« La Collection Courtauld. Le parti de l’impressionnisme »
réunit quelque 110 oeuvres dont une soixantaine de peintures
et des oeuvres graphiques, majoritairement conservées
à la Courtauld Gallery ou dans différentes collections publiques
et privées internationales. Elle permet au public français de
découvrir à Paris, soixante ans après leur première présentation
en 1955, au Musée de l’Orangerie, quelques-unes des plus grandes
peintures françaises de la fin du XIXe siècle et du tout début du XXe,
tel que Un Bar aux Folies Bergère (1882) de Manet,
La Jeune Femme se poudrant de Seurat (1889-90),
Les Joueurs de cartes de Cézanne (1892-96), Autoportrait à
l’oreille bandée de Van Gogh (1889),
Nevermore de Gauguin (1897)
ainsi qu’un ensemble de dix aquarelles de J.M.W. Turner
qui ont appartenu au frère de Samuel Courtauld,
Sir Stephen Courtauld.
Les liens qu’entretient Samuel Courtauld avec la France sont
déterminants dans les motivations et l’esprit de sa collection.
Sa famille, originaire de l’île d’Oléron, immigre à Londres
à la fin du XVIIe. D’abord orfèvres, ses ancêtres créent une
entreprise de textile en 1794 qui deviendra avec l’invention
de la viscose, fibre synthétique révolutionnaire, une des plus
importantes entreprises de textile au monde au tout début
du XXe siècle. Samuel Courtauld accède à sa présidence en 1921
et accompagne son développement jusqu’en 1945.
Francophile, il se rendra régulièrement à Paris, notamment
pour acheter des oeuvres auprès des marchands français,
conseillé entre autres par l’historien d’art et marchand
Percy Moore Turner.
Sa collection, constituée entre 1923 à 1929, en moins de
10 ans, en parfaite concertation avec sa femme Elizabeth,
est d’abord montrée dans leur demeure néoclassique de
Home House, construite par l’architecte Robert Adam
en 1773-1777, située à Portman Square, au centre de Londres.
Le cercle amical des Courtauld réunit alors des personnalités
la croisée du monde de l’art, de la musique, de la littérature,
de l’économie, des membres du Bloomsbury Group tel
l’économiste John Maynard Keynes et l’historien d’art,
peintre et critique Roger Fry, un des premiers promoteurs
de l’impressionnisme. L’engagement social du couple
s’exprime également chez Elizabeth par un soutien déterminé
à la musique classique et aux Courtauld-Sargent Concerts
donnés au Queen’s Hall.
Samuel Courtauld joue un rôle fondamental dans la
reconnaissance de Cézanne au Royaume-Uni, en
rassemblant le plus grand ensemble du peintre,
dont la Montagne Sainte-Victoire au grand pin
et l’une des cinq versions des Joueurs de cartes.
Seurat constitue l’autre point fort de la collection
avec un ensemble significatif de quatorze oeuvres,
dont La Jeune Femme se poudrant.
Sur la base d’une conception « humaniste » de l’art, les
Courtauld vont développer un objectif philanthropique
et la volonté de partager avec le plus grand nombre.
Leur générosité se manifeste à travers une collection
qui sera bientôt accessible au public et grâce à un fonds
– le Courtauld Fund – spécialement affecté aux institutions
nationales. C’est ainsi qu’ont pu être acquis pour la
National Gallery le fameux tableau
Une baignade, Asnières de Seurat – désormais indéplaçable
–, La Gare Saint-Lazare de Monet, Champ de blé,
avec cyprès de Cézanne, Café-Concert de Manet,
La Yole de Renoir, Le Chenal de Gravelines de Seurat.
En 1931, la volonté de Samuel Courtauld de donner au public
un accès à l’histoire de l’art et aux oeuvres se poursuivra
à travers la création de l’Institut Courtauld, abrité dans la
demeure familiale de Home House. Il ajoute à ce don celui
de la moitié de sa collection, soit soixante-quatorze oeuvres
(peintures, dessins, estampes) parmi lesquelles les étudiants
circulent librement. Le reste de la collection, augmentée de
quelques oeuvres acquises ultérieurement, sera transmis
au moment de sa mort à l’Institut Courtauld.
La grande originalité de l’Institut est de conjuguer la collection,
la recherche et un enseignement qui, à côté de l’histoire de l’art,
s’ouvre aux techniques de conservation et de restauration des
oeuvres. Ce haut-lieu de la culture a acquis et conservé une
réputation internationale. Il peut s’enorgueillir d’un fonds
de documentation exceptionnel – en architecture notamment
– et d’archives remarquables.
En 1989, la Courtauld Gallery a quitté Home House
pour s’installer sur son site actuel, Somerset House,
– construit par Sir William Chambers entre 1176 et 1796,
ancien siège londonien des expositions de la Royal Academy of Art.
La fermeture temporaire de la Courtauld Gallery pour
rénovation, à partir de septembre 2018, rend possible cette
exposition. L’opération menée sur plusieurs années, appelée
Courtauld Connects, verra la transformation du
Courtauld Institute of Art and Gallery et notamment la
restauration de la Great Room, construite par Sir William Chambers
entre 1776 et 1779, pour les expositions annuelles organisées
par la Royal Academy of Arts jusqu’en 1836, où ont exposé
Reynolds, Gainsborough, Constable, Turner.
L’exposition de la Collection Courtauld incarne la volonté
de la Fondation Louis Vuitton de valoriser la place des
collectionneurs emblématiques dans l’histoire de l’art dans
la lignée de précédentes expositions organisées par la
Fondation réunissant des chefs-d’oeuvre significatifs de
la Modernité, rassemblés par de prestigieuses institutions
publiques : « Les Clefs d’une passion » (2014-2015),
« Être Moderne : Le MoMA à Paris » (2017-2018) et des
collectionneurs éclairés : « Icônes de l’art moderne.
La Collection Chtchoukine » (2016-2017).
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