Le musée Calouste-Gulbenkian (Museu Calouste Gulbenkian en portugais) est un musée situé à Lisbonne. L’institution fut fondée selon les dernières volontés de l’homme d’affaires arménien Calouste Gulbenkian, afin d’abriter et de présenter au public ses collections privées composées de plus de 6 000 pièces dont 1 000 font partie de l’exposition permanente.
Né en 1869 à Scutari, Calouste Gulbenkian était un homme d’affaires important qui fit fortune dans le domaine des industries pétrolières. Collectionneur d’une sensibilité et d’une connaissance exceptionnelles, il vécut les treize dernières années de sa vie à Lisbonne où il décéda en 1955. Manifestant le souci de voir les œuvres d’art qu’il avait rassemblées pendant près de quarante ans réunies sous un même toit, il institua une fondation portant son nom, dont les statuts furent approuvés en 1956. Situé à l’intérieur de l’un des plus beaux parcs de la capitale portugaise, le Parc de Santa Gertrudes, à l’intersection des avenues Berna et António Augusto de Aguiar, le Musée Calouste Gulbenkian fut inauguré en 1969. Le bâtiment, signé Atouguia, Cid et Pessoa, constitue une référence de l’architecture muséologique portugaise, avec de nombreuses ouvertures vers l’extérieur, permettant au visiteur d’établir un dialogue permanent entre la nature et l’art.
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En 1983 a été adjoint au musée un centre d’art moderne qui a été pendant de nombreuses années le seul d’importance au Portugal. Aujourd’hui encore, il joue un rôle important en organisant des rétrospectives et en soutenant l’activité artistique. On peut y découvrir quelques-uns des maîtres de la peinture portugaise des années 1910 à nos jours comme Eduardo Viana, Amadeo de Souza-Cardoso ou José de Almada Negreiros dont le musée conserve le célèbre Portrait de Fernando Pessoa au café Irmãos Unidos.
La répartition et l’articulation des galeries d’exposition permanente, toutes situées au premier étage, autour de deux patios, ont été orientées par une systématisation chronologique et géographique qui a été à l’origine de deux circuits indépendants correspondant aux deux époques traitées par le musée : le premier circuit est consacré à l’art classique et oriental (Égypte, Mésopotamie, arts d’Islam, Arménie…) tandis que le second est consacré à la sculpture et la peinture européenne, du XIe au XXe siècle.
L’éclectisme de l’ensemble reflète les préférences du collectionneur, qui s’est laissé guider en permanence par ses goûts personnels.
Le circuit se déploie à travers les galeries réservées à l’Égypte, à la Grèce et à Rome (en passant par l’Assyrie), à l’Orient islamique ainsi qu’à l’Extrême-Orient.
Les œuvres de la première salle témoignent de différents moments historiques et artistiques de la civilisation égyptienne, de l’Ancien Empire jusqu’à l’Époque romaine. L’art égyptien est représenté notamment par une riche collection de statuettes et de statues funéraires polychromes, une barque solaire en bronze (Djedher) de la XXXe dynastie et un masque de momie en argent doré. Des témoignages de l’art mésopotamien et gréco-romain, et en particulier une sélection de monnaies grecques et de médaillons d’Aboukir suivie d’un monumental bas-relief assyrien en albâtre provenant du palais de Nimrud (IXe siècle av. J.-C.), sont exposés dans la galerie suivante. On peut également admirer une tête féminine en marbre blanc attribuée au sculpteur grec Phidias (Ve siècle av. J.-C.)
C’est peut-être en raison de ses origines que Calouste Gulbenkian révéla un intérêt particulier pour la production artistique de l’Orient et acquit de nombreux objets : des céramiques, des tapis, des tissus, des enluminures, des reliures et des lampes de mosquée. Ces pièces qui reflètent les tendances les plus variées des arts perse, turc, syrien, caucasien, arménien et indien, du XIIe au XVIIIe siècle, sont exposés dans la galerie de l’Orient islamique avec un choix exceptionnel de faïences d’Iznik ornées de tulipes, de jacinthes ou d’œillets, de tapis turcs et persans, de lampes de mosquées émaillées du XIVe siècle.
À la fin de ce circuit se trouve la galerie d’art de la Chine et du Japon, avec un grand nombre de porcelaines, de pierres dures, d’objets laqués et de tissus. Le mécène était attiré par les estampes japonaises,
les paravents laqués et la porcelaine chinoise des périodes tardives (XVIIe et XVIIIe s), caractérisée par des motifs décoratifs très colorés et assez exubérants (lions, dragons verts, etc.).
Le second parcours est consacré à l’art européen, avec des sections présentant des livres manuscrits enluminés, des ivoires, des peintures, des sculptures, des médailles, des tapisseries et des tissus, ainsi que des pièces de mobilier, d’orfèvrerie et de verrerie. Ces objets illustrent les manifestations artistiques qui se sont affirmées dans différentes régions, du XIe siècle jusqu’à la moitié du XXe siècle.
