Ben Vautier. Est-ce que tout est art ?
Ben Vautier est un showman multilingue (vidéo), passant du français, à l’allemand, puis à l’anglais, dans une même phrase avec une facilité déconcertante.
L’amour c’est des mots, écrit-il, il a avant tout l’amour des mots, c’est un poète à 60 % suicidaire, mais il nous rassure dans un grand sourire : je ne me suiciderai pas ! (podcast)
La culture manipule ? Acrobate du verbe, avec sa faconde c’est lui qui nous manipule, même si vous n’appréciez pas particulièrement son art, il est d’une franchise désarmante, il clame, écrit
persiste et signe, l’artiste est égocentrique,
angoissé, vaniteux, peureux, philosophe. C’est aussi un perfomer, il se moque des journalistes qui se pressent à sa visite, en les appelant : » allez les moutons« ; ils sont plutôt conquis par sa bonhommie et suivent patiemment les curateurs dans les 30 espaces aménagés au rez de chaussée du musée Tinguely.
Le musée Tinguely présente toujours avec pertinence, dans ses expositions des artistes
en adéquation avec l’esprit de Jeannot Tinguely.
Le Musée Tinguely montre l’univers artistique de Ben Vautier pour la première fois dans son ensemble en Suisse. L’artiste franco-suisse vivant à Nice, connu surtout sous le nom de Ben, dit lui-même : « Je signe tout » – commentant ainsi, par ses images et actions, le monde comme un tout. « L’art est inutile », « Je suis le plus important » – c’est avec ce genre de propos que Ben Vautier crée délibérément la confusion et la provocation depuis près de 60 ans, mais tout en incitant aussi à la réflexion.
Car chaque phrase, aussi brève soit-elle, recèle un immense potentiel de questions capitales sur la vérité dans l’art, le rôle de l’artiste dans la société ou le rapport entre l’art et la vie. Ses écritures couvrent un très large éventail : réflexions intimes ou théories postmodernes sur l’art et jusqu’à l’anthropologie ou la religion. Elles sont le reflet de ses questionnements personnels sur ces thèmes et témoignent d’un esprit critique qui n’hésite pas à remettre en cause tout et tout le monde – y compris son propre ego. Par la manière dont elle mêle les arts, la philosophie et le quotidien, l’oeuvre de Ben est unique. À partir des ready-mades de Marcel Duchamp,
Ben perpétue de façon systématique l’idée selon laquelle une oeuvre d’art est reconnaissable non pas par sa teneur matérielle mais exclusivement par la signature. Les images écrites à la main qui font les commentaires de Ben sont assurément une caractéristique essentielle de son art et en constituent la griffe.
Ben fut l’un des premiers artistes en Europe à faire descendre l’art dans la rue. À partir de 1959, il élargit ensuite la notion d’art courante avec ses fameuses « actions de rue ». Celles-ci peuvent être des gestes quotidiens (attendre à un arrêt de bus) ou plutôt ‘décalés’ (traverser le port de Nice à la nage habillé, avec un chapeau).
Dans les années 1960, avec ses nombreuses actions, Ben devient un personnage majeur du mouvement Fluxus en Europe. Une sélection de ses performances – qu’il nomme simplement « gestes » –est présentée au Musée Tinguely avec des panneaux carrés, peints en noir et blanc, assemblés en collages, ainsi qu’à travers des documents historiques tels que des films originaux.
Une oeuvre figure au coeur de l’exposition : le « Magasin » (1958-1973) de Ben, où il vendait jadis, à Nice, des disques d’occasion. Ce magasin est devenu pendant les années 1960 le principal point de rencontre de la scène artistique et à la fois le lieu de maintes actions et expositions. La surprenante façade et l’aménagement inhabituel firent sensation. La conception du magasin, avec les nombreux objets et pancartes, va de pair avec le développement des panneaux écrits qui font la célébrité de Ben.
Cette « installation », qu’il n’a cessé de faire évoluer, a été rachetée en 1975, avec la façade d’origine et l’intérieur, par le Centre Pompidou et exposée lors de l’inauguration du musée. Cette oeuvre d’art globale, d’un genre exceptionnel, permet d’établir un rapport avec ses tout débuts artistiques en réunissant les grands champs thématiques qui marquent son travail jusqu’à aujourd’hui.
