Presque la même chose à la Kunsthalle de Mulhouse

Presque la même chose est une tentative de comprendre l’autre.
la nouvelle exposition de la Kunsthalle de Mulhouse

Sandrine Wymann
Sandrine Wymann

Cette exposition s’inscrit ouvertement dans l’organisation d’un questionnement soumis par Umberto Eco dans « Dire presque la même chose » un essai sur ses expériences de traduction. Selon lui, traduire ne permet pas de dire la même chose, mais au mieux, presque la même chose. Et il poursuit en soulignant que c’est dans le presque que réside toute la complexité de la tâche. Ce presque, central mais indéfini, s’impose comme un adverbe élastique et extensible à utiliser sous « l’enseigne de la négociation ». Et c’est là le cœur de toute tentative de traduction. Quelle amplitude accorde-t-on au presque ? Traduire peut s’appliquer à toute forme de langage, écrit, plastique, sonore et chacune détient un périmètre de négociation qui lui est propre.
C’est une exposition qui demande du temps, il vous faut vous asseoir, prendre les écouteurs, lire, déchiffrer, regarder, et vous serez conquis par l’intelligence du propos.
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Umberto Eco illustre, par une série d’exemples et d’histoires vécues, les problèmes que lui a posés la traduction. Presque la même chose reprend la trame de son écrit, chapitre après chapitre, et les artistes et les œuvres tantôt apportent une réponse, tantôt rebondissent sur les interrogations soulevées par l’auteur. Le principe n’est pas de réunir un corpus d’œuvres relatives au sujet mais plutôt de poursuivre la réflexion en nous appuyant sur des recherches – formelles ou textuelles – susceptibles de nous aider à comprendre combien il est difficile de dire presque la même chose.
Avec Ignasi Aballí, Alex Baladi, Cathy Berberian, Pierre Bismuth, Julia Bodamer, Gérard Collin-Thiébaut, Nicolás Lamas, Ilan Manouach, Antoni Muntadas, Till Roeskens, Sébastien Roux, Thu Van Tran, Martina-Sofie Wildberger ;
« De l’impossible au possible : l’expérience des langues chez Louis Wolfson. », conférence de Frédéric Martin, éditeur/Le Tripode;
« Traduire la couleur : voir et penser autrement … », conférence d’Annie Mollard-Desfour, linguiste-lexicographe;
Conférence Annie Mollard Desfours -Nuancier bleu
Des œuvres d’art premier.
Entre références méconnues et valeur esthétique certaine, les
oeuvres d’art premier sont par nature des objets transmis soit à
contre-sens, soit dans la perte de leur sens originel.
Le masque de l’éthnie Nalu/Baga vient de la société Banda
Kumbaruba de Guinée. Il est en bois et orné de polychromie
minérale, il date de la fin du 19ème, début 20ème siècle. Les masques
des sociétés secrètes Banda Kumbaruba sont des compositions
anthropozoomorphes se portant horizontalement sur la tête à
l’occasion de cérémonies liées à la circoncision. Ils symbolisent
l’essence de l’animisme dans le lien étroit unissant l’Homme aux
animaux et à la nature. Le masque figure le visage de l’homme,
la mâchoire du crocodile, les cornes de l’antilope, le corps d’un
serpent, la queue d’un caméléon et les oreilles du singe. Tous
ces animaux sont présents dans les récits et les fables racontant
l’histoire de la communauté dont les symboliques (à travers
leurs caractéristiques propres) sont comparées ou interprétées
par l’homme.

arts premiers -masque- courtesy galerie Agama

La traduction est partout, sous toutes les formes, elle n’est ni une science, ni un instinct, elle communique la pensée, elle fait voyager. Presque la même chose rassemble des œuvres relatives au langage, écrit, plastique, sonore et à ses traductions.

