Jusqu’au 26 juin 2011, le musée Marmottan Monet organise pour la première fois en France une exposition consacrée à Raoul (1877-1953) et Jean (1888-1964) Dufy : « Raoul et Jean Dufy, complicité et rupture« .
Contrairement à la célèbre réplique des Tontons flingueurs : « Y connais pas Raoul ce mec, Y va avoir des réveils pénibles » (je plagie Paulin Césari)
Dans le cas des frères Dufy c’est Jean le méconnu. Si l’on connaît bien l’oeuvre de Raoul, celle de son frère Jean, peintre lui aussi, l’est moins. Cadet de 11 ans, Jean se forme à la peinture entre 1906 et 1914, encouragé par son frère qui participe alors aux aventures fauve et cubiste. Le bleu est leur couleur préférée, celui de la mer, du ciel, qu’ils déclinent sur tous les tons, avec des effets de transparence, des couleurs vives reflétant la joie de vivre. À partir de 1920, date de ses premières peintures, Jean produit une oeuvre riche et partage avec Raoul des préoccupations artistiques communes. Les frères sont proches et entretiennent une correspondance régulière.
Raoul et Jean développent des parcours parallèles et collaborent peu, à l’exception notable de La Fée électricité (au musée d’Art Moderne de la ville de Paris). C’est ainsi qu’ à la demande de Raoul, qui pour livrer le travail en temps et en heures, se rendant compte que c’est un si gros morceau, qu’il dispose de moins d’un an, que même son fidèle assistant André Robert, ainsi que les petites mains habituelles ne suffisant pas, que Jean participe à l’aventure. Jean abandonne ses tableaux, Il écume les musées et les bibliothèques pour chercher la documentation et trouver les acteurs, réalise des esquisses, aide son frère à construire la maquette, puis à assembler les 250 panneaux qui constituent le chef d’oeuvre.
Ce sera aussi l’objet de leur rupture en 1937. Oeuvre de la discorde, lorsque elle est exposée, c’est une triomphe, Raoul ne prononcera pas un seul mot, pour remercier publiquement son frère.
Chacun d’eux crée une œuvre abondante (environ 2500 pièces), structurée en séries, traitant de thèmes plaisants, rendus par un sens de la couleur auquel on les identifie l’un et l’autre.
Regroupant une centaine de peintures et d’aquarelles, provenant de musées et de collections particulières du monde entier, l’exposition cherche à mettre en évidence les liens qui unissent l’œuvre de Jean à celle de Raoul, comme ce qui les singularise l’une de l’autre.
Esquissant en préambule les périodes fauve et cubiste de Raoul, le parcours
présente ensuite des grands thèmes communs aux deux frères et propose de comparer leur peinture : mer, fenêtres ouvertes et ateliers constituent la première partie du parcours ; puis les thèmes se singularisent à travers deux sections parallèles : à la palette chaude et à la touche vibrante des cirques – Fratellini – peints par Jean
répond la musique évoquée par Raoul, – Hommage à Bach – ;
aux courses et paddocks de Raoul font ensuite face les allées cavalières de Jean ; enfin, les tableaux ayant pour thème Paris et Nice sont consacrés aux oeuvres tardives des deux frères et soulignent une évolution commune vers un style graphique initié par Raoul et subtilement revisité par Jean.
Cette exposition s’inscrit dans le champ des études dédiées à la filiation dans l’art et des manifestations qui lui sont consacrées depuis dix ans. Elle propose une lecture croisée de l’œuvre des deux frères et permet de mieux situer la peinture de Jean Dufy.
Musée Marmottan Monet
2, rue Louis-Boilly
75016 Paris
www.marmottan.com
commissaire de l’exposition Marianne Mathieu
images provenant du catalogue dont l’auteur est Jacques Bailly
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Je possede un tableau ( interieur fleur) de Raoul Dufy.
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