Jusqu’au 30 OCTOBRE 2016 à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne.
La Fondation de l’Hermitage présente l’une des plus belles collections privées d’Europe, constituée depuis les années 1950 par un passionné des arts. Regroupant plus de 120 tableaux, sculptures et installations, l’exposition offre une exploration inédite de l’art occidental des XXe et XXIe siècles, à travers cet ensemble hors normes, d’une grande diversité.
Depuis son ouverture en 1984, la Fondation de l’Hermitage a développé des liens privilégiés avec les collectionneurs, autant en Suisse qu’à l’étranger. Ces relations de confiance ont permis à l’institution d’accueillir des collections privées de grand renom : celles de Florence Gould (1985), Ian Woodner (1992), Rolf et Margit Weinberg (1997), Jean Planque (2001), Arthur et Hedy Hahnloser (2010) ou encore Jean Bonna (2015).
L’exposition de l’été 2016 s’inscrit dans le cadre de ces fructueuses collaborations. Proposant un regard original sur la scène artistique moderne et contemporaine, elle fait la part belle à l’art de l’après-guerre, de l’informel (Jean Dubuffet, Asger Jorn) au néo-expressionnisme (Miquel Barceló, Jean-Michel Basquiat, Anselm Kiefer).
Autres points forts de la collection, des oeuvres poétiques,
intenses, graves ou légères, de Giuseppe Penone, Bertrand Lavier, Pierre Soulages, ou encore Niele Toroni, viennent illustrer la création contemporaine européenne.
A cela s’ajoute une imposante sélection d’oeuvres américaines des XXe et XXIe siècles mettant à l’honneur l’art conceptuel et minimaliste, ainsi que l’expressionnisme abstrait : Carl Andre, Jean-Michel Basquiat, Louise Bourgeois, Chris Burden, Sol LeWitt, Agnes Martin, Sean Scully, Mark Tobey ou encore Cy Twombly, autant d’accents importants dans cette collection unique, dont la présentation publique constitue un événement majeur.
Des oeuvres classiques – des terres cuites de Jean-Antoine Houdon et de Jean-Baptiste Carpeaux, mais également d’admirables portraits par Auguste Renoir, André Derain et Chaïm Soutine –, et des incursions du côté de l’art réputé brut ou naïf (Louis Soutter, André Bauchant) complètent l’exposition, rendant compte d’un regard très personnel, et particulièrement sensible, sur l’art occidental.
Commissariat : Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage, Lausanne, et Didier Semin, professeur à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, Paris
Dans un entretien avec la journaliste Florence Grivel, le collectionneur nous livre sa vision très personnelle d’une trentaine d’œuvres.
C’est par la magie d’un audio-guide gratuit que le collectionneur vous accompagne, pour raconter ses choix. D’une manière précise et concise, il vous promène
d’une salle à l’autre, tout en vous instruisant. Pourquoi le choix d’une oeuvre ?
il cite Laurent Fabius,
(Le Cabinet des douze . Regards sur des tableaux qui font la France ?)
C’est le premier coup d’oeil sur une oeuvre qui accroche, qui succite l’émotion, qui est le bon.
Le deuxième point, c’est la réflexion, il faut comprendre pourquoi on l’aime, s’attarder sur elle, la contempler, se l’approprier, la découvrir, la regarder plusieurs fois, car on y trouve chaque fois quelque chose de nouveau, la couleur, la forme, l’équilibre, le sujet.
C’est le troisième regard qui confirme pourquoi on l’aime.
Ensuite viennent les références culturelles qui permettent de comparer avec d’autres artistes, mais cela vient au dernier moment. Il ne faut surtout pas avoir une grande connaissance des choses pour aimer un tableau
Cette toile de Dubuffet, qu’il a rencontré, peu de temps avant sa mort, se trouve la plupart du temps, dans sa chambre à coucher, elle montre pour lui,
le chaos originel et celui après la mort.