En 14 chapitres :
Chap 1. Les synonymes d’Altavista / Alta Vista’s synonyms
Chap 2. Du système au texte / System to text
Chap 3. Réversibilité et effet / Suprasegmental or tonemic
Chap 4. Signification, interprétation, négociation / Meaning, interpretation, negotiation
Chap 5. Pertes et compensations / Losses and gains
Chap 6. Référence et sens profond / Surface and deep stories
Chap 7. Sources, embouchures, deltas, estuaires / Source vs target
Chap 8. Faire voir / To see things and texts
Chap 9. Faire sentir le renvoi intertextuel / Intertextual irony
Chap 10. Interpréter n’est pas traduire / Rewording is not translation
Chap.11 Quand change la substance / Substance in translation
Chap 12. Le remaniement radical / Hidden verses
Chap 13. Quand change la matière / A matter of matter
Chap 14. Langues parfaites et couleurs imparfaites /

La traduction est partout, sous toutes les formes, elle n’est ni une science, ni un instinct, elle communique la pensée, elle fait voyager. Presque la même chose est une tentative de comprendre l’autre.
Souvenons-nous du mythe de la Tour de Babel : Nemrod, le roi souverain des
descendants de Noé eut l’idée de construire, à Babylone, une tour dont le sommet devait atteindre le ciel et dans laquelle un seul peuple devait parler une seule langue.
Dieu arrêta son projet de toute puissance en multipliant les langues pour mieux diviser les hommes.
La langue unique apparaît comme un gage de force et de pouvoir. Elle fédère et rassemble un peuple. Elle permet la compréhension, l’entente, elle soude un groupe et lui donne confiance. Tant d’attributs attirent et effraient à la fois. Les tentatives de mettre au point un langage unique n’ont cessé de tourmenter les humanistes ou stratèges, mais la réalité de la division s’est toujours imposée au-delà de toute convention linguistique. C’est peut-être en acceptant cette division, la prenant comme postulat de départ, en l’analysant et en la dépassant, que l’on se rapprocherait le plus, non pas d’une langue partagée, mais d’une compréhension universelle qui serait le stade le plus avancé de cette quête d’unicité. Et si la traduction s’inscrivait
alors à cet endroit ? Et si elle constituait une alternative raisonnable au dessein universel ? C’est une piste tentante mais autant se l’avouer de suite, elle n’est pas la clé du problème et tous ceux, qui se sont penchés sur ce qu’elle signifie et induit, se sont inclinés devant la complexité de son exercice.
 
