Une proposition de Sandrine Wymann – directrice de la Kunsthalle.
Projets pour une Possible Littérature
C’est après avoir était perturbée et émue par le travail de Jorge Méndez Blake, découvert à la Biennale d’Istambul 2013, qu’elle décida de l’inviter à la Kunsthalle de Mulhouse, pour une exposition monographique.
Sandrine Wymann : je suis tombée dans l’espace principal de ce grand hall, d’emblée face à un grand mur, presque bloguée par un mur de briques, qui semblait tout à fait banal.
Je me suis rendue compte que le mur n’était pas tout à fait droit, qu’il comportait en son milieu une ondulation, en y regardant de plus près, on voyait posé au sol, à l’endroit exact de la courbure un petit livre. C’est ce petit livre qui, couches de briques après couches de briques, qui générait cette ondulation et qui modifiait le forme générale de ce mur.
Emue par l’idée qu’un petit livre de poche, de surcroît, était en mesure de perturber cette immense construction, qui bloquait le regard, qu’il suffisait à tout remettre en question.
Ne pose t’on pas souvent cette question dans les émissions littéraires : » quel est le livre qui a changé votre vie ? »
Là il s’agissait du « Château » de Franz Kafka, livre inachevé. »
La notion d’inachevé est très présente dans le travail de Jorge Méndez Blake,
qui nous donne à réfléchir de manière différente. Le grand mur est remplacé
par une série d’installations très géométriques, posées sur des socles,
des mises en abîme, architecturées, chacune ayant une spécificité précise,
littéraires et poétiques.
Projets pour une Possible Littérature est la première exposition de
Jorge Méndez Blake dans un centre d’art français.
Artiste mexicain, né en 1974, il vit à Guadalajara et appartient à une génération d’artistes sud-américains aujourd’hui extrêmement présente sur la scène internationale.
Par le dessin, l’installation ou des interventions environnementales,
Jorge Méndez Blake rapproche la littérature de l’art. Dans son travail, les textes font sens et ce sens, il le traduit en formes ou en images. Il l’amplifie dans un langage conceptuel savamment construit et s’implique dans des jeux de réécritures. Aussi bien dans ses installations monumentales que dans ses gestes les plus simples, il installe dans ses oeuvres un rapport physique entre les écrits choisis et le lecteur devenu spectateur.
Son travail crée de nouvelles connexions entre littérature et architecture. Ses oeuvres élargissent les lectures possibles entre auteurs, textes et architecture en les plaçant dans de nouveaux contextes.
Jorge Méndez Blake a envisagé l’exposition à La Kunsthalle, comme l’occasion de revenir sur certaines pièces déjà existantes, mais aussi d’en produire de nombreuses nouvelles. Il organise une présentation qui, de manière presque encyclopédique, décline et rassemble les bâtiments, les livres, les maquettes et d’autres constructions ; soit un assemblage très complet des éléments formels constitutifs de son oeuvre.
Le résultat est un ensemble de petites propositions toutes porteuses d’un projet pour une possible littérature.
SW – Je ne pensais pas aux « scènes » dans le sens d’espace de jeu
mais plutôt d’espaces dans lesquels des éléments – figuratifs ou abstraits
– sont rassemblés pour stimuler une pensée, la tienne ou la nôtre…
de la même manière que tu apprécies les auteurs qui installent des
scènes et permettent un prolongement de leur pensée. Cela m’amène
à t’interroger sur l’utilisation des tables comme supports. Quelle place
leur attribues-tu dans tes installations ?
JMB – Les objets sont liés aux lieux dans lesquels ils sont exposés,
notre perception change selon qu’on place quelque chose sur une surface
solide blanche ou sur une table. La table en fait davantage un accessoire
de théâtre, un élément placé là dans un but précis et limité dans le temps,
comme sur une scène. La sculpture comme accessoire (et non comme
installation) est une façon d’envisager le temps et la pensée dans leur
brièveté et leur intensité.
La publication du roman The Journal of Julius Rodman d’Edgar
Allan Poe avait débuté dans le Burton’s Gentleman’s Magazine
en 1840, mais il arrêta ses contributions au Chapitre 6, alors
que douze chapitres étaient prévus. L’oeuvre resta incomplète
jusqu’à la mort mystérieuse d’E.A. Poe en 1849. La dernière
page de l’oeuvre, le moment auquel le roman s’arrête, reste
autant une fin qu’un début. Ici matérialiséepar des pages en
aluminium froisées.
La maison d’Emily Dickinson
Emily Dickinson’s House
La poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) est née
dans sa maison d’Amherst, Massachussetts, et y vécut la plus
grande partie de sa vie sans en sortir. Les manuscrits de ses
poèmes ont été trouvés après sa mort dans un coffre fermé à clé
dans sa chambre.
un BALCON
a BALCONY
Nous pouvons blâmer Shakespeare d’avoir initié cette tendance
à lier les balcons aux histoires d’amour. Le balcon sépare toujours les amants ;
c’est un obstacle, une distance.
Autour de l’exposition
la chronique d’Alice Marquaille (sur la photo ci-dessus a Balcony)
sur l’expo diffusée sur radio MME .
La chronique est à 1h02min40 très précisément
Kunstapéro, visites guidées, ateliers-workshops, résidences,
petit livret-guide de l’exposition
Réception « Art Basel »
Vendredi 19 juin Rdv à 19:00
La Kunsthalle est partenaire des grandes foires de Bâle
et organise un déplacement de Bâle à Mulhouse pour
visiter l’exposition :
Projets pour une Possible Littérature à La Kunsthalle.
Navette gratuite au départ d’Art Basel
RDV à 18h15 – angle Isteinerstrasse/ Bleichestrasse –
Retour à Bâle à 21h
Entrée libre
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