La première partie de l’exposition rétrospective, organisée par Andres Pardey, porte avant tout sur les débuts justement et montre une sélection d’oeuvres clés des années 1958 à 1978. Elle commence par des témoignages qui retracent la quête de Ben d’un langage formel abstrait bien à lui et mène à un ensemble de « vieilles écritures ». On y voit comment Ben se détourne de l’expérimentation purement formelle pour s’intéresser ensuite davantage aux contenus et à la signification. Tout l’éventail de son répertoire artistique est présenté dans cette partie de l’exposition : nombreuses actions de rue à partir des années 1960, grands moments de Fluxus à Nice, jusqu’aux prises de position de Ben en tant que théoricien et philosophe de l’art.
Tout cela s’inscrit dans une période relativement brève et constitue le fondement de son oeuvre ultérieure. Le statut de Ben, son rôle crucial dans les milieux de l’art à Nice ou au sein de Fluxus en Europe et dans le monde entier, l’importance de ses réseaux avec des artistes, philosophes, écrivains, collectionneurs et politiciens internationaux trouvent ici toute leur illustration. D’autres thèmes sont également abordés, comme la multimédialité, présentant ainsi cet artiste « connecté » avant l’heure avec son site web, sa propre radio web et ses newsletters, petit extrait :
BALE
Courir après la gloire,
Ridicule j’ai honte
mais C’est ma vie
je ne dois pas le regretter
ou encore les immenses archives que Ben a rassemblées sur son travail et celui de ses amis artistes, mais il se défend d’être un archiviste, il regarde vers l’avenir et les jeunes artistes. La salle avec les oeuvres de l’« Introspection » montre comment l’art de Ben Vautier interroge également l’ego même de l’artiste.
Ben n’inspecte pas seulement le monde et ce qui se passe autour, mais porte un regard tout aussi critique sur lui-même en tant que personnage et sujet agissant. Le regard du dehors vers le dedans marque le passage vers la deuxième partie de l’exposition, qui introduit d’une part à l’oeuvre plus récente de Ben Vautier, mais d’autre part aussi au processus créatif que l’artiste applique à son propre travail. Il a conçu ainsi plus de 30 espaces qui, tous ensemble, constituent une sorte d’oeuvre d’art totale. À commencer par ses « petites idées » et jusqu’aux « nouvelles écritures », en passant par les« miroirs », la « photographie », le « temps » et la « mort », ainsi qu’un « Hommage à Tinguely », Ben nous propose un kaléidoscope de ses réalisations les plus actuelles.
A la fin du parcours, il répond à nos questions, dans son Centre Mondial du questionnement
Evènements
Tous les jeudis le musée Tinguely invitera une personnalité du monde de l’art
dans ce centre qui répondra au public, aux questions que celui-ci voudra bien lui poser
Publication
À l’occasion de l’exposition paraît chez Kehrer Verlag un important catalogue, richement illustré, avec des textes par Ben Vautier, Margriet Schavemaker, Andres Pardey, Roland Wetzel et Alice Wilke, ainsi que de nombreux textes historiques d’auteurs comme Bernhard Blistène, Isidore Isou ou Ad Petersen (édition allemande et édition anglaise, 256 pages), prix à la boutique du musée : 52 CHF, ISBN: 978-3-86828-648-9 (D), 978-3-86828-649-6 (E).
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extrait de sa newsletter
BALE BEN AU TINGUELY
Je ne sais pas si c’est un succès ou pas
Le catalogue ok
Le repas de vernissage ok
Beaucoup de monde ok
La presse ok
Je me suis donné du mal ok
Ludo et Marc ok
Dans ma tête je n’aime toujours pas le « Ben »
rétrospective
je veux un Ben nouveau
Faut regarder la réalité en face
Expo populaire ?oui – cela plaira aux enfants
Expo élitique ? non – trop de pièces
Expo contenant de l’histoire. ? qui sait ?
Expo rigolote ? Oui et non
Suis-je important ? Oui et non
Oui mais pour d’autres raisons
Lesquelles ?
Je ne le sais pas
BEN
Sur évalué comme presque tout dans l’Art contemporain
Sous évalué comme presque tout dans l’Art contemporain
Perdu dans la jungle des egos
de l’art contemporain
BALE FAIRE LE POINT
Cette expo aurait du s’appeler
Paroles de Ben
Paroles comme dans la chanson
Paroles paroles paroles
Trop de mots.
