Le nouveau projet d’exposition spéciale Art Parcours, initié dans le cadre d’Art 41 Basel, scénarise l’art contemporain dans des hauts lieux symboliques et historiques en plein cœur de la ville de Bâle.
Durant trois soirées successives, des travaux in situ et des performances de 10 artistes – Angela Bulloch, John Bock, Daniel Buren, Nathalie Djurberg et Hans Berg, Cerith Wyn Evans, Aurélien Froment, Ryan Gander, Damián Ortega et Martha Rosler –ont métamorphosé plusieurs sites de la ville. Cette mise en scène d’installations de grande qualité que Jens Hoffmann, le directeur du CCA Wattis Institute de San Francisco a sélectionnés, porta sur l’histoire de Bâle et sur la ville actuelle, et les interventions artistiques étaient enserrées dans l’espace urbain. Parmi les lieux retenus pour cet événement dans la vieille ville figuraient la Cathédrale, l’Hôtel de Ville, le Musée d’Histoire Naturelle, le bâtiment universitaire historique, le Pont du Milieu, le Musée des cultures, un bac qui traverse le Rhin ainsi que divers lieux publics de la ville.
Munie du plan, d’un sac style « baise-en-ville » aux couleurs d’Art Parcours, et d’une bouteille d’eau gracieusement offerte, je gagnais le départ sur la terrasse (Pfalz) de la Cathédrale qui était ventée et quelque peu arrosée le jeudi, soir du vernissage, mais la vue vaut largement le déplacement. A chaque étape il fallait recueillir un tampon auto-collant qui permettait l’accès à l’installation.
John Bock
“Der Seewolf,” 2010
Bac de la Cathédrale
John Bock réalisa une nouvelle performance sur le bac historique qui transporta les passagers depuis 1854 d’une rive à l’autre du Rhin. Pour cette performance qui évoque le roman de Jack London “Le loup des mers” paru en 1904, Bock devait se glisser dans le rôle d’un batelier qui captive l’attention des passagers pendant la traversée du fleuve en leur racontant ses récits d’aventure.
Je n’ai jamais pu y participer, le jeudi il s’est mis à pleuvoir, le vendredi il fallait « tuer » pour y accéder, le samedi c’était annulé pour cause de crue.
Je m’adonne au plaisir de la traversée en bac chaque fois que je vais au musée Tinguely, je vous la recommande.
Angela Bulloch
“Night Sky: Mercury & Venus,” 2010
Cathédrale
Angela Bulloch a conçu spécialement et fait réaliser pour l’occasion un caisson lumineux composé d’éléments à LED. Cette installation fascinante simule l’aspect du ciel la nuit, du haut de l’autel de la cathédrale de Bâle. Le travail de Bulloch flotta au-dessus de l’autel et offrit au spectateur une « vue » panoramique de l’univers. C’était très romantique et incitait au recueillement .
Daniel Buren
‘“Colors on the Rhine” work in situ 2010. Basel CH’
Université vieille
L’installation de Daniel Buren était visible à l’Université de Bâle, la plus ancienne université de Suisse qui se trouve au coeur du centre historique de la ville. A travers son installation, Buren transforma les fenêtres de la façade de l’Université en feuilles de couleur transparentes qui s’apparentaient à un échiquier. A la tombée de la nuit, ces feuilles s’éclairaient de l’intérieur et projetaient des rayons de lumière. Cela faisait penser aussi à l’installation dans Art Statement d’Ugo Rondinone.
Nathalie Djurberg and Hans Berg
“Of Course I’m Working with Magic,” 2010
Musée d’Histoire Naturelle, stock
Nathalie Djurberg a présenté dans les tréfonds des caves du Musée d’Histoire Naturelle de Bâle, une vidéo d’animation en pâte à modeler accompagnée d’une bande sonore live de Hans Berg. Entre animaux empaillés, cornes élancées et autres réminiscences conservées dans cette cave, Nathalie Djurberg présenta une sélection de films d’animation avec des figurines d’animaux modelées de sa main.
Aurélien Froment
“The Fourdrinier Machine Interlude,” 2010
Mentelin Hof, E.E. Zunft zu Weinleuten
Un nouveau film documentaire d’Aurélien Froment, réalisé spécialement pour Art Parcours, était projeté en avant-première. Le film retrace l’histoire du papier à Bâle, de son invention à sa fabrication; des commentaires en allemand, en anglais et en français se superposent et créent une cacophonie de mots incompréhensibles. Il vous invite à visiter le musée du papier qui se trouve dans un bel endroit au bord du Rhin, que vous pouvez compléter par la traversée du Rhin en bac.
