SECONDARY Matthew Barney

Jusqu'au 8 septembre 2024, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain
Commissaire de l’exposition : Juliette Lecorne
Chargée de projets artistiques : Alessia Pascarella

La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première exposition institutionnelle de Matthew Barney en France depuis plus de 10 ans. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir la dernière installation vidéo de
l’artiste américain, intitulée SECONDARY, aux côtés d’oeuvres spécialement créées pour l’occasion. Pour accompagner l’exposition, la Fondation Cartier propose également une programmation exceptionnelle d’événements et de performances.

L’exposition investit l’ensemble des espaces de la Fondation Cartier et présente pour la première fois une sculpture en terre cuite représentant un power rack
[équipement conçu pour la pratique de l’haltérophilie].
Cette oeuvre évoque la chorégraphie matérielle de SECONDARY, dans laquelle le métal, la céramique et le plastique sont manipulés par les interprètes en temps
réel. Ces matériaux suggèrent des qualités de force, d’élasticité, de fragilité et de mémoire, et chacun, à sa manière, incarne un personnage.

L’exposition comprend par ailleurs une sélection des premières oeuvres vidéo de Matthew Barney, intitulées DRAWING RESTRAINT, commencées en 1987 alors qu’il était encore en école d’art. Inspiré par les principes d’entraînement de résistance musculaire, l’artiste imposait des contraintes à son corps pendant qu’il dessinait, exposant ensuite, comme des installations in situ, les dessins et vidéos qui en résultaient, ainsi que les équipements utilisés. Cette série a lancé Matthew Barney dans son exploration des limites du corps et de la relation
entre contrainte et créativité. Il s’agit de l’oeuvre la plus ancienne de l’artiste, qui a notamment jeté les bases de la création de SECONDARY.

À l’occasion de cette exposition, Matthew Barney réalise également DRAWING RESTRAINT 27, la dernière vidéo de sa série éponyme, qu’il filmera dans les espaces de la Fondation Cartier. Cette performance in situ sera réalisée par Raphael Xavier dans le rôle du joueur des Oakland Raiders, Jack Tatum. Elle sera ensuite diffusée dans l’exposition.

SECONDARY

Filmée dans le studio de sculpture de Matthew Barney à Long Island City, New York, aux États-Unis — où elle a été dévoilée pour la première fois au printemps 2023 —, l’installation SECONDARY se compose de cinq vidéos
tournées sur un terrain de football américain reconstitué.
Pendant 60 minutes, onze performeurs — principalement des danseurs aux corps vieillissants, parmi lesquels on retrouve aussi l’artiste — représentent l’action qui se joue sur le terrain.

L’intrigue de SECONDARY gravite autour du souvenir de l’incident survenu lors d’un match de football américain professionnel le 12 août 1978 : un impact violent entre le défenseur des Oakland Raiders, Jack Tatum, et le receveur de l’équipe des New England Patriots, Darryl Stingley, causant la paralysie à vie de ce dernier.
Rediffusé en boucle dans les médias sportifs, cet événement tragique restera gravé dans les esprits des fans de football américain et du jeune Barney, lui-même quarterback débutant à l’époque.

Cette nouvelle oeuvre montre la superposition complexe de la violence réelle et de sa représentation, de même que sa célébration dans l’industrie du divertissement sportif. Elle examine ce jeu et la culture qui lui est associée à travers une sémantique du mouvement développée en collaboration avec les performeurs, le chorégraphe David Thomson et Barney lui-même.

Le résultat est une étude intensément physique et corporelle qui porte sur chaque élément du jeu, des exercices aux rituels d’avant-match en passant par les moments d’impact et leurs replays diffusés au ralenti.

Matthew Barney

Né à San Francisco, en Californie, et ayant grandi à Boise, dans l’Idaho, vit et travaille aujourd’hui à New York. Artiste polymorphe, sa pratique englobe le film, la performance, la sculpture et le dessin.
Il est célèbre pour ses longs métrages
The Cremaster Cycle (1994-2002), River of Fundament (2014) et Redoubt (2019), ainsi que sa série de vidéos
DRAWING RESTRAINT (depuis 1987).
En tant que sculpteur, Barney travaille avec des matériaux tels que la vaseline, le bronze, les polymères contemporains
et, pour la première fois avec SECONDARY, la terre cuite, afin de créer des objets et des installations intrinsèquement liés à son univers cinématographique.
Matthew Barney a présenté des projets d’envergure dans le cadre d’expositions individuelles à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (1995), au Guggenheim, New York (2002), au 21st Century Museum of Contemporary
Art, Kanazawa, Japon (2005), au Morgan Library and Museum, New York (2013), au Haus der Kunst, Munich, Allemagne (2014), à la Yale University Art Gallery (2019) et au Schaulager, Bâle, Suisse (2010 et 2021).
Matthew Barney a reçu le prix Aperto à la Biennale de Venise (1993), le Hugo Boss Prize (1996), le Kaiser Ring Award à Goslar, en Allemagne (2007), le Golden Gate Persistence of Vision Award lors de la 54e édition du Film Festival de San Francisco (2011) et a été élu à l’Académie américaine des Arts et des Lettres (2024).

MÉDIATION CULTURELLE

Au plus près de la création contemporaine et des visiteurs de tous horizons
Au coeur du bâtiment iconique de Jean Nouvel, les médiatrices et médiateurs culturels de la Fondation Cartier créent avec les visiteurs un dialogue singulier et continu autour de la création contemporaine. Ces échanges sont nourris par la diversité de leurs parcours, leur enthousiasme et leur connaissance fine des artistes et des thématiques de la programmation. Leur engagement et leur
sensibilité permettent d’offrir aux visiteurs une expérience unique de partage et de transmission.
À l’occasion de l’exposition SECONDARY, Matthew Barney, le programme de médiation culturelle s’étoffe. Les médiatrices et médiateurs culturels accompagnent le public à la découverte de Matthew Barney et de sa dernière installation vidéo.
VISITES TOUT PUBLIC détail ici

Les Soirées Nomades de la Fondation Cartier proposent une programmation spéciale autour de l’exposition, présentant notamment le travail de certains des artistes impliqués dans la réalisation de SECONDARY comme le
compositeur Jonathan Bepler et les performeurs Wally Cardona, David Thomson, Shamar Watt et Raphael Xavier.


                       Jacquelyn Deshchidn
                      Chant de l’hymne national

Elle comprend des premières oeuvres, des compositions musicales et une variété d’oeuvres chorégraphiques couvrant les vocabulaires du mouvement postmoderne, de la danse-contact-improvisation, du krump et du break.
Cette exposition présentée à la Fondation Cartier fait partie d’une série d’expositions autour de SECONDARY programmées en 2024, dont notamment : SECONDARY: object replay à la Gladstone Gallery, New York
(16 mai – 26 juillet) ; SECONDARY: light lens parallax
à Sadie Coles HQ, Londres (24 mai – 27 juillet) ;
SECONDARY: commencement à Regen Projects,
Los Angeles (1er juin – 17 août) ; SECONDARY: object
impact à la Galerie Max Hetzler, Paris (7 juin – 25 juillet).

Mika Rottenberg. Antimatter Factory

Mika Rottenberg NoNoseNows 2015

Au musée Tinguely du 5 juin 2024 – 3 novembre 2024
L'exposition Mika Rottenberg. Antimatter Factory est une coopération entre le Musée Tinguely, la Kunst Haus de Vienne et le Lehmbruck Museum de Duisbourg.
Des ateliers de recyclage et fabrication d'objets en plastique régénéré sont proposés régulièrement en coopération avec Precious Basel Plastic.
Commissaire d'exposition : Roland Wetzel
Assistante : Tabea Panizzi


Avec l’une des plus vastes expositions consacrées jusqu’ici à Mika Rottenberg (née en 1976), le Musée Tinguely présente une rétrospective de son œuvre protéiforme qui a déjà retenu l’attention internationale lors de la Biennale de Venise (2015), de Skulptur Projekte à Münster (2017) et de la Biennale d’Istanbul (2019). En provoquant la surprise et le rire, les vidéos de Mika Rottenberg reflètent des situations absurdes de la logique de production capitaliste. À travers d’enivrantes cascades de couleurs à la dimension picturale, ses œuvres éveillent chacun de nos sens et naviguent d’une région du monde et d’une dimen­sion à l’autre avec une malicieuse facilité. L’exposition réunit d’importants travaux et ins­tallations vidéo réalisés entre 2003 et 2024, ainsi que son dernier long métrage REMOTE (2022).
Une sculpture-fontaine conçue pour l’exposition est présentée pour la première fois dans le parc Solitude devant le musée, tout comme de récentes sculptures hybrides ré­alisées à partir de matériaux organiques et de plastique régénéré. Des travaux cinétiques, en partie interactifs, parachèvent de couvrir le spectre de son œuvre, qui est présentée à Bâle sous le titre Mika Rottenberg. Antimatter Factory, du S juin au 3 novembre 2024.

Référence du titre

Le titre de l’exposition au Musée Tinguely, Antimatter Factory, fait référence au nom d’un dé­partement de recherche du CERN à Genève qui mène des expériences sur l’antimatière. Du­rant sa résidence d’artiste, Mika Rottenberg y a trouvé l’inspiration pour son travail Spaghetti Blockchain (2019-2024), présenté pour la première fois sous forme d’installation vidéo à trois canaux dans le cadre de l’exposition. Celui-ci est consacré à l’échange d’énergies, d’objets et de personnes; il relie le microscopique au macroscopique et déplace la matière à travers l’es­pace et le temps comme par magie. Avec ce travail, le public plonge au cœur du cosmos artis­tique de Mika Rottenberg.

