Voici ce qu’en dit le très sérieux Guide Bleu :
ce n’est pas très glamour : Eglise San Francesco a Ripa
Reconstruite au XVIIe s, occupe l’emplacement de l’hospice
S. Biagio où séjourna St François d’Assise.
De l’intérieur assez laid, on ne retiendra que (4° chapelle g)
la statue de la bienheureuse Louise Albertoni ** oeuvre du Bernin (1674), qui par sa composition scénique et son exécution d’une virtuosité éblouissante, est à rapprocher de la Ste Thérèse de S. Maria della Vittoria.
le pudique Gallimard :
La « bienheureuse Louise Albertoni », Comme à Santa Maria della Vittoria, le Bernin a ménagé à la Chapelle Altieri, divers effets lumineux. Ainsi une lumière indirecte tombe sur la statue, au drapé mouvementé, de la bienheureuse agonisante. Le corps repose sur un matelas de marbres polychromes ourlé de franges de bronze doré. Au-dessus, un tableau de Baciccio (la Vierge à l’enfant avec Ste Anne) révèle la vision de la bienheureuse.
Dans la 1° chapelle il y a une naissance de la Vierge du français Simon Vouet.
Et pour mon amie genvoise d’origine italienne …. :
les nombreux monuments funéraires font penser à cette chronique italienne rapportée par Stendhal :
A minuit, dans cette même église éclairée par un millier de cierges, une princesse romaine fit célébrer un office funèbre pour l’amant qu’elle allait faire assassiner…
Le Hachette :
Je vous la fais courte : Une oeuvre à elle seule, justifie la visite : l’éblouissante statue de la bienheureuse Ludovica Albertoni, du Bernin, dans la
chapelle Altieri (4° gauche) coup de chance c’est la même.
Et en fin lu sur un blog :
La bienheureuse Ludovica Albertoni, dont la statue immortalisée par Bernin en 1674 gît à Rome dans l’église San Francesco a Ripa, ne lasse de me séduire et de m’intriguer.
D’un côté, l’explication officielle mettra abondamment en valeur la vie exemplaire de cette femme qui consacra sa vie au secours des pauvres du Trastevere. Toujours selon l’hagiographie officielle, c’est alors qu’elle allait être terrassée par la fièvre qui devait l’emporter en 1533, que Ludovica trouva réconfort dans l’Eucharistie, en attendant impatiemment la mort pour s’unir au Christ.
Les convulsions du corps alangui de la sainte sont, toujours selon ces sources, les signes de l’extase qui la gagne au fur et à mesure que s’approche le moment de sa délivrance dans la mort. Ludovica se laisse emporter par la vague de plaisir qui submerge sa douleur. Quant à l’artiste, le Bernin, les critiques mettront sur le compte de l’âge (c’est sa dernière oeuvre), l’expression jugée excessive de pathos.
La bouche entrouverte, les yeux clos, plaquant le drapé au bas des côtes avec sa main gauche alors qu’elle se caresse le sein de sa destre, les genoux légèrement desserrés, tout dans sa posture n’est qu’abandon et jouissance. Et comment croire, sous le soleil de Rome, que les traits transfigurés de la sainte désignent l’extase mystique qui illumine, et non pas, plus trivialement, le plaisir qui inonde ? Equivoque sublime où le Très-Haut scelle une alliance inattendue avec sa créature, où le plaisir devient trait d’union entre l’esprit qui reçoit et le corps qui se donne… à moins que ce ne soit l’Esprit qui se donne et le corps qui reçoit.
Pour ceux qui aimeraient fréquenter d’autres figures de l’ambiguïté :
1. L’extase de Sainte Thérèse d’Avila, à la chapelle Cornaro, Sainte-Marie de la Victoire, Rome, 1645 (photo ci-dessous). Pour une interpréation sensible et sensuelle, je vous renvoie au très beau texte de Katrine Alexandre — alias Mademoiselle K — initulé « Jouissance et Sainteré » et paru dans la « Vénus Littéraire« .
photos de l’auteur sauf la 2°
Commentaires
Merci Elisabeth pour la référence que vous faites au billet « Douleur et volupté » posté sur mon blog au sujet de l’agonie de la bienheureuse Ludovica Albertoni.J’en profite pour ajouter deux précisions. La première, c’est que le lien que vous indiquez sur votre billet est erroné. Il va bien pointer sur mon blog. Il va bien sur une statue du Bernin, mais par sur la douce Ludovica ; il cible sur le Rapt de Proserpine, autre oeuvre d’une confondante sensualité. A toutes fins utiles, il vous suffit de cliquer sur mon nom au dessus (ou au dessous) du présent commentaire pour accéder directement à l’article de référence.
L’autre commentaire fait lui place à un étonnement. Contrairement à ce qu’évoque le « pudique Gallimard », la statue de la Bienheureuse Ludovica Albertoni n’est pas à la Madonna dell’Orto ; elle est à San Francesco a Ripa, comme l’indique très justement le Guide Bleu. Ces deux églises sont certes toutes deux à Trastevere. Mieux : pas plus de 150 mètres ne les éloignent l’une de l’autre. Mais voilà quand même une erreur bien surprenante.
Bien à vous
Jean-Marc
Rfce du guide « Rome: où trouver ..Le Bernin… » Ed ScalaPour Ste Thérèse à la Chapelle Cornaro (Ste Marie de la Victoire):
« …L’extase mystique…, décrite par la réformatrice carmélite dans ses écrits, est interprétée au pied de la lettre par l’artiste, qui accentue le trouble de l’esprit et des sens. »
D’un point de vue spatial, Ste Thérèse est placée tête à droite.
Pour Ludovica Albertoni ( San Francisco A Ripa)
« La mystique des sens du Bernin est fort bien exprimée dans cette célèbre statue gisante…représentant la mort de la sainte en un abandon quasi érotique. »
D’un point de vue spatial, Ste Ludovica est cette fois-ci placée tête à gauche.
Les explications ont le privilège d’être claires…
Dans un vocabulaire quasi-médical, le moment de la jouissance est appelé « la petite mort ». Voilà une façon de retomber sur ses pieds…
Dernier détail: pour la statue de Ste Cécile,il est vrai que l’on se trouve loin de la statue de Ste Cécile de Maderno, à l’église Ste Cécile in Trastvere, où cette dernière est placée face contre terre( position inspirée de la position dans laquelle elle fut retrouvée à l’ouverture de son tombeau).
Quand la petite histoire rejoint la grande histoire…
DominiqueL.
La composition de la statue de la bienheureuse Louise Albertoni est effectivement équivoque et peut aussi s’interpréter comme une manifestation de volupté. L’expression du visage, la main sur le sein…
Le Bernin a t’il laissé un sous entendu ?
« Beata Ludovica Albertoni » est ainsi située dans la bonne église, de Francesco A Ripa, grâce à Jean-Marc que je remercie.
Bernin devait être un coquin, il a fait preuve de virtuosité et d’intelligence. Il faut toujours se situer dans le contexte de l’époque, les papes avaient des neveux sinon des enfants illégitimes, peut-être que quelqu’un en sait plus sur une ressemblance, entre cette « beata Ludovica » et une dame de la société romaine, ou peut-être les traits les plus beaux de certaines dames ont été retenus par Bernin, en esthète qu’il devait être, si l’on considère ses autres chefs d’oeuvre.
Merci à Dominique pour ses recherches (spatiales…) je reviendrai en privé avec toi sur Ste Cécile !
En tous cas, j’ai hâte d’y être et de contempler tous ces chefs d’oeuvre
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