Sommaire du mois de septembre 2018

l’Oiseau de Brancusi à la Fondation Beyeler

02 octobre 2018 : Miro au Grand Palais de Paris
05 octobre 2018 :  Mon Nord est Ton Sud
19 octobre 2018 : Füssli, Drame et Théâtre
23 octobre 2018 : « Joana Vasconcelos, I Want to Break Free », au MAMCS
26 octobre 2018 : Namibie l’art d’une jeune génération au musée Würth
29 octobre 2018 : Radiophonic Spaces au Musée Tinguely
30 octobre 2018 : Mathieu Pernot à la Filature de Mulhouse

Mathieu Pernot à la Filature de Mulhouse

« les Gorgan », 1995-2015 jusqu’au 14 novembre à la Filature
de Mulhouse
podcast sur France culture

Les Gorgan relate l’expérience du photographe Mathieu Pernot
avec une famille rom. Croisant ses photographies avec celles réalisées
par la famille, l’auteur établit la singularité du destin de chaque
individu au-delà de l’appartenance communautaire.
À La Filature, Mathieu Pernot présente, sur 7 murs distincts,
les images de Johny et Ninaï (les parents) mais aussi de Rocky,
Giovanni, Priscilla, Ana et Doston (5 de leurs 8 enfants).
Il doit certes avoir plus que de l’empathie pour eux, au point
d’être le parrain d’Ana et d’assister, lui le gadjo,  discrètement
à l’accouchement d’un enfant de Ninaï et de veiller Johny mort.
Créer un récit familial et individuel

photo Filature de Mulhouse

« J’ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes
études à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.
Les parents, Johny et Ninaï, vivaient alors en caravane avec leurs
sept enfants, sur un terrain situé entre la gare de fret et le Rhône.
Je ne savais rien de cette communauté et ignorais alors que
cette famille rom était installée en France depuis plus d’un siècle.
J’ai réalisé mes premières images en noir et blanc, m’inscrivant
dans une tradition documentaire face à ceux qui m’étaient encore
étrangers. Je maintenais une distance et essayais de comprendre
ce que ce médium pouvait encore nous apprendre d’eux.

La découverte des quelques archives qu’ils possédaient puis
les prises de vue réalisées dans le Photomaton de la gare
avec les enfants m’ont rapidement fait comprendre que la
diversité des formes et des points de vue était nécessaire
pour rendre compte de la densité de la vie qui s’offrait à mon regard.
Mon déménagement à Paris en 2001 m’a éloigné des Gorgan
pendant plusieurs années. C’est en 2013, plus de dix ans après
avoir réalisé ces photographies, que nous nous sommes retrouvés,
comme si l’on s’était quitté la veille. L’évidence que cette histoire
devait continuer le plus longtemps possible m’est immédiatement
apparue. Ils m’ont alors confié leurs images de ces années
passées sans se voir.

Vingt ans après cette rencontre fondatrice, le temps a fait son
oeuvre sur les corps et les visages des Gorgan.
Un temps différent de celui de notre monde gadjé.
Johny et Ninaï sont désormais grands-parents et les caravanes
ont quelquefois été délaissées pour des appartements jugés
plus confortables.
J’ai vécu en leur compagnie une expérience qui dépasse
celle de la photographie. À leur côté, j’ai assisté, pour la première
fois, à la naissance d’un enfant ; j’ai aussi veillé le corps de
celui que j’avais vu grandir : Rocky, mort brutalement à l’âge de
30 ans.
L’exposition reconstitue les destins individuels des membres
de cette famille. Elle retrace l’histoire que nous avons construite
ensemble. Face à face. Et désormais, côte à côte. »
MATHIEU PERNOT

Johny est né en 1964. Passionné par les voitures, il ne s’est jamais
séparé de sa BMW, malgré le retrait de son permis.
Il m’est souvent arrivé de le conduire avec sa famille dans ma
Ford Fiesta, pour les emmener au foyer dans lequel leur fille Ana
a été placée quelques temps ou au cimetière, dans lequel est
enterrée une partie de leurs proches. En 2001, il est incarcéré
quelques mois dans la maison d’arrêt d’Avignon.
À son retour au foyer, il est chaleureusement fêté.
Aujourd’hui fragilisé par des problèmes de santé, il ne s’éloigne
plus guère du terrain.

