Crédit Photo: Sébastien Bozon
Nom : Zuccolo
Prénom : David
Profession : Violoniste
spécialité : coordinateur artistique à l’Orchestre symphonique de Mulhouse
signe particulier : Baccalauréat C (scientifique) 1992
Diplôme universitaire de pédagogie musicale – diplôme d’état de professeur de violon. 1995
Mon entretien avec David Zuccolo
David Zuccolo a certes de nombreux homonymes, (google) mais rien ne vaut l’original.
Né en Moselle, violoniste depuis l’âge de 6 ans, David Zuccolo est pour ainsi dire tombé très tôt dans la musique classique et continue d’y baigner.
Quelle est votre profession ?
Violoniste et coordinateur artistique à l’Orchestre symphonique de Mulhouse.
Vos études ?
Baccalauréat C (scientifique) 1992
Diplôme universitaire de pédagogie musicale – diplôme d’état de professeur de violon. 1995
Avez-vous eu des prix de conservatoire ou autres ?
Conservatoire à rayonnement régional de Metz
Médaille d’or de violon et de musique de chambre 1990 et 1992
Premier prix supérieur interrégional 1992
Conservatoire supérieur régional de Paris
Premier prix de violon 1996
Conservatoire national supérieur de musique de Lyon
Premier prix de violon et de musique de chambre 1999
Vos parents ?
Mère, secrétaire comptable dans un magasin de confection puis femme au foyer. Décédée en 1993.
Père, ouvrier puis contremaître dans la sidérurgie
Mon arrière grand père, Oswaldo Zuccolo a quitté la région d’Udine en Italie à la fin du 19ème siècle. Il a épousé une viennoise. Germanophone, son parcours l’a mené jusqu’en Lorraine -alors annexée -au début du 20ème siècle, après un passage par Vienne et Zurich.
Votre âge et lieu de naissance ?
48 ans. Woippy, à côté de Metz
Comment êtes-vous venus à la Musique ?
Par mon père qui souhaitait que ses enfants pratiquent un instrument. Il avait un collègue ouvrier qui avait monté une école de musique à Amnéville. Mon frère ainé a commencé le violon, par hasard car il y avait de la place dans la classe, j’ai suivi trois ans après.
Votre violon ?
Un violon moderne, réalisé par Jean-Christophe Graff à Strasbourg en 1996. Une très belle copie d’un Guarnerius dont j’ai fait l’acquisition en 1998, à la fin de mes études à Lyon, bien avant de venir en Alsace. Un signe du destin
Avez-vous essayé d’autres instruments avant de choisir le violon ?
Non. Le violon m’est apparu comme une évidence, dans les pas de mon frère.
Plus tard, au cours de mes études, j’ai eu l’opportunité d’apprendre le piano. Je n’ai jamais réussi à m’y mettre.
Avez-vous un violon d’études ?
Oui, et nous avons conservé tous les petits violons d’apprentissage.
Votre position dans l’orchestre ? Vous êtes en fonction depuis ?
Violon du rang depuis 2006.
Coordinateur artistique depuis 2016
Quand avez-vous pris vos marques ?
Dès la première année. L’ambiance familiale de l’OSM y contribue.
J’avais également une longue expérience de musicien d’orchestre dans d’autres formations. Le métier ne m’était donc pas inconnu lors de ma prise de poste.
J’ai constaté que vous êtes passé des premiers violons aux deuxièmes violons ?
est-ce une punition ? (rires)
La punition, ce serait les atlos (rires !!) Trêve de plaisanterie, à l’OSM les violons du rang peuvent jouer indifféremment dans les deux pupitres. Nous alternons donc par saison. J’adore autant être dans les seconds que dans les premiers. Les voix intermédiaires des seconds violons et des altos sont passionnantes, au cœur de l’harmonie et du contrepoint. Un opéra de Mozart dans les seconds violons est exaltant.
Pour quelles raisons vous a-t-on confié un mandat au sein de l’orchestre ?
J’ai bénéficié de la confiance de mes collègues à travers dix mandats successifs au sein de la commission d’orchestre, un organe représentatif des musiciens auprès de la direction.