L’amateur érudit, passionné, qui a réuni cet ensemble exceptionnel aime regarder l’art comme un jeu très savant. Sa collection, qui est une oeuvre ludique et raffinée, laisse deviner son portrait. Elle porte la marque d’un tempérament contemplatif, et volontiers
espiègle, raconte l’amour de l’histoire et la fascination pour les origines, elle contient au plus profond l’émotion intacte des choses vues à l’âge des premiers émerveillements, mais aussi des premières terreurs… Quelle image pourra jamais rivaliser avec l’expérience du sublime : la vision, à l’âge de quatre ans, d’un dirigeable en flammes dans le ciel, au milieu de la nuit !
La toile de Jean Michel Basquiat, vue chez Yvon Lambert, l’a séduit par son bleu.
Il l’a encadrée avec un cadre Renaissance qui à l’époque valait
plus que Basquiat pas très connu à cette période.
Un autre dessin de Basquiat, « Loox Real », fait de griboullis,
lui a été montré par Yvon Lambert, alors que lui-même dessinait.
Il estimait que ses dessins étaient meilleurs que ceux de JM B.
Aussi raconte t’il que ce dessin lui a été imposé, et il l’a acheté
« sous la torture ».
Du sous-sol aux combles, on est presque atteint du syndrome de Stendhal,
tant cet amateur d’art a réuni, juxtaposé, composé des ensembles
qui se complètent et se répondent. Il montre un bel éclectisme,
une ouverture d’esprit, un choix sur, sans éprouver le besoin de
sacrifier à la mode. Il a constitué sa collection en achetant les
oeuvres aux artistes à leurs débuts.
Loin des blockbusters, il aime la découverte, l’amitié avec les artistes,
l’authenticité, l’originalité. Il aime à évoquer le passage du temps,
les regards, la mort.
Pour la toile de Keith Haring, une vanité, il cite Antoine Blondin : « Léonard de Vingt Sous, ça vaut plus que 20 sous, mais ça vaut moins que Léonard de Vinci. »
Les nombreux portraits de la collection composent une galerie fascinante, d’une remarquable diversité, allant des bustes classiques de Jean-Antoine Houdon (1741-1828) et de Jean-Baptiste Carpeaux (1827- 1875) jusqu’au bouleversant autoportrait d’Antonin Artaud (1896-1948), en passant par l’archétype du
Chômeur d’Otto Dix (1891-1969). Les visages évanescents d’Andrew Mansfield ou puissamment expressifs de Yan Pei-Ming illustrent l’exploration du portrait dans la scène contemporaine.
Des portraits caricaturaux, qui exagèrent les traits comme ceux de Jean Dubuffet (1901-1985), côtoient des portraits réalistes par Auguste Renoir (1841-1919),
André Derain (1880-1954) et Chaïm Soutine (1893-1943).
Tout comme Andy Warhol ou Gerhard Richter, Andrew Mansfield (né en 1953) transpose les sujets de ses oeuvres à partir d’images récoltées dans la presse ou sur internet. Le rendu photographique, doublé d’un fort contraste entre la peinture noire et la couleur, troublent autant que le regard énigmatique des jeunes femmes.
Les tableaux de Yan Pei-Ming (né en 1960) trouvent leur lointaine origine dans les gigantesques portraits de Mao Zedong vus dans la Chine de son enfance. Ils se reconnaissent d’emblée à leur composition monumentale, leur palette réduite et leur facture vigoureuse.
Le portrait résiste par nature aux doctrines esthétiques plus que n’importe quel genre pictural, parce qu’il vise à la ressemblance d’un individu, par-delà les modes et les techniques. Toutes ces toiles nous renvoient, fondamentalement, à l’humanité du visage.
Catalogue : en coédition avec les éditions Skira, la Fondation de l’Hermitage publie un catalogue richement illustré.
Horaires
du mardi au dimanche de 10h à 18h, le jeudi jusqu’à 21h
fermé lundi, sauf le lundi 1er août et le lundi du Jeûne (19 septembre), de 10h à 18h
Animations
visites commentées publiques, les jeudis à 18h30 et les dimanches à 15h
et événements conférence (22 septembre),
atelier de peinture gestuelle
soirées art & gastronomie,
dimanches art & brunch
Animations musicales dans le cadre de Lausanne estivale
Nuit des musées (24 septembre)
Fondation de l’Hermitage
2, route du Signal
CH – 1000 Lausanne 8
tél. +41 (0)21 320 50 01
info@fondation-hermitage.ch
www.fondation-hermitage.ch
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