Ninaï s’est mariée avec Johny en 1982, à l’âge de 17 ans.
Elle accouche de son premier fils Rocky, l’année suivante.
Sept autres enfants naissent après lui, dont Ana, qui voit le
jour à l’hôpital d’Avignon le 1er octobre 1996.
Son quotidien ressemble à celui des femmes de sa
communauté : lignes de la main, courses et préparation des repas.
Elle a aujourd’hui vingt-deux petits-enfants et continue d’aller,
aussi souvent qu’elle le peut, au cimetière des neuf Collines
pour se recueillir sur la tombe de Rocky.

Rocky est l’ainé de la fratrie. Il avait 12 ans lorsque nous avons
fait connaissance. Deux ans après cette rencontre, je l’accompagne
à l’hôpital d’Avignon pour une courte hospitalisation.
Quelques années plus tard, il se marie avec Claire Vidale,
une gadjie qui a grandi dans le sud de la France.
Ensemble, ils ont quatre enfants, élevés dans un logement
social du quartier du Trébon, à Arles.
Après le décès de son mari, Claire est repartie à Sète avec ses enfants.

Giovanni vit avec Cathy Reyes, membre de la communauté
gitane d’origine espagnole. Ils vivent dans le lotissement des
platanes de Barriol construit pour reloger les familles qui
vivaient en bidonville. Il a avec elle cinq enfants, dont il s’est
fait tatouer les prénoms sur l’épaule. Lorsqu’il avait une dizaine
d’années, il allait souvent jouer dans la gare de transports
de marchandises, située juste à côté du terrain occupé par
la caravane.
Priscilla est l’ainée des trois soeurs. Elle est aussi la plus timide
d’entre elles et enfant, elle se cachait souvent le visage quand
je voulais la photographier. Elle vit avec Hervé et a fait le choix
de revenir à la caravane après avoir logé pendant quelques
années dans un appartement. C’est enceinte de son cinquième
enfant que je la photographie au cours de l’été 2016.

Ana est ma filleule. Je l’ai surtout photographiée bébé en train
de dormir et faisant ses premiers pas. Elle est venue me voir à
deux reprises à Paris au cours des dix années où je me suis
éloigné d’Arles. Sa personnalité n’a d’égal que sa force physique.
Elle vit maintenant avec un Rom bosniaque, dans une caravane
située sur le terrain de la famille. Avec son compagnon, elle voyage
de temps à autre en Europe et rêve de vivre à l’étranger.
Doston est le cadet de la famille. Il est né en 2007 et vit encore
avec Johny et Ninaï dans la caravane. Son enfance ressemble
trait pour trait à celle de ses aînés, tout comme son énergie,
dont je tente de capter la source depuis plus de vingt ans.
« LES GORGAN » Éditions Xavier Barral, 2017
relié, 24 x 31 cm, 232 pages, environ 300 photographies et documents
textes de Mathieu Pernot, Clément Chéroux, Johanne Lindskog
Dans l’esprit d’un album photographique, cette monographie
marque l’aboutissement de ce travail retraçant 20 ans
d’histoire de cette famille et témoigne ainsi de la complexité
de la culture tsigane à travers ce récit à plusieurs voix.
Au fil des pages, se mêlent différents types de photographies
du polaroïd au cliché N&B pris au Rolleiflex, des instantanés aux
portraits posés, de joyeuses réunions aux moments plus
douloureux liés à l’incarcération, à la mort qui sont livrés à nous
sans filtre, tels qu’ils sont vécus.
Prises par Mathieu Pernot ou les Gorgan eux-mêmes, ces
photographies forment un ensemble sans hiérarchie aucune,
ni distinction entre leurs auteurs, comme le souhaitait le
photographe. Les Gorgan ne sont plus seulement sujets d’étude
mais de véritables acteurs impliqués à la fois dans la réalisation
des images et le choix du contenu.
L’essai de Clément Chéroux recontextualise cet ensemble dans
l’histoire de la photographie et des albums de famille.
Celui de Johanne Lindskog examine quant à lui la démarche
à la fois artistique et ethnographique du photographe.
plus d’infos sur le site des Éditions Xavier Barral
« Photomatons », 1995-19970