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Traduire ne permet pas de dire la même chose mais, au mieux, presque la même chose, pour reprendre les termes d’Umberto Eco dans son essai sur ses expériences de traduction. Il souligne que c’est dans le presque que réside toute la complexité de la tâche. Ce presque, central mais indéfini, s’impose selon lui comme un adverbe élastique et extensible à utiliser sous « l’enseigne de la négociation ». Là est le coeur de toute tentative de traduction. Quelle amplitude accorde-t-on au presque ? C’est une affaire qui concerne l’auteur et le traducteur. Tout au plus peut-on dessiner les contours de ce qui rentrerait dans le champ de la traduction et, par conséquent, énumérer les obstacles qu’elle rencontre. C’est un exercice un peu systématique mais
qui ne manque pas d’intérêt car plus on explore le thème de la traduction plus on lui attribue de variétés. Il apparaît que traduire peut s’appliquer à toute forme de langage, écrit, plastique, sonore et chacune détient un périmètre de négociation qui lui est propre.
Dans Dire presque la même chose, Umberto Eco illustre, par une série d’exemples et d’histoires vécus, les problèmes que la traduction lui a posés. Dans cette exposition, je me fie aux expériences de l’auteur et m’inscris pleinement dans l’organisation de son questionnement. Presque la même chose reprend la trame de l’écrit, chapitre après chapitre, et les artistes ou les oeuvres tantôt apportent une réponse, tantôt rebondissent sur les interrogations soulevées par l’auteur. Le principe n’est pas de
réunir un corpus d’oeuvres relatives au sujet mais plutôt de poursuivre la réflexion en nous appuyant sur des recherches formelles ou textuelles, mais aussi sur des savoirs ou des histoires individuelles. OEuvres, conférences, portraits sont également et sans hiérarchie le contenu de cette exposition qui tente modestement de montrer combien il est difficile de dire presque la même chose.
Sandrine Wymann
quelques extraits :
Chapitre 12
Le remaniement radical
Il est des circonstances de remaniement plus radical, qui se placent sur une
échelle de libertés, jusqu’à franchir ce seuil au-delà duquel il n’y a plus
aucune réversibilité. De sorte que, si une machine traductrice traduisait à
nouveau, fût-ce de manière imparfaite, le texte de destination en un autre texte
de la langue source, il serait difficile de reconnaître l’original.
Au plus profond du noir / Heart of Darkness est une oeuvre basée
sur un exercice de traduction libre du texte Au coeur des ténèbres
de Joseph Conrad par Thu Van Tran. Avec la seule aide d’un
dictionnaire anglais-anglais et dans les limites de sa connaissance
de la langue, elle a traduit le récit en se fiant à sa compréhension,
souvent plus sensible qu’objective.
Le livre publié dans une seconde édition à l’occasion de
l’exposition, réunit les deux versions française et anglaise. Au plus
profond du noir se présente davantage comme une réécriture que
comme une traduction fidèle. À cela s’ajoute que pour intensifier
son rapport au texte, l’artiste a choisi d’écrire au présent, un temps
plus immédiat qui la lie intimement à l’histoire racontée.
(déjà vue à Art Basel 2013)
Thu Van Tran
Chapitre 3
Réversibilité et effet Suprasegmental
Plusieurs fois au cours de la traduction de ces passages, j’ai renoncé à une
réversibilité lexicale et syntaxique, car je considérais que le niveau
pertinent était le niveau métrique […]. Donc, je me souciais moins d’établir
une réversibilité littérale que de provoquer un effet identique à
celui que le texte, selon mon interprétation, voulait provoquer
chez le lecteur.
Martina-Sofie Wildberger
(1985, vit et travaille à Genève), son
travail repose sur deux composantes majeures, la performance
et le texte. Par des jeux de mise en scène et d’interprétation elle
s’appuie sur la dimension sonore et rythmique de textes parlés
et les déploie en français, allemand et suisse allemand pour faire
émerger du sens.
La série de posters présente dans l’exposition est la traduction
écrite et graphique de quelques-unes de ses performances ayant
déjà eu lieu et consignées au plus près de leurs composantes
vivantes et textuelles. Chaque performance est un moment
singulier et chaque poster rend compte de la qualité éphémère et
unique du moment. Martina-Sofie Wildberger viendra rejouer les
performances consignées et donnera ainsi un nouveau support
d’interprétation graphique.
Martina-Sofie Wildberger
Chapitre 4
Signification, interprétation, négociation
On négocie la signification que la traduction doit exprimer
parce qu’on négocie toujours, au quotidien, la signification
que nous attribuons aux expressions que
nous utilisons […] En ce sens, en traduisant,
on ne dit jamais la même chose.
Pas de deux de Julia Bodamer  (vidéo)(1988, vit et travaille à Zurich)
s’applique à nous faire perdre nos repères, ceux de temps et
d’espace, dans un film présentant deux femmes quasi-semblables
qui paraissent ne former plus qu’une seule entité dansante et
performative. Le spectateur est perdu par un effet de répétition
et par l’étrange impression laissée par ces deux femmes qui jouent
simultanément de leur similitude et de leur différence.