Une usine produisant de l’antimatière. Cette périphrase pourrait également désigner les sculptures-machines de Jean Tinguely qui créent de la poésie plutôt que de la matière exploi­table et raillent ainsi la production industrielle de marchandises comme rapport d’exploitation entre l’homme et la machine. Le regard ironique de Mika Rottenberg poursuit cette même thématique en étudiant les relations surprenantes, pour ainsi dire souvent insolites, au sein de la production mondiale de biens. À travers son surréalisme social, l’artiste crée des paraboles de l’aliénation identifiée par Karl Marx dans la dépréciation du monde des hommes à travers la mise en valeur du monde des choses. Ce qui renforce la pertinence de la critique de Mika Rottenberg envers notre production capitaliste de marchandises c’est sa vitesse croissante, la libre circulation mondiale des marchandises (et non des personnes), ainsi que la dématériali­sation qui découple les choses de leur représentation. L’artiste se penche également sur un autre thème en résultant : la question du pouvoir d’action des choses et des matières, ainsi que la spiritualité qui leur est inhérente.

Travaux et installations vidéo

La rétrospective présente une riche sélection des travaux et installations vidéo de Mika Rottenberg. Des bruits d’éternuements émanant d’un premier travail vidéo accueillent les visi­teur.euse.s. Il s’agit de Sneeze réalisé en 2012. L’éternuement est un thème présent dans plu­sieurs travaux de l’artiste qui s’y intéresse en tant que production végétative corporelle au même titre que la croissance des cheveux, des ongles des doigts ou des orteils. Ainsi, un fil rouge se déploie tout au long de l’exposition à travers certaines thématiques récurrentes.

L’installation vidéo No Nase Knows a été créée en 2015 pour la Biennale de Venise. Elle montre les étapes de la production industrielle de perles dans une usine de Zhuji, une ville au sud de la Chine: de l’implantation d’un corps étranger à l’intérieur de l’huître qui l’enrobe de nacre, jusqu’à la ‘récolte’ et la sélection. Au moyen d’un mécanisme de rouages et d’une cour­roie de transmission, l’usine est reliée au poste de travail d’une femme dont les éternuements provoqués par des bouquets de fleurs entraînent l’expulsion de plats de pâtes, tandis que son nez ne cesse de s’allonger. La question de la productivité culmine en une réaction allergique très singulière, survenant aussi en l’absence de toute volonté.

Cheese (2008)

Pour Cheese (2008), Mika Rottenberg s’est inspirée de l’histoire de la famille des ‘Seven Suther­ land Sisters‘ qui se produisait sous la forme d’un ensemble vocal vers 1900. Dotées d’intermi­nables chevelures, ces sœurs en firent leur marque de fabrique et rencontrèrent un large suc­cès en commercialisant un produit cosmétique favorisant la pousse des cheveux.


L’étiquette
«The Lucky Number 7» apposée sur le flacon promettait non seulement la croissance capil­laire, mais aussi le bonheur. L’installation de Mika Rottenberg se compose d’un baraquement de planches labyrinthique où il est possible de circuler, et dans lequel le pouvoir des cheveux longs se conjugue à l’énergie produite par l’écume des chutes du Niagara pour fabriquer le produit capillaire. Ce récit est lié de manière surréaliste à la fabrication de fromage de chèvre au moyen d’une rampe de transmission bricolée en bois.

Cosmic Generator

Emprunter le tunnel pour entrer dans l’installation vidéo Cosmic Generator (2017) revient à entamer un voyage à travers un étroit système de tunnel éclairé par des ampoules colorées qui clignotent. Le travelling commence au centre d’une assiette décorée de motifs chinois. La bande sonore se compose d’une musique pour instruments à cordes évoquant l’ambiance d’un restaurant chinois, de grincements produits par des bruits de roulement ainsi que du grésillement de courts-circuits électriques.

Le périple débouche sur une mer bouillonnante de débris d’ampoules colorées pour se transformer aussitôt en un panorama d’un marché de gros à Yiwu, en Chine. L’exubérance visuelle des microboutiques résulte de l’uniformité et de la spécialité de chacune d’entre elles : on y voit des guirlandes en plastique de toutes les couleurs ou des guirlandes lumineuses de toutes sortes, des sapins de Noël scintillants ou des fleurs en plastique multicolores.

Ces objets fétiches du monde marchand surabondant sont contrecar­rés par les vendeuses à peine visibles qui disparaissent derrière leurs produits. Le film est ins­piré d’une visite de la ville-frontière Mexicali qui se distingue par une importante population chinoise et un nombre considérable de restaurants chinois uniformes. Avant la construction de la frontière clôturée, Mexicali était reliée à Calexico, la ville californienne voisine, par un système de tunnels. Comme dans le film où une banale ‘coupe franche’ permet de surmonter les distances et les dimensions, celui-ci peut être perçu comme une allégorie du flot mondial de marchandises et de l’assujettissement local des personnes.

Aux côtés d’autres travaux et installations vidéo à l’instar de Time and a Hait (2003), Fried Sweat (2008), Smoky Lips (2016-19) et Untitled Ceiling Projection (2018) couvrant près de vingt ans de création, l’exposition montre une sélection de sculptures cinétiques hybrides, pour certaines interactives, accompagnées de compositions fonctionnelles et matérielles surréalistes des an­nées 2020 à 2022, ainsi qu’un ensemble d’œuvres exposé pour la première fois regroupant des lampes-sculptures qui relient des structures organiques à des abat-jour colorés en plastique ré­ généré. Spécialement conçue pour l’exposition, une sculpture-fontaine haute de près de trois mètres, en forme de pied coloré crachant de l’eau, a été installée dans le parc Solitude.

Pendant toute la durée de l’exposition, le long métrage REMOTE (2022) est visible dans la salle de conférence du musée. Réalisé pendant la pandémie de Covid-19 par Mika Rottenberg en coopération avec le réalisateur et l’auteur Mahyad Tousi, ce film s’inspire de certaines de leurs discussions à l’époque du confinement physique, lorsque les moyens de communication nu­mériques revêtirent une importance nouvelle. Le film crée un récit fantastique à une époque postpandémique où interactions physiques et numériques reprennent de manière inattendue et où les distances disparaissent

Le propos

Le travail artistique de Mika Rottenberg interroge des conditions de production ne faisant ha­bituellement pas l’objet d’une remise en question ainsi que la valeur du travail au sens mar­xiste du terme avec une attention particulière portée à la main-d’œuvre féminine dans des si­tuations exacerbées, surréalistes et absurdes. Avec humour, l’artiste inverse les causes et les effets, joue avec les échelles – de la plus petite à la plus grande et vice versa – et crée une al­chimie d’énergies et de cosmologies.

Les visiteurs et visiteuses évoluent dans un monde ima­ginaire où se mêlent sensualité enivrante et illogisme déconcertant qui possède quelque chose de très libérateur. Ce sont des écosystèmes de séduction et de magie qui relient la réalité et l’imagination caractérisés par une pensée qui réfléchit la corporalité selon des critères ar­chitectoniques : espace et temps, intérieur et extérieur, haut et bas, proximité et distance, pu­reté et saleté, douceur et résistance. À travers son appropriation créative des matériaux les plus divers et leur ‘agency’ ouverts à des épistémologies alternatives, l’artiste a anticipé des évolu­tions qui sous le terme de ‘nouveau matérialisme’ explore aujourd’hui les rapports complexes entre la technologie, la nature et l’environnement.

Catalogue en ligne :

Dans le cadre de l’exposition paraît un catalogue en ligne. Il présente en anglais les principaux thèmes de l’œuvre de Mika Rottenberg au moyen d’une naviga­ tion ludique inspirée de l’esthétique de l’artiste. Parallèlement à des informa­ tions biographiques et bibliographiques ainsi que des vues d’exposition des trois institutions partenaires – le Musée Tinguely, la Kunst Haus de Vienne et le Lehmbruck Museum de Duisbourg -, cette publication en ligne réunit des ex­traits de travaux vidéo ainsi que des interviews et des textes de Chen Oiufan, Heather Davis, Hsuan L. Hsu, Gunn Khatri, Barbara Latacz, Filipa Ramos, James Taylor-Foster, Mahyad Tousi, Mika Rottenberg et Roland Wetzel.

Informations pratiques

Musée Tinguely
I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002
Bâle
Vernissage et fête estivale: Mardi, 4 juin 2024, à 18h30

Heures d’ouverture: mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h I Semaine de la Art Basel: 10.06.-16.06.24: 9h-19h, 13.06. jusqu’à 21h

Curator’s Tour avec Roland Wetzel, le 22 août 2024, 19h, entrée gratuite (en allemand)

Site Internet : www.tinguely.ch I www.preciousplastic.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1  @mikarottenberg 1  #antimatterfactory

Dan Flavin dédicaces en lumière

Jusqu'au 18.8.2024, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaires : Josef Helfenstein, Olga Osadtschy, Elena Degen
L’art minimal


La grande exposition temporaire Dan Flavin. Dédicaces en lumière auKunstmuseum Basel | Neubau présente unpionnier de l’art minimal :, artiste états-unien devenu célèbre au début des années 1960 pour son travail avec des tubes fluorescents fabriqués de manière industrielle. 58 de ses travaux, certains visibles pour la première fois en Suisse, mettent en lumière son oeuvre à nulle autre pareille à travers un parcours thématique et chronologique. L’exposition – la première d’envergure consacrée à Dan Flavin en Suisse depuis douze ans – met l’accent sur des oeuvres que l’artiste a dédiées à des personnes ou à des événements.