Ces photomatons proviennent de l’archive familiale de
Bietschika Gorgan, père de Johny et ancien patriarche de la
famille. Réalisées entre 1950 et 1995, ces images montrent
la transformation de l’esthétique de la photographie d’identité
(noir et blanc, présence du rideau, fond coloré) dans le temps
et la réappropriation que pouvaient en faire les membres
d’une famille pour constituer une archive d’identité familiale.

« Les hurleurs », 2001-2004
Des individus à la pose théâtrale, tous cadrés à mi-corps, sont
photographiés alors qu’ils hurlent dans des décors urbains.
Les images ont pour hors champ des prisons du Sud de la
France et de Barcelone. Leurs protagonistes sont des proches
des détenus avec lesquels ils tentent de communiquer par-delà
les murs d’enceinte. La tension des corps manifeste la contrainte
invisible de la détention et la difficulté à communiquer qu’elle
implique. Nouvelle variation à partir du genre traditionnel
du portrait, la série forme un contrepoint aux espaces vides
photographiés par Mathieu Pernot à l’intérieur des prisons.

« Le feu », 2013
Les membres de la famille Gorgan sont photographiés à la
tombée de la nuit, éclairés par la lumière d’un feu autour
duquel ils se tiennent. Absorbés dans leurs pensées, silencieux,
ils ont les yeux baissés, comme s’ils ne voulaient pas voir ce
qui se trouve devant eux. En contrechamp de ces photographies,
une caravane leur ayant appartenu se consume dans les flammes
d’un incendie. Comme des photogrammes extraits d’un film,
les images laissent le spectateur tenter seul de comprendre
le sens de ce qui lui est montré.
MATHIEU PERNOT
Né en 1970 à Fréjus, Mathieu Pernot vit et travaille à Paris.
www.mathieupernot.com
Après des études d’histoire de l’art à la faculté de Grenoble,
Mathieu Pernot entre à l’École nationale de la photographie
d’Arles, d’où il sort diplômé en 1996.
Son travail s’inscrit dans la tradition d’un art politique
nourri d’histoire et de sociologie. L’artiste procède par séries
qui sont autant de points de vue analytiques et successifs sur
les grandes questions politiques et sociales de l’identité et de la
mémoire, de l’aliénation et du progrès. Au cours des années 2000,
il développe différents projets consacrés à l’enfermement,
à l’urbanisme et à la question migratoire. Son travail réalisé
avec Philippe Artières sur les archives de l’hôpital psychiatrique
du Bon Sauveur a été récompensé par le prix Nadar en 2013.
Il a obtenu le prix Niépce en 2014, l’année où le Jeu de Paume lui
a consacré une exposition, La traversée, retraçant vingt ans de
photographies.
L’exposition Les Gorgan, qui a fait l’objet d’une publication
avec Xavier Barral, est présentée en 2017 aux
Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles,
puis du 13 mars au 26 août 2018 au
Musée national de l’histoire de l’immigration.
Mathieu Pernot est représenté par la galerie Éric Dupont, à Paris.
Rencontres
rencontre « apéro photo »
mercredi 7 nov. 19h15 (entrée libre, réservation conseillée
T 03 89 36 28 28)
Observation et réflexion autour d’une photographie le temps
d’un apéritif, avant un spectacle.
conférence par Ilsen About* et Mathieu Pernot
« Une traversée photographique, regards sur les
mondes romani »

mercredi 14 nov. 18h30 (entrée libre)
La fabrique des stéréotypes montre le rôle central de la
photographie dans la construction d’une identité tsigane
présentée depuis toujours comme différente et étrangère.
Mais au-delà de l’exposé des clichés, le fil des images compose
des récits inédits qui imposent et révèlent, à travers la
photographie, une autre présence sociale et historique.
* historien, chargé de recherche au CNRS / Centre Georg Simmel,
École des Hautes Études en Sciences Sociales
LA GALERIE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE – MULHOUSE