Cette section débute par un ensemble d’ivoires français du XIVe siècle et de livres manuscrits enluminés, suivis d’une sélection de sculptures et de peintures du XVe au XVIIIe siècle. L’école flamande est représentée par Jean de Liège, Rogier van der Weyden et Dirk Bouts. Les artistes italiens sont illustrés par Domenico Ghirlandaio (Portrait de jeune fille), des vues de Vittore Carpaccio, Giovanni Battista Moroni. Le XVIIe siècle est surtout représenté par des peintres du Nord : Frans Hals, Jacob van Ruisdael et pour terminer, Rembrandt (Portrait de vieillard) et Pierre Paul Rubens avec le Portrait d’Hélène Fourment que Gulbenkian acquit en 1925 au musée de l’Ermitage de Leningrad, à une époque où le gouvernement soviétique, friand de devises, vendait les collections réunies par Catherine II de Russie.
L’art européen de la période de la Renaissance est illustré par des tapisseries de Mantoue et de Bruxelles, par une petite collection de médailles de grande valeur, comprenant un ensemble considérable d’œuvres de Pisanello, par un nombre restreint de livres imprimés, ainsi que par un ensemble de sculptures parmi lesquelles on distingue les œuvres d’Antonio Rossellino et d’Andrea della Robbia.
Calouste Gulbenkian, qui vécut longtemps à Paris, voua une attention particulière à l’art français qui occupe une place d’honneur dans les salles du musée. Les galeries du XVIIIe siècle réunissent des peintures de Nicolas de Largillierre, de Louis-André-Gabriel Bouchet (Cupidon et les Trois Grâces), d’Hubert Robert (deux études représentant les jardins de Versailles), de Jean Honoré Fragonard, de Nicolas-Bernard Lépicié, de Marc Nattier, de Maurice Quentin de La Tour, de Nicolas Lancret (Fête galante) ainsi qu’un petit tableau d’Antoine Watteau, entre autres.
On trouve également des sculptures de Jean-Baptiste II Lemoyne, de Jean-Baptiste Pigalle, de Jean-Jacques Caffieri et de Jean-Antoine Houdon, auteur de la statue en marbre « Diane », l’un des chefs-d’œuvre de la collection. On peut également admirer des tapisseries provenant des manufacture des Gobelins, de Beauvais et d’Aubusson ainsi qu’un ensemble de meubles des époques Régence, Louis XV et Louis XVI créés par des artistes tels que Charles Cressent, Jean-François Oeben, Jean-Henri Riesener, Georges Jacob, Martin Carlin et Claude Séné. Les collections se composent également de pièces d’orfèvrerie, œuvres des meilleurs orfèvres français tels que François-Thomas Germain, Antoine-Sébastien Durant, Louis-Joseph Lenhendrick, Jacques Roettiers et Henry Auguste ainsi que des porcelaines de Sèvres.
Le XVIIIe siècle est également mis à l’honneur dans l’espace spécialement consacré au grand peintre vénitien Francesco Guardi, avec 19 tableaux représentant des vues (vedute) et des « caprices » qui mêlent architectures réelles et imaginaires, exécutés à partir de 1760. Cet ensemble, unique au monde, illustre Venise à l’époque de sa splendeur, de ses fêtes opulentes et de ses régates sur fond de lagune ou de Grand Canal. Une de ses vedute s’inspire notamment du projet de Andrea Palladio pour le second pont sur le Rialto.
La salle réunit également des exemplaires des portraitistes anglais les plus réputés, comme Thomas Lawrence et Thomas Gainsborough. Joseph Mallord William Turner (Quillebeuf, Le Naufrage), avec ses motifs marins et précède les dernières salles du musée où se trouve exposé l’art du XIXe siècle. Très sensible à la nature, Gulbenkian collectionnait les peintures de l’École de Barbizon, avec des œuvres de Jean-Baptiste Corot, de Jean-François Millet, de Stanislas Lépine, de Théodore Rousseau, de Charles-François Daubigny et de Henri Fantin-Latour. Le courant impressionniste est représenté par des œuvres d’Eugène Boudin, d’Édouard Manet (La Bulle de savon), d’Auguste Renoir, de Claude Monet ou d’Edgar Degas (Autoportrait).
On peut également citer le préraphaélite Edward Burne-Jones avec Le Miroir de Vénus (1871)
Dans la collection Gulbenkian, la vision artistique du XIXe siècle est soulignée par la présentation de sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux, Antoine-Louis Barye, Jules Dalou, Auguste Rodin.
La visite du musée s’achève dans la salle 12 consacrée à l’Art nouveau où est présenté un ensemble de bijoux, parures, verreries, ivoires de René Lalique, considéré unique au monde. Lalique fut l’unique artiste moderne dont Calouste Gulbenkian devint le client et l’ami ; il acquit 169 de ses créations entre 1895 et 1937.
Ce musée est une pure merveille, entouré d’un parc où il fait bon flâner
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