Soirée de grâce aux Dominicains de Haute Alsace ce samedi. À la manière d’une mise en voix pour un chanteur, d’une mise en doigts pour un instrumentiste ou encore d’une mise en bouche pour un fin gourmet, en tendant l’oreille aux confidences musicales d’un «magicologue» avertis, nos sens ont été aiguisés pour nous ouvrir au concert et accéder à ses vertus les plus mystérieuses grâce aux clés reçues. Une transition entre notre quotidien et notre imaginaire, juste avant le concert. Inlassable Wanderer des deux rives du Rhin, musicologue, pédagogue et historien de l’art, Mathias Schillmöller a été formé à Freiburg et à Paris.
Magicologue de naissance, il a exploré et pénétré pendant plusieurs années le monde des sortilèges musicaux de Maurice Ravel, thème principal de sa thèse de doctorat. Avide de correspondances entre les arts et les cultures et hanté par le désir de transmettre les magies de la musique, il enseigne au Lycée Franco-Allemand et à la Hochschule für Musik de Freiburg. Avec un léger accent allemand, ce qui rajoutait au charme de son propos, vêtu avec élégance, il était plein de verve, ironique, ayant vécu assez longtemps en France, il nous révéla qu’il n’aimait pas du tout Wagner, il insistait sur sa lourdeur, détaillait les passages du livret en jouant lui-même au piano, puis les interprétant en version jazz et mimant les dialogues Tristan et Isolde, version Rap.
Il a poursuivi sa conférence comme récitant pendant la représentation, en citant Cocteau, Baudelaire, avec une érudition et une diction formidables. Cela était un peu surréaliste et me ramenait dans un film de Claude Chabrol, les Cousins, où Jean Claude Brialy, déclamait du Heinrich Heine au son de la musique de Wagner et à la lueur d’un flambeau (de mémoire).
Mathias Schillmöller a fini pas succomber à Wagner en écoutant et en étudiant Tristan et Isolde, il a insisté sur le filtre d’amour, pour nous le faire presque goûter, afin de parvenir à l’extase, c’était jovial, mais aussi très prenant avec la musique, j’ai versé une petite larme à la mort d’Isolde.
Au buffet étaient vendu des cocktails animés par du gaz carbonique ? couleur du filtre d’amour de l’affiche
.Les Airs d’Isolde étaient interprétés par Marion Amman, Isolde gracile soprano à la voix wagnérienne surprenante, accompagnée par Richard Decker, Tristan, magnifique ténor, tous les 2 interprètes magnifiques et comédiens. C’était une version expurgée de l’opéra de Wagner, ne comportant que les Airs d’Isolde, de l’acte 1 ou des duos, le prélude de l’acte 1, et le duo de la scène 5 de l’acte 1.
Une vidéo de Marc Finiels accompagnant la représentation, à l’image de ce que j’avais vu à Bastille, avec la vidéo de Bill Viola.
Lorsque l’on pénétrait dans le cloître le bruit des vagues vous accompagnait jusqu’à la salle de spectacle, qui est la nef de l’église.
L’orchestre symphonique de Mulhouse – OSM – dirigé par Daniel Klajner a été chaleureusement applaudi, tout comme les solistes.
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tu es vraiment infatigable, tu nous gâtes