Rien qu’une écriture, soit, mais quelle science d’écrire !
« Tout dessin de Raoul Dufy est en quelque sorte sa signature et ce qu’on est convenu d’appeler signature inimitable. (…) Car rien ne tombe de plus haut ni ne forme des entrelacs plus rapides qu’un fil de miel si ce n’est l’arabesque dont notre peintre couvre sa feuille. D’un bout à l’autre elle tombe de lui vertigineusement. Et n’allez pas croire qu’il n’a qu’à se pencher et à tendre la main pour que l’arabesque s’écoule. Il la médite et la projette avec la science infaillible de la dentellière et de l’araignée. «
JEAN COCTEAU
L’ exposition rassemble 120 peintures, 90 oeuvres graphiques (dessins, gravures, livres illustrés), 25 céramiques, 30 tissus et quelques vêtements.
Le Musée d’Art Moderne de la vIlle de Paris présente une importante rétrospective de l’oeuvre de Raoul DuFy
La trajectoire artistique de Dufy, qui accompagne les avant-gardes parisiennes du début du siècle, en fait un peintre très original. Très tôt, ses recherches mettent l’accent sur la couleur/lumière, sur son goût pour l’arabesque ainsi que sur de nouveaux procédés (procédé Maroger) et la redécouverte de certaines techniques (la xylographie). L’exposition met particulièrement en évidence ses remarquables séries (bords de mer, rues pavoisées, ateliers, cargos noirs, etc.) qui définissent un processus de création original. L’accent est mis aussi sur les rapports de son oeuvre décorative avec sa peinture.
Cette rétrospective se propose de renouveler notre regard sur une oeuvre qui a beaucoup séduit ses contemporains, mais qui reste dans l’esprit du public d’aujourd’hui, aussi synonyme de virtuosité, de couleur et d’une certaine « légèreté » :L’écrivain américain Gertrude Stein, en 1946, dans un texte consacré à Dufy, s’exclame : « Raoul Dufy est plaisir », rappelant ainsi que l’oeuvre de Dufy, dans les années les plus sombres, conservait son pouvoir de séduction par la couleur et sa capacité à exprimer la joie de vivre.
Le parcours de l’exposition s’articule chronologiquement : Tout d’abord, ses années fauves (1906-1907) engagent magistralement sa carrière et entament le principe des tableaux en série, une série de la plage de Ste Adresse omniprésente.
Vers 1908- 1912, Dufy s’intéresse intensément à Cézanne, telle dans la grande baigneuse de 1911, au maillot bleue, à la peau noire et rose, un visage qui renvoie au masque des demoiselles d’Avignon de Picasso, ou à Gauguin, ou à des personnages de la fée électricité, au jeu de couleurs changeantes, aux couleurs superposées, aux hachures au-dessus de le front ceint d’un bandeau rouge, assise sur une serviette blanche, quelques maisons cylindriques blanches mettent celle-ci en valeur. Il réduit sa gamme chromatique, et géométrise les formes, jusqu’à la mise en place d’un style personnel qui procède de son aventure décorative commencé en 1909-1910, se prolongeant pendant toute l’entre-deux-guerres avec des thèmes privilégiés (le paysage, la fenêtre ouverte).
Une autre palette de son talent inconnu de moi jusqu’alors, nous me montre comme un talentueux créateur de tissus pour Paul Poiret et Bianchini-Férier, ainsi qu’un brillant décorateur de céramique grâce à sa collaboration avec le céramiste Artigas. Enfin les vingt-cinq dernières années de sa vie (1938-1953) sont placées sous le signe de la vitesse, de la couleur et de la lumière. Les séries, variations inlassables sur des thèmes qui lui sont chers (cargos, hommages aux musiciens, ateliers), lui permettent de renouveler une fois encore sa technique picturale.
Sacrément foisonnant Dufy., c’est exercé à tous les médiums, aquarelles gouache, fusain, crayon, xylographie, illustration des grands auteurs, comme le poète assassiné d’Appolinaire ou les Madrigaux de Mallarmé, rien ne lui est étranger, la décoration, les tissus, il passe aux grands formats, aux fenêtres de Matisse, à la couleur de Bonnard, comme nombre d’entre eux, il a peint le peintre et son modèle.
C’est un enchantement pour les yeux entre matière et lumière.
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http://elisabeth.blog.lemonde.fr/2011/06/11/raoul-et-jean-dufy-complicite-et-rupture/
We are also big fans of Raoul Dufy, but just recently came across his brother Jean’s work, have you seen it? Was it ignored because it was similar?
More here about their tricky relationship and some pics. http://www.normandythenandnow.com/an-eye-for-beauty-in-le-havre/
Avez-vous vu la fée électricité ?