Tout est paysage !
La Fondation Beyeler ouvre l’année 2016 sur la première rétrospective du XXIème siècle consacrée en Suisse à l’oeuvre polymorphe, pleine d’imagination et débordante de couleurs de Jean Dubuffet. L’exposition
Mêle moments, 1976
Acryle sur papier entoilé, 248,9 x 360,7 cm
Collection privée, Courtesy Pace Gallery
© 2015, ProLitteris, Zurich
Photo: courtesy Pace Gallery
« Jean Dubuffet – Métamorphoses du paysage »
(vidéo du vernissage) se tient jusqu’au 8 mai 2016 et présente une centaine d’oeuvres du peintre et sculpteur français, véritable maître de l’expérimentation, qui a donné de nouvelles impulsions à la scène artistique de la seconde moitié du XXe siècle. Parmi les travaux exposés, on pourra voir la spectaculaire oeuvre d’art total Coucou Bazar, une installation spatiale avec des costumes partiellement animés.
Fumeur au mur, 1945
Huile sur toile, 115.6 x 89 cm
Julie and Edward J. Minskoff
© 2015, ProLitteris, Zurich
Jean Dubuffet (1901–1985) fait partie des artistes qui ont profondément marqué la seconde moitié du XXe siècle. Stimulé par les travaux d’artistes en marge du circuit culturel, Dubuffet a réussi à s’affranchir des traditions et à réinventer l’art. L’influence de Dubuffet se fait encore sentir dans l’art contemporain et le Street Art, par exemple dans les travaux de David Hockney, Jean-Michel Basquiat et Keith Haring.
Vache la belle fessue, 1954
Huile sur toile, 97 x 130 cm
Collection Samuel et Ronnie Heyman – Palm Beach, FL
© 2015, ProLitteris, Zurich
Dans la première grande rétrospective montée en Suisse au XXIe siècle, la Fondation Beyeler présente à travers une centaine d’oeuvres la création riche en facettes et très diversifiée de Jean Dubuffet. Cette exposition prend pour point de départ sa représentation fascinante du paysage, susceptible de se transformer également en corps, en visage et en objet. Dans ses oeuvres, l’artiste avide d’expériences a utilisé des techniques inédites et des matériaux nouveaux, tels que le sable, les ailes de papillons, les éponges et le mâchefer, créant ainsi un univers pictural tout à fait singulier et d’une grande originalité.
Le viandot, 1954
Mâchefer, 36,5 x 16 x 9 cm
Moderna Museet, Stockholm, legs 1989 Gerard Bonnier
© 2015, ProLitteris, Zurich
Photo: Moderna Museet, Stockholm / Albin Dahlström
Parallèlement à des peintures et des sculptures issues de toutes les phases de création majeures de l’artiste, cette exposition présente la spectaculaire oeuvre totale de Dubuffet intitulée Coucou Bazar, associant peinture, sculpture, théâtre, danse et musique.
Coucou Bazar, 1972-1973
Vue d’installation Collection Fondation Dubuffet, Paris
© 2015, ProLitteris, Zurich
Photo: Les Arts Décoratifs, Paris/Luc Boegly
Cette exposition montre des oeuvres issues d’importants musées internationaux et de grandes collections particulières. Elle a été généreusement soutenue par la Fondation Dubuffet de Paris. Entre autres les prêteurs sont : le MoMA et le Guggenheim à New York; le Centre Pompidou, la Fondation Louis Vuitton et le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris à Paris; la National Gallery, le Hirshhorn Museum and Sculpture Gardens à Washington; le Detroit Institute of Arts; le Moderna Museet de Stockholm; le Museum Ludwig de Cologne; la Staatliche Kunsthalle Karlsruhe; le Kunsthaus Zürich et bien d’autres encore.
