L’expressionnisme allemand, dont Emil Nolde (1867-1956),est l’un des représentants majeurs de ce courant, bénéficie d’une belle rétrospective aux galeries nationales du grand palais. C’est un ensemble exceptionnel de 90 peintures et une cinquantaine d’aquarelles, gravures et dessins qui est présenté, sans la grosse foule qui se presse du côté Picasso. C’une occasion unique de voir rassemblés des tableaux provenant du monde entier et illustrant la totalité de l’œuvre.
Formé à la sculpture ornementale, Nolde vient tard à la peinture, comme Matisse. Formé à Munich et à Paris en 1900, il se singularise très vite par une peinture farouche, qui a retenu la leçon de Van Gogh. Les jeunes artistes de Die Brücke lui demandent son soutien : il est de tous les combats pour imposer un art nouveau, jusqu’à son exclusion de la Sécession de Munich en 1909. Partagé entre son enracinement dans la terre du Schleswig, à la frontière du Danemark, et sa fascination pour la métropole, Berlin, entre son goût pour la solitude et le spectacle de la vie sociale, ce fils de paysan à la fois rude et doux, construit une œuvre unique qui suscite bien des incompréhensions. En 1937, mis à l’index par le régime Nazi, il est la « vedette » de l’exposition d’art dit « dégénéré » et frappé d’interdiction de peindre. La reconnaissance internationale ne tarde pas après guerre, et Nolde est consacré de son vivant comme l’un des artistes les plus importants de notre temps.
L’œuvre de Nolde est remarquable par d’extraordinaires accords colorés, un trait sans concession, et une verve narrative inégalée. L’être humain est au centre de ses préoccupations, magistralement restitué dans les doubles portraits, les maternités, les autoportraits, les couples. Les paysages, la montagne enchantée, avec ses têtes de géants, les natures-mortes sont autant de songes colorés, où la contemplation de la vie ordinaire, de la nature, est transfigurée par l’audace de la palette.
Les sujets religieux bouleversent toutes les tentatives faites dans ce domaine à l’époque moderne, il peint dans une sorte de transe, il introduit une sorte de tension érotique, il souligne l’aspect naturelle et subjective de la religion. La vie du Christ en 9 panneaux, à l’image d’un retable du moyen âge, le chef d’œuvre de la peinture religieuse du 20 ° siècle,
la nuit sacrée, Joseph au second plan, Marie mère domine la toile supplantant l’aspect religieux, Jésus parmi les docteurs, les Rois mages, le Christ et Judas, se distingue par une masse de couleurs, aux formes plus floues, plus esquissées, un style plus schématisé, le Christ coiffé d’une étrange bonnet bleu est au centre, Judas l’embrasse sur les lèvres et le trahi ainsi aux pharisiens. Ce panneau a retenu particulièrement mon attention.
La crucifixion, un étonnant perizonium rouge, femmes aux tombeau, l’ascension, l’incrédulité de Thomas.
La mise au tombeau, met en scène l’ensevelissement du corps du Christ enlacé par Marie Madeleine, Joseph d’Arimathie soutenant les jambes du Christ, Nicodème le visage déformé par la douleur, il serre le poignet du mort, le visage de la vierge est caché, des tons de bleu argenté et d’ocre jaune, un cadrage en gros plan créent une forte émotion du spectateur, cette toile est inscrite chez Nolde parmi celles qu’il ne souhaite pas vendre, qu’il dit être le plus beau tableau qui lui a été donné de peindre.
Tour à tour grinçant ou serein, Nolde peint à la fois le théâtre social et l’humanité tout entière. Sa palette, son couteau montre l’influence de Van Gogh, par l’autoportrait en blanc avec un chapeau comme celui de van Gogh, la série de tournesols, le ciel étoilé, mais aussi les couleurs violentes et l’exotisme de Gauguin, dans les aquarelles de Papouasie sur le papier spécial japon. Tous les médiums sont utilisés par Nolde, eaux fortes, aquarelles, huiles, fusain, gravure sur cuivre, sur bois.
Gustav Shiefler, un passionné d’art, mécène, dont le portrait par Nolde est dans l’exposition a été très important pour la connaissance de l’œuvre de Nolde. Un autre portrait de Schmidt Rottluff qui se trouvait dans le sillage du couple Ada et Emil Nolde, mais aussi l’enfant aux cheveux rouge et le grand oiseau sombre, sur un fond de bleu intense, les couchers de soleil, le printemps dans la chambre, aussi impressionniste, qu’expressionniste montrant son épouse Ada. Une exposition d’une peinture de caractère, puissante, riche en couleurs.
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quelques unes de ses aquarelles me désorientent tant sa technique est variée et ses couleurs ont une telle intensité lumineuse