Images gazeuses

En élaborant une nouvelle forme d’art, Dan Flavin écrit un nouveau chapitre de l’histoire de l’art. Au moyen d’oeuvres conçues à partir de lumière, il libère la couleur du champ de la peinture et la transpose dans l’espace tridimensionnel. En utilisant des tubes lumineux du commerce, il s’oppose aux représentations habituelles du statut d’auteur.e et des processus de production dans l’art : sa décision de faire de l’art à partir d’un objet usuel du quotidien retint l’attention de ses contemporains et demeure, encore aujourd’hui, radicale. Après les premières expositions de ses oeuvres lumineuses à New York, Dan Flavin suscite l’enthousiasme des artistes et des critiques d’art pour son purisme,
ses « images gazeuses » (un terme que l’artiste se plaisait à utiliser) et l’immédiateté de leur brillance.

Les tubes fluorescents de Dan Flavin évoquent des usines, des établissements de restauration rapide ou encore des parkings. L’artiste utilise délibérément cet effet de même qu’une palette réduite imposée par le mode de fabrication des lampes fluorescentes : bleu, vert, rouge, rose, jaune, ultraviolet et quatre tons différents de blanc. Au cours de sa carrière, il transforme des lampes et de simples arrangements géométriques en de complexes travaux architectoniques et des séries élaborées composées de plusieurs parties. Flavin s’oppose vigoureusement au fait que ses oeuvres soient considérées comme des sculptures ou des peintures et les qualifie plutôt de « situations ». Dans ses écrits et autres déclarations, il souligne en outre l’objectivité de son oeuvre. Dans le catalogue consacré à l’exposition de l’un de ses premiers grands travaux institutionnel au Stedelijk Van Abbemuseum en 1966 il écrit :

« Electric light is just another instrument. I have no desire to contrive fantasies mediumistically or sociologically over it or beyond it. (…) I do whatever I can whenever I can with whatever I have wherever I am. »

L’oeuvre de Dan Flavin s’inscrit dans la catégorie de l’art minimal du fait de sa volonté de se limiter strictement au travail avec un objet de facture industrielle ainsi que de la sérialité de ses oeuvres. Carl André, Donald Judd, Sol LeWitt et Robert Morris sont considérés à ses côtés comme les principales figures de ce courant artistique – chacun d’entre eux réfutant toutefois plus ou moins clairement cette appartenance.

Les dédicaces
Dan Flavin préconise un art n’ayant pas de portée psychique et spirituelle profonde, mais qu’il s’agirait d’appréhender de manière spontanée. L’artiste lui-même nie toute teneur symbolique et fait fi de l’effet parfois subtil de son oeuvre. De nombreux critiques d’art ont tout de même attiré l’attention sur sa dimension christique et métaphysique, de même que sur une allusion à des espaces de recueillement et à des lumières votives. Ce à quoi l’artiste répond avec ironie :
« It is what it is and it ain’t nothin’ else».
Cependant, il ne fait aucun doute que Dan Flavin a pratiqué la dédicace tout au long de sa vie et qu’il a associé ses oeuvres à des personnes ou à des événements, souvent de manière sentimentale et emphatique. Les installations de lumière fluorescente réalisées à partir de 1963 sont fréquemment dédiées à des amis artistes tels que Jasper Johns, Sol LeWitt ou Donald Judd. Des artistes d’art moderne à l’instar d’Henri Matisse, Vladimir Tatlin et Otto Freundlich apparaissent également dans des titres d’oeuvres. Ces dédications contrebalancent l’anonymité du matériau. Au travers de ces titres augmentés, l’artiste ancre ces travaux non narratifs et impersonnels dans un contexte esthétique, politique et social.
Le rôle fondamental du titre se précise également lorsque Dan Flavin se réfère à des événements politiques. Ainsi, des travaux évoquant les atrocités de la guerre se lisent à la lumière de sa position contre la guerre au Vietnam, à l’instar de monument 4 for those who have been killed in ambush (to P.K. who reminded me about death) qu’il présente en 1966 dans l’exposition Primary Structures. Younger American and British Sculptors au Jewish Museum de New York, l’une des premières expositions institutionnelles consacrée à l’art minimal, courant artistique encore nouveau à l’époque.

Les oeuvres de Dan Flavin dédiées

Les oeuvres de Dan Flavin dédiées à des individus l’ayant accompagné dans son travail ne sont pas moins remarquables. L’exposition convoque par exemple untitled (to you, Heiner, with admiration and affection), oeuvre dédiée à Heiner Friedrich, légendaire marchand d’art allemand. Après avoir immigré aux États-Unis, Friedrich fonde en 1974 l’influente Dia Art Foundation qui s’engage pour que des oeuvres d’un groupe d’artistes des années 1960 et 1970 soient installées durablement et accessibles au public.

L’oeuvre de Flavin provenant de la Pinakothek der Moderne de Munich est de type « barrière », c’est-à-dire conçue pour limiter l’accès du public à une partie de la salle d’exposition.
Ces dédicaces polymorphes confèrent une dimension émotionnelle à l’oeuvre de Flavin et servent de cadre de référence artistique, littéraire et personnel. L’exposition au Kunstmuseum Basel s’attache en particulier à révéler cette dimension de son oeuvre.
En outre, des dessins de Dan Flavin sont présentés aux côtés d’installations, pour certaines de grandes dimensions. Ils contiennent des portraits encore peu connus, des représentations de la nature, ainsi que des croquis d’oeuvres et des diagrammes. Outil essentiel pour Flavin, ses petits carnets constituent une sorte d’archive de son oeuvre s’étendant sur plus de trente ans. L’exposition se penche également sur le contexte socio-historique qui vit éclore ses premiers travaux avec la lumière si déterminants pour la suite de sa carrière.

Une histoire bâloise

Grâce à l’engagement de Carlo Huber, directeur de la Kunsthalle Basel, et de Franz Meyer, directeur du Kunstmuseum Basel, une double exposition de l’artiste a été organisée au sein des deux institutions muséales en 1975. Enthousiasmé par l’ « essentialité » avec laquelle Dan Flavin manie la lumière, Carlo Huber présente Fünf Installationen in fluoreszierendem Licht et reconnaît qu’il s’agit d’
« une oeuvre très personnelle et d’une grande autorité ».

De son côté, Franz Meyer sélectionne environ 277 travaux sur papier avec Dan Flavin : dessins, eaux-fortes et plans techniques ainsi que plusieurs oeuvres d’Urs Graf, artiste suisse de la Renaissance, pour lequel Flavin se prend d’affection durant son séjour à Bâle.

Depuis 1975, la cour intérieure du Kunstmuseum Basel | Hauptbau abrite untitled (in memory of Urs Graf), une oeuvre que Dan Flavin a spécifiquement conçue pour ce lieu. Impossible de s’imaginer aujourd’hui la cour sans ce jeu de lumières rose, jaune, verte et bleue dégageant une atmosphère vibrante. Pourtant, jusqu’à la fin des années 1970, des dissensions subsistent au sein de la commission artistique du musée pour déterminer si l’oeuvre doit rester sur place. Il faudra attendre sa donation par la Dia Art Foundation pour confirmer son maintien. Toutefois, on se refusera pendant longtemps à l’allumer. Cette anecdote illustre que la survenue d’un changement radical des habitudes de perception et des opinions nécessite du temps. L’exposition organisée actuellement au Kunstmuseum Basel présente également des documents d’archive des musées mettant cela en évidence.

Informations Pratiques

Kunsmuseum-neubau
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 80

Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum

Strasbourg 1560-1600. Le renouveau des arts

Les Chars des sept jours : détail

Musée de l’OEuvre Notre-Dame/ Arts du Moyen Âge
Du 2 février 2024 au 19 mai 2024
Commissariat : Cécile Dupeux, conservatrice en chef du Musée de l’OEuvre Notre-Dame
Présentation

À la fin du XVIe siècle, Strasbourg est un foyer artistique éminent, dont l’activité doit beaucoup à sa position géographique privilégiée au coeur de l’Europe. Cette période de réveil des arts après la baisse d’activité qui fait suite à la Réforme est mal connue, car une grande partie de la production a disparu ou s’est trouvée dispersée. L’exposition explore cette ultime saison de la Renaissance, marquée par la diffusion à travers tous les arts de la nouvelle grammaire ornementale inspirée des canons antiques et son adoption par les artistes de toutes spécialités.Il s’agit aussi d’une remise en contexte plus générale, qui permet d’évoquer aussi bien la production littéraire que le dynamisme du domaine éducatif et scientifique ou la production éditoriale.
L’apport le plus marquant est celui de deux personnalités artistiques de premier plan, à la fois dessinateurs, graveurs et peintres de décors muraux, qui introduisent à Strasbourg les jeux ornementaux du maniérisme :

– Tobias Stimmer (1539-1584), graveur prolifique venu de Schaffhouse, est aussi l’auteur des décors de la célèbre horloge astronomique monumentale de la cathédrale. Ses projets en grisaille sur toile pour les sculptures de l’horloge (vers 1571), récemment restaurés, sont présentés pour la première fois au public.
– Dans une veine plus fantastique, les planches des trois volumes de l’Architectura de Wendel Dietterlin (1551-1599), également connu pour la production de nombreuses peintures murales, étonnent par leur verve exubérante et leur surcharge décorative et garderont de l’influence jusqu’à l’époque baroque.

