L’effondrement comme conséquence possible de la création – suite ?
Pas exactement ici, Daniel Dyminski nous propose radicalement la destruction.
Pas exactement ici, Daniel Dyminski nous propose radicalement la destruction.
Son explication : (en vidéo)
« je détruis certaines de mes œuvres, non chaque matin, car je ne suis pas aussi assidu au travail, mais lorsque cela me semble nécessaire pour effectivement avancer – progresser dans mes recherches et cela, sans tenir compte d’une quelconque séduction qu’exerceraient certaines œuvres que je trouverais particulièrement belles, ni moins encore par dépit.
Une œuvre qui me donne satisfaction, qui est considérée comme « finie », mais à partir de laquelle se développe une idée nouvelle, je considère à ce moment là que c’est cette idée là qui prime : je détruis alors l’œuvre pour voir le nouveau résultat. Que celui-ci se révèle décevant ou positif n’a qu’une importance secondaire, c’est l’expérience, le passage à l’acte qui prime. »
Le manifeste « Rust » texte explicatif, de sa conception générale et artistique, rédigé par Daniel Dyminski, édité en 300 exemplaires, dont 30 spécialement numérotés et signés, est vendu par l’office du tourisme de Sélestat au prix modique de 3 €. Il ne veut en rien, concurrencer, ni se substituer aux philosophes, écrivains, économistes, penseurs émérites, mais vous proposer ses idées personnelles.
L’artiste créateur, veut nous rendre attentif à la beauté du monde dans lequel nous vivons et nous évoluons. Afin que nous nous rendions compte que nous allons à sa destruction.
Par sa performance réalisée devant le public sélestadien, il illustra son propos en déchirant avec méthode et application les quelques œuvres, intentionnellement intitulées « Anonyme, Anonymes » devenues éphémères pour l’occasion. Les vitraux qui illuminaient les lieux 10 mn auparavant n’étaient plus que des baies blanches d’une banalité quotidienne, au bas desquelles gisaient les toiles qui avaient chues avec grâce depuis les cimaises de la chapelle.
Par sa performance réalisée devant le public sélestadien, il illustra son propos en déchirant avec méthode et application les quelques œuvres, intentionnellement intitulées « Anonyme, Anonymes » devenues éphémères pour l’occasion. Les vitraux qui illuminaient les lieux 10 mn auparavant n’étaient plus que des baies blanches d’une banalité quotidienne, au bas desquelles gisaient les toiles qui avaient chues avec grâce depuis les cimaises de la chapelle.
Certaines des autres toiles, terminèrent assemblées en boules reparties et accrochées sous l’œuvre précédente. Eurent la vie sauve, les couples A et B, le triptyque « Samouraï », l’installation « Autorité » dont les clin d’œil ne demandent pas d’explication…
Plus surprenante est l’autre installation « Intimité technologique » constituée de 6 palettes de transport, sur 1 panneau de contreplaqué, où repose un couple asexué de Salamis électroniques. C’est un amas de matériel électronique artistiquement enveloppé dans un filet, à l’instar du saucisson sus-nommé.
Pourquoi a t’il sauvegardé les couples et détruit les anonymes ? Adam et Eve du futur,
Pourquoi a t’il sauvegardé les couples et détruit les anonymes ? Adam et Eve du futur,
Survie de l’humanité, malgré sa cruauté destructrice ? Est-ce le message de Daniel Dyminski, heureux et optimiste, qu’il veut nous laisser et se défend d’être donneur de leçons ?
Il faudra revenir pour constater l’évolution de cette étonnante exposition et lire dans le commentaire n° 4 le texte explicatif de Daniel Dyminski.
Il faudra revenir pour constater l’évolution de cette étonnante exposition et lire dans le commentaire n° 4 le texte explicatif de Daniel Dyminski.
Une vidéo sur grand écran vous permettra de vivre en direct la performance dans les semaines suivantes.
Jusqu’au 17 juillet à la Chapelle St Quirin de Sélestat, rue de l’Hôpital.
Photos et vidéos de l’auteur – courtoisie de Daniel Dyminski
clic sur les photos pour les agrandir
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communiqué de presse :
Trois oeuvres peintes sur papier sont accrochées / collées sur l’un des murs.
En face les grandes fenêtres sont recouvertes chacune d’un papier translucide peint de filaments et de surfaces colorées, de manière à laisser passer la lumière et à ce que ces fenêtres fassent penser à des vitraux d’églises.
