« Apprenez à penser en couleurs, et vous verrez le monde autrement ! »
Nous propose Dominique Simonnet dans la préface du petit livre des couleurs de l’historien anthropologue Dominique Pastoureau.
« les couleurs sont la musique des yeux … Certaines harmonies de couleurs produisent des sensations que la musique elle-même ne peut atteindre »
Extrait du Journal d’Eugène Delacroix (le dialogue du visible René Huyghe)
En effet le voyage au Maroc, a été un coup de foudre, libérant sa vision de la lumière et des couleurs, cela a été une révélation et a transformé totalement sa palette.
Le Mamac nous en fait une démonstration magistrale en mettant
« la couleur en avant ! »
Dès la montée des escaliers, la couleur vous saisit. Elle est la star de l’exposition et prend toute son autonomie. Une même jouissance de la palette que l’on peut étendre à la cinquantaine d’artistes choisis par le commissaire Gilbert Perlein, conservateur en chef et directeur du Mamac de Nice, assisté de Michèle Brun et de Rébecca François que je remercie de tout cœur ici pour son formidable accueil.
Louis Cane (1943) Denis Castellas (1951) César (1921-1998) Marc Chagall (1887-1985) Max Charvolen (1946) Marc Chevalier (1967) Albert Chubac (1925-2008) Daniel Dezeuze(1942) Erik Dietman (1937- 2002) Noël Dolla (1945) Raoul Dufy (1877-1953) Max Ernst (1891-1976) Robert Filliou (1926-1987) Roland Flexner (1944) Jacqueline Gainon (1951) Ellsworth Kelly (1923) Yves Klein (1928-1962) Rotraut Klein Moquay (1938) Fernand Léger (1881-1955) Cynthia Lemesle & Jean-Philippe Roubaud (1974/1973) Ludovic Lignon (1966) Arnaud Maguet (1975)Eric Michel (1962) Robert Malaval (1937-1981) Henri Matisse (1869-1954) Serge III Oldenbourg (1927-2000) Bernard Pagès (1940) Pablo Picasso (1881-1973) Eve Pietruschi (1982) Pascal Pinaud (1964 Niki de Saint Phalle (1930-2002) Patrick Saytour (1935) Adrian Schiess (1959) Nicolas de Staël (1914-1955) Cédric Teisseire (1968)Xavier Theunis (1979) Bernar Venet (1941) Claude Viallat (1936)
Les artistes exposés, sont natifs de la région pour la plupart, ou du moins y ont séjourné à un moment de leur existence, ils sont tous de stature internationale. C’est une explosion des couleurs primaires avec l’américain Ellsworth Kelly qui dès son arrivée dans le midi, abandonne son bi-chrome noir et blanc, pour s’adonner au rouge, jaune, bleu et devient ainsi le père fondateur de l’abstraction géométrique américaine.
Les papiers découpés peints à la gouache de Henri Matisse, par une recherche savante, avec de délicats blancs, composent la danseuse créole, qui fait partie du thème de la danse choisie par le Dr Barnes. La femme à l’amphore, créée à la toute fin de sa vie est à l’inverse du processus, c’est le fond qui est gouaché en bleu, disposé en positif et la forme féminine qui est en réserve est en négatif.
Picasso peint de manière simplifiée, en aplats de couleurs primaires, Françoise Gilot, étendue sur une serviette jaune débordant sur les enfants, Paloma jouant dont la tête émerge d’un fond rouge, et Claude sur fond bleu sur un tricycle, le tout sur fond bleu, encadré de vert, belle scène de sérénité et d’intimité en un jeu spéculatif de la couleur.
Yves Klein renonce à la figure, à la ligne et à la forme pour avancer dans le champ sensible de la couleur pour aller vers l’absolu.
Fernand Léger, ( que je retrouverai le lendemain à la Fondation Maeght) s’émancipe de ce qu’il faisait jusqu’à présent, tracer des contours, qu’il remplissait de couleurs, il leur donne leur autonomie en peignant de grandes surfaces en ne tenant plus compte des lignes noires.
Dufy pose la couleur indépendamment de la forme sous-jacente, voyant courir sur la plage, une petite fille vêtue de rouge, il s’aperçoit que la mémoire garde la trace de la couleur, plutôt que de la petite fille elle-même. On dit de lui qu’il peint en dessinant et dessine en peignant, phénomène paradoxal et facteur de trouble au regard de la tradition.
Roland Flexner juxtapose deux monochromes verts en tonalités légèrement différentes et laisse transparaître en filigrane la silhouette fugace d’un pleurant. La capuche dissimule totalement son visage et rend toute identification impossible. Cela ajoute au mystère du recueillement et pour moi cette image restera gravée très longtemps dans mon esprit.
Les œuvres de Niki de St Phalle sont très présentes ici, étant donné qu’une donation de sa succession y est exposée en partie. Les blessures infligées à ses œuvres par les tir de peintures de couleurs, s’inscrivent comme une biographie de l’artiste, l’attitude de sa mariée siestant sous un arbre (à 0.50) me renvoie au visage renversé de Jan Fabre dans la Pietà vue à Notre Dame de la Misericordia à Venise.
Jean Charles Blais a collé dans les couloirs qui relient deux salles les papiers qui ornaient la station de métro de l’Assemblée nationale.
Il me faudrait parler du magnifique Hartung et de bien d’autres.
Pour terminer une cimaise peinte en rouge sang, à connotation politique laisse en réserve la phrase en blanc d’un prisonnier
« Détenus de l’intérieur » signée Jean Baptiste Ganne.
Tout le musée est à la gloire de la couleur, les couloirs, les extérieurs, les cages d’escaliers, avec mesure et discernement. Il ne faut surtout pas oublier la terrasse du 7 e étage que vous aurez beaucoup de mal à quitter, où s’offre à vous, la vue panoramique sur le vieux Nice, la montagne, la mer, un paysage azuréen de carte postale.
Vous avez jusqu’au 27 novembre pour visiter l’exposition
Photos de l’auteur et visuel presse – courtoisie du Mamac
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merci ami
Chapeau pour ce partage coloré