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Artiste majeur de la scène française et internationale, Pierre Huyghe participe, dès les années 90, à la redéfinition du statut de l’œuvre et du format d’exposition, les faisant parfois se superposer et prendre tour à tour la forme d’un journal, d’un voyage en Antarctique ou d’un calendrier annuel en forme de jardin.
Cette rétrospective propose une lecture inédite de l’œuvre de l’artiste. Elle présente une cinquantaine de ses projets et permet d’avoir toute la mesure d’un travail ou d’une recherche qui se déploient depuis plus de 20 ans. Elle se transforme en véritable écosystème, où l’aléatoire est une pièce maîtresse à fort potentiel poétique et jubilatoire. On croirait les cimaises de la galerie Sud du Centre Pompidou prises dans les racines fictives et galopantes de ses œuvres, témoins de cette « intensification du réel » qui est au cœur de la démarche de l’artiste.
Des araignées tissent leurs toiles dans les angles
(C.C. Spider, 2011), une patinoire de glace noire abandonnée résonne encore des déplacements d’une danseuse (Acte 3 Untitled – Black Ice Stage, 2002)…
Lors du visionnage de la vidéo A way in Untilled (2012), parcours canin et splendide au cœur d’un biotope recomposé dans le parc de Karlsaue en marge de la dOCUMENTA 13 de Kassel, – vidéo – on peut apercevoir Human, lévrier à patte rose et star du film, roder aux alentours.
On retrouve plus loin une sculpture de femme allongée, la tête occultée par un essaim d’abeilles (Untilled – Liegender Frauenakt, 2012) (ci-dessus)qui était révélé dans la vidéo. Les sociétés humaines font aussi l’objet des expérimentations narratives de Pierre Huyghe, comme en témoigne la vidéo Streamside Day (2003), captation d’un jour de fête annuel instauré par l’artiste au sein d’une bourgade située au bord de l’Hudson River, dans la région de New York.
Au titre de ses performances filmées, The Host and the Cloud (2010) reste sans doute l’une des plus acides : dans l’espace à l’abandon de l’ancien musée des arts et traditions populaires (ATP), une quinzaine d’acteurs a réagi spontanément à différents stimuli (somnifères, hypnose, alcool, etc.), en présence de spectateurs témoins, par des danses, des incantations et un acte sexuel.
Cherchant à « exposer quelqu’un à quelque chose, plutôt que quelque chose à quelqu’un », Pierre Huyghe déclare poser avec cette rétrospective le point de départ d’un site permanent à venir où son art, vivant et organique, auto-généré, pourra varier dans le temps et l’espace, indifférent à notre regard.
Silence Score, 1997, Partition musicale, transcription des sons imperceptibles tirés de 4’33 ‘’de John Cage en registré en 1952.
Zoodram4, 2011 (d’après la muse endormie de Constantin Brancusi, 1910)
les zoodroms -vidéo-sont des mondes en soi, écosystèmes marins, habités de crabes, d’araignées de mer, d’invertébrés, choisis en fonction de leurs comportements, de leurs apparences. Paysage minéral et surréel, rochers insolites, flottant à la surface de l’eau, roches telluriques rouges, la muse endormie est charriée par un bernard l’hermite.
C’est une juxtaposition de projets, le fil conducteur, s’il en est un, m’a quelque peu échappé.
Se termine le 6 janvier 2014 au Centre Pompidou.
Puis du 11 avril au 13 juillet 2014 au Ludwig Museum de Cologne
et du 23 novembre 2014 au 8 mars 2015 au LACMA de Los Angeles.
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