Tobias Stimmer, Les Chars des sept jours : détail avec Jupiter (jeudi),
projet pour les sculptures de l’horloge, détrempe sur toile, vers 1571.
Musées de la Ville de Strasbourg. Photo : M. Bertola / Musées de la Ville de Strasbourg

Cette exposition est accueillie au sein même du musée, dont une partie des bâtiments date de la même époque. Elle permet également de mettre en valeur de nombreux éléments sculptés et architecturaux intégrés au parcours permanent, selon un dialogue imaginé déjà par le créateur du musée Hans Haug.
L’exposition met en lumière les exceptionnelles toiles peintes en grisaille par Tobias Stimmer, projets pour les sculptures de l’horloge astronomique, restaurées grâce au mécénat du Fonds de dotation du Docteur et de Madame Léon Crivain, ainsi que la salle des administrateurs de l’OEuvre Notre-Dame, dont les magnifiques boiseries viennent d’être restaurées grâce au mécénat de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Crédit Mutuel.

Points forts de l’exposition

Un foyer de rayonnement intellectuel et culturel

À la fin du XVIe siècle, Strasbourg continue à s’affirmer comme l’un des grands centres européens de l’imprimerie et à jouer un rôle important dans la diffusion des idées. La maison d’édition de Bernard Jobin et celle de la famille Rihel publient chacune près de trois cent titres. Leur collaboration avec Tobias Stimmer produit des chefs-d’oeuvre.

                                            Grisaille

L’illustration des livres imprimés renoue également avec la vitalité qui fit la gloire de Strasbourg à la fin du Moyen Age.
L’exposition évoque l’importance du livre à Strasbourg à la fin du XVIe siècle à travers une trentaine d’ouvrages parmi les plus importants produits de la période. Sont présentés en particulier plusieurs ouvrages et pamphlets de Fischart, auteur en 1575 de l’adaptation allemande de Rabelais qu’il égale en verve et en anticléricalisme, l’Architectura de Wendel Dietterlin, l’Architectura de Specklin, le Volumen primum mathematicum de Dasypodius, l’Histoire du règne de Charles Quint de Sleidan …

             Salle d’interprétation des dessins d’architecture de la cathédrale
             Crédit photo : Musées de la Ville de Strasbourg / M. Bertola

Réputées pour leur modération, les autorités protestantes poursuivent leur tradition d’accueil des immigrés et dissidents des guerres de religion. Ce mouvement s’intensifie dans la seconde moitié du siècle, en particulier après les massacres de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572, où de nombreux protestants français et flamands viennent se réfugier à Strasbourg. L’ornemaniste et graveur réformé français Étienne Delaune réalisa ainsi quatre séjours à Strasbourg entre 1573 et 1580. Le graveur Theodor de Bry (Dietrich Breÿ), de Liège, et ses deux fils trouvèrent refuge à Strasbourg pour les mêmes raisons confessionnelles. Les réalisations de ces artistes de passage, dont l’exposition donne un aperçu, permirent une régénération du milieu artistique.

Tobias Stimmer et Wendel Dietterlin

Les deux artistes les plus importants exerçant à Strasbourg à partir de 1570, Tobias Stimmer (Schaffhouse 1539 – Strasbourg 1584) et Wendel Dietterlin (Pfullendorf 1551 – Strasbourg 1599), ne sont pas originaires de la ville et sont nourris d’influences très diverses provenant d’Italie, de l’École de Fontainebleau ou des Pays-Bas. Tous deux sont peintres aussi bien que dessinateurs et produisent des modèles pour des graveurs. Ils ont été à l’origine d’un renouvellement des pratiques artistiques dans la ville.
Le peintre suisse Tobias Stimmer est appelé à Strasbourg pour réaliser le décor du buffet de l’horloge astronomique de la cathédrale. Il est alors un artiste réputé, en particulier pour les spectaculaires décors de façade réalisés à Schaffhouse et à Bâle ainsi que pour ses gravures. Formé en Suisse et marqué par l’art italien, ce célèbre peintre, dessinateur et graveur est également connu comme décorateur et dessinateur de vitraux. Il s’agit de l’un des principaux représentants du maniérisme ornemental dans les pays germaniques.
La commande qui lui est passée pour l’horloge astronomique concerne la direction artistique de l’ensemble, c’est-à-dire le décor peint de l’imposant buffet et de certains indicateurs astronomiques (globe, cadrans…), mais aussi la production de projets peints pour la réalisation des sculptures. L’exposition est l’occasion de redécouvrir après restauration les dix spectaculaires projets peints en grisaille sur toile pour ces sculptures. De nombreuses gravures et dessins de sa main sont également rassemblés afin de proposer un panorama de la production de l’artiste à Strasbourg.
Wendel Dietterlin est surtout connu à son époque pour la production de peintures murales et de panneaux (il se désigne lui-même comme « Maler von Strassburg »). Mais la postérité a essentiellement retenu de lui les nombreuses gravures (209 planches) et les variations fantastiques de son traité d’architecture Architectura, publié à Stuttgart et Strasbourg en 1593-94, qui sera réédité à de nombreuses reprises jusqu’au XIXe siècle. Ce traité apporte une contribution 

                   Tobias Stimmer, Les quatre Âges de la vie : l’Enfance, projet pour les            sculptures de l’horloge, détrempe sur toile, vers 1571, 72 x 42 cm.
Musées de la Ville de Strasbourg. Photo : M. Bertola

significative à l’ornementation maniériste. Il trouvera un écho dans le domaine des arts décoratifs, en particulier dans l’ébénisterie ou la menuiserie

                                                              Architectura

Restauration de la salle des administrateurs et des grisailles de Stimmer

La salle des Administrateurs, au 1er étage de l’aile Renaissance, est l’une des deux salles historiques conservées de la maison de l’OEuvre Notre-Dame. Ses boiseries marquetées, attribuées à Veit Eck, vers 1582, uniques en Alsace et remarquables par leur style Renaissance très pur et leur qualité d’exécution, ont enfin retrouvé leur lisibilité.
Couvrant l’ensemble des murs et du plafond, elles se distinguent par l’emploi savant de différentes essences de bois, jusqu’ici occultées par un fort encrassement. La restauration menée par Antoine Stroesser, restaurateur de mobilier, assisté de Thomas Flicker, d’avril à juillet 2023, a permis de redécouvrir toutes les nuances des quelques 11 essences identifiées. Le nettoyage s’est voulu respectueux des traces d’outils et des vestiges de vernis du 16e siècle.
Les nombreux soulèvements et fentes du placage ont été recollés, et quelques éléments décoratifs, perdus, restitués à l’identique. Enfin, une réintégration des parties restaurées et une mise en cire ont permis d’harmoniser l’ensemble. L’intervention a également permis de réévaluer l’authenticité de la salle.
La restauration des boiseries de la salle des administrateurs a été rendue possible grâce au mécénat de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Crédit Mutuel.

La restauration des exceptionnelles grisailles de Tobias Stimmer

L’ensemble de dix esquisses sur toile commandé à Tobias Stimmer pour les sculptures de l’horloge astronomique de la cathédrale revêt une importance particulière en raison de la rareté de ce type de projets, généralement non conservés, et de la disparition d’une grande partie de la production peinte de l’artiste.
Cet ensemble conservé jusqu’alors dans les réserves des musées de Strasbourg vient d’être restauré et se trouve rassemblé dans l’exposition. Il s’agit des projets pour une partie des figurines automates de l’horloge sur le thème des Planètes et des Âges de la vie. À l’étage supérieur de l’horloge, les Âges de la vie défilent devant la Mort en sonnant les quarts-d ‘heure, et le Christ sonne les heures au registre supérieur; à l’étage inférieur les chars des sept dieux des planètes correspondant aux jours de la semaine se succèdent. Les esquisses concernent également quelques figures indépendantes : deux angelots et deux amours placés de part et d’autre du cadran des minutes, et Apollon et Diane à gauche et à droite du cadran du calendrier civil.
Les dix peintures de tailles variables sont réalisées selon la technique de la grisaille, en camaïeu utilisant plusieurs niveaux de gris, depuis le blanc jusqu’au noir. La technique est celle de la détrempe à la colle sur toile. Le geste de l’artiste est rapide mais très précis, afin de guider au mieux le sculpteur. Plusieurs des figures sculptées exécutées d’après ces projets ont également été restaurées et sont présentées dans l’exposition.
La campagne de restauration a été réalisée par le groupement Art Partenaire, sous la direction de Janin Bechstedt, avec Dorine Dié, Eve Froidevaux et Amalia Ramanankirahina.
La restauration de l’ensemble des Chars des planètes a été rendue possible grâce au Fonds de dotation du Docteur et de Madame Léon Crivain.

            Salle de la loge

Informations pratiques

Musée de l’OEuvre Notre-Dame
3, place du Château, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : en semaine – sauf le mardi – de 10h à 13h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches de 10h à 18h
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00

Accès et services

  • Bus 14 et 24 – arrêt Ancienne Douane
  • Tram A ou D – arrêt Langstross – Grand’Rue

Retrouvez la Programmation culturelle et éducative ici

La Quinzaine de la Danse

Édito

6e édition du 7 au 26 mars 2024

Depuis six ans, La Quinzaine de la Danse est devenue un rendez-vous incontournable sur le territoire de l’Agglomération mulhousienne.
Il permet de partager et de faire rayonner le travail que nous portons ensemble à trois structures. Aujourd’hui, plus que jamais, nous pensons qu’il nous faut retrouver du sens et continuer à favoriser l’accès du plus grand nombre aux œuvres. Nous nous plaçons ensemble, artistes, spectateur·rices, en plein milieu d’un monde qu’il nous faut sans cesse interroger, comprendre, poétiser. Engagée sur les enjeux esthétiques et les questions de société, la programmation ouvre les regards vers tant d’horizons. C’est dans cette perspective que nous nous sommes engagés à représenter et soutenir la danse dans sa pluralité. La multiplicité des styles et la richesse des cultures chorégraphiques représentées dans nos structures nous permettent de programmer sur ce temps de festival une grande diversité d’artistes. Nous renforçons nos liens avec le Canada en accueillant deux propositions qui traversent l’Atlantique pour venir à votre rencontre.

