MONDRIAN EVOLUTION

Avond (Soir) :
L’Arbre rouge, 1908–1910
Huile sur toile
70 x 99 cm
Kunstmuseum Den Haag
La Haye, Pays-Bas

A la Fondation Beyeler jusqu’au 9 OCTOBRE 2022
Cette exposition de la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, a été organisée en coopération avec le Kunstmuseum Den Haag.
Elle est placée sous le
commissariat d’Ulf Küster, Senior Curator, Fondation Beyeler.
Elle sera ensuite présentée
à la Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen à Düsseldorf.

Fondation Beyeler célèbre ses 25 années d’existence

La collection de la Fondation Beyeler comprend surtout des œuvres tardives de Mondrian, mais l’exposition se concentre principalement sur les œuvres des débuts de l’artiste, dont le développement est influencé non seulement par la peinture de paysage hollandaise de la fin du 19ème siècle mais aussi par le symbolisme et le cubisme. Ce n’est qu’au début des années 1920 que Mondrian commence à se concentrer sur un vocabulaire pictural pleinement non figuratif composé d’agencements rectilignes de lignes noires sur fond blanc et des trois couleurs primaires bleu, rouge et jaune.

Vous allez suivre ici comment Piet Mondrian (1872–1944), l’un des artistes les plus célèbres de l’art moderne, s’est métamorphosé de peintre paysagiste en avant gardiste et pionnier de l’art abstrait. L’année 2022 marque le 150ème anniversaire de sa naissance.
L’ÉQUIPE DE RESTAURATION AU TRAVAILSept oeuvres importantes de l’artiste se trouvent dans la Collection Beyeler. À l’occasion de cette exposition, elles ont été examinées par des expert·e·s en conservation et en restauration, permettant d’acquérir des connaissances pour partie tout à fait nouvelles.
Avec 89 oeuvres provenant de collections privées et publiques en Europe
et aux États-Unis,

Piet Mondrian
Composition losange avec huit lignes et rouge / Picture N° III, 1938
Huile sur toile, diagonales 141,5 cm, côtes 100 x 100 cm
Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, Collection Beyeler
© Mondrian/Holtzman Trust
Photo: Robert Bayer, Bâle


«Mondrian Evolution» retrace le parcours saisissant de l’artiste, de peintre paysagiste du 19ème siècle à l’un des protagonistes majeurs de l’art moderne. L’exposition offre une rare occasion de découvrir sous un jour
nouveau le travail de Mondrian, qui a profondément influencé le 20ème siècle non seulement dans le domaine de l’art mais aussi dans ceux du design, de l’architecture, de la mode et de la culture pop. Il s’agit de la première exposition individuelle consacrée à l’artiste en Suisse depuis 50 ans.

CONTRASTES

Piet Mondrian
Femme au fuseau, ca. 1893–1896
Huile sur toile, 36,8 × 29,8 cm
Prêt de la Pace Gallery
© 2022 Mondrian/Holtzman Trust
Photo: Kerry Ryan McFate

L’exposition est conçue de manière chronologique mais elle tire son expressivité de la confrontation
d’oeuvres précoces et tardives, qui met en lumière les forces de transformation à l’oeuvre dans le travail de Mondrian. Au fil de neuf salles d’exposition, on retrouve des motifs récurrents tels les moulins à vent, les
dunes, la mer, les bâtiments de ferme se reflétant dans l’eau et les plantes, représentés à des degrés divers d’abstraction.
Dans ses paysages, Piet Mondrian explore l’éclat et le rayonnement de la couleur – ce qui donne à ces tableaux leur apparence extraordinairement lumineuse et vive – ainsi que l’influence de la lumière et l’expérience de l’espace, de la surface, de la structure et des reflets.