BALE
Chez Roche
j’aurais aimé faire partie
des chercheurs fous
Ceux qui cherchent des nouvelles molécules
pour changer l’homme
j’aurai proposer
des recherches sur le cerveau dans le cerveau
à partir du cerveau
BALE
Au dîner j’étais en face de l’Ambassadrice de France à Bâle et je lui ai parlé politique extérieure
J’ai du la choquer car durant notre conversation elle m’a dit
Mais on ne peut pas défendre ceux qui égorgent
je lui ai répondu :
Si c’est le nombre de morts qui compte
j’aimerais qu’on fasse venir un comptable
BALE
J’ai aimé mais je n’ai pas lu tout le catalogue
Pourquoi ?
Parce que je ne lis plus
Mais merci à tous
le catalogue a du succès
il y avait la queue
Pour me le faire signer
J’attends mes 95 exemplaires
BALE
Qu’est-ce que je fais après ?
Repartir à zéro ?
Mais Zéro est un groupe d’art
et zéro c’est la mort
BALE AU BREITE
Je parcours du Bukovski
Another beer
another girl
annother whisky
Ok but
not another art show man
I am too tired
Pour continuer à faire de l’art
et je bande pas assez
pour baiser
Mes propres fantasmes
BALE
Déprimé oui
Pourquoi ?
je ne le sais pas
Tout le monde il est gentil
Tout le monde il est beau
c’est cela qui me déprime.
BALE
Idée choc abandonnée :
Poser un petit enfant par terre,
avec pull rouge etc.
Comme celui de la photo
à côté d’une toile qui dit
est-ce que tout est art ?
BALE PIERRE MARCEL FAVRE
Mon éditeur qui a publié mes 5 LIVRES
on lui a pas offert le catalogue
on a oublié de l’inviter au diner
A sa décharge il est un peu timide
il y a t’il anguille sous ROCHE ?
BALE
J’étais gêné mais
il y a eu délégation de Niçois
Christian Zervudaqui
et sa très belle femme Sophie
Cécile Mainardi très élégante et souriante
Jean Pierre Soardi Maxime Puglési
Patrick Michaud bien sûr mes deux assistants
Marc Chevalier et Ludo,
Ludo qui est revenu de Strasbourg
Avec Chantal
Habillé comme un prince avec un superbe costume
J’ai failli ne pas le reconnaître
Youri Vincy qui est venu de Paris et j’étais content
de le voir. Liliane avait beaucoup travaillé
pour cette expo au Musée Tinguely. Elle en aurait été heureuse
Il y avait aussi la belle Anna Byskov et son mari
que j’ai recherchés ensuite pour qu’ils soient avec
nous au repas mais je ne les ai pas retrouvés
Alain Goulesque de Blois aussi était là
et Benoit et Mona mes petits enfants avec Eva
qui m’a aidé tout au long de cette expo,
leur cousin, fils d’Olive, Gaétan et sa copine
il y avait pas mal de « vautier »
Il y avait aussi Evelyne la cousine d’annie venue de Paris
Ca beaucoup réconforté de voir tous ces amis
Bien sûr aussi j’étais heureux de voir Stéfano Pult, Christel
Shuppenhauer et Dieter
BALE
Michaud a visité et pas apprécié
Le stockage musée des Hoffman
Trop de surveillance
BALE
j’ai l’impression de devenir
Un souvenir dans un magasin de souvenirs,
entre les tours Eiffel miniatures
et les carnets Quo Vadis
On est loin de la Galerie »Espace à débattre »
qui avait pour »épine dorsale » de déranger
de chercher la vérité
ceci dit bon débat avec le Maire de Bâle
BALE
Beaucoup de discours sympatiques du Directeur du Musée
Roland Wetzel, d’Andrès Pardey, du Directeur de Roche,
du maire de Bâle et à la fin Roland Wetzel a offert un superbe
Bouquet de fleurs à annie et à Eva. Elles étaient ravies
BEN SUR BEN
Je ne sais pas
Si je suis un bon ou mauvais artiste
Si j’ai fait à Bâle une bonne
ou une mauvaise expo
J’aimerais m’en foutre
mais je ne m’en fous pas.