J’habite un riant pays, 1956
Huile sur toile (assemblage), 146 x 96 cm
Collection of Charlotte and Herbert S. Wagner III
© 2015, ProLitteris, Zurich
Photo: © Acquavella Modern Art
En 1942, à 41 ans, Jean Dubuffet renonce à son métier de négociant en vins pour pouvoir se consacrer entièrement à l’art. Dans sa recherche d’un art nouveau et authentique affranchi des normes culturelles et des conventions esthétiques, il crée des tableaux qui sont d’abord fortement influencés par le langage formel et le mode narratif des dessins d’enfants. La représentation de personnages aux couleurs intenses de 1943 intitulée Gardes du corps et appartenant au premier ensemble d’oeuvres de Dubuffet, Marionnettes de la ville et de la campagne, marque un véritable tournant dans sa création.
Gardes du corps, 1943
Huile sur toile, 116 x 89 cm
Private Collection, courtesy Saint Honoré Art Consulting, Paris and Blondeau & Cie, Geneva
© 2015, ProLitteris, Zurich
Photo: Saint Honoré Art Consulting, Paris and Blondeau & Cie, Geneva
Dès le tout début de son activité artistique, Dubuffet traite le thème du paysage avec une grande originalité : faisant porter l’éclairage sur une sorte d’extrait, de fragment de (sous-)sol ou de terrain recouvert de végétation, il préfigure ce qui sera un motif central de son oeuvre. Une sorte de trame hachurée subdivise les vastes surfaces en plusieurs niveaux, dans lesquelles on peut voir des parcelles, des chemins ou des rues, mais aussi des strates géologiques s’enfonçant dans la profondeur de la terre.
Dans Bocal à vache par exemple, une vache blanche occupe le centre d’un champ vert, lui-même contenu dans une sorte de récipient qui a pour ainsi dire absorbé l’animal ; la vache n’est plus sur le champ, mais plutôt dans ou sous le champ.
Bocal à vache, 1943
Huile sur toile, 92 x 65 cm
Collection privée
© 2015, ProLitteris, Zurich
Photo: P. Schälchli, Zurich
Dans Desnudus de 1945, ce sont des champs et des chemins que le corps humain a incorporés, intégrant un paysage dans la forme masculine nue. Le corps devient paysage, le paysage devient corps.
Chose remarquable, l’interaction entre enveloppe extérieure et vie intérieure apparaît également dans les premiers paysages urbains de Dubuffet, où des façades de maisons avec leurs ouvertures de fenêtres et de portes occupent une place centrale. Par ce regard frontal sur les immeubles aux étages superposés, Dubuffet révèle également au spectateur la vie intérieure géologique d’un paysage urbain imaginaire. L’étroite relation entre sol et mur allait encore l’occuper dans des ensembles d’oeuvres plus
tardifs.
Façades d’immeubles, 1946
Huile sur toile, 151 x 202 cm
National Gallery of Art, Washington, The Stephen Hahn Family Collection, 1995.30.3
© 2015, ProLitteris, Zurich
L’exposition « Jean Dubuffet – Métamorphoses du paysage » a été soutenue par :
Dr. Christoph M. und Sibylla M. Müller
Commissaire de l’exposition Raphaël Bouvier (vidéo)
Images courtoisie de la Fondation Beyeler
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
Performances (vidéo)
tous les mercredis à 15h00 et 17h00
tous les dimanches à 14h00 et 16h00
Visite guidée publique en français
28 février Dimanche 15.00 – 16.00:
Conférence :
3 mars 18.30: conférence de Sophie Webel directrice de la Fondation Dubuffet Paris
Manifestation comprise dans le prix d’entrée du musée.
Catalogue en allemand ou en anglais Jean Dubuffet
Metamorphosen der Landschaft en vente à la boutique
Livres en français
je remercie les éditeurs pour leurs envois 😮
Jean Dubuffet & Marcel Moreau
De l’art Brut aux Beaux-Arts convulsifs
en vente à l’Atelier de l’art contemporain
édités par François-Marie Deyrolle
La Folie de l’Art Brut
Editions Séguier, rédigé par Roxana Azimi
Docteur en histoire (Ecole des hautes études en sciences sociales),
Roxana Azimi est journaliste spécialisée en art contemporain
Quelques podcasts et vidéos
Jean Gibault Président de la fondation Dubuffet (video)
France Culture la Dispute
Jean Dubuffet. Entretien avec Delphine Renard (vidéo)
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