Venez célébrer la danse à nos côtés, voyagez d’une structure à l’autre, profitez du pass Quinzaine, vibrez avec les propositions qui gravitent autour de La Quinzaine. Bon festival !

Benoît André, Bruno Bouché, Thomas Ress

Initiée par Thomas Ress, directeur de l’ESPACE 110 – Centre Culturel d’Illzach et également portée par Benoît André, directeur de La Filature, Scène nationale de Mulhouse et Bruno Bouché, directeur du CCN•Ballet de l’Opéra national du Rhin, la 6e édition de La Quinzaine de la Danse offre au public de l’agglomération mulhousienne un programme inédit dans plusieurs lieux partenaires.


Le programme

Téléchargez le programme de la quinzaine de la danse ici

Infos pratiques

PASS QUINZAINE

Le premier spectacle à plein tarif donne accès aux autres spectacles au tarif partenaires sur présentation du premier billet, dans toutes les structures

Les adresses de La Quinzaine :

ESPACE 110 – CENTRE
CULTUREL D’ILLZACH

1 avenue des rives de l’Ill
68110 ILLZACH
+33 (0)3 89 52 18 81
www.espace110.org

LA FILATURE, SCÈNE
NATIONALE DE MULHOUSE

20 allée Nathan Katz
68100 MULHOUSE
+33 (0)3 89 36 28 28
www.lafilature.org

CCN•BALLET DE L’OPÉRA
NATIONAL DU RHIN

38 passage du Théâtre
68100 MULHOUSE
+33 (0)3 89 45 94 10
www.operanationaldurhin.eu

PATINOIRE OLYMPIQUE
DE MULHOUSE

47 boulevard Charles Stoessel
68200 MULHOUSE

LA PASSERELLE, CENTRE
SOCIAL ET RELAIS CULTUREL

au Trèfle, allée du Chemin Vert
68170 RIXHEIM
+33 (0)3 89 54 21 55
www.la-passerelle.fr

GYMNASE MAURICE
SCHOENACKER

rue Jules Verne
68200 MULHOUSE

MUSÉE DES BEAUX-ARTS
4 place Guillaume Tell
68100 MULHOUSE
+33 (0)3 89 33 78 11
www.beaux-arts.musees-mulhouse.fr

MAISON DE L’ÉTUDIANT –
UNIVERSITÉ DE HAUTE-ALSACE

1 rue Alfred Werner
68200 Mulhouse

téléchargez la plaquette de La Quinzaine de la Danse 2024

Voir aussi

 

On achève bien les chevaux

Création mondiale. Production du CCN • Ballet de l’Opéra national du Rhin et de La Compagnie des Petits Champs.

D’après They Shoot Horses, Don’t They? (1935) de Horace McCoy.

Règlement du marathon de danse à l’usage des compétiteurs:
1. La compétition est ouverte à tous les couples amateurs ou professionnels. — 2. Le marathon n’a pas de terme fixé : il est susceptible de durer plusieurs semaines. — 3. Le couple vainqueur est le dernier debout après abandon ou disqualification des autres compétiteurs. — 4. Les compétiteurs doivent rester en mouvement 45 minutes par heure. — 5. Un genou au sol vaut disqualification. — 6. Des lits sont mis à disposition 11 minutes durant chaque pause horaire. — 7. Baquets à glaçons, sels et gifles sont autorisés pour le réveil. — 8. Les compétiteurs se conforment aux directives de l’animateur. — 9. Sponsors et pourboires lancés sur la piste par le public sont autorisés. — 10. Des collations sont distribuées gracieusement durant la compétition. — 11. L’organisateur décline toute responsabilité en cas de dommage physique ou mental.

En 1935, l’écrivain américain Horace McCoy décrivait dans On achève bien les chevaux le spectacle mortifère d’individus tombés dans la misère, réduits pour quelques dollars à danser jusqu’à épuisement pour divertir un public en mal de sensations fortes. Après une première adaptation au cinéma par Sydney Pollack en 1969, Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro s’emparent à leur tour de ce roman noir pour créer ensemble une nouvelle forme de danse-théâtre, réunissant sur scène quarante-quatre danseurs, comédiens et musiciens.

Coproduction avec la Maison de la danse, Lyon-Pôle européen de création, la Scène nationale du Sud Aquitain et la Maison de la culture d’Amiens, Pôle européen de création et de production

Distribution

Adaptation, mise en scène et chorégraphie : Bruno BouchéClément Hervieu-LégerDaniel San Pedro

Assistant mise en scène et dramaturgie : Aurélien Hamard-Padis
Scénographie : Bogna Grażyna JaroslawskiAurélie Maestre
Costumes : Caroline de Vivaise 
Lumières : Alban Sauvé
Son : Nicolas Lespagnol 

Les artistes

Comédiens : Louis Berthélémy, Luca Besse, Clémence Boué, Stéphane Facco, Joshua Hoffalt, Juliette Léger, Muriel Zusperreguy, Daniel San Pedro

Musiciens : M’hamed El Menjra, David Paycha, Noé Codjia, Maxime Georges

CCN • Ballet de l’Opéra national du Rhin

Sommaire du mois de novembre 2023

Hommage à Léonard Gianadda
les 2 académiciens,
Jean Clair à l’Académie  Francaise,
Léonard Gianadda à l’Académie des Beaux Arts

photo elisabeth itti 2013

27 novembre 2023 : ST-ART 2023
26 novembre 2023 : Anne Zimmermann – Le Zoo, La Nuit
26 novembre 2023 : Jean-Louis Schoellkopf
13 novembre 2023 :  Saba Niknam
12 novembre 2023 :  Aux temps du sida. Œuvres, récits et entrelacs
8 novembre 2023 :   SARKIS 7 Tage, 7 Nächte
5 novembre 2023 :  Nicolas Party, when tomorrov comes

Anne Zimmermann – Le Zoo, La Nuit

Partenariat avec le Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse
site de l’artiste motoco.fr · retrouvez cette exposition sur lafilature.org
CRÉATION VIDÉO du je. 23 nov. au me. 20 déc. 2023
Espace audiovisuel de La Filature du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h + soirs de spectacles · entrée libre
Régionale 24
du je. 23 nov. 2023 au di. 7 janv. 2024

« La nuit tombe, le Parc se vide de ses visiteur·euses. Restent les animaux et ce lieu qui maintenant leur appartient. L’obscurité gomme les enclos et je ressens
la présence des résidents comme si rien n’empêchait une rencontre. J’aime à penser qu’à la faveur de la nuit les animaux agrandissent mentalement leur enclos et qu’ils aient l’impression, comme moi, de traverser savane, jungle ou taïga en une succession de flashs. Me voilà perdue et le vétérinaire, tel un pisteur, me guide vers cette rencontre improbable. »
Anne Zimmermann

 

La résidence

L’artiste Anne Zimmermann, en résidence au Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse depuis l’hiver 2022, nous offre son point de vue sur la relation entre
l’humain et le non humain. Les photos et les vidéos sont prises exclusivement au moyen de caméras pièges. Ces appareils captent deux nuits durant les mouvements des animaux. Puis c’est au tour de l’artiste d’entrer dans
les enclos, accompagnée pour se faire photographier aux mêmes endroits que les animaux, la nuit d’avant. Elle effectue une chorégraphie nocturne de déplacements hasardeux. Ces appareils fonctionnent en lumière noire,
ce qui homogénéise les éclairages et provoque le réfléchissement
des yeux (appelé Tapetum Lucidum).

Une manipulation numérique très réduite efface le décalage temporel entre son passage et celui des animaux. Ainsi, ces photos juxtaposent plusieurs temporalités, ce qui a pour effet d’annuler la distance que l’artiste et, sûrement l’animal, auraient maintenue. Le résultat est une illusion, une rêverie. Ça pourrait être celle de l’enfance réduisant l’animal à une peluche ou celle du mystique imaginant quelque Eden retrouvé. Ce qui importe, c’est qu’en partageant symboliquement l’espace, l’humain soit placé sur un plan d’égalité avec le loup, l’ours polaire ou le baudet du Poitou et qu’il n’est pas plus légitime à exister qu’eux. La vidéo présente sept collaborations avec les loups du Canada, les ours polaires, les panthères des neiges, la panthère de l’amour, le casoar, les wallabys des rochers et les baudets du Poitou.

Biographie

Anne Zimmermann est une artiste plasticienne qui vit en Alsace. Elle est diplômée d’une maîtrise d’Arts plastiques de l’Université de Strasbourg en 1998. Elle croise différentes pratiques comme la photographie, l’écriture, la vidéo et la céramique, qu’elle a étudiée aux Arts Décoratifs de Strasbourg. En 2003, elle crée Paula Orpington, un personnage mi-femme, mi-poule fabriqué
avec cinquante peaux de poulets naturalisées. Elle habite ce personnage jusqu’en 2008 ; il décède symboliquement en 2010 et est autopsié lors d’une performance organisée par la Kunsthalle de Mulhouse.