BALE LE RETOUR
La caravane marche bien
Très pratique
en route sur mon ipad
Je continue d’écrire le scénario de mon film
de science fiction
sur les camions
Le monde n’est qu’une auto route
Le reste est interdit à la vie
Habité par des mutants végétaux
qui se nourrissent d’humains
Une erreur de poubelle jetée
par un chercheur
des Laboratoires Roche
Qui cherchait un médicament contre la vieillesse
BALE SUR LE RETOUR
Un panneau attention
« Trous en formation »
je pense a l’univers
BALE SUR LE RETOUR
En caravane avec Marc
les maisons provençales
je pense
Si le tourisme s’arrête
la Côte d’azur s’arrête
Conclusion
Pour la survie
L’économie de service
Est devenue indispensable
BALE SUR LE RETOUR
Idée pour réaliser des expos
dans les camions de 80 mètres cubes
des semi remorques qui circulent
sur les autoroutes
Toutes blanches ou noires
une vingtaine
Aménager les intérieurs
Les expos auraient lieu sur les aires
d’autoroutes ou sur les parkings
des grands magasins
BALE VOYAGE RETOUR
Marc me dit
L’art ne va pas changer le monde.
la technologie
les ordinateurs oui
ils peuvent tout faire
même peut être changer l’ego.
BEN A BALE (nuit avant le vernissage )
Plus rien ne marche
Je n’ai pas le moral
Les femmes ne veulent plus de moi
Je deviens ennuyeux
Marguerite Duras viendra au vernissage
elle a 40 ans elle sera nue sous son kimono.
BALE
Annie est allée se promener au bord du Rhin avec Mona
C’était magnifique
Mais surprise : un homme nageait dans le Rhin,
très violent et surtout je pense, très froid
autre surprise : un homme prenait le soleil
Complètement nu
Tranquille en pleine ville.
A Bâle si on jette un mégot à terre
on te donne un blâme et une amende
mais tu peux te baigner à poil
BALE
On ne va pas prendre au sérieux
mes toiles sont trop bon marché
J’aurais voulu être le joker dans le film Batman
M’introduire la nuit dans la foire de Bâle
et bomber sur tous les tableaux de Bâle
leurs prix.
J’ai écrit :
c’est le courage qui compte
mais pour bale
je n’ai pas le courage de dire : stop j’arrête
allons dans le parc
on fait un brasero et on brûle tout
BALE
Si vous êtes Suisse
et avez des adresses emails à me donner
à qui je peux envoyer ma newsletter
faites-le
envoyez les moi.
BEN A BALE (SUITE )
J’ai eu une idée pour mon coin
dansl’expo
»Centre mondial du questionnement »
à Bâle au Tinguely
Ajouter le thème »La Vie de tous les Jours »
Il suffirait d’avoir une télé normale,
avec télé commande
Et puis les gens zapperaient tout seuls
Comme on fait à la maison
L’idée c’est de pouvoir se reposer naturellement,
et de considérer cela comme une œuvre d’art
il n’y a rien de plus reposant qu’en télévision
avec un texte :
« la vie de tous les jours » écrit par moi.
je sens que Andrès n’accrochera pas.
IMPORTANT
LE CENTRE DU QUESTIONNEMENT DE BALE
EST CENSE PREPARER LE COLLOQUE
SUR LES LIMITES DE LA VERITE
DE LA FONDATION DU DOUTE DE BLOIS
Et pour commencer sachez que
Vous êtes TOUS INVITES à participer au colloque
sur les limites de la vérité.
Ce qu’on vous demandera
c’est votre cerveau, vos idées, votre réflexion.
il y aura bien sur un cocktail,
un bal masqué pour tout clôturer
et une revue « le doute »
Il y aura bien sur des rencontres.
mais, ce n’est pas tout.
on sait que l’on n’y arrivera pas mais on veut changer le monde.
Pour le moment je pédale dans la semoule,
je ne sens et ne vois que des mots.
il faut que je prenne un Hexomil pour me détendre.
je me souviens à Bournaba, ma mère allait
à des rencontres d’intellectuels et elle disait,
que c’était de l’esbroufe des riches, qui faisaient du gargarisme.