CHEFS-D’ŒUVRE DE LA COLLECTION FRIEDER BURDA EN DIALOGUE AVEC DES ÊTRES ARTIFICIELS
« Transformers», au musée Frieder Burda de Baden-Baden jusqu’au 30 avril 2023
« Machines have less problems, I’d like to be a machinee, wouldn’t you ? »
Andy Warhol
Commissaire : Udo Kittekmann
On a rarement vu un musée aussi vivant. Rencontrez des avatars, des machines humaines mobiles, qui parlent et qui apprennent. Observez la richesse des mouvements, des paroles et la réactivité des êtres transformés. Écoutez attentivement une souris blanche animatronique s’adresser à une bougie. Laissez-vous séduire par un personnage qui anime des réactions subjectives et objectives, entre excitation et répulsion.
Que nenni ! Dans mes pérégrinations j’ai rencontré :
- Au musée Maillol à Paris « Hyperréalisme. Ceci N’est Pas Un Corps » ici
- A la Fondation Beyeler : « Duane Hanson pour les 25 ans de la Fondation Beyeler » ici
- A la Bourse de Commerce de François Pinault la souris de Ryan Gander
vous accueille à l’entrée et fait la joie des petits et des grands.
La Bourse de Commerce vous offre un tote-bag à l’effigie de la souris .
Si vous êtes membre du Cercle, et elle figure aussi sur la carte de membre
2022
Les promesses de l’intelligence artificielle
L’automatisation de la vie, la transformation de nos environnements sociaux se poursuit. L’intelligence artificielle et ses promesses prennent le relais et créent des formes d’existence semblables à la vie. L’homme pousse au progrès – et se trouve depuis longtemps au seuil de sa propre remplaçabilité.
Avec l’exposition «Transformers», le musée Frieder Burda tente une expérience et se transforme en un dispositif expérimental hybride et utopique. Il thématise et présente des êtres artificiels qui inspectent de manière critique le musée et ses chefs-d’œuvre classiques. La fiction : Une nouvelle situation de dialogue qui joue sur le subjonctif du «Que se passerait-il si» d’un avenir radicalement modifié.
Les chefs d’oeuvre de la collection
Markus Lupertz 1941
Pablo Picasso, Jackson Pollock, Willem de Kooning, Gerhard Richter, Sigmar Polke, entre autres : ils ont tous, à leur époque, modifié les attentes classiques vis-à-vis d’une œuvre d’art. Avec les chefs-d’œuvre importants de la collection de Frieder Burda et la rencontre avec des êtres artificiels, des espaces d’expérience multidimensionnels se combinent et s’interconnectent ainsi dans le musée, dans lesquels les visiteurs doivent d’abord se situer eux-mêmes. Il y a de la vie dans le musée, nous grandissons au sein du métavers – même si elle n’est pas réelle, mais seulement un reflet de notre monde actuel de plus en plus transformé par l’artifice.
Les artistes invités
Les artistes invités, Louisa Clement (*1987), Ryan Gander (*1976), Timur Si-Qin (*1984) et Jordan Wolfson (*1980), font tous partie d’une génération qui a grandi dans un monde numérique. Dans leur biographie comme dans leurs créations, ils reflètent les sphères de pouvoir croissantes des possibilités virtuelles.
Louisa Clement
Les représentantes
Avec ses trois représentantes de la production actuelle (2022), rassemblées en tant qu’invitées de l’exposition au milieu de la présentation des oeuvres de Georg Baselitz, Sigmar Polke et Gerhard Richter, l’artiste crée des copies réalistes, d’elle-même. Elle les a apprêtées selon un choix de tenues tout à fait séduisantes. Il s’agit d’avatars, créés à partir d’un scan 3D, le matériau de leur enveloppe extérieur est en silicone, le squelette en métal. Un chatbot est également implanté dans leur corps. Il utilise l’intelligence artificielle pour
converser avec les humains en langage quasi naturel. Pour l’instant elle ne s’exprime et ne répond qu’en anglais.
Avec le temps, la poupée parlante promet de devenir de plus en plus intelligente et de s’épanouir dans le rôle de sa créatrice, y compris dans son rayonnement érotique sophistiqué, qui la rend aussi inaccessible que disponible. Elle pratique le langage des Jésuites, en répondant à une question quelque peu trop personnelles, par une question.
Exemple :
Quelle âge avez-vous ?
réponse : c’est un secret et vous ?
