A l’Espace d’Art Contemporain André Malraux
jusqu’au 23 mars 2014
« Contente – toi de savoir que tout est mystère » d’Omar Khayyam cité par Marianna Chelkova, adjointe à la culture de la ville de Colmar.
Naji Kamouche vit et travaille à Mulhouse. De sculptures en installations, son oeuvre s’attache à traduire une expérience du quotidien, quand les pensées intérieures se frottent au monde tel qu’il est. Très impliquée dans l’interrogation et la définition des territoires, elle traduit des états d’être, des états intimistes, qui interrogent la conscience de soi et la mémoire, mémoire individuelle autant que mémoire collective d’individus qui à la fois partagent et protègent leurs cultures. Les objets que rassemble Naji Kamouche pour ses oeuvres sont dotés d’une charge puissante, souvent symbolique, qui les rend porteuses d’une émotion forte, à même de prendre à parti ceux qui les regardent.
« Mes pièces naissent de l’expérience au quotidien. Elles ne sont pas le support d’un vécu comme objets de substitution, mais une possible traduction intimiste d’état d’être. Elles sont l’aboutissement d’une trame mentale, chargée de sens émotionnel, pareille à une décharge électrique. Les objets choisis ou constuits, utilisés dans mon travail, ne sont pas laissés (ou liés) au hasard, mais empruntés et resitués pour la charge ou la force qu’ils véhiculent. Dans cette utilisation ou manipulation, il y a toute une préoccupation liée au statut de l’objet, le statut de l’oeuvre et celui de l’artiste. Dans notre société de consommation, l’objet a su s’imposer et prendre une place essentielle. Il sert d’intermédiaire entre les individus ; il est à la fois une retraduction du langage et l’élément qui réintérroge l’individu face à lui-même et face aux autres. C’est dans cet espace de réflexion que mon travail plastique prend source. Il est pour moi le moyen de jeter un pont entre l’art et le vivant plutôt que d’en accentuer la rupture. Les rapports entre le corps et l’esprit sont le prolongement de mes préoccupations. Ce corps qui se veut de plus en plus libéré reste en fait prisonnier d’une société qui cherche à masquer, occulter, les réalités telles que la souffrance, la maladie, la mort. » Naji KAMOUCHE
Le JE ludique et évocateur, est un travail sur l’homme, à travers le détournement d’objets, de matériaux du quotidien, dans sa capacité a créé le pire, comme le meilleur, dans ses antagonismes, sa violence, c’est un travail sur l’humain.Dans un cartel on peut lire
« l’homme qui dort, l’homme qui prie, l’homme qui tue », mais aussi il décline tout ce qui fait l’homme, sur un grand mur blanc, l’amour, le doute, les pleurs, la dénonciation, les coups.
Dans la cour, une sculpture « mes pas à faire » montre vers quoi tend l’artiste. Nadji est toujours habité par ses démons, ses peurs, ses angoisses. Les armes, la guerre, les douilles, sont récurrents dans ses œuvres. Au premier coup d’œil on est attiré par les maisons blanches comme des legos, mais elles gisent sur des douilles colorées,
« L’Odeur des Mots »
A l’étage du centre Malraux, ce sont carrément des fusils, fait de néon, au bas desquels, il y a un amoncellement de douilles, qui débordent d’un bac, ailleurs
« Quand les mots fondent » un ensemble compact de douilles sur un socle.
Les dessins faits à partir de jus de citron et de brûleur à gaz, nous montrent toute l’horreur de la guerre, notamment , cet homme tenant son enfant d’un côté, le fusil de l’autre, au premier coup d’œil, on imagine une maternité. « Transpercer l’impensable »
Il montre aussi la société de consommation avec ses déviances « made in China »
Sa révolte, son combat est partout, mais surtout dans sa grande installation
« A bas les cieux » qui trouve merveilleusement sa place dans ce bel espace qu’est le centre d’art Malraux, faite de tapis, un punching ball et des gants de boxes, en pluie depuis les cimaises, descendant vers un assemblage de 4 tapis. Dans le tapis oriental, les bordures représentent l’espace terrestre et l’intérieur l’espace divin.
« Toucher sans frapper » à l’étage, mais aussi l’affiche de l’exposition est symbolique de son travail, nous toucher dans notre moi profond, sans être violent physiquement, reconnaissant et constatant les « sentiments croisés »
La très belle sculpture en marbre blanc dans la mezzanine » Tirage éternel » résume l’idée maîtresse, de l’artiste, dans un esprit de tolérance mettre les 3 religions monothéistes sur le même plan.
C’est un artiste engagé qui nous interpelle, ne nous laisse pas indifférent, par le détournement des objets et qui nous met face à nos propres questionnements et nos souvenirs.
Né en 1968, diplômé de l’École Supérieure d’Art le Quai à Mulhouse en 1993 (DNSEP expression plastique) Vit et travaille à Mulhouse
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2011 • L’homme qui dort, l’homme qui prie, l’homme qui tue, Galerie Perpetuel, Francfort, Allemagne. 2010 • L’homme qui dort, l’homme qui prie, l’homme qui tue, School Gallery, Paris, France. 2009 • A bas les cieux, Galerie Perpetuel, Francfort, Allemagne. 2008 • Liberté toujours, exposition inaugurale de la School Gallery, Paris, France. Achat réalisé par le Frac Alsace, Sélestat, France. 2006 • Musée des Beaux-arts, Mulhouse, France. Commissariat Philippe Cyroulnik. 2004 • Centre d’arts plastiques, Saint-Fons, France. 2003 • Galerie Guy Chatiliez, Tourcoing, France.
Il participe aussi à des EXPOSITIONS COLLECTIVES
aux ÉDITIONS • Soloshow « Liberté toujours », coffret de 6 sérigraphies originales réalisées par l’Atelier Eric Seydoux à Paris. Accompagné d’un texte de Pierre GIQUEL. 125 exemplaires numérotés et signés par l’artiste. Édition réalisée par School Gallery, Paris, janvier 2008
Des CATALOGUES D’EXPOSITIONS sont édités.
l’Espace d’Art Contemporain André Malraux 4 rue Rapp 68000 COLMAR 03 89 20 67 59 adm. 03 89 24 28 73 du mardi au samedi de 14h à 19h, le dimanche de 14h à 18h.
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