J’ai toujours eu une vision collaborative de ce mandat considérant que la direction, l’administration et les musiciens travaillent tous dans l’intérêt de la structure.
Mes relations avec Patrick Davin, alors directeur musical, étaient constructives. En accord avec la direction de la culture, il m’a confié des missions en 2016 pour renforcer et soutenir l’équipe administrative très réduite de l’OSM.
Ces missions ont été prolongées et étendues par Jacques Lacombe, et maintenues par Guillaume Hébert, directeur général nommé en 2020.
Votre mandat depuis ?
2016 donc.
En quoi consiste ce mandat, pouvez-vous développer ?
La première mission est la construction et gestion du planning de l’orchestre, en lien avec nos principaux partenaires, l’Opéra nationale du Rhin, La Filature-Scène Nationale et l’ensemble de nos lieux de diffusion.La seconde est le conseil artistique. Elle consiste à centraliser et transmettre les nombreuses propositions d’artistes qui nous parviennent, de conseiller la direction sur des choix de programmes et d’artistes, et ensuite de faire le lien avec l’ensemble des artistes invités que nous accueillons.
Je bénéfice également de la confiance de ma direction dans le montage de programmes, tels que le projet Wyler en septembre 2022 ou le concert du nouvel an 2023.
Rencontrez-vous d’autres musiciens ailleurs ?
Locaux ou dans un circuit plus large, national, international
Oui, nous avons la chance de collaborer avec des artistes du cru et du monde entier. C’est une richesse.
Vous arrive-t’il de faire des « bœufs » ?
Non, si ce n’est quand je cuisine un bon rôti.
Le chef ?
Grande question. Pour le meilleur et pour le pire. La notion de bon ou mauvais chef est très subjective. D’un musicien à l’autre, d’un orchestre à l’autre, un chef peut être apprécié, détesté ou laissé indifférent. Mais l’essentiel est la musique, et les grands compositeurs que nous servons.
Vu de l’extérieur, le public a l’impression que l’on peut se passer du chef ?
C’est vrai. (rires).
Son rôle est essentiel. Quand nous abordons une oeuvre, chaque musicien arrive avec sa propre vision, son interprétation et en premier lieu son tempo. Le chef est donc indispensable pour synchroniser et harmoniser toutes ces sensibilités afin que tous les instrumentistes convergent vers sa vision de la pièce.
Rassembler, conduire tout en préservant la personnalité de chacun, voilà tout le défi.
L’ambiance au sein de l’orchestre ?
A l’OSM, particulièrement sympa. On ne se prend pas au sérieux, ce qui ne nous empêche pas de faire notre métier le plus sérieusement du monde.
Vos voisins, si vous en avez, votre famille, se plaignent-ils si vous pratiquez la musique chez vous ?
Ma famille, non, au contraire.
Mes voisins, oui, et je peux le comprendre. La notion de « répétition » peut facilement taper sur les nerfs. En outre, étant très matinal, je commence fréquemment à jouer vers 7h30.
Je passe donc l’essentiel de mon temps à répéter à la Filature, qui ouvre ses portes à 7h00.
Devez-vous préparer les concerts chez vous ?
Le travail personnel de préparation des partitions en amont des répétitions d’orchestre est indispensable. Les musiciens doivent tous maitriser leur partition afin que le chef d’orchestre puisse se concentrer sur l’essentiel, la mise en place et l’interprétation.
Mais à ce travail spécifique propre à chaque concert, il faut ajouter le travail régulier pour maintenir notre niveau, comme un sportif. Il faut près de vingt ans d’études pour devenir professionnel (nous commençons vers 6 ans et l’âge moyen d’intégration d’un orchestre permanent est 27 ans). Cela nécessite beaucoup de temps et de rigueur pour y arriver, et tout autant pour se maintenir et continuer à progresser.
Les répétitions ?
Leur nombre est adapté au programme et à la difficulté des œuvres. En général, six pour un concert symphonique, douze pour un opéra.
Un musicien a-t-il des affinités avec d’autres instrumentistes ?
Oui. Nous parlons le même langage. La musique est universelle.
