Jérôme Zonder. The Dancing Room

Au musée Tinguely de Bâle visible jusqu’au
1 novembre 2017,
Avec la présentation de Mengele-Totentanz (1986)
de Jean Tinguely
dans la salle nouvellement conçue à cet effet,
le Musée Tinguely lance une série d’expositions
avec de jeunes artistes qui font référence à cette oeuvre
tardive de Tinguely et en abordent l’actualité encore
aujourd’hui valable.

Le coup d’envoi est donné par Jérôme Zonder
(né en 1974 à Paris), qui compte parmi les grands
dessinateurs de sa génération. Avec ses représentations
grotesques, inspirées de Jérôme Bosch, Paul McCarthy
ou Otto Dix, il parvient à exprimer les atrocités humaines
indicibles et catastrophes humanitaires des 100 dernières
années pour en faire des « Danses macabres »
contemporaines.
Une quarantaine de dessins, une oeuvre murale
grand format et une construction sculptée composent
ainsi une vaste installation en dialogue direct avec
Mengele-Totentanz
La part politique, narrative et historique qui est très
forte, pas simplement dans le récit de la pièce,
renforce le lien qui s’établit entre les 2 espaces.
Un dessin en 3 temps : la première structure c’est la herse
que l’on aperçoit lorsque l’on arrive dans la salle, qui nous
bloque, avec sa présence menaçante, dont l’usage et le
sens nous échappe. Pour Zonder c’est une manifestation
de la grande histoire.

Le grand dessin à l’empreinte sur toile, travaillé
à la mine de plomb et à la poudre de charbon
est réalisé d’après une photo des wokings deasds,
une foule de zombis qui tendent les bras vers nous,
avatars contemporains de la danse macabre.
Cela représente le lien très fort avec le travail de
Tinguely.
Puis le grand mur d’images, une grande grille, comme
un mur Internet, un Trumbl, un album de famille privé,
axé sur la violence, la cruauté, lié à la danse macabre.
Un Pingpong, un jeu de renvoi entre l’image de la mémoire,
de la mauvaise conscience, l’album de la cruauté, du
cauchemar qui tente de nous saisir. C’est aussi un résumé
du rapport à la vanité et en même temps un appel vers
le récit de Tinguely, très littéralement
une évocation de la morbidité de sa pièce, comme si elle
nous arrivait d’entre les morts, portant un message
pour nous rappeler que nous sommes mortels.

Le souvenir à l’intérieur, sur le mur est une sélection
de dessins de 2010 a 2017 qui sont tous en rapport avec
la violence.
Il y a les 3 niveaux de référence de genre graphique
avec lequel il travaille, les images d’archives historiques,
travaillées à l’empreinte, un état de la mémoire et
du corps liés à Auchwitz, 2 images qui viennent de
Didi Huberman, les chaires grises de la maison rouge,
les premiers de la nouvelle série sur la guerre d’Algérie,
des images d’archives de 1957 d’un interrogatoire
à Constantine.
C’est le travail de cette mémoire qu’il veut saisir à bras
le corps, d’un côté les archives historiques classiques,
du côté de l’histoire de l’art, la grande peinture de
Baldung Green, Christian van Couwenbergh (1604-1667),
Le viol de l’esclave noire.

Travail sur le viol et la domination du blanc sur le noir,
une violence plus métaphorique sur la jeune fille
et la mort du Kunstmuseum de Bâle, la figure de la
domination masculine 15 e s.
D’un côté les archives, de l’autre côté les mélanges
qu’il fait avec des travaux de l’histoire ici avec
les jeux d’enfants et des dessins qui sont dans
l’immédiateté des faits d’actualité, des moments d’histoire
qui marquent.

Jerôme Zonder Tinguelys Mengele-Totentanz

Il est passé des travaux de la forme du dessin
à des travaux de forme d’écriture, à quelque chose qui
s’incarne dans la façon de travailler le matériau et
le support dans la physicalité de son travail.
Dans ses portraits en noir et blanc, l’artiste français rend
hommage aux femmes, icônes féministes ou anonymes,
les “fiancées du diable”.
Elle s’appelle Garance, comme l’héroïne des
Enfants du paradis, qui chante
« Je suis comme je suis » en arpentant le
« boulevard du Crime » dans le film de Carné et Prévert.
Soixante-dix ans plus tard, elle n’a rien perdu de son
audace en quittant le grand écran pour réapparaître
dans les dessins noir et blanc de Jerôme Zonder.

Mengele-Totentanz (1986). La sculpture-machine en 14 parties
est réinstallée dans une salle du musée spécialement conçue à
cet effet afin d’évoquer l’apparence d’une chapelle.
L’oeuvre doit son nom au maître-autel figurant au centre,
une ensileuse à maïs (tellement déformée qu’elle est presque
méconnaissable) de la marque Mengele ayant appartenu à la
famille de l’effroyable médecin nazi.
Toutes les pièces utilisées ont été récupérées après un incendie
dévastateur dans une ferme non loin de l’atelier de Tinguely,
à Neyruz, près de Fribourg.

La danse macabre constitue à Bâle un sujet de longue tradition,
qui culmina avec la fameuse Basler Totentanz, réalisée vers 1450
sur l’enceinte de l’ancien couvent des Dominicains, et maintes
fois citée et reproduite depuis. Le message de la représentation
était multiple : rappeler le caractère éphémère de la vie et
l’égalité de tous devant la mort, tout en puisant dans les motifs
et pensées des idéaux humanistes émergeant à cette époque.
Le catalogue « Jérôme Zonder » est publié par l’édition
Galerie Eva Hober, Paris.
La publication en français, anglais et allemand avec un
avant-propos de Eva Hober et des contributions de
Roland Wetzel et Catherine Francblin
le catalogue, Mengele-Totentanz (1986) de Jean Tinguely
au Musée Tinguely paraît aux Éditions Kehrer,
Heidelberg/Berlin, une publication richement illustrée,
avec des textes récents de Sophie Oosterwijk, Sven Keller
et Roland Wetzel ainsi qu’un entretien entre Jean Tinguely
et Margrit Hahnloser, enregistré en 1988.
La publication paraît en allemand, français et anglais.
Horaire du musée :
Mardi – dimanche, 11h – 18h
Accès :
Depuis la gare SBB, tram 2, descendre à Wettsteinplatz,
puis bus n° 37
 

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.