Damien Hirst envahit les onze galeries de Gagosian

Damien Hirst a défrayé la chronique par ses Vanités où la tête de mort est un de ses motifs plastiques fétiches.

Damien Hirst Vanités

La star de la scène anglaise envahit les onze galeries de Gagosian et prépare sa rétrospective à la Tate Modern  du 4 April – 9 September 2012.
« J’étais à New York pour mon expo End of an Era à la Gagosian Gallery quand j’ai remarqué que chacune des 9 galeries Gagosian alors existantes présentait un artiste différent. Je me suis dit: «My God! Si je mettais mon nom partout, je pourrais enfin faire mon expo Spot Paintings.» Ils sont à double tranchant: au début, ces ronds colorés ont l’air joyeux, simples, jouent sur la séduction. Puis, on n’arrive pas à faire le focus. Un malaise s’instaure, un inconfort inattendu, un mélange de positif et de négatif.
Dans le catalogue raisonné que nous sommes en train d’établir, nous arrivons autour de 1500. Cela représente vingt-cinq ans de peinture et donc une moyenne de 60 Spot Paintings par an. Au moment de ma vente aux enchères, en 2008, chez Sotheby’s, j’ai pensé arrêter cette série. Et puis, j’ai eu l’idée d’en faire avec de tout petits ronds. J’avais commencé bien avant les très gros ronds, comme ceux que j’ai montrés au Musée océanographique à Monaco l’an dernier. À la Gagosian Gallery sur Madison Avenue, dans l’Upper East Manhattan, je mettrai les pièces historiques. Ça ira bien au lieu et à son atmosphère de vieux maîtres.
Damien Hirst Galerie Gagosian Paris Spot Paintings

J’en ai peint sans doute cinq. Je rachète ceux des premières années quand ils passent aux enchères, car j’en ai gardé peu. Ils étaient assez brouillons. Je voulais que, de loin, on ait l’impression qu’ils étaient faits par une machine et que, de près, ils se révèlent plus humains. Je les faisais au compas, je laissais un trou au milieu que la peinture envahissait peu à peu. Avec les années, on voit à l’œil nu qu’ils deviennent de plus en plus parfaits. Je les signe au dos avec l’année, c’est tout. Parfois, les premiers Spot Paintings ne sont pas signés. Un collectionneur de New York m’appelle, je suis à New York et je le signe. Je ne peux pas les confondre: il n’y en a jamais deux pareils par le seul jeu aléatoire des combinaisons de 1000 couleurs. Après, j’ai poussé les combinaisons jusqu’à 10.000! Je vois cette série de 1500 tableaux comme un tout. Mon favori est 10 by 11 Spots, parce que 110 ronds forment un drôle de carré bizarre. C’est le propre de l’homme de se rêver scientifique comme une machine, impeccable, ordonné, lisse, alors qu’il n’est que chaos, désordre organique. Les Spot Paintings sont entre les deux.
Damien Hirst Gagosian Paris Spot Paintinngs

C’était l’époque des catalogues à moindre coût, avec certaines photos en couleur, d’autres en noir et blanc. J’ai vu mes Spot Paintings en monochrome et j’ai trouvé ça super. J’en ai fait une mini-série de vingt. J’expérimente beaucoup d’idées comme ça. Je m’enthousiasme, puis je laisse. J’en ferai peut-être d’autres sur commande.
Je n’ai jamais aimé cette expression. Les Young British Artists Je ne regrette pas cette époque, assez dingue, violente, chaotique, même si nous étions tous amis et différents. Je me sens mieux aujourd’hui, plus sage, plus calme. Bizarre! À l’époque, je croyais que tout resterait toujours pareil et puis on se retrouve propulsé dans un autre âge. Maintenant, c’est au tour de nouveaux artistes de se lever et de dire de leurs anciens: «Tout ça, c’est de la merde!» Si j’étais un étudiant en arts plastiques aujourd’hui, j’imagine que j’irai voir Damien Hirst à la Gagosian Gallery ou à la Tate, et je dirais: «Fuck this!»
je confirme ! les photos ne sont autorisées que s’il y a un visiteur devant la toile 🙁
Lu dans l’Express