Depuis, sa réflexion se poursuit sur les rapports que l’on entretient avec le monde animal. En 2016, elle installe une série d’oeuvres en extérieur avec des ruches et des papillons en partenariat avec La Filature, Scène nationale de Mulhouse. Cette réflexion se poursuit en 2018 avec Homsweet home, exposition en partenariat avec l’O.N.F. Suisse. Cette résidence marque le début d’une série de prises de vues d’animaux forestiers ainsi qu’un partenariat avec le Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse en 2022 et 2023. Son atelier est installé à
Motoco depuis 2020.

Informations Pratiques

CRÉATION VIDÉO du je. 23 nov. au me. 20 déc. 2023
Espace audiovisuel de La Filature
du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h
+ soirs de spectacles · entrée libre
VERNISSAGES dans le cadre de La Régionale 24 je. 23 nov. en présence des artistes et commissaires
18h à La Kunsthalle – centre d’art contemporain Mulhouse Julia Armut (exposition collective) · entrée libre
20h à La Filature, Scène nationale de Mulhouse Le Zoo, La Nuit d’Anne Zimmermann

Saba Niknam

Nom : Niknam
Prénom : Saba
Profession : artiste polyvatente
Spécialité : croyances, mythologies et rituels de différents peuples à travers le monde
Signe particulier : pseudo – Huginn Muninn, noms des corbeaux de Odin
dieu dans la mythologie germanique et scandinave

                               vue de l’exposition à la galerie Cahn à Basel

L'exposition à Basel, à la galerie Cahn est visible jusqu'au 19 novembre 2023


Galerie Cahn comtempory
19 Steinentorstrasse
Basel

Ouvert du jeudi au dimanche
13 h à 19 h
Biographie

Saba Niknam, née en 1988 à Téhéran, Iran, est une artiste accomplie et polyvalente, dont la passion pour la créativité l’a emmenée dans un voyage remarquable. Elle est diplômée de l’estimée Haute École des Arts du Rhin à Strasbourg, témoignant de sa dévotion et de son talent artistique. Les poursuites artistiques de Saba sont profondément influencées par les cultures diverses, l’art populaire, ainsi que les croyances, mythologies et rituels de différents peuples à travers le monde. Avec modestie, elle aborde son art avec une approche ethnologique, cherchant à explorer et à célébrer la riche diversité culturelle de notre planète.

                                              Basel
En 2023, les œuvres d’art de Saba Niknam ont été reconnues et acclamées en étant intégrées dans les collections de deux institutions prestigieuses : le Musée du quai Branly à Paris et le Fonds régional d’art contemporain d’Alsace (FRAC Alsace). De tels accomplissements sont un témoignage de sa vision artistique et de son talent.

                                    Basel avec Jean-David Cahn
En 2023, elle a participé à l’exposition « Dévoiler » de la Galerie Cahn de Basel,
sous l’autorité de Pierre-Jean Sugier, commissaire et galeriste, en compagnie de l’artiste photographe Jean-Christophe Ballot.

En 2022, Saba s’est lancée dans une collaboration captivante avec le directeur artistique Hamid Rahmanian. Ensemble, ils ont créé un spectacle envoûtant de marionnettes d’ombre intitulé “Chant du Nord”, un spectacle artistique qui a été présenté en première au vénérable Musée du quai Branly à Paris. La première du spectacle a suscité beaucoup d’attention et a davantage consolidé la position de Saba Niknam en tant qu’artiste éminente et visionnaire.

Reconnaissant la valeur de la croissance continue, en 2020, Saba a enrichi davantage son expertise artistique en se spécialisant dans les miniatures persanes à la prestigieuse Prince’s Foundation School of Traditional Arts de Londres. Cette entreprise lui a permis d’approfondir sa compréhension et sa maîtrise de cette forme d’art unique, cherchant humblement à perfectionner ses compétences.

Les accomplissements créatifs de Saba Niknam ont été reconnus à travers des subventions et des expositions prestigieuses. En mars 2019, elle a reçu une subvention de création individuelle de la DRAC Grand-Est pour son projet exceptionnel “Mami Wata”, une exploration captivante des créations mythiques d’eau. La même année, elle a participé à la prestigieuse exposition “GALERISTES” avec Club 7.5 au Carreau du Temple à Paris, suivie d’une remarquable exposition de groupe à la Galerie Marek Kralewski à Freiburg, en Allemagne. Ces opportunités lui ont permis de partager sa voix artistique avec un public diversifié.

Animée par une profonde curiosité pour les cultures diverses, Saba a participé en 2015 au prestigieux programme de résidence croisée “Alsace-Québec, ville d’Alma”. Au cours de cette expérience immersive, elle a plongé dans les mythes des Innu, un peuple autochtone, exprimant ses découvertes profondes à travers des dessins captivants et des objets d’art. Son travail de cette période a été exposé de manière remarquable au FRAC Alsace dans l’exposition “Panache” de février à mai 2017. (2019)

              Saba Niknam, Nommo le dieu poisson, 2019

En 2015, Saba Niknam a organisé sa première exposition solo, intitulée “Le Nom Secret du Soleil”, à la prestigieuse Galerie Jean-François Kaiser à Strasbourg, une étape importante dans son parcours artistique.

Tout au long de sa carrière, l’engagement de Saba envers la diversité culturelle, l’exploration de différentes mythologies et son dévouement à la collaboration artistique restent au cœur de son travail. Avec un cœur humble et ouvert, elle s’efforce d’engager le public à travers ses créations captivantes et significatives, laissant une impression indélébile sur le monde de l’art contemporain. À chaque tissage habile de ses œuvres, elle contribue à l’éclatant tapis de l’héritage culturel partagé de l’humanité.

Voyages à travers les Coiffes

Plusieurs de mes expositions se nourrissent des mythes et des symboles, et je collectionne de nombreux vêtements ethniques. Les vêtements et coiffes sont une grande source d’inspiration dans mes dessins je crois au fait que les vêtements ethniques ne sont pas seulement un habit pour le corps mais se lisent, tel un livre qui, à travers les broderies, symboles, formes et couleurs, racontent l’histoire et les croyances d’un peuple.

              exposition Basel Galerie Cahn 2023
Dans ce travail artistique, je mélange les habits ethniques des différentes cultures et dessine des coiffes inspirées de véritables coiffes folkloriques, dans un dessin à la mise en scène à la fois théâtralisée et mystique. J’aime raconter des histoires, et l’art en tant que vecteur de narration me fascine.
Ce nouveau projet “Voyages à travers les Coiffes” s’inscrit donc dans la continuité de cette démarche d’exploration des symboles et de narration. Il s’agit d’un projet photographique mettant en scène les coiffes que je fabrique en m’inspirant des traditionnelles coiffes d’Asie.


Ces coiffes que je crée respectent l’authenticité des codes traditionnels, à laquelle j’ajoute une touche qui m’est personnelle. En portant des costumes ethniques, je me mets face à l’objectif et crée une scène théâtrale pour raconter l’origine mythique de la coiffe.


Chacune d’entre elles font l’objet d’une recherche ethnologique afin de révéler le sens derrière la forme ; ces coiffes sont toutes riches de symboles car elles couvrent la tête, considérée comme la partie la plus importante du corps et symbole d’intelligence. Ces objets donnent une valeur importante à la tête qui la porte.


Dans cette série de photographies, j’essaie de présenter ces nouvelles formes de coiffes ethniques et d’initier un voyage à travers l’habit, comme l’a fait Léon Bakst, grand artiste peintre, qui fut également costumier et décorateur pour les Ballets russes.

Saba Niknam 2020

 
Citation du Président de l’Académie d’Alsace des sciences, lettres et arts

extrait :
…. silhouette gracieuse dans le monde de l’art, discrète et élégante, Saba cultive une vertu bienfaisante : elle est très gaie !
Bernard Reumaux, Editeur

Son site

Vous pouvez la retrouver sur son site ici

Aux temps du sida. Œuvres, récits et entrelacs

Au Musée d'art Moderne et contemporain de Strasbourg MAMCS
jusqu'au 04 FÉVRIER 2024
Commissariat général : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du patrimoine et responsable du MAMCS.
Conseillers scientifiques : Thibaud Croisy, auteur et metteur en scène et
Didier Roth-Bettoni, historien du cinéma.
Équipe de recherche : Anna Millers, Thierry Laps, Coralie Pissis, Alexandre Zebdi-Libot, Musées de la Ville de Strasbourg
Scénographie : Roll Office, Ian Ollivier et Lucie Rebeyrol
Graphisme : Studio Plastac
Conception éclairage : Studio 10-30, Léopold Mauger

Vidéo de présentation

Artistes exposés (liste non exhaustive):

Sophie Calle, Copi, Johan Creten, Marlene Dumas, General Idea, Nan Goldin, Felix Gonzales-Torres, Hervé Guibert, John Hanning, Derek Jarman, Michel Journiac, Zoe Leonard, Mehryl Ferri Levisse, Robyn Orlin, Bruno Pelassy, Jean-Michel Othoniel, Marion Scemama, Barthelemy Toguo, Jean-Luc Verna, David Wojnarowicz…

Le projet

L’exposition « Aux temps du sida » parle d’un temps encore non révolu où l’épidémie n’est pas surmontée en dépit d’importantes avancées médicales. Les quarante dernières années ont vu s’entremêler des moments de peur, de deuil, de courage, de solidarité, d’espoir, tous adossés à des formes de créations dont la force demeure inspirante pour notre époque. Exposition pluridisciplinaire,
« Aux temps du sida » présente quatre décennies de création où les arts plastiques, la littérature, la musique, le cinéma, la danse rencontrent la recherche scientifique, la culture populaire et l’action déterminante des associations.

