Le 4 mai 2015, Eva Aeppli est décédée. Elle avait eu 90 ans deux jours plus tôt.
L’artiste, née en 1925 à Zofingue (AG), (Suisse) avait commencé sa carrière dans les années 1950. Elle avait été, durant dix ans, la première épouse de Jean Tinguely. Elle est décédée lundi à Honfleur, en France.
L’artiste entama son parcours au début des années 1950, alors qu’elle vivait à Bâle, et poursuivit à Paris à partir de 1952, où elle partagea avec son mari, Jean Tinguely, un atelier dans l’impasse Ronsin.
Elle avait commencé sa carrière dans les années 1950 par des dessins au fusain. Ses thèmes favoris tournaient déjà autour de l’homme désespéré.
Des formats plus imposants ont suivi avec des danses des morts, des squelettes, des crânes, des têtes ou des mains. Vinrent ensuite les fameuses figures grandeur nature en étoffe: des personnages isolés ou en groupe comme «La Table», «Groupe 48» ou «Hommage à Amnesty International».
Son oeuvre tardive est dominée par des têtes en étoffe et bronze disposées cycliquement. Eva Aeppli les appelait groupes de «planètes», «faiblesses humaines» et «signes astrologiques».
Elle réalisa des dessins et des petites poupées marionnettes, puis, dès 1960, des tableaux ainsi que des personnages en tissu grandeur nature et des groupes de figurines. Son dernier cycle d’oeuvres comprend des têtes en bronze et des moulages de têtes en tissu dans des séries comme les Planètes, les Faiblesses humaines ou les Signes du Zodiaque.
Séparée de Jean Tinguely depuis 1960, elle garda toute sa vie avec lui un contact amical et, en 1990, ils réalisèrent pour la première fois des sculptures en commun.
L’oeuvre d’Eva Aeppli est d’une grande profondeur, elle traite de la mort, de la fugacité, et incite à la réflexion. Elle relève d’une rare singularité, fait fi de tous les courants et influences qu’elle a pourtant connus de près par les nombreux artistes avec lesquel(le)s elle était liée.
Daniel Spoerri, un ami proche, écrivait en 1985 à son sujet :
« Eva Aeppli est l’artiste la plus rigoureuse et la plus droite que j’ai jamais connue. Guidée uniquement par sa propre boussole, elle n’a pas hésité à commencer à peindre en 1960, dans un milieu ou (plus) personne ne peignait. Elle n’avait, et n’a toujours pas d’autre choix que d’être elle-même. Dans son combat à la vie à la mort, c’est elle qui a gagné ; et son oeuvre, notamment depuis qu’elle fait couler en métal ses figurines en tissu, a acquis une spécificité qui est aujourd’hui unique en sculpture.
Ces têtes semblent dissociées de tout, comme venues d’un autre monde, elles n’ont rien à avoir avec ce que nous sommes, elles sont les messagères du cosmos.
Mais ça lui est complètement égal ; elle n’a que faire de l’agitation artistique, du public et des mondanités. Dans sa sphère privée, qu’elle défend avec virulence presque, elle vit reculée, en compagnie des étoiles, des fleurs, de quelques animaux et de rares individus.
Elle est ma meilleure amie, et la plus ancienne. »
C’est d’ailleurs dans l’entrepôt artistique de Daniel Spoerri, à Hadersdorf/Au, que s’est tenue en 2010 la dernière grande exposition des oeuvres d’Eva Aeppli.
Le Musée Tinguely lui avait consacré une rétrospective en 2006 – qui portait surtout sur les Livres de vie –, et en 2008, à l’occasion de la donation par son frère Christoph Aeppli, ce sont toutes les têtes en bronze de l’artiste qui y furent présentées. La correspondance y était exposée, on pouvait notamment voir une lettre adressée à Niki de St Phalle, annotée par cette dernière où elle écrivait (il y a longtemps qu’Eva ne m’a fait de reproches) !!!
photos courtoisie musée Tinguely sauf la 1ere
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