Radiophonic Spaces au Musée Tinguely

Jusqu’au 27 janvier 2019 au musée Tinguely de Bâle

Exposition en coopération avec l’Université du Bauhaus de Weimar,
la Haus der Kulturen der Welt et l’Université de Bâle.

Le Musée Tinguely propose d’explorer 100 ans d’art radiophonique
sous un angle historique et actuel, connu et inconnu grâce à une
expérience unique au sein d’un PARCOURS SONORE.

Tels des aiguilles de recherche de fréquence radio, les visiteur.euse.s,
munis de casques et de smartphones programmés à cet effet,
se déplacent dans l’espace muséal et activent des œuvres en
fonction de leurs mouvements.

Parmi celles-ci, citons notamment celles d’Antonin Artaud,
John Cage et László Moholy-Nagy, mais aussi de
Michaela Mélian, Milo Rau et Natascha Sadr Haghighian.
L’installation a été conçue par l’artiste, architecte et musicien

Cevdet Erek et réalisée par Meso Digital Interiors.
Une interaction entre le son et l’espace mêlant ingéniosité
technique et recherche esthétique invite le visiteur du musée
à plonger dans le monde de la radio.
Dans le même temps, 14 SEMAINES THÉMATIQUES
exploreront le thème de la radio sous différents aspects.

Le public aura la possibilité de contribuer activement à la
découverte et à l’expérimentation de ce médium fascinant.
Depuis près d’un siècle d’existence de la radio, des musiciens, compositeurs,
écrivains, philosophes et artistes plasticiens (et d’autres, nombreux, qui
n’appartiennent a aucune catégorie classique) s’intéressent a la radio comme
medium. Comment produire une émission, l’enregistrer, la diffuser, la capter et
la sauvegarder ? Les bruits de grésillement entre les stations ainsi que le silence
lorsque l’émetteur est muet constituent autant de mystères.
Des travaux de recherche en acoustique consacrés a l’étude du support de
données (le disque vinyle) et de l’environnement de production
(le studio électronique) ont contribué à augmenter la visibilité et la
considération pour ce medium. De l’invention de la radio jusqu’à
aujourd’hui, des producteurs de radio et des artistes interrogent
les formats et les possibilités de diffusion.
Pour la première fois, l’exposition≪ Radiophonic Spaces ≫ réunit
plus de 200 pièces radiophoniques du monde entier, afin de rendre
visible et audible le profond intérêt des artistes de tous horizons pour ce
medium. Des émissions inoubliables cachées au fond d’archives reprennent
vie ; elles illustrent l’histoire d’un medium qui relate également les cent
années de son existence grâce a son ancrage dans l’actualité. Il est
également question des grandes catastrophes du siècle dernier ainsi que
des avancées techniques et sociales de l’époque – jusqu’aux approches
actuelles, comme par exemple la
Documenta Radio (2017).
PARCOURS SONORE
Cette expérience radiophonique s’apparente a celle, réelle, de la radio
FM a très haute fréquence – il s’agit de rechercher parmi des stations
jusqu’à ce qu’une voix, un morceau de musique ou une phrase musicale
invite l’auditeur a s’attarder, a poursuivre son écoute ou au
moins à enregistrer la fréquence de l’émetteur afin de pouvoir retrouver
ultérieurement la station et la voix.
La variété de sons est déroutante, spectaculaire, voire étourdissante, mais
elle reflète l’offre immense proposée par la radio et la possibilité d’une
écoute immédiate.
Des chercheurs en radio ont assemble ces émissions sous forme de
narrations ≫ et de compositions qui partagent un contenu
ou une esthétique acoustique semblable. Elles s’intitulent Histoires
de Disques, Silence Radio, Porte vers l’Inconscient ou encore
Expanded
Radio et réunissent des émissions qui s’intéressent aux studios
électroniques ou proviennent de ceux-ci, et d’autres, comme Ecce Homo,
centrées sur l’homme.
Elles interrogent les Règles Formelles a la radio ou la Radio Mobile
qui permet l’écoute indépendamment d’un lieu et qui a fait de la radio
– au plus tard avec l’invention du transistor – un medium portable
pour des générations entières.
RadioTinguely
≪ RadioTinguely ≫ rend compte des activités du musée a travers
des émissions radio. Celles-ci seront archivées dans des podcasts
disponibles sur le site internet www.tinguely.ch/radiotinguely