Ces lieux sont habituellement gris et assez tristes – la lumière filtrant au travers des papiers colorés, va apporter une ambiance colorée et chaleureuse à l’endroit.
Au sol face à l’entrée, sont posés deux saucissons dont la peau est de treillis métalliques, contentant chacun des objets technologiques, calculatrices, claviers, ordinateurs, etc. Les deux saucissons sont disposés côte à côte ; ils prennent place dans une sorte de mini serre : quatre planches de bois recouvertes de verre – anciennes fenêtres – de la même manière que l’on cultive les salades ou les tomates dans les jardins populaires.
La symbolique est d’avoir un saucisson mâle et un autre femelle.
La finalité consiste à procurer la même impression à voir disposés l’un près de l’autre, le corps d’un homme et d’une femme se reposant, ou reposant pour « l’éternité ».
La suggestion ici n’est pas uniquement la mort, elle peut aussi concerner une supposée vie amoureuse des objets.
Que connaissons nous de la sexualité des objets ? Comment naissent-ils, comment se reproduisent-ils ? On nous raconte qu’ils seraient tous fabriqués en Chine, dans des usines nocives, où les confectionneraient les mains d’enfants, dans une ambiance que nous supposons volontiers, enveloppées de fumées sordides; mais peut-être naissent-ils aussi par leur propres moyens dans des accouplements joyeux qui échappent aux regards humains ?
Performance :
Les 3 peintures seront déchirées, roulées en boules et celles-ci accrochées / collées en lieu et place des peintures.
Les « vitraux » de papier seront arrachés et les morceaux déposés dans une grande boite en carton ; la boite sera scotchée, fermée hermétiquement. Les morceaux de papier serviront à remplir un nouveau saucisson, qui sera présenté lors d’une exposition ultérieure.
Après la performance il ne reste donc en principe plus rien à voir, au sens classique d’une exposition :
– les tableaux ont été déchirés et roulés en boules, ce qui peut être traduit également par : ils ont été chiffonnés, donc traités avec dépit ou mépris, ce qui serait un faux jugement : les oeuvres à détruire sont choisies spécialement parce qu’elles sont belles, comme l’on choisissait dans les temps bibliques heureusement révolus, le fils le plus aimé parmi sa descendance , pour l’offrir en sacrifice, le plus aimable, à son dieu, qui se délectait d’autant plus de cette haute abnégation, que ce fils était le plus jeune et le plus aimé de tous.
– les fenêtres qui diffusaient une belle lumière colorée façon vitrail, ont retrouvé leur grisaille habituelle.
– ne restent au sol que la serre avec ses deux saucissons, en attente d’un hypothétique acte amoureux.
Le saucisson présenté ici comme objet d’une proposition artistique, a à l’origine une destination charcutière : détourné de sa fonction naturelle, qui consiste à être consommé gustativement et même trivialement, il se coupe en tranche fines dans les milieux populaires, le plus favorablement avec quelques amis, autour d’une table rustique, ou assis sur un tronc d’arbre au bord d’un chemin de montagne, accompagné d’une large tranche de pain et un verre de cidre brut, ou d’un vin rouge rugueux.
Ce capital d’image populaire et de moments sympathiques, rejoint ici une autre mythologie qui est celle également des amants malheureux (Roméo et Juliette, Tristan et Isolde, etc.)
Les deux saucissons disposés côte à côte ont-ils un passé amoureux, sont ils disposés là comme des objets morts, ou sont-ils simplement endormis ou vont-ils attendre le départ des visiteurs de l’exposition pour s’adonner à quelques transports fougueux ?
La part visible « habituelle » de l’exposition correspond à ce qui est là, avant l’arrivée du public et avant les dates officielles d’ouvertures de l’exposition.
Si l’on s’en tenait à cette part visible habituelle, le public aurait à sa disposition des tableaux accrochés au mur, pourrait les juger beaux ou laids, ou intéressants ou non.
Cette phase de normalité de l’exposition, ne sera disponible qu’un bref moment, et ne durera que le temps que le public arrive, lors du vernissage.
La performance aura lieu, qu’il y ait ou non un public, qu’il y ait peu ou trop de monde.
L’idée est de montrer qu’il y a un temps d’existence différent possible, pour les oeuvres, en dehors du cadre habituel des expos.