"C'est vous dont la mère est folle" Marguerite Mutterer

Après « Le récit de Margh », Marguerite Mutterer

Marguerite Mutterer. Archives Dom Poirier

plonge dans ses souvenirs d’enfance, avec le deuxième tome de sa biographie :
« C’est vous dont la mère est folle »
, qui se déroule à Mulhouse entre 1920 et 1940.

Derrière le récit, l’histoire, les anecdotes, ces deux ouvrages révèlent les
faces secrètes d’une personnalité hors du commun, mais également un talent d’écrivain, d’ores et déjà couronné par le
prix de Littérature et de philosophie 2011 de l’Académie française.

Après ces deux premiers récits, Marguerite Mutterer travaille actuellement au tome 3,
qui retracera :
l’histoire du Centre de Réadaptation de Mulhouse, dont elle fut la créatrice et la directrice pendant 40 ans.

Entre histoires et Histoire, voici des pages qui vont incontestablement enrichir
la bibliographie mulhousienne contemporaine.
Bonne lecture !
André Heckendorn

Un autre regard sur le handicap
Film de Robert CAHEN réalisé pour le Centre de Réadaptation de Mulhouse
Connue pour avoir fondé le Centre de réadaptation de Mulhouse, Marguerite Mutterer s’est passionnée pour l’écriture il y a quelques années et a publié Le récit de Margh, tranche de vie d’une adolescente de 19 ans entre 1938 et 1945. Réédité pour les fêtes chez Jérôme Do Bentzinger Editeur, le livre a été distingué par la médaille d’argent du prix de littérature générale Louis Barthou 2011 de l’Académie française.
Le récit de Margh n’est pas un roman, encore moins une histoire d’amour sur fond de guerre ou un document historique. C’est une tranche de vie, celle de Marguerite Filbert, jeune Alsacienne de 19 ans, où s’entremêlent la guerre et ses peurs, la Résistance et ses combats, l’amour et ses tourments.
La Résistance au féminin
Au fil des 147 pages de ce récit, l’auteur évoque l’humiliation de devenir allemande, la fuite vers le Territoire de Belfort, le premier hiver sous l’Occupation, le rationnement, le sentiment de solitude, l’horreur des postures nazies, la peur de la délation, la naissance de sa vocation dans le social, ses premiers émois amoureux et surtout, son désir d’agir. Contre la dictature du « Sois belle et tais-toi », Marguerite Mutterer raconte la guerre autrement. Pas forcément d’un point de vue féministe, mais féminin. La Résistance, pour elle, était une envie. Des passages de ligne et des exploits militaires qui ont duré trois mois.
À 90 ans, Marguerite Mutterer a encore beaucoup à partager. Son prochain récit, à paraître début 2012, sera consacré à son enfance ainsi qu’à son retour à Mulhouse en 1945.
Le récit de Margh, par Marguerite Mutterer, Ed. Jérôme Do Bentzinger. 19 €. En vente à la librairie Bisey et au Relais de la gare à Mulhouse.
L’Alsace du 18/12/2011signé CB
 

André Avril au Lézard de Colmar

« Au commencement il y a la sculpture. Des sculptures pour rendre sensible une relation au temps, par le déploiement dans l’espace de l’énergie des matériaux. Un rapport au temps où l’immobilité apparente des sculptures est affectée en continu par un mouvement possible, dans la précarité de l’équilibre. Une matière comme l’eau, qui produit sa propre durée par écoulement ou évaporation, peut modifier imperceptiblement la position de la sculpture dans l’espace...»  André Avril
 

