Marlène Dumas est aussi lumineuse que ses oeuvres sont ténébreuses,
c’est aussi une des représentantes féminines de l’art contemporain,
des plus connues.
Vidéo du vernissage
La démarche de Marlène Dumas place la figure humaine en son centre,
sa peinture est complexe et riche de nuances. Son oeuvre diverse part de
photographies, de cartes postales qu’elle a assemblées au cours de sa vie.
Dans la salle 14, elle a choisi de présenter sur deux tables, les éléments,
notes textes, dessins et petites peintures, qui ont nourri son travail.
Cette rétrospective, la plus vaste jamais consacrée en Europe à cette artiste établie à Amsterdam, offre un aperçu unique d’une création d’une envergure considérable, depuis le milieu des années 1970 jusqu’à aujourd’hui.
En plus de ses principales toiles et de ses plus grands dessins emblématiques, on peut découvrir des collages expérimentaux tirés de son oeuvre de jeunesse ainsi que plusieurs peintures tout à fait récentes.
L’oeuvre de Marlène Dumas se caractérise par une exceptionnelle association entre immédiateté et intimité. Dans ses tableaux, Dumas rencontre l’être humain sans prévention, de façon parfois provocante, souvent humoristique. Elle admet l’autonomie de la couleur tout en gardant constamment la figure humaine dans son champ visuel et pictural. Ses travaux démontrent de façon impressionnante ce que la peinture est encore capable de produire aujourd’hui.
Marlene Dumas fait indéniablement partie des artistes femmes les plus influentes et les plus intéressantes de notre temps.
Ses portraits individuels et collectifs sont dominés par une palette variée de teintes et de contrastes.
The image Image as Burden, petite toile qui donne le titre à l’exposition, montre un homme qui porte une femme dans ses bras, sorte de Piétà, inspirée du cinéma et de l’histoire de l’art, attire l’attention sur la complexité du flot d’images médiathiques
et leur traitement pictural par l’artiste. M.Dumas montre ainsi qu’une peinture doit également véhiculer une idée, au-delà de la simple image.
Les couleurs expressives alternent avec des nuances presque transparentes, qui semblent faire luire la toile de l’intérieur. Dumas intègre dans ses tableaux des corps tourmentés et des visages marquants, mais aussi des créatures extrêmement fragiles ou qui paraissent sans vie. Elle révèle comment la beauté picturale peut également représenter des scènes d’horreur. Dans de nouveaux travaux qui n’ont encore jamais été présentés au public, elle se consacre de façon accrue au rapport entre la figure et l’espace.
The Sleep of Reason 2009, autoportrait de l’artiste, renvoie à une eau-forte de Goya, tirée de la série des Caprices, le sommeil de la raison produit des monstres.
Images de notre temps, dysfonctionnements politiques et sociétaux actuels, mais aussi
aux fractures de la société espagnole du temps de Goya.
After Stone, Aflter Painting (2003) est un tableau bouleversant, qui nous renvoie immédiatement au Christ mort de Holbein du Kunstmuseum, moins tragique, en apesanteur, un écorché solitaire, dessiné à l’encre de chine.
The painter, (1994) confie t’elle est un portrait de sa fille, visage figé, tel un masque, mains couvertes de de teintes rouges sombre, le ventre bleu délavé. Attitude têtue et provocante, elle défit le visiteur du regard.
La mort, la fragilité de l’être est présente dans toute son oeuvre.
Snowwhite and the Broken Arm (1988).
Un corps de femme étendu, des clichés de polaroïds éparpillés alentour, un brassard blanc
qui pend, la main de la femme crispée tient l’appareil photo, au-dessus le regard de petits personnages qui contemplent le corps de la femme.
Cela rappelle la scène de L’extase de Sainte Thérèse d’Avila, à la chapelle Cornaro, Sainte-Marie de la Victoire, Rome, 1645, entourée des membres de sa famille de part et d’autre.
M.Dumas se représente elle-même dans Het Kwaad is Banal, (1984) provenant d’un cliché polaroïd, ou comment identifier le mal dans une image banale.
Dans The Kiss, (2003) M. Dumas propose un traitement différent des celui des prédécesseurs.
Un visage blafard, les yeux clos du personnage, tête tournée vers le bas, le nez et le menton semble toucher précautionneusement une surface blanche, de laquelle le personnage embrassé est absent. Est-ce un moment d’extase, d’adieu définitif ou de mort ?
Dans Amy Blue, 2011, elle consacre un portrait émouvant à Amy Winehouse, Hiroshima
mon amour, au film de rainais et au visage d’Emmanuelle Riva.
Ainsi Dead Girl (2002) montre les taches rouges au niveau des épaules, le visage encadré de cheveux noirs, coupure de presse inspirée d’une archive montrant une adolescente
(terroriste). Cette toile est une étape importante de sa création ou l’artiste choisit de plus en plus souvent de s’intéresser aux évènements historiques et politiques, (The Wall) ce qui l’a conduit à choisir des modèles iconographiques traitant de violence, de mort et de guerre.
L’exposition est montrée parallèlement à celle consacrée à Gauguin (jusqu’au 28 juin)
Jusqu’au 6 septembre 2015
Depuis le mois de juin le musée est ouvert dès 9 h du matin
Une très riche Programme et de nombreuses manifestations sont prévues, que vous pouvez trouver sur le site de la Fondation Beyeler
commissaire de l’exposition : Theodora Vischer
catalogue en anglais et en allemand
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