Moulin à Oostzijde dans le crépuscule, vers 1907–1908
Huile sur toile, 67,5 × 117,5 cm
Musée d’Art de La Haye, Pays-Bas
Legs Salomon B. Slijper
© 2022 Mondrian/Holtzman Trust
Photo: Musée d’Art de La Haye

Le tableau Moulin au soleil, 1908

Piet Mondriaan
Molen bij zonlicht
Post Restauratie 2011

Le tableau Moulin au soleil, 1908, dont la radicalité apparaît encore aujourd’hui, avait provoqué un tollé parmi les critiques de l’époque avec son explosion de couleurs et sa technique picturale d’apparence sommaire. L’exposition présente également l’oeuvre Le nuage rouge, 1907, qui saisit le moment magique et fugace auquel le soleil couchant teinte un nuage rouge vif alors même que le paysage et le ciel demeurent
encore d’un bleu éclatant. Ce tableau appartient à un groupe d’oeuvres que Mondrian a peintes au crépuscule, lorsque les couleurs et les combinaisons chromatiques sont soumises à des transformations intenses. Dans ses autoportraits dessinés de 1908, il se représente également au crépuscule, les pupilles grand ouvertes et réceptives aux plus infimes nuances chromatiques produites par la lumière. Le tableau de grand format Forêt près d’Oele, 1908, du Kunstmuseum Den Haag offre une perspective dirigée vers le soleil, situé au-dessus de l’horizon. La succession des troncs d’arbres qui se teintent de rouge ou de violet dans le contre-jour crée l’illusion de spatialité.


Piet Mondriaan
Bosch; Bos bij Oele
128 x 158 cm

Rencontre avec le cubisme à Paris

Après les explosions chromatiques des années 1907 à 1911, Mondrian, inspiré par sa rencontre avec le cubisme à Paris, revient à des couleurs moins éclatantes. Des tons gris et ocres dominent désormais ses tableaux et la ligne en tant que telle devient toujours plus importante. Mondrian poursuit son exploration de thèmes comme l’abstraction. La métamorphose de ses représentations d’arbres est particulièrement impressionnante, donnant à voir le raisonnement qui sous-tend sa quête picturale. L’expérience de ces
tableaux permet à Mondrian de se détacher entièrement de la figuration. Composition No. IX, 1913, un prêt du Museum of Modern Art à New York,
est une imbrication de formes pour la plupart caractérisées
par des angles droits.

New York City 1

New York City 1 est l’oeuvre la plus récente de l’exposition et appartient à un petit groupe de tableaux créés autour de 1941. Sa composition est semblable à celle de Forêt près d’Oele de 1908, mis à part le fait qu’elle
n’entretient plus aucun rapport avec un paysage réel mais tient d’une «abstraction pure». L’oeuvre est inachevée et apporte un

NEW YORK CITY 1, 1941
Huile et papier sur toile, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf

témoignage important du processus de travail de Mondrian dans les dernières années de sa vie. À New York, il avait commencé à reconfigurer ses images et à les rendre plus dynamiques et plus rythmiques à l’aide de bandes de papier. Les surfaces colorées cèdent alors le pas aux lignes de couleur.

Petite Biographie

Né en 1872 à Amersfoort aux Pays-Bas, Mondrian entre tôt en contact avec l’art : son père enseigne le dessin, son oncle est un peintre amateur à succès, influencé par la peinture de paysage de l’École de La Haye, incarnation spécifiquement néerlandaise de Piet Mondrian
Ferme près de Duivendrecht, vers 1916
Huile sur toile, 86,3 x 107,9 cm
The Art Institute of Chicago, don de Dolly J. van der Hoop Schoenberg
© 2022 Mondrian/Holtzman Trust
Photo: bpk/The Art Institute of Chicago/Art Resource, NY

l’impressionnisme. Après une éducation calviniste et une formation en tant que professeur de dessin, entre 1892 et 1895 Mondrian étudie à la Rijksakademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam. Il continue à travailler en tant que professeur de dessin, peint des  portraits sur commande et réalise des dessins scientifiques pour l’Université de Leyde. Mais il poursuit également ses ambitions artistiques et développe rapidement son propre style. La plupart des oeuvres de cette période, qui représentent majoritairement des moulins à vent, des rivières et des bâtiments de ferme,
témoignent encore de l’influence de l’École de La Haye. À partir de cette base, Mondrian élargit avec détermination le champ de ses possibilités artistiques.