Julia Bodamer
Chapitre 6
Référence et sens profond
Interpréter signifie faire un pari sur le sens d’un texte. […] Bien sûr, c’est
l’histoire de toute une culture qui assiste le traducteur lorsqu’il fait ses
paris, de même c’est toute une théorie des probabilités qui assiste
le joueur devant la roulette.
Antoni Muntadas
(1942, vit et travaille à Barcelone et New-
York) est internationalement reconnu pour son travail dans le
champ de l’art médiatique. Avec On Translation, série toujours
en cours, il s’intéresse depuis plus de vingt ans aux mots dans les
multimédias et à leur relation aux différents modes de traduction.
Warning, 1999-…, est une série de propositions qui relie le fait de
comprendre à la nécessité de s’engager. La phrase Attention : la
perception demande de s’engager est traduite dans de nombreuses
langues et reproduite sur des supports médiatiques aussi divers
que les affiches, autocollants, vitrines, encarts de presse, etc…
Depuis 1985, Gérard Collin-Thiébaut (1946, vit et travaille à
Besançon) construit des «Rébus» par regroupement de dessins
et photographies ou à partir d’objets assemblés sous la forme
d’installations. Ses sujets sont multiples : noms d’artistes,
citations ou encore titres d’oeuvres. Ses rébus questionnent
l’art et sa représentation, ils renvoient de manière ironique aux
interprétations érudites des historiens d’art. Bien que le public
soit sollicité pour mettre des mots sur les figures ou arrangements
constitués, Gérard Collin-Thiébaut s’applique à toujours donner
la réponse (phonétique d’abord, puis la citation) de chacun des
rébus ; l’effet recherché n’étant pas de mettre le lecteur en difficulté
mais plutôt de lui transmettre une connaissance.

Gérard Collin-Thiébaut
Gérard Collin-Thiébaut

Chapitre 7
Sources, embouchures, deltas, estuaires
…Une traduction peut être aussi bien target que source
oriented, c’est-à-dire qu’elle peut être orientée soit au texte
source ou de départ soit au texte (et au lecteur) de destination ou d’arrivée. Ce sont là désormais les termes employés dans la théorie de
la traduction, et ils concernent, semble-t-il, la vieille question
de savoir si une traduction doit conduire le lecteur à s’identifier
à une certaine époque et un certain milieu culturel – celui du texte original – ou si elle doit rendre l’époque et le milieu accessibles
au lecteur de la langue et de la culture d’arrivée.
Par le biais du langage et au moyen de films, Pierre Bismuth
(1963, né à Paris, vit et travaille à Bruxelles) s’interroge dans nombre
de ses oeuvres sur les notions de transmission et de réception d’un
événement.
Dans The Jungle Book Project, il réutilise différentes versions du Livre
de la Jungle de Walt Disney en attribuant une langue différente à
chacun des 19 personnages. S’installe une forme d’incompréhension
qui est contrebalancée par la célébrité du film. Malgré la pluralité
des langues le spectateur comprend l’histoire de façon presque
instinctive. Mais la perception s’en trouve sans doute légèrement
modifiée si ce n’est que parce que le résultat est à la fois drôle et
perturbant.
Pierre BismuthChapitre 8
Faire voir
On part du double principe que (1) si le lecteur naïf ne connaît pas l’oeuvre
visuelle dont s’inspire l’auteur, il doit pouvoir en quelque sorte la découvrir en
imagination, comme s’il la voyait pour la première fois ; mais aussi
que (2) si le lecteur cultivé a déjà vu l’oeuvre visuelle inspiratrice, le discours
verbal doit être en mesure de la lui faire reconnaître.
Par le langage, la représentation, par le vide ou la simple
dénomination, Ignasi Aballí (1958, vit et travaille à Barcelone)
invite le spectateur à regarder au-delà des apparences. Dans sa
série de trois oeuvres sur verre, il donne à voir au moyen de traits
qui désignent, et de mots qui décrivent, trois peintures du XVIe
siècle de Saint Jérôme.
Saint Jérôme, traducteur de la Bible depuis le grec et l’hébreu
vers le latin, père des traducteurs, est ici commémoré par l’absence.
En six langues, la composition de chacun des tableaux est
minutieusement annotée de telle sorte qu’il est possible de
reconstituer, par la mémoire ou par la fiction, les tableaux
d’origines.
Ignasi Aballi- Saint Jerome after Massys
Ignasi Aballi- Saint Jerome after Massys

