« Le noir est le refuge de la couleur ».
Gaston Bachelard
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pour Marie-Jo et les autres ...
Bien avant d’être une couleur à la mode, le noir avait très mauvaise réputation. C’était la couleur de la mort et du deuil, celles de Satan et des sorcières, la couleur du pavillon des pirates et du drapeau des anarchistes, de l’uniforme des fascistes et des S.S, ou du blouson des jeunes rockers des années 1960. Pour les savants comme Newton qui, en décomposant la lumière avait trouvé toutes les couleurs de l’arc-en-ciel mais pas de noir, ou pour un peintre, comme Léonard de Vinci, le noir n’était même pas une couleur. Il n’était que le néant, les ténèbres à partir desquelles, selon la Bible, Dieu avait créé la lumière.
Michel Pastoureau sur France Inter
En janvier 1979, Pierre Soulages en travaillant sur un tableau ajoute, retire du noir pendant des heures. Ne sachant plus quoi faire, il quitte l’atelier, désemparé. Lorsqu’il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c’était comme s’il n’existait plus « . Cette expérience marque un tournant dans son travail. La même année, il expose au Centre Georges Pompidou ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, appelé plus tard « outre-noir ».
Quand j’ai commencé à peindre, j’avais 5 ans, j’aimais ça. Et ce qui surprenait les gens, c’est que je préférais, quand on me donnait des couleurs, tremper mon pinceau dans l’encrier… parce que j’aimais cette couleur, j’aimais le noir. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 48)
- « J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. » (cité par Françoise Jaunin, art. cit.)
- « Après tout un arbre noir en hiver c’est une sorte de sculpture abstraite. Ce qui m’intéressait était le tracé des branches, leur mouvement dans l’espace…»
- « Je veux que celui qui regarde le tableau soit avec lui, pas avec moi. Je veux qu’il voie ce qu’il y a sur la toile. Rien d’autre. Le noir est formidable pour ça, il reflète. Les mouvements qui comptent ce sont ceux de celui qui regarde. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 52)
En 2007, le Musée Fabre de Montpellier lui consacre une salle pour présenter la donation faite par le peintre à la ville. Cette donation comprend 20 tableaux de 1951 à 2006 parmi lesquelles des œuvres majeures des années 1960, deux grands outre-noir des années 1970 et plusieurs grands polyptiques.
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J’ai acheté le livre de Michel Pastoureau lorsqu’il a donné sa conférence à la Fondation Beyeler
Très bonne présentation . As-tu lu le livre sur les couleurs de Michel Pastoureau? .On peut emprunter ce magnifique ouvrage à la bibliothèque « Grand-Rue » .
Avec lui, le noir est lumière