Chaque dimanche a 17h : émission radio en direct consacrée
au thème
hebdomadaire, animée par Roger Ehret, à écouter
sur www.tinguely.ch/radiotinguely.

SEMAINES THÉMATIQUES

Pendant les quatorze semaines de l’exposition, quatorze unités
de
programme mettront en lumière les dimensions multiples
de la radio.

Des offres pratiques, comme la fabrication d’un transistor
(souder une radio, 18.12. – 23.12.2018) ou recevoir des ondes courtes
du monde entier (30.10. – 04.11.2018), enchaineront avec des ateliers
de pièces radiophoniques et la présentation de pièces en direct.
Des balades sonores et ≪ audiowalks ≫ s’intéresseront
spécifiquement à la dimension du son dans notre environnement ;
de même seront étudiées
la notion de ≪ Natural Radio ≫ – la radio sans appareil –
et la question de l’avenir du support ou de sa representation dans les
films (23.10. – 28.10.2018). Grace aux stations de radio qui émettront en
direct du musée, la pratique artisanale de la fabrication d’une radio
pourra être suivie de très près.
Plus de détails sur chaque semaine thématique se trouvent sur :
www.tinguely.ch
Depuis la gare SBB tram n°2 jusqu’à WettsteinPlatz
puis bus n°31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum

Namibie l’art d’une jeune génération au musée Würth

Jusqu’au 26 mai 2019 au musée Würth d’Erstein

Cette exposition est née de la volonté de Reinhold Würth,
Depuis des décennies, il retourne régulièrement en Namibie
avec sa famille, séduit par le paysage, ses habitants, ses
coutumes. Il veut mettre en lumière la création de la jeune
génération namibienne.

Paul Kiddo

Beaucoup de ces créateurs sont autodidactes, quelques-uns
sont très certainement influencés par l’histoire de l’art
européenne des trente à cinquante dernières années,
mais tous font preuve d’une certaine indépendance.
Ute Roswitha Remmer

La formidable abondance de visions artistiques reflète la tradition
et la culture très variées des différentes tribus et la diversité
des ethnies et représente sans aucun doute un exemple de
la façon dont une jeune nation, en faisant preuve d’intelligence,
permet à toute la richesse des identités humaines, au-delà
de la couleur de peau, des religions et des traditions, de coexister
dans la paix, le respect mutuel, la tolé­rance et la raison pragmatique.
David Linu

Namibia. L’art d’une jeune géNérATION (collection Würth et prêts)
propose de découvrir les œuvres d’une quarantaine d’artistes
contemporains qui vivent et travaillent en Namibie.
L’exposition, rassemblant 150 œuvres, dresse le portrait d’une
scène artistique féconde et créative, celle d’une jeune nation
profondément marquée par son indépendance en 1990.
Tuaovisiua Katuuo

