The Birthday Party – Le Cosmonaute, 2006
La Fondation Fernet-Branca invite cet été l’artiste Gregory Forstner, tout juste rentré en France après avoir vécu et travaillé dix années à Brooklyn, New York. Exposition jusqu’au 29 septembre 2019.
Une exposition « qui a du chien », dit un de mes amis artiste.
Sommes-nous dans l’univers de George Orwell ? par moment on peut le penser.
En tous cas c’est l’émerveillement devant les dessins au fusain et l’explosion des couleurs expressionnistes de l’univers de Gregory Forstner. C’est l’histoire de l’art revisité. Jérome Bosch, Otto Dix, James Ensor se mêlent dans une sarabande cauchemardesque, où l’ironie le dispute à la cruauté. Les tableaux de Gregory Forstner puisent dans la culture populaire ainsi que dans sa mythologie personnelle. Ses grandes toiles nous toisent et
nous transforment en voyeur (regardeur).
Ses compositions frappent d’emblée par leur impact visuel.
Son univers, où le rire n’est jamais très loin de l’effroi, où se croisent références aux grands maîtres du passé et emprunts à des illustrations en tous genres, dépeint une humanité grotesque, inquiète et cruelle. Pour ce faire, l’artiste use des subterfuges du masque, du déguisement, de la transposition, et les scènes les plus effrayantes prennent souvent des allures de fêtes, de massacres, des apparences de kermesses ou de carnavals. Peintes à larges coups de brosse, avec une fougue qui confine
quelquefois à une sorte de rage destructrice, ces images n’en demeurent pas moins de « beaux morceaux de peinture ». Et c’est en définitive la maîtrise picturale qui impressionne le plus ici, tant par ses fulgurances chromatiques, que par une implacable puissance de la touche.
Tous ces personnages composent une sorte d’encyclopédie, un catalogue de figures ambivalentes dont Gregory Forstner en a fait son bestiaire personnel. Le zoomorphisme est très présent, qui attribue aux hommes des faciès de chiens ou de porcs.
Parmi une cinquantaine d’oeuvres réunies, peintures, estampes et dessins, la Fondation Fernet-Branca présente des pièces inédites issues de collections privées et publiques, jamais montrées ensemble auparavant et permettant de souligner les préoccupations conceptuelles et esthétiques de l’oeuvre de Gregory Forstner.
Le travail de Gregory Forstner se fait tout d’abord remarquer par ses figures de bouffons inspirées de gravures flamandes du XVIIe siècle et les contes d’enfants que l’artiste met en lumière sous un jour nouveau. Dans ses premiers tableaux, il reconsidère les personnages secondaires de peintures
iconiques en mettant l’accent sur leurs singularités. Le style est pictural, rétinal. Les personnages affichent ambivalence et ambiguïté.
Le bouffon, devenu figure de l’artiste, est le seul à oser dire la
vérité aux rois. Entre 2000 et 2006, parallèlement aux bouffons,
Gregory Forstner emprunte des figures emblématiques de la peinture qu’il recadre et à qui il donne de nouveaux rôles, tels que par
exemple Le Gentleman d’après Otto Dix, ou bien Le Cosaque d’après
Ilia Répine.
À partir de 2006, Gregory Forstner compose des mises en scène autour de tables de billard ou de poker, dont les protagonistes sont des figures animalières, personnages comiques de chiens et de bêtes inspirés des
illustrateurs américains Arthur Sarnoff et Cassius Marcellus Coolidge, illustrant une grande variété de postures et de situations humaines et faisant référence aux caricatures journalistiques. Certaines de
ses figures sont habillées en uniformes de soldats de la Wehrmacht et de SS, référence à son histoire familiale.
Gregory Forstner (né en 1975) se définit ainsi :
« je suis Autrichien, Français, Espagnol et né au Cameroun de grands-parents nazis d’un côté, et de l’autre, d’un grand-père qui a participé à la Résistance. »
On ne sort pas indemne d’une telle ascendance (qui, par sa mère, remonte à Xavier de Maistre).
À partir de 2008, Gregory Forstner commence à s’inspirer de son environnement à Bed-Stuy, Brooklyn, New York : son oeuvre se nourrit d’images populaires « pulp » comme d’illustrations du XIXe siècle sur
l’épopée américaine et la mythologie qui l’accompagne. Il s’intéresse aux Minstrels shows et donc à la figure Noire représentée par les Blancs, et fait cohabiter ces nouvelles figures aux caricatures animalières et au principe conceptuel du monde à l’envers. Certains titres de tableaux font
directement référence à la fable La Ferme des animaux de George Orwell.
On ne sera pas étonné de lire que ce beau gosse aux talents multiples,
a été repéré à l’âge de onze ans par Luc Besson pour jouer le rôle d’Enzo Molinari (aka Enzo Maiorca), dans Le Grand Bleu. …
En Autriche, à Vienne sur les traces de ses origines paternelles, il travaille comme modèle vivant pour plusieurs écoles d’art, où il se fait remarquer par Christian Ludwig Attersee qui l’invite à travailler dans son atelier à l’Académie des Arts Appliqués (Hochschule für Angewandte Kunst). L’année suivante, il fait sa rentrée à la Villa Arson, l’école supérieure d’art de à Nice, où il rencontre Noël Dolla .
En 2014, Gregory Forstner est invité à présenter son travail au Collège de France lors du colloque La Fabrique de la Peinture
« L’art est compensatoire. La peinture ne cherche pas à dire quelque chose. Il s’agit d’un moment. Il faut se pincer pour y croire ! Sans déconner, la peinture c’est rien d’autre que de se pincer pour y croire. Il y a l’Histoire et la petite histoire, mais en vérité, il s’agit toujours d’une sensation qui se dérobe pour se renouveler ailleurs et autrement. On se cache derrière les images des autres pour apparaître plus grand. Le reste c’est de la conversation »
Gregory Forstner
Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon
68300 Saint-Louis
Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche
de 13h à 18h
depuis l’incendie de la Pentecôte, Internet fonctionne très mal, et j’ai beaucoup de difficultés pour
écrire, modifier et publier
Partager la publication "Gregory Forstner, Get in, get out. No Fucking around"