                                        le Couloir du temps

Parcours

Le parcours de l’exposition s’organise en dix sections aux ambiances caractérisées où les oeuvres plastiques, littéraires, chorégraphiques, cinématographiques… se déploient et s’entrelacent pour former un récit qui sollicite non pas seulement le regard du visiteur.euse mais aussi sa sensibilité toute entière. Exposition sensorielle, Aux temps du sida mobilise en certains points de son parcours le corps du public en l’entraînant dans des dispositifs audio et audiovisuels immersifs ou en l’invitant à activer lui-même l’une des oeuvres.

Un signe des temps

https://reineblancheproductions.com/mathieu-lindon-michel-foucault-herve-guibert/En 1984, Group Material – collectif d’artistes auquel participeront notamment Felix González-Torres, Jenny Holzer ou Barbara Kruger – conçoit une  « aids timeline ». Cette ligne du temps qui raconte le sida dans tous ses aspects (politiques, médicaux, médiatiques, artistiques…) inclut des textes, des journaux, des objets, des oeuvres… Cette vaste frise déployait alors à la fois l’histoire du virus et celle des luttes qui l’entourent.
Le « Couloir du temps » qui ouvre l’exposition de Strasbourg s’inspire de cette démarche sans la reproduire. Il propose d’établir d’emblée que parler du sida impliquera un récit à plusieurs voix.


Partant d’où nous sommes, soit en 2023, le visiteur remonte le temps et rencontre des affiches pour la PrEP, une nuée de disques et de romans, des médicaments, des affiches de films, le portrait de Françoise Barré-Sinoussi (co-découvreuse du virus, Prix Nobel en 2008) par Hervé di Rosa, une photo de Michel Foucault par Hervé Guibert, une aquarelle de singe vert par Françoise
Pétrovitch
Culture populaire, informations médicales, discours militant forment tous ensemble un vaste entrelacs où résonne la chanson Sign ☮’ the Times (qui donne son titre à cette grande galerie) dans laquelle le chanteur Prince évoque, en 1987, « a big disease with a little name » (une grave maladie avec un nom court), le sida. Ce « sas » en amont de l’exposition inclut une production conçue spécialement pour ce projet : une vaste tapisserie réalisée par l’artiste Mehryl Ferri Levisse (né en 1985) qui vit et travaille dans le Grand Est. Pour l’exposition, il crée un papier peint qui propose au visiteur.euse un riche univers de références (la composition met en évidence des marges dont l’esthétique en noir et blanc rappelle le dance floor de certaines boîtes de nuit, les mains gantées peuvent être celles de soignants ou de divas, les fleurs
géométriques prennent la forme stylisée d’un virus,…) ou le plonge tout simplement dans la couleur, le motif et la sensation.

Antichambre

Après une densité visuellement très forte d’objets et d’oeuvres, se rencontre dans une petite salle aux contours arrondis un très petit nombre d’oeuvres. Trois artistes seulement sont ici présentés. De leurs oeuvres se détachent des corps, un visage et des mots.
Des corps fragmentés (ceux des photographies de Kiki Smith), un visage d’enfant radieux (celui de John Hanning), des mots en forme de provocation
(la devise franquiste détournée par Bruno Pélassy), tels sont les hôtes étranges qui habitent cette antichambre, monde miniature où le virus avance ici à pas feutrés et là à ciel ouvert.
Cette antichambre ouvre réellement l’exposition et en donne le ton : ce qui se passe est grave et nous concerne tous, nous les corps et les visages qui regardons ces « autres » qui sont nos semblables. Les corps photographiés par Kiki Smith (qui sont des détails de ses sculptures) ne sont ni hommes ni femmes, ni jeunes ni vieux, ni d’une origine identifiable, ils sont « tout le monde ». John Hanning tord le cou à l’inévitable charge dramatique qui entoure le mot sida en déclarant « I survived AIDS » sous la photographie de son visage d’enfant souriant tandis que Bruno Pélassy fait de l’attente de la mort un moment de défi aussi étincelant que les cristaux de Swarovski qui composent son rideau de perles « Viva la Muerte ».

« Je sors ce soir »

Cette section, qui emprunte son titre au roman éponyme de Guillaume Dustan, est dédiée à la nuit. Sortir, c’est s’exposer. La nuit (et ce qui va avec – la danse, la musique, les excès -) est propice à l’exposition des corps aux regards, aux rencontres, aux expériences, et, potentiellement, aux risques. Les visages/masques d’Ed Paschke et les photos de graffitis à caractère sexuel de Zoe Leonard incarnent cette nuit à double tranchant.
La section réunit deux types d’espaces : un premier dans lequel s’entrelacent textes et photographies : les mots de Dustan (« Queer = bizarre ; Queer = tout le monde » ou encore « Je danse donc je suis ») et les Suites nocturnes du photographe Luc Chery qui établissent ensemble un dialogue harmonieux.
Un second espace prend la forme d’une « box » accueillant alternativement un dance floor (dans lequel résonne une version de Tainted Love de Soft Cell) et une scène d’opéra où les danseurs de Bill T. Jones jouent Still/Here. Cette salle enveloppe complètement de sons et de lumières les visiteurs.euses qui oublient, peut-être, en ce point de l’exposition qu’ils.elles se trouvent en fait
dans un musée. Le personnage installé dans la Dance Box est-il réel ou est-ce un mannequin ?
Le trouble s’installe aussi dans la perception.

My Beautiful Closet

Adossée à la Dance Box, l’entrée de cette salle secrète s’active grâce à un mécanisme que l’on actionne soi-même. Réunissant quelques oeuvres à caractère sensible, ce Beautiful Closet conçu par Jean-Michel Othoniel réfère au « placard » dans lequel certain.e.s sont resté.e.s ou sont sorti.e.s, assumant leur sexualité, leur séropositivité, leurs colères aussi.
Entre l’autoportrait en drag de Robert Mapplethorpe et les préservatifs déroulés sur des cornes d’animaux chez Jean-Baptiste Carhaix, entre un spot d’Act up censuré en son temps et l’esthétique Benetton qui, via son magazine Colors spécial sida, afflige Ronald Reagan d’un sarcome de Kaposi, le Closet questionne la notion d’interdit, de tabou, de scandale qui diffère pour chacun : qu’est-ce qui nous dérange le plus dans la photographie de Wim Delvoye, le fait qu’il s’agisse d’un acte sexuel ou que cet acte soit saisi par les rayons X, révélant bien plus que l’anatomie des amants ?

 

Conclusion

Conçue comme un voyage chrono-thématique qui place le visiteur dans un maelström de sensations et de réflexions, l’exposition s’articule en sections qui mettent en évidence les entrelacs qui unissent les énergies mobilisées contre ce qui n’est pas une maladie mais bien un scandale (pour reprendre les mots d’Elisabeth Lebovici). Les œuvres se déploient dans l’espace de l’exposition aux côtés de montages audiovisuels de l’INA, d’objets et d’archives liés à la mémoire du sida. La scénographie, tantôt immersive, tantôt intimiste, propose aux visiteurs un parcours qui fait la part belle à la sensation et rend compte de la diversité des champs de création investis par ce projet qui mise sur la pulsion de vie qui innerve la création. L’exposition s’accompagne, en outre, d’une
« Permanence » qui propose aux visiteurs qui le souhaitent d’échanger avec des représentants du secteur de la santé et de la solidarité, des spécialistes de la prévention, des bénévoles issus d’associations diverses et ce, dans l’enceinte du musée qui fait ainsi valoir son rôle citoyen au sein de la cité.

Informations pratiques

La Permanence
Au sortir de l’exposition, se tient dans la nef du MAMCS un lieu dévolu à la rencontre, à la pause, à l’échange. Plusieurs acteurs et actrices du secteur médico-social ont été convié.es à diffuser de l’information sur le virus, le dépistage, les droits, l’accompagnement des malades et des familles… dans le musée-même.
Lieu d’information, de discussion, de ressources, la Permanence est animée par des associations aux représentations locales et/ou nationales et accueille les visiteurs et visiteuses individuel.le.s ou petits groupes autour d’une thématique (ex. la prévention, le traitement préexposition, vieillir avec le VIH…).

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : en semaine – sauf le lundi – de 10h à 13h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches
de 10h à 18h
Fermé le 1er janvier, Vendredi Saint, 1er Mai, 1er et 11 Novembre et le 25 décembre.
Accueil des groupes : plus d’informations sur le www.musees.strasbourg.eu/groupes-tarifsreservations
Tarif : 7,5 € (réduit : 3,5 €)
Gratuité les 1er, 2 et 3 décembre 2024 à l’occasion de la journée internationale de la Lutte contre le sida

Visite

Mark Rothko, peintre du vertige intérieur

La Fondation Vuitton présente la première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970), jusqu'au 2 avril 2024
Commissaire de l’exposition : Suzanne Pagé
Co-commissaire de l’exposition : Christopher Rothko 
avec François Michaud et Ludovic Delalande, Claudia Buizza, Magdalena Gemra, Cordélia de Brosses

« C’était seulement l’extase ; l’art est extatique ou il n’est rien ».
Telle était la profession de foi de Mark Rothko (1903-1970). 

Mark Rothko, Self Portrait, 1936
Huile sur toile 81,9 x 65,4 cm
Collection de Christopher Rothko
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp, Paris, 2023

Première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970) depuis
celle du musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1999, l’exposition présentée à la Fondation Louis Vuitton à partir du 18 octobre 2023 réunit quelque 115 oeuvres provenant des plus grandes collections institutionnelles et privées internationales, notamment la National Gallery of Art de Washington, la Tate de Londres, la Phillips Collection ainsi que la famille de l’artiste. Se déployant dans la totalité des espaces de la Fondation, selon un parcours chronologique, elle retrace l’ensemble de la carrière de l’artiste depuis ses premières peintures figuratives jusqu’à l’abstraction
lui définit aujourd’hui son oeuvre.