Evénements et invitations
Jeudi 12.03 R 17:30 — 21:00
Méditation
Proposée par Annie Vigier
et Franck Apertet (les gens d’Uterpan)
Cette expérience prend la forme d’une séance de méditation
publique, ouverte à tous, dans l’espace d’exposition. Méditation
fait partie du processus re|action créé par les chorégraphes. Annie
Vigier et Deborah Lary, une interprète des gens d’Uterpan qui
pratique assidument le yoga et la méditation, vous accueilleront
par la lecture d’un protocole d’explications et d’exercices simples
permettant d’aborder la méditation dans un second temps.
Lectures du protocole : 18:00, 19:00, 20:00.
Accueil devant l’espace d’exposition.
Méditation est un rendez-vous régulier.
La prochaine séance aura lieu le 11 juin 2015
Entrée libre, réservation souhaitée :
kunsthalle@mulhouse.fr
Mardi 24.03 R 18:30
Traduire
la couleur :
voir et penser autrement…
Conférence d’Annie Mollard-Desfour
La couleur est un phénomène essentiellement culturel dont rend
compte la langue. Le lexique des couleurs français mis en relation
avec d’autres langues (lointaines ou culturellement proches) permet
de souligner des similitudes, mais aussi des différences surprenantes
dans la nomination des couleurs… Le lexique des couleurs est le
reflet d’une société, d’une “vision du monde”… Chaque culture
“voit” les couleurs à travers le filtre de ses mots ! Traduire la couleur,
c’est voir et penser autrement la couleur…
Méditation, 2014, ©La Kunsthalle
14 & 15.03
Week-end de l’art contemporain
Pendant deux jours l’art contemporain est à l’honneur dans la région.
Expositions, rendez-vous, événements se succèdent du Nord au Sud de l’Alsace.
Programmation complète sur www.versantest.org
KUNSTDÉJEUNER
Vendredi 13.03 R 12:15
KUNSTAPÉRO
Jeudis 2.04 + 7.05 R 18:00
VISITES GUIDÉES
Samedi 14.03 R 15:00
Dimanche 15.03 R 13:00 & 15:00
Entrée libre
ART CONTEMPORAIN
SUR GRAND ÉCRAN
Samedi 14.03 R 19:00
Bernard Heidsieck, la poésie en action, 2014, 55’
Un film documentaire d’Anne Laure Chamboisier,
Philippe Franck et Gilles Coudert
Dimanche 15.03 R 17:30
Marina Abramović : The Artist is Present, 2012, 146’
Un film documentaire de Matthew Akers
Entrée payante, au cinéma Le Palace Mulhouse
En partenariat avec La Filature, Scène nationale
et le cinéma Le Palace
ÉCRIRE L’ART
Dimanche 15.03 R 16:00
Lecture performance de Martin Richet, poète
Entrée libre
RDV FAMILLE
Dimanche 12.04 R 15:00
Une visite/atelier proposée aux enfants
et à leurs parents. à partir de 6 ans
Gratuit, sur inscription au 03 69 77 66 47
ou kunsthalle@mulhouse.fr
SOIRéE PERFORMANCES
Jeudi 16.04 R 20:00
Séance d’écoute de Sébastien Roux
et performances de Martina-Sofie Wildberger
Entrée libre
KUNSTPROJECTION
Mardi 21.04 R 18:00
En partenariat avec la HeaR
et l’Espace multimédia gantner
Entrée libre
photos de l’auteur + photos Kunsthalle

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.