Ici le temps sera raccourci, les oeuvres n’auront pas le temps d’être vendues, le public n’aura que le temps de réaliser le caractère irrémédiable et irréversible de l’action.
Les oeuvres détruites n’auront eu qu’une existence très courte : peintures réalisées spécialement dans le but d’être détruites, puis détruites.
L’action de déchirer les oeuvres lors du vernissage, place le public devant une perception qui n’est pas habituelle : il arrive pour l’inauguration d’une exposition, mais il a la sensation qu’il s’agit de quelque chose qui touche à sa fin et pour laquelle il n’aurait la possibilité que d’un très bref coup d’œil, sur des oeuvres qu’on range, qu’on élimine, qui lui échappent.
Il s’agit évidement là, de la vision furtive de quelque chose qui ne sera plus jamais à voir. Quelque chose qui va disparaître / changer de forme.
La véritable exposition pourra sembler avoir eu lieu avant l’ouverture officielle et de cette sensation, participera le sentiment de regrets et d’une certaine frustration, qui sembleraient pouvoir être les moteurs, d’une nécessaire remise en question de nos propres codes de conduites sociales.
Ce principe d’irrémédiabilité nous concerne tous, nous en tant qu’humains.
Humanité qui rêve d’éternité, source oh combien prétentieuse de tant de croyances erronées.
Complémentairement :
En réalité il ne serait pas exact de dire qu’il ne reste rien à voir après la performance:
– les peintures ont été transformées en boules qui ont été disposées / collées au mur ; l’imaginaire de chacun peut entrer en jeu, concernant soit le souvenir de l’oeuvre détruite / transformée, soit par rapport au geste lui-même de la destruction : déchirer pourquoi ? : Geste de rage contre l’art ?
Dépit vis à vis d’une oeuvre que l’artiste détesterait ou trouverait très mauvaise ? Geste politique ? Symbolique ? Etc.
– en ce qui concerne les vitraux, un seul bref instant aura été agréablement perçu, celui des lumières colorées inondant l’intérieur de la chapelle. La suppression violente de cette perception agréable, pourra provoquer différentes émotions et sentiments : révolte contre l’artiste, qui frustre le visiteur / spectateur de ce qui lui procure le sentiment du beau et de l’agréable – l’artiste ici va à l’encontre de ce que qu’on attendrait de lui, il donne à voir ce qui pourrait être positif et le détruit aussitôt.
Cette attitude est cependant bien en accord avec celle globale de l’humanité aujourd’hui, qui, quoi qu’étant elle même un objet potentiel d’essor et de développement formidable, est en bonne voie de s’auto détruire.
Ce qui est donné à voir c’est une sorte de post-exposition, une expo de recours, de secours, une expo après l’expo = donner à voir ce que pourrait être un après – pas un après métaphysique, ni de post-révolution, mais un après construit par l’humain, après avoir pris possession des possibilités formidables de sa conscience.
Conclusion triviale, mais généreuse :
Par la fabrication de saucissons artistiques, je compte apporter ma contribution à la nourriture des populations futures, qui lorsque la morue et le thon rouge auront complètement disparus, que le soja et le blé ne seront plus que transgénique, ces saucissons artistique seront des variants agréables, proposés à des porcs dénaturés, ou à de la volaille antibiotiquisée.
Détruire les oeuvres en public est donc une proposition de partage.
C’est surtout le temps qui me rattrappe, je me laisse porter par son souffle aventureux.
Merci pour vos mots élogieux et poétiques, ainsi que pour votre clin d’oeil à mon appel en haute « sphère »
Carpe Diem
Evidemment, normal que je me sente si seul dans mon blog.
Je vis dans un endroit isolé de Corse où seul l’esprit vagabonde pour imaginer tout ce que je ne peux pas voir.
En entrant dans votre blog, je me retrouve à la »Galerie des glaces », c’est même trop de lumière pour moi. Je comprends que vous soyez prise par le temps… moi, il me passe loin, loin au-dessus de ma tête. J’ai simplement posé mon radeau sur sa vague pour ne pas être le fétu de paille qui arrive au bout du chemin sans savoir ce qui lui arrive. Carpe Diem à vous. Simon
http://www.refletsdutemps.fr/index.php?option=com_zoo&task=item&item_id=1068&Itemid=2
en direct du village de St Quirin en Moselle – il n’y a pas de hasards…..
« Il n’y a pas de hasard
Il n’y a que des rendez-vous »
D. Dufresne – A. Weissenberg