La notion de jeune géNérATION évoque l’existence de deux
ensembles d’artistes : une génération née peu avant l’indépendance,
partageant une appartenance historique, sociale et politique
commune et une génération plus ancienne d’artistes ayant vécu
sous l’occupation sud-africaine et l’apartheid, qui explore
aujourd’hui les profondes mutations de leur nation émergente.
Nicolas Brandt

Entre ces deux ensembles se trouve une génération dite
« intermédiaire », essentielle à l’équilibre nouveau de deux époques
discordantes et jouant le rôle de vecteur entre la période pré
et post-indépendance.
Barbara Böhlke

L’exposition fait dialoguer ces générations au travers de grandes
thématiques comme le paysage namibien
(Barbara Böhlke, Nicky Marais)
ou la spiritualité (Ndasuunje Papa Shikongeni, Lukas Amakali).
Si plusieurs artistes posent leur regard sur le passé
(Margaret Courtney-Clarke, Nicola Brandt) et s’efforcent de représenter
les derniers vestiges d’une identité menacée, l’indépendance du pays
a également fait émerger de nouvelles problématiques comme
la surconsommation
Margaret Courtney Clarke

(Fillipus Sheehama, Ismael Shivute), les inégalités sociales
(Elvis Garoeb, Ilovu Homateni) ou encore la communication
(Alpheus Mvula, Urte R. Remmert).
Partagés entre le souvenir de leur héritage culturel et l’actuelle réalité
sociale, politique et économique, les artistes contemporains namibiens
offrent une vision singulière de leur pays.
Gisela Farrel

Diverses techniques figurent dans l’exposition : le dessin, la peinture,
la photographie, mais aussi des formes d’expressions plus
artisanales comme le matelassage ou plus actuelles telles que le
recyclage. À noter également un intérêt particulier pour les techniques
de reproduction comme la linogravure et la flexographie, ainsi que la
présence d’œuvres plus conséquentes en trois dimensions utilisant la
pierre, le sable, le fer, le bois ou la cire. Une variété de techniques
qui traverse les générations, reflétant une création namibienne riche
et prolifique.
L’exposition Namibia. L’art d’une jeune géNérATION du
Musée Würth propose une approche de la Namibie, à mi-chemin
entre conventions traditionnelles et explorations contemporaines.
LES ARTISTES EXPOSÉS
Elago Akwaake Lukas Amakali Petrus Amuthenu Barbara Böhlke
Nicola Brandt Margaret Courtney-Clarke Linda Esbach Gisela Farrel
Elvis Garoeb Tafadzwa Mitchell Gatsi Beate Hamalwa Martha Haufiku
Ilovu Homateni Saima Iita John Kalunda Lok Kandjengo Filemon Kapolo
Isabel Katjavivi Tuaovisiua Katuuo Paul Kiddo David Linus Nicky Marais
Kim Modise John Muafangejo Othilia Mungoba Alpheus Mvula
Peter Mwahalukange Frans Nambinga Francois de Necker Saara Nekomba
Urte R. Remmert Fillipus Sheehama Findano Shikonda
Ndasuunje (Papa) Shikongeni Ismael Shivute Elia Shiwoohamba
Tity Kalala Tshilumba Salinde Willem
Raymond E. Waydelich
Diverses activités sont proposées par le musée Würth ici
ainsi que des concerts de piano  (programme)
Horaires
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 17h
et le dimanche de 10h à 18h

Visites guidées
En français (gratuit), le dimanche à 14h30
+
billet d’entrée individuel
Catalogue bilingue français allemand

« Joana Vasconcelos, I Want to Break Free », au MAMCS

Jusqu’au 17 février 2019 au Musée d’art moderne et
contemporain de Strasbourg – MAMCS

Joana Vasconcelos, photo MAMCS

On dit souvent que les oeuvres des artistes, sont leur portrait,
ici c’est plus vrai que jamais. Elle est généreuse, exubérante, féminine
rock and  roll et féministe, elle le revendique, en paroles et en actes.
Elle donne leur place aux minorités non visibles. Elle pétille de bonne
humeur et clame la liberté et l’indépendance de penser, créer et agir.
.Agencée à la façon dʼun appartement, avec corniches,
moquettes et couloirs, la salle dʼexposition du MAMCS se
transforme, le temps de lʼexposition
« Joana Vasconcelos, I Want to Break Free », en
demeure extravagante où les objets se voient dotés de
pouvoirs extraordinaires.