André Avril sculpture 2012

 
Originaire de Lyon, il enseigne à l’école supérieure d’architecture de Lyon, il vit à Paris, est conférencier à Pompidou, à Colmar à Unterlinden, où il intervient en tant que plasticien devant les  œuvres. Il a un grand sens de l’espace. Il a réalisé un travail de vidéaste et de photographie, dans les bains municipaux de Colmar entre 2008 et 2010. Dans l’entrée de l’espace Lézard quelques photos sont en écho avec sa sculpture. Elles lui ont permis de placer des repères à l’intérieur de l’espace, de placer des points, auxquels il est revenu régulièrement, pour voir comment l’espace pouvait se modifier, dans un lieu complètement traversé par la lumière à la préparation du film. Le lieu a un temps très particulier qui touche le plasticien particulièrement. C’est un lieu ou le temps ne compte plus, il est en suspension et en même temps, il y a un grouillement de matière continu. Ce sont des temporalités que le travail sculptural ou photographique se réalise, entre une apparente immobilité et le mouvement.  La vidéo est visible actuellement dans cette même piscine dans l’exposition consacrée « Au temps des bains » au premier étage.
Etonnement, j’ai cru que j’étais arrivée trop à l’avance, un matelas à ressort encombrait le passage entre les portes….
André Avril sculpture 2012

Ses sculptures à l’espace Lézard de Colmar, sont une mise en tension, une réflexion autour de  l’espace, un subtil équilibre entre l’objet qui est exposé et l’espace qui l’environne. Dans l’espace Lézard la sculpture spécialement conçue pour le lieu, joue sur la séparation entre les 2 pièces, mais aussi sur les 2 niveaux.
Il faut se déplacer autour de la sculpture, qui est composée de 2 matelas d’acier, dont la verticalité n’est jamais établie , elle est tendue, déformée, intervenant sur les 2 espaces, avec des matériaux différents, afin de préserver la transparence de la matière, jouant avec l’éclairage du lieu, qui varie au degré des heures, mais aussi avec la lumière extérieure, afin que le volume existe par rapport à ce jeu de lumière, en  même temps, dès qu’on passe à l’intérieur, une intimité se créé, une tension qui s’opère aussi, par rapport à la qualité de la lumière. Dans leur spécificité en tant que matériau, le caoutchouc a une tension qui est très régulière, qui peut se modifier sans que la structure puisse véritablement bouger, alors que les plastiques sont beaucoup plus rigides, elles se dilatent avec le temps et se transforment et se  détendent. La sculpture n’est pas perçue dans sa totalité, au premier abord. Il faut se déplacer, la contourner, pour sentir la relation entre les 2 espaces, intérieur/extérieur, même si elle paraît transparente, on ne la voit jamais dans sa totalité, elle n’est pas symétrique, elle tente de récupérer un équilibre, n’étant pas très stable dans l’espace.
André Avril sculpture 2012

Le plasticien l’a pensée comme un corps prêt à basculer, mais qui tient par l’émotion qui renvoie à notre propre espace. Elle demande un déplacement physique de la part du visiteur, pour en constater toute la plasticité et le jeu de lumière, jour/nuit. C’est un objet un peu décalé, où le vide participe, un objet qu’il faut expérimenter, pour se rendre compte des passages et du décalage existant continuellement. L’espace est perceptible par le jeu de la transparence.
C’est un objet élégant, subtile qui ressemble à son auteur.
André Avril photos

Cette importance de la lumière se retrouve aussi dans les photographies de l’entrée qui semblent une évidence, et qui sont en résonance avec la sculpture. Dans son travail on retrouve, cette dualité, cet antagonisme, ce contraste entre lumière et obscurité
 
Week-end de l’art contemporain
Samedi 17 mars de 15h à 16h Rencontre avec André Avril
Gratuit et tout public, sur inscription au 03 89 41 70 77
Samedi 17 mars rencontre avec André Avril
15 h et 16 h

18 mars, rencontre avec André Avril
10 h 30 – 11 h 30

 
 
Jusqu’au samedi 7 avril
photos de l’auteur, courtoisie de l’artiste