James Ensor, les masques intrigués.
Du Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers et des collections suisses
Commissaire : Nina Zimmer
Jusqu’au 25 mai 2014 au Kunstmuseum Basel
« Je n’ai pas d’enfants, mais la lumière est ma fille, complètement et sans partage »
Des masques, fantômes, crânes, squelettes et autres figures macabres qui se juxtaposent en de bizarres arrangements : l’oeuvre de l’artiste belge James Ensor (1860 –1949) est grotesque, ironique, parfois agressive et provocateur, mais toujours portée par un humour profond.
L’intrigue, 1890, peut émaner autant du Carnaval d’Ostende, que représenter les passions qui agitent la vie des hommes, une réflexion philosophique dans les Masques se disputant un pendu. Sa technique brutale, son utilisation des couleurs qui s’opposent sans harmonie, donnent beaucoup de relief, à son expression presque surréaliste, ses écriteaux allusifs, nous placent devant devant le débat entre les bons et les mauvais, entre la vie et la mort. Des artistes comme Alfred Kubin, Paul Klee et les expressionnistes allemands Emil Nolde et Ernst Ludwig Kirchner se sont inspirés au début du XXème siècle de sa force créatrice et de son déni radical de l’idéal de beauté propre à l’histoire de l’art occidental.
Une rétrospective au Musée d’Orsay et au Museum of Modern Art à New York en 2009 a rendu définitivement ses travaux célèbres au niveau international.
Ensor à ses débuts s’est adonné au pleinairisme et fut un compagnon de route du réalisme européen et du naturalisme. Dans un deuxième temps, il a développé une variante spécifiquement belge du symbolisme. Dans sa phase de création la plus connue, le grotesque devient la caractéristique principale de son art. C’est un précurseur le l’expressionnisme. James Ensor est né à Ostende en 1860. Ce milieu original exerce une influence déterminante et durable sur le peintre, comme il le reconnaît plus tard :
» Mon enfance a été peuplée de rêves merveilleux et la fréquentation de la boutique de la grand’mère toute irisée de reflets de coquilles et des somptuosités des dentelles, d’étranges bêtes empaillées et des armes terribles de sauvages m’épouvantaient […] certes le milieu exceptionnel a développé mes facultés artistiques ».
Dès les premières manifestations de sa vocation, le jeune homme peut sans doute compter sur le soutien de son père, un homme intellectuel et sensible Il réalise son premier tableau important à l’âge de 19 ans.
En quête de modernité, formé à l’Académie de Bruxelles, à laquelle il s’inscrit en 1877, Ensor en rejette rapidement l’enseignement et préfère revenir travailler dans sa ville d’Ostende dès 1880. A l’exception de quelques voyages à Londres, au Pays-Bas ou à Paris, et de nombreux passages à Bruxelles, il y demeure jusqu’à la fin de ses jours. Après son séjour dans la capitale belge, il se met à élaborer son univers personnel, explorant son environnement dans de nombreuses peintures et dessins.
Au cours des dix années de vie du groupe des XX, Ensor précise son propos plastique, réalisant notamment la série de dessins les auréoles du Christ ou les sensibilités de la lumière, lançant son cycle exceptionnel de gravures et découvrant ensuite, à travers les thèmes du masque et du squelette, la manière de répondre, dans le cadre du symbolisme ambiant mais de manière toute personnelle, à ses angoisses et à sa vision du monde. Ensor réalise des paysages, des natures mortes, des portraits ainsi que des scènes de genre mettant en scène sa soeur, sa mère, sa tante.
La mangeuse d’huîtres, oeuvre majeure de la période, conjugue magistralement ces divers genres picturaux. On y voit sa soeur Mitche absorbée par un repas d’huîtres. Une profusion de fleurs, d’assiettes et de linge de table se déploie devant elle, La mangeuse d’huîtres. Paris 2009.
Ensor n’a cessé de se représenter. Jeune, fringant, plein d’espoir et de fougue, triste mais somptueux parfois, ainsi apparaît-il dans ses premiers tableaux. Bientôt cependant il laisse exploser sa rancoeur en soumettant son image à de multiples métamorphoses. Il est un hanneton, il se déclare fou, il se « squelettise »…
Il s’identifie au Christ puis à un pauvre hareng saur. Il se caricature, se ridiculise. L’ensemble paraît distiller la quintessence des peintures de Bosch, Bruegel et Goya, amalgamé avec une technique d’une agressivité chromatique particulière, un violent empâtement et une grande rudesse des formes. Le procédé consistant à traduire certains détails, comme la main du personnage tenant un enfant, en teintes obscures, mises en valeur, par des touches lumineuses, appliquées ultérieurement, rappelle les « peintures noires » de Goya.
En 1933, il est proclamé « Prince des peintres »; il mourra couvert d’honneurs, mais ceux-ci semblent lui avoir échu trop tard. Le musée royal des Beaux-Arts d’Anvers possède la plus grande et la plus importante collection au monde d’oeuvres d’Ensor. La fermeture prolongée du musée pour des travaux d’assainissement offre l’opportunité d’accueillir l’ensemble de cette collection formidable, complétée par une sélection de dessins montrés parfois pour la première fois, ainsi qu’un ensemble de peintures en provenance de collections suisses et des gravures issues du cabinet des estampes du Kunstmuseum Basel.
photos courtoisie du Kunstmuseum Basel
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flavio est intéresser
Merci pour votre passage ici.
Comme tout carnaval, c’était l’occasion de se défouler, de se moquer des politiques, des bourgeois, de l’église, par des satires et pour Ostende, la reconduction du Bal des Rats morts.
Mais ceci vous avez ou le trouver vous-mêmes sur Internet certainement
Cette critique de l’oeuvre de James Ensor est une belle entrée dans la connaissance de son oeuvre.
Je suis venu tout à fait par hasard, je dois l’avouer, sur l’oeuvre de Ensor et sur ce blog. Intéressante découverte.
Je faisais des recherches sur le Carnaval d’Ostende……..Ce carnaval présente-t-il des particularités ? Telle était ma question.
Très bien
Je vous renvoie à l’à propos du blog
http://elisabeth.blog.lemonde.fr/a-propos/
qui vous propose d’envoyer vos suggestions et réflexions
merci pour votre message
Mais quel dommage de ne pas se relire pour éviter quelques fautes d’accord…
LA DILETTANTE,
Merci à vous de nous permettre de faire un tour de piste avec ce magicien de la peinture qu’est James ENSOR.
C’est une singularité en action, qui a préféré suivre sa propre voie plutôt que de rester dans le sillage des autres… .
FORMACOLOR
créateur artistique/arts plastiques
[www.formacolor.eu]
merci pour votre passage et votre appréciation