« Je suis devenu peintre car je voulais élever la peinture pour qu’elle soit aussi poignante que la musique et la poésie. »
Mark Rothko

L’exposition s’ouvre sur des scènes intimistes et des paysages urbains – telles les scènes du métro new-yorkais – qui dominent dans les années 1930, avant de céder la place à un répertoire inspiré des mythes antiques et du surréalisme à travers lesquels s’exprime, pendant la guerre, la dimension tragique de la condition humaine.

Mark Rothko, Untitled (The Subway), 1937
Huile sur toile 61 x 91,4 cm
Collection Elie and Sarah Hirschfeld, New York
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko -Adagp, Paris, 2023

Mark Rothko, The Omen of the Eagle, 1942
Huile et crayon sur toile 65,4 x 45,1 cm
National Gallery of Art, Washington DC Gift of the Mark Rothko Foundation, Inc., 1986.43.107 © 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

À partir de 1946, Rothko opère un tournant décisif vers l’abstraction dont la première phase est celle des Multiformes, où des masses chromatiques en suspension tendent à s’équilibrer. Progressivement, leur nombre diminue et l’organisation spatiale de sa peinture évolue rapidement vers ses oeuvres dites « classiques » des années 1950 où se superposent des formes rectangulaires suivant un rythme binaire ou ternaire, caractérisées par des tons jaunes, rouges, ocre, orange, mais aussi bleus, blancs…


Mark Rothko,
No. 21, 1949
Huile et techniques mixtes sur toile
238,8 x 135,6 cm
The Menil Collection, Houston
Acquired in honor of Alice and George Brown
with support from Nancy Wellin and Louisa Sarofim
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

En 1958, Rothko reçoit la commande d’un ensemble de peintures murales destinées au restaurant Four Seasons conçu par Philip Johnson pour le Seagram Building – dont Ludwig Mies van der Rohe dirige la construction à New York. Rothko renonce finalement à livrer la commande et conserve l’intégralité de la série. Onze ans plus tard, en 1969, l’artiste fera don à la Tate de neuf de
ces peintures qui se distinguent des précédentes par leurs teintes d’un rouge profond, constituant une salle exclusivement dédiée à son travail au sein des collections.

Mark Rothko,
Black On Maroon, 1958
Huile sur toile
266,7 x 365,7 cm
Tate, Londres
Presented by the artist through American
Foundation of Arts, 1969
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

Cet ensemble est présenté exceptionnellement dans l’exposition.
En 1960, la Phillips Collection consacre au peintre une salle permanente, la première « Rothko Room », étroitement conçue avec lui, qui est également présentée ici.


Mark Rothko,
The Ochre (Ochre, Red on Red), 1954
Huile sur toile
235,3 x 161,9 cm
The Phillips Collection, Washington DC
Acquired 1960
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

L’année suivante, le MoMA organisera la première rétrospective de son oeuvre qui voyagera dans plusieurs villes européennes (Londres, Bâle, Amsterdam, Bruxelles, Rome, Paris). Au cours des années 1960, il répond à de nouvelles commandes, dont la principale est la chapelle voulue par Jean et Dominique de Menil à Houston, inaugurée en 1971 sous le nom de Rothko Chapel.
Si depuis la fin des années 1950, Rothko privilégie des tonalités plus sombres, des contrastes sourds, l’artiste n’a pourtant jamais complètement abandonné sa palette de couleurs vives, comme en témoignent plusieurs toiles de 1967 et le tout dernier tableau rouge demeuré inachevé dans son atelier. Même la série des Black and Grey de 1969-1970 ne peut mener à une interprétation simpliste
de l’oeuvre associant le gris et le noir à la dépression et au suicide.


Mark Rothko,
Untitled (Black on Gray), 1969
Acrylique sur toile
236,2 x 193,4 cm
Anderson Collection at Stanford University,
Gift of Harry W. and Mary Margaret Anderson,
and Mary Patricia Anderson Pence, 2014.1.023
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

Ces oeuvres sont réunies dans la plus haute salle du bâtiment de Frank Gehry aux côtés des grandes figures d’Alberto Giacometti, créant un environnement proche de ce que Rothko avait imaginé pour répondre à une commande de l’UNESCO restée sans lendemain.


La permanence du questionnement de Rothko, sa volonté d’un dialogue sans mots avec le spectateur, son refus d’être vu comme un « coloriste », autorisent à travers cette exposition une lecture renouvelée de son oeuvre – dans sa vraie pluralité.

Suzanne Pagé, Commissaire de l’exposition

Comment dire ce qui ne peut l’être et pourtant s’éprouve si intensément ? Comment introduire par les mots à une oeuvre qui a porté à son incandescence la picturalité, langage irréductible à tout autre ? Que cherche le visiteur captif de ce qui parle si fort à ses yeux, à son coeur, à tout son être? Que cherche sans répit l’artiste lui-même que de rares photos montrent dans l’atelier scrutant
inlassablement les champs colorés auxquels il a peu à peu réduit ses propres toiles ? Pourquoi, aujourd’hui encore, cette oeuvre nous apparaît-elle si nécessaire dans son urgence intemporelle à évoquer la condition humaine, cette poignancy tapie au plus profond de chacun comme Rothko la veut au
coeur de son oeuvre, récurrente aussi dans ses carnets ?

Biographie

Né Marcus Rotkovitch et ayant quitté à l’âge de dix ans sa Russie natale après un passage par l’école talmudique, l’artiste ne cessera de nourrir sa peinture de lectures et de réflexions sur l’art et la philosophie. Après avoir quitté Yale où il avait bénéficié d’une formation intellectuelle plurielle – des mathématiques à l’économie, la biologie, la physique, la philosophie, la psychologie, les langues…
– et avoir déjà manifesté à travers un journal un engagement social permanent et lié à une volonté constante de transmission. C’est à l’École de la vie qu’il s’éprouve ensuite avant d’être brièvement tenté par le théâtre. Découvrant fortuitement la peinture à l’Art Students League en 1923, il y retournera notamment auprès de Max Weber puis en deviendra membre pour la quitter en 1930.
C’est en 1938 qu’il sera naturalisé, adoptant deux ans plus tard le nom de Mark Rothko.

« à ceux qui pensent que mes peintures sont sereines, j’aimerais dire que j’ai emprisonné la violence la plus
absolue dans chaque centimètre carré de leur surface » Rothko.

Christopher Rothko

extrait …..Aussi justifiée soit sa réputation d’artiste réservé, je pense qu’il y a derrière sa réticence à évoquer sa technique une motivation bien plus forte. À ses yeux, les matériaux, les méthodes et même les titres détournaient le spectateur de l’expérience d’absorption dans l’oeuvre. Il voulait simplement que le visiteur regarde, qu’il soit présent face à l’oeuvre.
Si Rothko était là aujourd’hui, il vous enjoindrait de cesser de lire cet essai, de lire les textes muraux, d’arrêter de vous demander où il achetait ses couleurs, s’il portait ou non ses lunettes pour peindre, ou de vous informer sur l’éclairage dans l’atelier. Regardez la peinture. Regardez dans la peinture.
Mon père ne vous demande pas de vous préoccuper de la façon dont il l’a réalisée, il veut que vous fassiez l’expérience de ce qu’il a lui-même éprouvé en l’exécutant. Il ne veut pas d’un étudiant, ni d’un observateur, il a besoin d’un co-créateur. vidéo
Traduction de l’anglais par Annie Pérez

Conclusion

Pour l’artiste hier comme pour le visiteur aujourd’hui de quel exil cet art serait-il donc le signe ? De quelle quête scellée au plus profond de chacun ?
L’état d’hypersensibilité né à la surface des tableaux et développé par les oeuvres – comme par un excès de beauté – suscite et aiguise simultanément plénitude et incomplétude. En même temps qu’est décuplé un ravissement sensoriel se creuse comme une attente puis viennent des questionnements
de l’ordre de la transcendance dont ces oeuvres autorisent l’accès. Chacun y mettra ses mots, séraphiques ou tragiques. Félicité ou néant lié à la hantise de la condition de mortel, Rothko ne choisit pas. Si les gens veulent des expériences sacrées, ils les trouveront, s’ils veulent des expériences profanes, ils les trouveront.

Cette exposition d’un artiste pour qui la musique était vitale – Mozart, Schubert… – et qui avait la volonté d’élever la peinture au même degré d’intensité que la musique et la poésie, sera l’occasion d’une création
exceptionnelle du compositeur Max Richter inspirée par l’oeuvre de Rothko.

Informations pratiques

Réservations
Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr
Horaires d’ouverture
(hors vacances scolaires)
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h
Vendredi de 11h à 21h
Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h
Samedi et dimanche de 10h à 20h
Fermeture le mardi
Horaires d’ouverture
(vacances scolaires)
Vacances de Pâques : Tous les jours de 10h à 20h
Vacances d’été : lundi, mercredi et jeudi de 11h à
20h – samedi et dimanche de 10h à 20h –
fermeture le mardi
Accès
Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi,
Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Métro : ligne 1, station Les Sablons,
sortie Fondation Louis Vuitton.
Navette de la Fondation : départ toutes les
20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile,
44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service
réservé aux personnes munies d’un billet Fondation
et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en
vente sur
www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord
France culture