouse ?, Musée Pouchkine, etc.),
l’exposition met en évidence l’imbrication et les apports
mutuels entre schémas formels et conceptuels, mais également
entre peinture et objets : dans ces derniers le poids
de la tradition, moins pesante, permet davantage de libération et un
certain lâcher‑prise. Une sélection resserrée de sources
regardées par Gauguin permet de comprendre
pleinement son processus créatif (céramiques, oeuvres
impressionnistes, art extra-européen…).
Prélude au parcours de l’exposition, « La fabrique des images »
est consacrée aux débuts de Gauguin, de sa
représentation de la vie moderne dans le sillage de Degas
et Pissarro, aux premières répétitions d’un motif,
autour de la nature morte et des possibilités de mise
en abyme qu’elle offre.
« Le grand atelier » se concentre ensuite sur la période
bretonne de l’artiste. L’observation de la vie bretonne,
intégrée, transformée et assimilée, lui permet de dégager
des motifs récurrents qui connaissent de nombreux
avatars (la ronde, la femme assise, la bretonne de dos…)
et d’entamer des recherches formelles en dessin,
peinture et céramique.
« Du sujet au symbole » montre comment Gauguin,
mû par une ambition artistique croissante, s’oriente
vers des compositions de plus en plus investies
de significations morales, qui deviennent le réceptacle de
ses états intérieurs. Leur accomplissement se trouve
dans la mise en scène du « terrible moi » souffrant et
sauvage. Les motifs n’échappent pas à cette mue :
ainsi le baigneur devient Léda, la figure du désespoir
inspiré par une momie du Trocadéro devient une allégorie
de la Misère humaine, et la femme dans les vagues se mue
en Ondine.
« L’imagier des Tropiques » met en évidence la résonance
des traditions maories dans l’oeuvre de Gauguin.
S’il construit lors de son premier voyage à Tahiti
une imagerie personnelle de la vie tahitienne, l’exposition
souligne là encore la puissance de ses recherches
formelles. Le thème récurrent d’une nature « habitée »
traverse les oeuvres réunies dans cette section, comme
en témoignent les pastorales et le développement
du thème de l’Homme dans la nature.
Respiration au sein du parcours, une salle est dédiée
au manuscrit de Noa Noa, très rarement montré au
public.
La section « Mythes et réinventions » met en évidence
l’amplification de la dimension mystique de l’oeuvre
de Gauguin à Tahiti. Face aux traces matérielles restreintes
laissées par les cultes tahitiens, Gauguin invente
à partir de la tradition orale tahitienne un nouveau
langage plastique. La figure de l’inquiétant Esprit des
morts (Buffalo, Albright – Knox Art Gallery) venant
tourmenter les tahitiennes revient sans cesse dans les
oeuvres de cette période.
L’ultime section « En son décor » est centrée sur l’obsession
de Gauguin, pour les recherches décoratives
dans sa dernière période, aussi bien dans les intérieurs
que dans l’évocation d’une nature luxuriante
(Rupe Rupe, Musée Pouchkine).
Oeuvre d’art totale, sa case à
Hiva Oa (la Maison du Jouir) vient parachever
sa quête d’un âge d’or primitif. L’évocation numérique
sous forme d’hologramme de la Maison du Jouir,
présentée pour la première fois dans une exposition
avec les sculptures qui ornaient son entrée, clôture
le parcours par une découverte de la dernière maison-atelier
de Gauguin. L’occasion d’offrir au public une
immersion inédite dans l’atelier de sa création.
commissariat à Paris : Claire Bernardi, conservateur peinture,
musée d’Orsay ; Ophélie Ferlier-Bouat, conservateur
sculpture, musée d’Orsay ; à Chicago : Gloria Groom,
Chair of European Painting and Sculpture Department, David
and Mary Winton Green curator, Art Institute of Chicago
scénographie : Nicolas Groult et Valentina Dodi
les photos du Grand Palais sont de Didier Plowy
…………………………………
ouverture : les dimanches, lundis et jeudis de 10h
à 20h. Les mercredis, vendredis et samedis de 10h
à 22h. Fermé tous les mardis.
L’exposition de la Fondation Beyeler en 2015 avait
permis de voir (peut-être) une dernière fois
Nafea faaipoipo, 1892 Quand te maries-tu?
Huile sur toile, 105 x 77,5 cm Collection Rudolf Staechelin ,
qui aurait été vendue pour 300 millions de dollars (?)
au Qatar par son propriétaire.
voir ici le détail
L’exposition de la Fondation Beyeler, privilégiait
les toiles et sculptures de Gauguin, dans un
cheminement complet de sa biographie,
sans comporter les espaces didactiques du
Grand Palais, un peu lassant, qui permettent
de se poser le long du parcours.
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