La ville soutient les institutions locales, les musiciens ?
L’OSM bénéficient d’un fort soutien de la ville, tout comme la Filature -Scène nationale, l’opéra national du Rhin (notamment à travers le Ballet basé à Mulhouse, le Conservatoire ; avec la volonté de diffuser la culture au plus grand nombre.
La ville de Mulhouse est notre financeur principal. Nos autres contributeurs sont le ministère de la culture via la DRAC Grand Est, la Collectivité européenne d’Alsace et la Ville de Colmar.
La ville ou d’autres entités soutient-elle spécifiquement pour certaines occasions exceptionnelles ?
Ça peut arriver, oui. L’OSM a entamé une mutation de son statut juridique en régie personnalisée (critère indispensable pour l’obtention du label Orchestre national en région).
Ce changement nous confèrera une certaine autonomie facilitant les partenariats financiers avec les structures publiques ou privées qui souhaiteraient nous soutenir sur des actions en particulier, notamment dans le cadre de notre rayonnement ou dans le champ social.
Vos distractions (la Montagne) la marche, autres ?
Par mes différentes fonctions, j’ai une vie social riche, mais j’ai besoin de me retrouver seul, dans le silence et au contact de la nature. J’adore marcher, notamment en montagne. Personne n’ignore ma passion pour le Grand Ballon en particulier.
Que pensez-vous des réseaux sociaux ?
Des médias incontournables aujourd’hui. Comme toute chose, il y a du bon et du moins bon. Tout dépend de leur utilisation et de notre capacité à faire la part des choses. J’ai découvert Facebook à 40 ans. J’y vois un formidable moyen de renouer des liens avec des personnes perdues de vue, ou de conserver du lien quand nos routes se séparent.
Vous y êtes actif, vous postez souvent au nom de l’orchestre ?
Sur Facebook (le réseaux social des boomers – rires) , oui. Je poste quelques publications personnelles et je partage volontiers les publications officielles de l’OSM et de nos partenaires.
Parlez-vous l’alsacien ?
Non, hélas… mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Hopla !
Participez-vous à d’autres formations musicales ?
Rarement. Mes doubles fonctions ne me laissent pas beaucoup de temps.
Quel est votre instrument de musique préféré ?
En dehors du violon ? Tous ! Ça dépend du répertoire et du contexte.
Mais si je dois en choisir quelque uns, le clavecin, la harpe, le hautbois, le cor…
Que pensez-vous de la cancel culture ?
Je préfère la notion de « devoir de mémoire ». S’inspirer du passé et de nos erreurs pour bâtir un monde meilleur.
Avez-vous des références littéraires ?
Plus le temps passe, plus je savoure la poésie.
Musicales ?
Très éclectiques, en dehors du classique, avec un faible pour les artistes français, de Ferré à Grand corps malade en passant par Claude François et Dalida.
Votre musicien ou compositeur préféré ?
Itzhak Perlman est mon idole depuis tout petit.
Avez-vous un morceau favori en individuel, ou avec l’orchestre ?
Impossible de faire un choix.
Souhaiteriez être soliste ?
C’était mon ambition, mais j’ai dû passer trop de temps à jouer au Légo ou à regarder le Club Dorothée (rires).
Je suis très heureux de ma situation et je n’ai aucune frustration. Trois générations d’ouvriers se sont succédées avant moi, et comme je le dis souvent, mon bleu de travail aujourd’hui est un frac avec des souliers vernis, et mon cadre quotidien de magnifiques salles de concert. Le chemin accompli est émouvant.
Comme le dis mon papa qui fêtera bientôt ses 87 ans, jouer et vivre de la musique est un privilège.
Qu’est-ce que vous avez envie de partager ?
Mon optimisme et ma foi en un monde meilleur.
Quelle est votre plus belle rencontre dans la vie ? (dans la musique ou en général)
La musique tout simplement (merci à mes parents).
Mes deux filles. Il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à elles.
Naïma, une femme merveilleuse. Une divine rencontre.
David Zuccolo reçu par Radio MNE podcast
Le programme de l’OSM 2023/2024 le site
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