« Oui j’aime dialoguer avec l’histoire, et jouer avec elle »
Steve Roden
Quand tout s’éparpille, il faut rassembler les pièces…
différemment
C’est dans un immense cabinet de curiosités
que l’on accède, en pénétrant dans l’espace
blanc de la Kunsthalle de mulhouse.
Dans son univers poétique, Steve Roden développe
depuis des années une oeuvre qui se déploie sous
des formes multiples et qui entrent en résonance,
que ce soit sous la forme de séries ou non.
Il aime ce mot de résonance, l’idée que les choses se
font écho. Il y a au début une étincelle, une idée,
un objet ou une histoire, il a l’impression de collaborer
avec quelque chose. Son travail commence généralement
par quelque chose de très simple, par exemple un caillou
qu’il a gardé dans la poche de son pantalon, et quand il se
promène, sa main le rencontre sans cesse.
Ce caillou se modifie, parce que bien qu’il soit avec lui et
qu’il le sent, il ne peut pas le voir, et quand il marche
ses doigts le touchent, l’enserrent, et du coup il devient
plus qu’un caillou, quelque chose comme un talisman
ou un objet esthétique porteur de sens.
Cela dure tant qu’il l’a sur lui.
Il aime dialoguer avec les objets, et l’idée de résonance,
que les choses au départ soient des graines,
et qu’elles aient toutes l’air de venir du même jardin.
Il se souvient d’avoir vu l’artiste sonore Akio Suzuki
utiliser une pierre avec des petites encoches
et il produisait du son avec, comme un ocarina.
Ce qui est très intéressant à ses yeux, c’est qu’un jour
on lui vola sa pierre, et parce que Akio Suzuki est un
artiste et une personne formidable, il n’avait plus besoin
de sa pierre, puisqu’elle était devenue une partie de lui-même.
Bien qu’elle ait disparu, sa poussière ou ce qu’il en reste
résonne toujours. Cette idée d’écho est donc importante,
il ne reste que l’ombre de quelque chose (ce qui de toute
façon est bien mieux que voir l’ensemble), il y a du
sens à relier les choses par un fil, comme lorsqu’on voit
quelqu’un étendre du linge au soleil sur une corde.
La question du texte est centrale dans son travail.
Des écrits théoriques, des textes poétiques
ou encore des fragments de textes empruntés
prennent place dans ses oeuvres sous forme de collages,
de livres d’artiste, d’impressions diverses…
Il n’est pas seulement un créateur, il aime aussi entendre
des histoires, des idées, découvrir les oeuvres et les pensées
d’autres artistes.
Quand il était jeune, à l’école, il n’aimait ni écrire ni lire,
il préférait dessiner.
Il est venu en France dans le cadre d’un programme et
il ne parlait pas français, donc il ne pouvait pas communiquer
il s’est retrouvé complètement isolé…
Il est entré dans une librairie et il a acheté
un exemplaire de « Berlin Alexanderplatz » d’Alfred Doblin.
Il avait vu le film de Fassbinder un soir tard à la télé et
le livre comme le film l’ont laissé bouche bée.
et il a découvert tous ces écrivains, Thomas Mann,
Elias Canetti, Rainer Maria Rilke.
L’acte d’écrire pour lui est devenu si riche ;
s’immerger dans les mots, jouer avec les mots, les
décomposer, regarder ce qu’ils ont dans le ventre, comment
ils peuvent se comporter différemment, faire les choses de
travers juste pour voir ce qui arrive. Faire des choses est un
dialogue tellement formidable, qu’on peut
les construire de nombreuses façons différentes…
Il aime dialoguer avec l’histoire, et jouer avec elle.
Des figures tutélaires inspiratrices il cite dans certaines
de ses oeuvres, celles de Robert Morris, Walter Benjamin,
Georges Perec et bien d’autres…
Elles nourrissent-elles son travail.
Comme le montre l’exemple de Rilke et de ses « petits
riens », l’influence des autres est importante, pas seulement
leurs oeuvres mais aussi leurs pratiques et leurs idées.
C’est une affaire de partage.
« Je ne vole les idées de personne, j’essaie de saisir leurs
conversations et de les faire avancer » Steve Roden
Kunstprojection
Jeudi 12 octobre 18:30
Une sélection de films expérimentaux issus
de la collection de l’Espace multimédia gantner
est présentée en écho à l’exposition.
En partenariat avec l’Espace multimédia gantner
Entrée libre
Kunstdéjeuner
Vendredi 13 octobre à 12:15
Visite à thème « Questions obliques »
suivie d’un déjeuner*
Sous la forme d’un jeu, les cartes de Questions
obliques interrogent, de manière parfois surprenante
et décalée, le visiteur sur sa perception de l’exposition.
Gratuit, sur inscription
*repas tiré du sac
Kunstkids
Du lundi 23 au vendredi 27 octobre
14:00 – 16:00
Atelier à la semaine, pour les 6-12 ans
Activité gratuite, sur inscription
Soiree Performances
Mercredi 8 novembre, 20:00 – 22:00
Écrire l’art de Christophe Manon, auteur poète
Concert de Mathilde Sauzet Et autres lectures
Dans le cadre du colloque
« Expanded translation 2 » –
Traduction intersémiotique
Entrée libre
Visites guidées
Tous les dimanches 15:00
Entrée libre
Renseignements & inscriptions :
03 69 77 66 47 – kunsthalle@mulhouse.fr
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