Actuellement dédiée à la Chine, l’accrochage de la collection
de la Fondation Louis Vuitton s’enrichit de deux nouvelles
oeuvres de première importance.
La première, Giant n°3 (Géante n°3), est une sculpture monumentale
de Zhang Huan, artiste décisif dans l’importance prise
par la Chine sur la scène internationale.
A l’image de ses grandes peintures d’encens également présentées à la Fondation, la sculpture Giant n°3 (Géante n°3) de Zhang Huan est le résultat d’une transformation. Ici, ce sont les animaux qui s’agglomèrent pour figurer l’humain ou l’humain qui se pare de fourrures pour se protéger. La métamorphose de cette immense maternité est suspendue, tout comme l’identité de cette géante.
Chaman vêtu de peaux de bête ou clocharde vêtue de haillons rapiécés, elle est la représentation d’un être entre deux mondes. Le personnage qui la surmonte renforce encore son étrangeté.
Niché au creux de sa tête, il est un autoportrait de Zhang Huan lui-même,
une référence directe à l’une de ses performances.
En 2005, à Rome, l’artiste était monté à l’assaut d’un autre colosse, le Marforio.
La représentation du dieu Océan est une des “statues parlantes” de Rome,
celles où la population de la ville portait ses revendications.
Imprégné de philosophie bouddhique, Zhang Huan explore
des thèmes relatifs aux relations corps-esprit et aux cycles de la vie.
Dès 1993, il se fait connaître par des performances provocantes
engageant directement son corps. Il poursuit ses actions au cours
de son séjour à New York de 1998 à 2005.
Son retour en Chine marque un tournant. Devenu bouddhiste,
il réalise à partir de 2006 à l’aide d’une centaine d’assistants
des peintures et sculptures en cendres d’encens collectées
dans les temples, empruntant tant à l’iconographie religieuse
qu’à l’histoire récente de la Chine.
Zhang Huan est né en 1965 à Anyang (Chine), il vit et travaille à Shangaï et New York.
La seconde est le cycle complet des Seven intellectuals in a bamboo forest
(Sept intellectuels dans la forêt de bambous) de Yang Fudong.
Remarqués en 2007 lors la Biennale de Venise, les cinq films qui le composent sont ici diffusés simultanément. Rare, cette configuration se déploie dans un parcours pensé avec l’artiste.
La série des Seven intellectuals in a Bamboo forest (Sept intellectuels dans la forêt de bambous) de Yang Fudong est une suite de cinq films réalisés entre 2003 et 2007. Ici présenté sous la forme d’une installation en accord avec l’artiste, le cycle dépeint les aspirations et doutes de l’artiste et de ses proches.
De par son titre, l’oeuvre se réfère à une légende relative aux sept lettrés, philosophes, poètes, musiciens et écrivains qui au IIIe siècle avant J-C ont choisi de s’éloigner des tumultes de l’époque des royaumes combattants. Ils voulaient réfléchir et vivre librement. Aussi, si ces films s’apparentent à des rêveries, c’est l’anxiété de sa génération arrivée à maturité au seuil du XXIe siècle dont traite Yang Fudong.
Le long d’une saga de près de cinq heures, Yang Fudong réagit à la croissance des mégalopoles chinoises, aux désastres provoqués par les cycles d’industrialisation et de crise, à la mondialisation. Mais ses réponses sont indirectes.
Il ouvre son cycle sur le paysage intemporel de la Montagne jaune.
S’en suit un huis-clos sentimental en ville puis la violence d’une campagne d’un autre temps.
Le quatrième épisode est particulièrement envoutant par ses scènes
en bord de mer. Quant au dernier film, il multiplie les registres et lieux d’action,
des épisodes de vagabondage dans des paysages ruinés,
l’oisiveté d’une jeunesse dorée ou encore des chorégraphies.
Les sites et décors de l’artiste ne sont néanmoins pas les seuls exils de ses personnages. C’est en adoptant une intemporalité stylistique produite par des costumes, des décors et un traitement vintage – un noir et blanc qui cite aussi bien le cinéma glamour des années 1930 que la photographie d’Antonioni des années 1960 – que Yang Fudong parle avec détour de son époque.
La cohabitation des cinq films dans un labyrinthe plonge le spectateur dans un récit éclaté, symptomatique des nouvelles formes de cinéma inventées par Yang Fudong à partir du début des années 2000.
Figure majeure de l’art contemporain et du cinéma d’auteur chinois, Yang Fudong tire son vocabulaire d’une culture large où se mêlent la tradition orientale du paysage et le cinéma. Ses fictions intemporelles plongent le visiteur dans une atmosphère onirique et nostalgique. S’y expriment les errances et les questionnements d’une génération partagée entre modernité et tradition dans une Chine en constante évolution.
Yang Fudong est né en 1917 à Pékin, il vit et travaille à Shangaï.
Le niveau 5, galerie 4 accueille une installation immense d‘Isaac Julien, un hommage à la culture chinoise.
Regroupant les travaux de douze artistes – Ai Weiwei, Huang Yong Ping, Zhang Huan, Yan Pei-Ming, Xu Zhen, Yang Fudong, Cao Fei, Zhang Xiaogang, Tao Hui, Zhou Tao et Isaac Julien – figurant dans la collection de la Fondation Louis Vuitton, “un choix d’oeuvres chinoises” est présentée jusqu’au 29 août 2016.
La visite se termine par la grotte d’Olafür Eliasson (vidéo ici)
Horaires d’ouverture (hors vacances scolaires) :
Les lundis, mercredis et jeudis de 11h à 20 h, nocturne le vendredi jusqu’à 23 h. Le samedi et le dimanche de 10 h à 20 h. Fermeture le mardi.
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