Cinq commissaires pour 13 artistes de nationalité diverses, pour la 19 e édition de Sélest’Art 2011. Sophie Kaplan, directrice du CRAC Altkirch, Olivier Grasser, directeur du FRAC Alsace, et Otto Teichert, directeur des Arts Déco de Strasbourg, épaulés de Pierre-Olivier Rollin, responsable d’un centre d’art à Charleroi (Belgique) et de Hans Dünser, du Kunstraum Dornbirn (Autriche), ces deux dernières villes étant jumelées avec Sélestat.
« Lorsque Sélest’art a été créée, c’était une des premières en France à investir une petite ville », observe Olivier Grasser.
Pas de fil conducteur, entre les œuvres, un artiste, un lieu, en adéquation avec celui-ci.
« Privilégier un artiste par lieu et éviter le phénomène d’accumulation. » précise Sophie Kaplan.
Susanne Bürner, Hervé Charles, Michael Dans, Edith Dekyndt, Jean-Jacques Dumont, Jérémie Gindre, Michel Gouéry, Tony Matelli, Emilio Lopez-Menchero, Chantal Michel, Olivier Nottellet, The Plug et Werner Reiterer, venus de France et d’ailleurs, ont investi, parfois avec des créations, conçues in situ, différents lieux du centre de Sélestat.
La déambulation au hasard des pas, à la recherche des divers points se complète avec la découverte du charme de la ville et de son patrimoine.
Si vous êtes dans un jour de chance vous serez accompagnés par le célébrissime cri de Tarzan qui devrait résonner avec régularité dans différents endroits de la ville à l’initiative d’Emilio Lopez-Menchero, un parfum d’aventures ? Le jour du vernissage il était un peu aphone.
D’emblée, je souscris à la citation de Jérémie Ginder, affichée sur les cimaises de la bibliothèque humaniste : « Pas tout compris. » Il s’amuse à détourner les codes et les images.
Mais ne suis-je pas venue, pour écouter la parole des curators, qui guident les curieux à travers la ville ?
Ses dessins géologiques, à l’intersection du scientifique et de l’artistique, de même que plusieurs pierres qui semblent avoir été du bois (tirée du compte rendu de l’expédition Lewis et Clark, la première à traverser le continent américain de part en part, entre 1804 et 1806) est mise en regard avec des planches de bois… exécutées en béton.
Les parois en verre du Frac abritent les photos de Chantal Michel. Elle revisite l’œuvre de l’artiste suisse Albert Anker. La scène de genre, les natures mortes, le portrait ou les vidéos sont une réinterprétation, où elle tient le rôle principal , en de dédoublant parfois de stéréotypes, de manière onirique et troublante.
Hervé Charles avec Water Fall dans sa vidéo tente de cerner le mouvement insaisssable de l’eau.
L’architecture de la poudrière, suggère le mystère, aussi j’ai été émerveillée par la réalisation d’Edith Dekyndt. En pénétrant dans la pénombre, sur une table blanche éclairée, elle laisse voir de la poussière de fer, animée par un aimant invisible, on s’interroge, vie animale ou végétale, non un amoncellement dérisoire, fragile, qui soulève une émotion presque enfantine.
Michel Gouery, dans la le logement des sœurs de l’école Ste Foy nous déroute avec sa guirlandes, à peine connotée, posée sur le mur à la tapisserie lui rappelant son enfance, des êtres hybrides juchés sur un muret, complètent cette installation insolite.
Quant à Werner Reiterer, son installation joue l’effet de surprises, pour ses visiteurs, qui s’amusent à provoquer les interpellations , des voix douces s’échappant de « Come Closer to leave » invitent les passants à s’avancer, puis lorsqu’ils s’approchent les voix changent et se mettent à vociférer, à insulter et somment de décamper. Les visiteurs mettent un moment avant de comprendre, que ce ne sont pas eux qui maîtrisent les voix, que l’automatisation s’installe et finissent par s’en amuser.
Toni Matelli, nous emmène dans un sous-sol, de désolation, après une soirée pizzas, où les participants ont laissé leurs détritus, des miroirs sales, poussiéreux, quelques pièces dans un seau, un billet vert qui brûle encore, puis dans une pièce une jeune femme, pathétique presque nue, à la plastique avenante, hagarde semble planer dans les brumes de la nuit.
La visite se termine « Entre nous » de Michael Dans, une sculpture rassemble 5 cercueils en pierre bleue, de format décroissant, alignés dans le parc, allusion aux moments aux morts ou suggestion d’un fait divers morbide, qui agite le spectre d’une mort inéluctable, avec un humour grinçant.
Le détail de la biennale se trouve dans NOVO n° 16 à partir de la page 85, que vous pouvez feuilleter en ligne, où les commissaires qui ont concocté cette biennale, tentent de définir la place de l’Art dans la société.
Les commissaires de la biennale Sélest’art proposent une journée thématique dimanche 9 octobre, de 11 h à 17 h. Ils présenteront un programme de visite et de débat sur la question de l’art et l’espace urbain.
La journée commencera par une visite guidée de la biennale et sera suivie d’un repas tiré du sac. À 14 h 30, la présentation d’extraits du film Hélioflore, réalisé par Antoine de Roux, introduira le débat qui portera sur les enjeux d’une biennale aujourd’hui : la multiplication de ce genre de manifestations, l’intensification des politiques de communication, l’encouragement des dynamiques de consommation culturelle, la diminution de la part des crédits publics consacrés à la culture…
La rencontre sera animée par plusieurs intervenants : Bernard Goy, conseiller pour les arts plastiques, à la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Alsace, Brigitte Klinkert, présidente de la commission « culture et patrimoine » au conseil général du Haut-Rhin, Morten Salling, chargé de mission « arts visuels » au conseil général de la Seine-Saint-Denis, Guillaume d’Andlau, vice-président de l’Association des amis du château d’Andlau, Olivier Grasser, Sophie Kaplan, Pierre-Olivier Rollin et Otto Teichert, commissaires de Sélest’art 2011.
Y ALLER Réservation obligatoire au 03 88 58 85 75 ou culture@ville-selestat.fr ; renseignement : office de la culture de Sélestat : 03.88.58.85.75 ; culture@ville-selestat.fr ; www.selest-art.fr. Un bus sera proposé aux participants au départ de Strasbourg.
photos et vidéos de l’auteur sauf la photo 1
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C’est comme si on y était, merci