Jusqu’au 13 octobre 2019, Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Commissaire : Josef Helfenstein
Assistance : Philipp Selzer, Eva Falge
William Kentridge (né en 1955) compte parmi les figures majeures de l’art contemporain à l’échelle internationale. Depuis plus de trente ans, ce plasticien, réalisateur et metteur en scène associe dans son oeuvre protéiforme différents médias artistiques : film d’animation, dessin,
gravure, mise en scène théâtrale et sculpture.
Dans le cadre d’une exposition d’ensemble au Kunstmuseum Basel | Gegenwart, plusieurs oeuvres de l’artiste sud-africain sont visibles pour la
première fois sur le continent européen.
Élaborée en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition
A Poem That Is Not Our Own met en lumière les thèmes de la migration,
de l’exil et de la procession qui jalonnent son oeuvre aux côtés de dessins
et de films des années 1980 et 1990. Elle montre comment ces thématiques
présentes très tôt dans l’oeuvre dessiné de Kentridge y occupent une place grandissante au fil des années.
Sa récente oeuvre performative The Head & The Load (2018) illustre bien cette progression.
Après une présentation inédite à la Tate Modern de Londres à l’été 2018,
elle sera visible au Kunstmuseum Basel sous forme d’une installation – une première en Europe. The Head & The Load aborde le rôle peu connu de l’Afrique durant la Première Guerre mondiale à travers une
procession d’un genre tout à fait singulier composée de projections de films, de jeux d’ombre et de silhouettes dansantes. Trois autres oeuvres présentes dans l’exposition explorent le thème
de la procession dans le travail de Kentridge :
les installations vidéo Shadow Procession (1999),
More Sweetly Play The Dance (2015) et Triumphs & Laments (2016) à laquelle est consacrée une salle où sont exposés, pour la première fois en Europe, des dessins et des gravures sur bois.
Conflits politiques et sociaux
Second temps fort de l’exposition, les conflits politiques et sociaux en Afrique du Sud et en Europe auxquels Kentridge porte un intérêt dès ses premiers films et dessins. Une salle d’exposition consacrée à l’abondant travail de Kentridge en tant que réalisateur et scénographe
présente un film documentaire aux côtés de décors scéniques de la pièce de théâtre Sophiatown (1986–1989).
Réunis pour la première fois en Europe, ces panneaux se distinguent
par leur grand format et leurs couleurs terreuses. Fruit d’une collaboration entre l’artiste et la Junction Avenue Theatre Company, cette pièce de théâtre traite de la démolition brutale de Sophiatown, haut lieu culturel de Johannesbourg, et du déplacement forcé de ses résidents entre 1955 et 1959.
Dans son oeuvre dessiné de jeunesse, Kentridge explore l’histoire souvent violente de l’Europe à partir d’une perspective sud-africaine. L’exposition rassemble des oeuvres sur papier exemplaires et marquantes provenant de collections d’Afrique du Sud réalisées pour la plupart avant la fin de l’apartheid. Elles témoignent de l’approche achronologique de Kentridge qui répond aux événements et aux anomalies de la société sud-africaine sous l’apartheid à l’aide de procédés artistiques datant du début du XXe siècle.
Drawings for Projection et Drawing Lessons
En 1985, William Kentridge produit l’un de ses premiers films d’animation intitulé Vetkoek/Fête Galante. Par la suite, il met au point la « poor man’s animation », une technique filmique élaborée à partir de photographies de dessins au fusain et de collages. Cette méthode donne notamment naissance à Drawings for Projection (1989–aujourd’hui), célèbre série de films en 35 mm. Ces épisodes animés mettent en scène deux personnages, Soko Eckstein et Felix Teitelbaum, dotés de traits semblables à ceux de Kentridge. Outre le lien topographique avec Johannesbourg – sa ville de naissance –, l’artiste s’appuie sur ces personnages comme toile de fond pour expliquer l’ambivalence de l’Afrique du Sud contemporaine.
À travers de courtes séquences tournées dans l’atelier de William Kentridge, Drawing Lessons (2009–aujourd’hui), série de films expérimentaux entamée ultérieurement, montre la manière dont l’artiste s’amuse à questionner l’art avec humour. Une caméra immobile orientée sur une partie de son atelier détermine le cadrage de la plupart des Drawing Lessons.
La première Drawing Lesson bâloise (Drawing Lesson No.50) intitulée In Praise of Folly (2018) fait référence à la thèse satirique du même nom rédigée en 1509 par Érasme de Rotterdam dans laquelle il critique l’Église catholique. Le savant humaniste entretient un lien étroit avec la ville de Bâle en enseignant notamment au sein de son université. In Praise of Folly présente au second plan des croquis de Kentridge évoquant le Portrait d’Érasme de Rotterdam de Hans Holbein qui figure au sein de la Öffentliche Kunstsammlung Basel. On identifie également des croquis d’autres oeuvres connues de la collection bâloise – celles de Pablo Picasso, Paul Klee ou Matthias Grünewald –, autant de sources d’inspiration artistique qui ornent l’atelier de Kentridge telles des icônes. À la lumière de ces oeuvres, In Praise of Folly aborde l’histoire de l’art et ses figures tutélaires auxquelles les artistes d’aujourd’hui empruntent leurs inspirations.
L’exposition William Kentridge. A Poem That Is Not Our Own est répartie sur trois niveaux du Kunstmuseum Basel | Gegenwart ainsi que dans certaines salles du Kunstmuseum Basel | Hauptbau et Neubau.
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît. Il réunit des textes de William Kentridge, Josef Helfenstein, Ute Holl et Leora Maltz-Leca.
Voir ici la vidéo du vernissage TV
Kunstmuseum Basel | Gegenwart
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