Ryan Gander
“Loose Associations 1.1,” 2002
“Loose Associations 2.1,” 2003
Musée d’Histoire Naturelle, Auditorium
Ryan Gander a présenté dans l’amphithéâtre du Musée d’Histoire Naturelle de Bâle, dont les murs sont tapissés, du sol au plafond, de portraits d’illustres hommes de science et académiciens suisses, une série de “Loose Association Lectures”. A la différence de ces scientifiques honorés pour leur maîtrise de la pensée logique, Gander se joue dans ses lectures de la pensée rationnelle. C’était un peu surréaliste à suivre, l’artiste allant de long en large dans la pénombre sur son fauteuil roulant, mon anglais « technique » très sommaire ne me permit pas d’apprécier la performance à sa juste valeur.
Damián Ortega
“New Balance,” 2010
Hôtel de Ville, cour intérieure
Damián Ortega a placé une installation dans la cour intérieure de l’Hôtel de Ville et siège du Gouvernement de Bâle depuis le 14e siècle. A l’intérieur de cet édifice politique et juridique, Ortega a installé une statue monumentale de la Justice flanquée d’une balance à trois bras. Les volontaires se faisaient prier pour y subir la pesée.
Martha Rosler
“Fair Trade Garage Sale,” 2010
Musée des Cultures
Martha Rosler a créé une nouvelle version de son important travail “Fair Trade Garage Sale” qu’elle a adaptée pour Art Parcours et qui sera présentée au Musée des Cultures. “Fair Trade Garage Sale” s’inspire de la coutume américaine de “vente de garage”, lors de laquelle le rebut de l’un peut devenir le trésor de l’autre. Tout est mis en vente, les prix peuvent se négocier avec l’artiste qui était présente lors de la vente. Les recettes seront versées à une association caritative locale. J’y ai retrouvé des assiettes en porcelaine chinoise de mon enfance.Une idée que je devrais mettre en pratique …
Cerith Wyn Evans
“Paysage fautif (Wayward Landscape),” 2010
Sur le Pont du Milieu qui passe au-dessus du Rhin,
Cerith Wyn Evans devait mettre en scène un feu d’artifice sur une plate-forme flottante installée sur le Rhin, à proximité du pont le plus ancien de Bâle, le Pont du Milieu ou Mittlere Rheinbrücke. Les travaux de Wyn Evans sont des montants de bois sur lesquels s’inscrivent à heure fixe des citations dans des feux d’artifice éphémères. Cette nouvelle création présentée à Bâle devait se rattacher à son contexte spécifique. Hélas la météo en a décidé autrement. Cet auto-collant-là me manquera toujours !
Parallèlement à Art Parcours, le travail d’installation “Untitled” (America), 1994/1995 est présenté sur le Pont du Milieu (Mittlere Rheinbrücke). Ce travail fait partie de l’exposition “Felix Gonzalez-Torres: Specific Objects without Specific Form” visible jusqu’au 29 août à la Fondation Beyeler. Pour l’installation étincelante de Felix Gonzalez-Torres, des ampoules de pylône devaient être placées en zigzag, sur une longueur de 240 mètres, sur le pont le plus ancien et le plus emblématique de Bâle. Cette installation évoque une fête d’été dans un jardin et donne une impression tantôt romantique et festive, tantôt mélancolique. Gonzalez-Torres avait envisagé que les ampoules devraient brûler pendant toute la durée de l’exposition en étant surveillées et remplacées. Ces ampoules sont à la fois un hymne symbolique à la vie et au possible, mais aussi à son contraire, la mort. Annulé pour cause de pluie et de crue.
Felix Gonzalez-Torres
“Untitled” (America), 1994/1995
Whitney Museum of American Art, New York
En conclusion, je m’en suis donné à cœur joie cette année à Art Basel, seule ombre au tableau, la perte d’une boucle d’oreille vieille de 20 ans, très actuelle en or jaune, longue, fine, vraisemblablement au Schaulager où je « petit-déjeunais » mercredi 16, si vous la retrouvez, de grâce faites moi signe – ; )))
photos et vidéos de l’auteur
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Grazie bella donna
Je me joins à Marie, pour vous remercier pour tout le reportage sur Art Basel, c’est comme si on y était.
Je vous souhaite aussi de retrouver votre boucle d’oreille.
Grâce à ton talent (et à ton travail) j’ai l’impression d’avoir parcouru Bâle pour découvrir ces installations. Je te souhaite de retrouver ta boucle d’oreille