Après les carrés harmoniques d’Elisabeth Bourdon, ce sont les carrés (1.05/1.05) montés en puzzle sur plexiglas de Jean Pierre Sergent qui ornent les cimaises du Musée des Beaux Arts de Mulhouse jusqu’au 29 mai 2011.
Entrez en transes et vibrez avec Jean Pierre Sergent, partagez sa dimension spirituelle et humaniste, avec des images flamboyantes dans une danse étourdissante, un éloge du chamanisme, avec
« Mayan Diary ».
«Mayan Diary» par Jean-Pierre Sergent
« La série de peintures sur Plexiglas « Mayan Diary » commencée à New York en 2000 fait suite aux séries « Amana » 1998, « Le Rêve de l’Homme Emprisonné » 1999 et les oeuvres sur papier « Dionysos » 1998.
« Mayan Diary » est un carnet de voyage non littéraire constitué de stimuli visuels et émotionnels collectés lors de mes voyages successifs au Mexique et au Guatemala ainsi que durant mon vécu dans la New York multiculturelle et multiethnique. Au début, c’est la superposition et l’accumulation d’éléments iconographiques venant des rencontres faites au Museo de Antropología de México, aux sites archéologiques de Chichen Itza, Uxmal, Mitla, Oaxaca, ainsi qu’avec les peuples Maya, Mixtec, Zapotec et leurs créations artistiques. Par la suite, le travail s’est enrichi de nombreuses images venant des sociétés prémodernes et des périodes archaïques des grandes civilisations, images induites également par de nombreuses lectures ethnographiques et philosophiques sur les cultures et mythologies amérindiennes, indiennes, japonaises, australiennes,
préhistoriques etc.
Ma principale référence picturale est celle de la présence, dans l’art pariétal, d’images superposées durant des millénaires sans commencement ni fin apparente. Cette « surimposition » iconographique cyclique sans lien cohérent logique, fait fortement
référence à la Mâyâ indienne où la vérité ultime, présence du divin, est cachée par des réalités illusoires, protéiformes, fragmentaires, contradictoires et multiples.
L’inspiration puise également dans les métamorphoses vécues lors de transes chamaniques, quand l’individu se dissout pour se transformer en différentes entités humaines, animales, végétales, minérales, spirituelles pour enfin fusionner dans les
réseaux génético-cosmiques.
L’idée maîtresse de ma création artistique est de rendre hommage à l’Humain historique, intemporel et contemporain, au corps, à la beauté ; aux différentes réponses et interprétations sur la Sexualité, l’Art et la Mort, imaginées lors de rituels sacrés ou
profanes au cours de notre histoire. »
Jean-Pierre Sergent
Besançon. Février 2010.
Œuvres démesurées, sans cesse ré-assemblées, associant et superposant un répertoire formel issu de différentes cultures pré-industrielles, condensé des recherches plastiques et intellectuelles, du grand lecteur qu’est l’artiste Jean Pierre Sergent.
traditions ancestrales et traditions contemporaines,
Hommes au oreilles percées, femmes à la langue percée, la transe est récurrente dans le travail de JPS qui a l’a expérimentée sous hypnose, proche de la vision des indiens d’Amérique du Nord, Fulgurance des images, avec la transformation des animaux. Dans les vieilles religions shinto, l’habitude est de lier des pierres, des arbres, des choses qui sacralisent, le corps de la femme est sacré. L’idée était de créer un déité. L’approche de l’occidental devant ces images est totalement différente. Il y croit y voir de la perversion, ce qui explique l’avertissement apposé, – réservé aux adultes -.
Ces productions qui figurent, côte à côte, en une simultanéité qui peut dérouter, peuvent créer un sentiment de confusion, mais elle a le mérite de souligner ce qu’a de spécificité la tâche du créateur.
Travail sur papier, Trash painting, parterre, images récupérées sur Internet et retravaillée ordinateur. Danse dans l’espace, cela permet de créer, de sacraliser, les occidentaux ont une approche différente, la démarche des indiens relève du sacré.
Plexiglass coloré, support et medium résolument moderne dans une salle rouge, une salle bleue, une autre jaune orange, avec un densité des couleurs, décidées avec Joel Delaine, la superposition des transparences permettent l’accès à un voyage transcendant.
« Je découpe des films à partir d’images dessinées sur ordinateur, puis je sérigraphie plusieurs panneaux de manière sérielle sur Plexiglas ou sur papier. Je superpose ainsi des images différentes au cours du working progress et j’arrête quand je sens qu’une énergie se dégage de l’œuvre. J’assemble alors les carrés sur le mur de façon aléatoire »
Séjournant à Montréal, puis à New York, Brooklyn, pour se confronter à la grande scène internationale, Il revient à Besançon, où il réside actuellement.
photo 2 de l’auteur autres photos courtoisie de l’artiste
Partager la publication "Jean Pierre Sergent au Musée des Beaux Arts de Mulhouse"
Pierre Louis Cereja L’alsace su^pplément du Week end
Puisant ses sources d’inspiration au cœur d’antiques sociétés, Jean-Pierre Sergent retravaille les signes et les images et les intègre à des dispositions plastiques tout à fait contemporains…
C’est presque avec un rien d’inquiète appréhension que Jean-Pierre Sergent évoque les expériences de transe vécues, notamment au cours d’un séjour de treize années à New York.
A l’époque, dans une Big Apple en plein bouillonnement artistique où rien n’était donné aux artistes mais où tout était cependant possible, le plasticien, né à Morteau dans le Doubs, a ainsi quêté une mémoire plastique nourrie de visions chamaniques.
Pourtant, en parcourant les salles du musée mulhousien, c’est d’abord un foisonnement de signes et une déferlante colorée qui accrochent le visiteur, surtout avec l’imposante installation Mayan Diary -avec plus de dix mètres, c’est la plus grande réalisée par Sergent- où se conjuguent, module par module, une iconographie inspirée des cultures précolombiennes aztèque et maya, du chamanisme, des cycles de vie, du « momentum » cosmique mais aussi des mangas nippons ou des cultures indiennes d’Amérique du Nord comme dans le beau Indian Names (1999).
Si ses œuvres, en grand format, sont souvent des work in progress, Jean-Pierre Sergent travaille un langage pictural fait d’assemblage iconographique sur fond de rituels mais aussi de questionnements autour des sexualités, ainsi les rituels du bondage…
Une énergie vitale
« Pour moi, rien n’est définitif, observe Sergent. Il faut que les choses soient fluides, qu’elles circulent. Il est beaucoup question d’énergie vitale dans mon travail. Mais la dimension esthétique n’est pas tout. Il faut aussi qu’il y ait de la spiritualité, que quelque chose se dégage de là… »
L’artiste, qui travaille aujourd’hui entre Besançon et New York, réalise ses œuvres sous un support en plexiglas, matériau industriel et moderne qui contraste avec le jeu d’accumulation d’images sacrées.
Enfin, au-delà des différentes couches des pages de ce « journal maya », le jeu des reflets sur le plexi amène le visiteur lui-même à être furtivement partie de l’œuvre…
VOIRMayan Diary, jusqu’au 29 mai. Musée des Beaux Arts, 4 place Guillaume Tell à Mulhouse. Ouvert tous les jours de 13h à 18 h 30. Fermé le mardi et les jours fériés. Entrée libre.
le 22/04/2011 à 00:00 par Pierre-Louis Cereja