Philosophie et Esotérisme

L’art de Mondrian est étroitement lié à son intérêt pour la philosophie et l’ésotérisme. À partir de 1908, il se passionne pour la théosophie ; influencé par les écrits de Rudolf Steiner – alors encore théosophe – en  1909 il adhère à la section néerlandaise de la Société théosophique. Sa rencontre avec le cubisme mène fin 1911 à un premier séjour à Paris qui dure jusqu’en 1914, lorsque Mondrian ne peut y retourner en raison du début de la Première Guerre mondiale. En 1919, il s’installe durablement à Paris.
Après la Première Guerre mondiale, les artistes sont nombreux à chercher un renouveau culturel radical.
Aux Pays-Bas, un groupe d’artistes d’avant-garde se constitue et publie à partir de 1917 la revue De Stijl.
Mondrian formule l’intention du groupe de démanteler les traditions afin de refonder tous les aspects de la vie sur la base des éléments essentiels de l’art tels qu’il les défend.

No. VI / Composition No.II

Dans des écrits théoriques, Mondrian tente d’exposer son programme artistique. Il désigne sa nouvelle forme d’expression picturale sous le terme de «néoplasticisme», qu’il conçoit en première ligne comme une concentration sur les moyens d’expression essentiels de la peinture : d’une part le noir et le blanc,
situés aux extrêmes opposés de l’échelle des couleurs, d’autre part les couleurs primaires jaune, rouge et bleu. Le noir est généralement celui des lignes qui s’étirent à la verticale et à l’horizontale, se croisant à angle droit. La combinaison de ces éléments ouvre des possibilités de composition infinies. Mondrian s’intéresse à l’image essentielle, à la création d’un équilibre parfait et tendu à la fois, dans lequel tous les éléments semblent à leur place.
Mondrian passe les 25 dernières années de sa vie dans les trois métropoles de l’art moderne: Paris, Londres et New York. De fin 1911 à 1938, avec une interruption due à la Première Guerre mondiale, il vit à Paris. Après quelques années à Londres, en 1940 il s’installe à New York, où il décède en 1944 âgé de 71 ans. En tant que membre de la Société théosophique, Mondrian accordait une grande importance à l’internationalité. Il accède au statut de célébrité dès les années 1920 en tant qu’artiste d’avant-garde et co-initiateur de la peinture abstraite. Ses ateliers deviennent des lieux légendaires, sources d’inspiration
surtout pour des artistes plus jeunes dont Willem de Kooning et Lee Krasner.

Le film «Piet & Mondrian»

Dans le cadre de l’exposition, la Fondation Beyeler présente le film «Piet & Mondrian», un court-métrage de Lars Kraume, l’un des cinéastes les plus renommés de langue allemande. Le film prend pour point de départ l’essai Réalité naturelle et réalité abstraite, formulé par Mondrian en 1919/20 sur le mode du dialogue pour y exposer ses considérations et ses réflexions sur l’abstraction dans l’art. Le grand acteur allemand de théâtre et de cinéma Lars Eidinger donne vie au texte théorique de Mondrian.
«Piet & Mondrian» a été produit par Felix von Boehm / Lupa Film avec le soutien financier du Medienboard Berlin-Brandenburg. Le scénario a été écrit par Constantin Lieb.

Le catalogue

Le catalogue de l’exposition a été conçu par Irma Boom, graphiste de renom international qui au fil des dernières années a renouvelé les possibilités infinies du livre. Le catalogue paraît en allemand et en anglais au Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 264 pages, il réunit des articles rédigés par Benno Tempel, Caro
Verbeek, Ulf Küster, Kathrin Beßen, Susanne Meyer-Büser, Charlotte Sarrazin et l’artiste Bridget Riley, avec une préface de Sam Keller et Ulf Küster. À l’occasion de l’exposition, le Hatje Cantz Verlag, Berlin publie
également Mondrian A–Z : dans ce texte amusant, Ulf Küster explore en ordre alphabétique les thèmes qui intéressaient le peintre et nous offre ainsi des aperçus de son univers mental et sensoriel.
Il existe un tiré à part en français
N’oubliez pas de scanner le code barre à l’entrée de l’exposition pour avoir le livret de salle en français

Informations

La Fondation Beyeler est ouverte tous les jours de 10.00 à 18.00 h,
le mercredi jusqu’à 20.00 h
Tram depuis la SBB
Depuis Bâle CFF : Tram n° 2 direction « Eglisee » jusqu’à l’arrêt « Bâle, Badischer Bahnhof », changer pour le tram n° 6 arrêt Fondation Beyeler


FONDATION BEYELER
Baselstrasse 101
CH-4125 Riehen/Basel
Tél. +41 61 645 97 00
Fax +41 61 645 97 19
info@fondationbeyeler.ch

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.