Fondation Fernet Branca carte blanche à François-Marie Deyrolle

Il faut vous dépêcher, l’exposition se termine le 4 novembre
Une exposition « éclair » à la Fondation Fernet Branca
avec des artistes d’une incontestable qualité.

Ann Loubert
Marronniers 2016

la parole à :
François-Marie Deyrolle / éditions L’Atelier contemporain
auquel la Fondation Fernet Branca a donné carte blanche
[Six peintres, tous vivant à Strasbourg.
Le plus âgé est né en 1960 ; la plus jeune en 1987.
Les cinq plus jeunes ont été élèves du premier. Le style de
chacun est unique.
Ils sont peintres, pleinement peintres, ils aiment la peinture,
et la pratiquent avec joie, jubilation, quelques
inquiétudes aussi, cela se voit. Qu’ils peignent sur le motif,
avec modèle(s), de mémoire, guidés par leur
imagination, ou encore avec l’appui de documents
photographiques, tous sont des peintres que l’on peut qualifier
de «figuratifs ». […..

Ce qui ressort de l’exposition, c’est qu’il est question de corps,
de fragments, de couleurs, d’irrél.
Contrairement à Baselitz qui se désole des corps
vieillissant,
ici ce sont des jambes, des bras, des yeux, des mains jeunes,
adultes,
mystiques.

CAMILLE BRÈS
http://camillebres.blogspot.fr/
Née en 1987
Elle peint à la gouache d’après des photos prises en studio.
Elle se met en scène avec des amis, avec son fils, avec le père
de son fils, une sorte de concepts psychanalytiques.
Les séries de tableaux comme « Les miroirs » ou
« Les plateaux » proposent des variations d’une même composition.
C’est un univers insolite  qui fait penser à Edward Hopper,
mais aussi à Balthus.


AURÉLIE DE HEINZELIN
aureliedeheinzelin.ultra-book.com/
Née en 1980
« Dans mes tableaux, je vis une « autre » vie, libre de toute
morale et affranchie de la réalité. Si je suis bien élevée dans
la vraie vie, je suis une peintre « dé-polie », « dé-policée ».
Mon père spirituel est Otto Dix. Ma mère spirituelle, Paula
Rego. Peindre, pour moi, c’est pouvoir être à la fois une
bonne soeur et une mère maquerelle sans que cela ne pose
problème. C’est créer des êtres hybrides, un homme qui a
des seins, une femme qui a 3 jambes. C’est faire cohabiter
dans le même espace-temps mon amie Célie et Gargantua »,

ANN LOUBERT
www.annloubert.com
Née en 1978

Plaidoyer pour une peinture intranquille
Je peins et dessine ce que je vois ou ce que j’ai vu. Je traduis le réel
à ma façon.
Le petit format explore un autre espace, plus discret ;
sa densité n’a rien à envier aux grands tableaux.
La « composition » dans la feuille de papier n’échappe pas
aux tensions : fractures, déséquilibres, trous, béances, lacunes…

Le choix du papier, de la toile souple, de matériaux fluides –
acryliques très diluées, pigments à la colle…-, permet de garder un
rapport direct, presque nerveux, à ce qui est « représenté ».
Le dessin et les mots écrits, effacés, repris, creusent un peu plus
loin le rapport à ce que j’appelle mon réel imaginaire.

Les éléments – jambes, bras, fleurs, paysages – se rencontrent,
comme dans un flux de pensée. La conscience qui nous habite se
coule dans le langage, dans des images neuves ou déjà vues, des
émotions…
Ni moi ni ma peinture n’échappons à l’air du temps, ce temps qui
n’invite guère à la tranquillité d’esprit.
CLÉMENTINE MARGHERITI
Née en 1981
Parce qu’au commencement c’est un gouffre à franchir :
de moi à la peinture, au geste de peindre. Ma peinture commence
en écartant tous les autres chemins possibles…..
Où est l’image ? Où est la peinture ? Je peins et dis « surface ».
Je me colle à la paroi, comme une pulsion avec le désir de la franchir.
Je suis Narcisse et je repeins Adam et Ève.

La peinture me lie à ma langue, elle est ma matière à penser,
ma présence au monde.
« Les peintures racontent des histoires. Mais le réalisme semble
toujours tronqué, dévié de son objet préalable par un détail qui
nous fait glisser dans un monde inconnu, entre la familiarité du
déjà-vu, qui est aussi celle des histoires personnelles de l’artiste,
et la surprise de l’imprévisible, des sujets inattendus. Souvent,
la première impression comique laisse place à une inquiétude
inconnue, audacieuse. » (David Collin)

« Dans toutes les peintures de C. Margheriti perce en filigrane
une question essentielle, existentielle, qui se rapproche du genre
pictural qu’est la Vanité. Cette question est celle de la fugacité
des choses, ou de leur permanence, question de la durée face à
tout ce qui nous échappe, et de la brièveté de certains moments
que seule une attention accrue sait capter et retenir. Tel est le
pari du peintre. » (Ann Loubert)
Marius Pons de Vincent
mariusponsdevincent.com/
Né en 1986
Ma pratique est très éclatée. Il m’arrive de compter jusqu’à
neuf tableaux en court. C’est une parade aux temps de séchage
et surtout à l’ennui. Je peins sur du bois apprêté à la colle de
peau et à la craie, sur mes chiffons souillés que je tends sur
châssis et que j’encolle, sur le verre, sous le verre, souvent celui
de mes palettes. Je conçois mon atelier comme une machine
autonome. […[Je provoque des accidents,
que je m’efforce de réinjecter et d’organiser dans mes tableaux.
Cette dispersion dans le travail me permet de penser à la
fois à la raideur d’un portrait de Memling, à la couleur chez
Martial Raysse, à Robocop, à la déconstruction des images chez
Malcolm Morley, à des erreurs d’impressions, à Mondrian, au
romantisme de Christian Schad, à Franck Stella. Je trouve du
plaisir à travailler à la grisaille d’un drapé tout en réfléchissant à
un moyen de peindre comme une imprimante. Naturellement
des « séries » de tableaux naissent de ce protocole. ….

J’ai, par exemple, régulièrement recours au trompel’oeil.
Je cherche à faire passer la peinture pour ce qu’elle n’est
pas, du papier, du scotch…, etc. En confrontant le simulacre
du tableau et la mise en scène de sa fabrique, on hésite à savoir
si le sujet est l’image ou la peinture elle-même. Dans le huis clos
de l’atelier, je travaille à parvenir au moment où je ne saurai
plus comment j’en suis arrivé là.
DANIEL SCHLIER
Né en 1960

Avec pragmatisme et littéralité, Daniel Schlier assemble des images
aux registres variés. Une grande part est faite de peintures sous
verre, qui renvoient à un art populaire et traditionnel ou à cette
autre imagerie sous verre qu’est la télévision. Avec la même logique
de simplicité et de références accessibles, il combine les expériences
personnelles et des objets ordinaires en collages rendus possibles
par la peinture. Sur toile il mêle d’autres matériaux, perles de
verre, mouchoirs, directement.
Cela donne à ces objets communs
une fonction figurative tout à fait surprenante et déconcertante.
Ces peintures rendent le visible bien plus trouble qu’il ne l’est
déjà, révélent sa face étrange et inquiétante. Il construit un monde
fait de têtes expressives à la recherche d’une pensée et qui portent
la marque hilare du désastre.

Attentif à la présence de l’imaginaire dans la perception du
réel, Schlier semble curieux de voir comment notre relation aux
apparences se contracte et se relâche.
Texte François-Marie Deyrolle / éditions L’Atelier contemporain

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.