Les « hommes-machines » de Louisa Clément sont des « appareils d’influence »,
intelligents et communicatifs. Ils peuvent imiter les expressions humaines, ils sollicitent leur désir -et pourtant ils ne peuvent les satisfaire.
« Dans chaque oeuvre » dit l’artiste « il y a une partie de moi à l’intérieur, qu’on livre avec l’oeuvre ». En effet, des êtres artificiels comme ceux qui se mêlent maintenant à nous , portent toujours du vivant dans l’inerte.
Ryan Gander
« Un enfant est le microcosme d’un spectateur parfait[…], il n’a pas le bagage culturel des adultes, il n’est pas intimidé quand il se trompe[…] »
Voilà l’une des déclarations de l’artiste britannique Ryan Gander. Il a utilisé pour sa sculpture animatronique, d’une souris blanche, la voix d’enfant enregistrée de sa fille, alors âgée de 9 ans. Une voix aiguë et enfantine enchaîne des phrases, en bégayant :
« Bien sûr, d’une certaine manière, eh bien«
Petite, impuissante, enfantine, encore incapable de s’exprimer clairement –
On sent que la souris a quelque chose d’important à dire, mais n’arrive pas à trouver les mots nécessaires.
Timur Si-Qin
Le titre de l’exposition, Transformers, est tiré du film d’action et de science fiction américain du même nom, Transformers, (2017), extrêmement populaire,
Il est basé sur une série de jouets également du même nom, qui est encore commercialisée, avec beaucoup de succès, dans le monde entier.
L’intrigue du film repose sur une race de machines extra-terrestres intelligentes sur la planète Cybertron, qui ont la capacité de transformer leur corps en d’autres formes. Autrefois en harmonie sur leur planète et gouvernant ensemble, ils se divisent en bons (les Autobots) et en méchants
(les Decepticons), qui se battent dans une guerre civile pour le pouvoir exclusif sur l’univers.
En se basant sur les affiches martiales du film Transformers, Timu Si-Qin a réalisé en 2011, une série d’images encadrées intitulées Mainstream.
Distingué par « Destroy » et « Protect » , celles-ci sont recouvertes de feuilles de plantes de formes, de tailles et d’espèces les plus diverses, soulignant dans un premier temps la distance supposée entre l’idée de nature et le « non-humain »
Selon un thèse du 21e siècle, l’ancienne distinction fondamentale entre technique et organique doit être remise en question depuis longtemps et n’a plus qu’une fonction symbolique.
« Je ne vois pas de séparation entre la ‘culture populaire’ ou ‘commerciale’ et le monde naturel »
« Je réfléchis toujours à la manière dont nous sommes imprégnés de publicité dans notre vie quotidienne et je trouve cela très beau, car elles apparaissent plus ou moins selon les mêmes principes que les feuilles des plantes : en effet, elles poussent pour occuper tout espace utile dans lequel, elles peuvent puiser de l’énergie«
Jordan Wolson
Alors qu’il se rendait au centre ville de New York, Jordan Wolson a écrit ces lignes dans le cadre d’un monologue pour son fascinant personnage robotique
Female Figure. L’artiste né à New York en 1980 est connu pour ses oeuvres percutantes et inquiétantes qui explorent les conditions et les stratégies actuelles de l’art, de la technologie et des médias de masse et de formats variés.
« Female Figure » dit l’artiste, « incarne la tension entre le subjectif et l’objectif, entre l’excitation et la répulsion. Elle est mon interprétation de (ma propre) masculinité.
Il s’agit en outre de violence et de questions relatives à (ma) sexualité. J’ai réfléchi
à l’idée de me voir comme auteur d’une fiction dans laquelle ce que la culture dit être vrai et ne l’est pas – je ne suis pas. Mais bien sûr que c’est vrai et que je le suis »
Sur fond musical d’Applause de Lady Gaga et de Graceland de Paul Simon, Wolson anime physiquement et psychiquement son personnage inquiétant et manipulateur. Enfin, il démontre avec une acuité intellectuelle et artistique, comment la technologie infiltre et harcèle notre perception. Un peu coquine et impudique, tout en étant délibérément sale, à la fois érotique et émotionnellement séduisante, la sculpture peut aussi servir de métaphore pour une époque corrompue.
Information importantes
VISITES GUIDÉES
Samedi et dimanche 11h et 15h
Frais de participation: 4 €
Les billets sont disponibles à la réception
Ouvert tous les jours fériés.
le port d’un masque FFP2. est recommandé
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