Ce « home sweet home » propose un parcours qui inclut à
la fois des oeuvres « iconiques » de lʼartiste portugaise
(Cinderella, Coeur Indépendant) marquées par lʼesthétique
glamour qui a fait sa renommée, ainsi que des pièces beaucoup
plus tendues (Menu du jour, Esposas) attestant dʼune capacité
de réinvention constante.

Toutes ont en commun dʼoffrir au visiteur la possibilité de regarder
le quotidien autrement et, ce faisant, de le transcender, tant
chacune dʼelle nous plonge dans un monde alternatif, quʼil soit
dérangeant, ludique ou enchanté. Joana Vasconcelos part de
lʼordinaire – lʼobjet de tous les jours, quʼil sʼagisse dʼun lavabo,
dʼune fourchette en plastique ou dʼun séchoir à linge – pour
nous entraîner dans un récit fantasque qui ne laisse aucune
place à la fadeur.
Avec Joana Vasconcelos, les douches se changent en ouvrages
de passementerie baroques brodés de perles, tandis que le
dressing de Monsieur sʼanime grâce à des ventilateurs ou
encore quʼun amas de cheveux prend lʼaspect dʼune créature
fantastique, méduse aux bigoudis ou Chewbacca1 chez
lʼesthéticienne.
Joana Vasconcelos est une artiste féministe, qui manie
lʼhumour et la fantaisie tout autant quʼelle développe une
oeuvre au contenu politique, éminemment ancrée dans
la société dʼaujourdʼhui.

La question de la domesticité est au coeur de ce projet qui
emprunte son titre à lʼunivers pop rock2 et propose à chacun
et chacune de cheminer dans cet intérieur qui sollicite tous
les sens : les oeuvres se présentent au regard, certaines peuvent
être touchées, quand dʼautres diffusent de la musique ou
exhalent une odeur âcre.

Son travail combine objets usuels, arts appliqués et savoir-faire
issus de la culture portugaise (notamment la céramique, la
broderie, la ferronnerie) ; de cette rencontre naissent des
sculptures, des installations et des monuments que lʼartiste a
fréquemment installés dans lʼespace public.

Joana Vasconcelos (née en 1971, elle vit et travaille à Lisbonne)
figure parmi les artistes les plus reconnues de la scène
contemporaine : première artiste-femme à avoir été invitée à
exposer au Château de Versailles (2012), elle représente le Portugal
à la Biennale de Venise en 2013 et fait lʼobjet, en 2018, dʼune vaste
exposition au musée Guggenheim de Bilbao.

Commissaire : Estelle Pietrzyk, conservatrice en chef du
patrimoine, Directrice du MAMCS
Exposition organisée dans le cadre de Happy 20,
programme de manifestations de la Ville de Strasbourg,
à lʼoccasion des 20 ans du Musée dʼArt moderne et
contemporain
de Strasbourg, célébrés en 2018.

Horaire du  Mardi au dimanche
10 h à 18 h
 

Füssli, Drame et Théâtre

Jusqu’au 10 février 2019, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Pour la première fois, le Kunstmuseum Basel consacre
une grande exposition monographique à l’artiste suisse
Johann Heinrich Füssli (né à Zurich en 1741, décédé à
Putney Hill en 1825).

Füssli et Bodmer et le buste d’Homère
tableau qui n’est pas dans l’exposition, vu à la Kunsthalle de Zurich

Ses jeunes années se passent à Zurich jusqu’en 1761.
Puis à Rome de 1771 à 1779 où il apprend la peinture.
Il est éduqué par un père érudit, un précepteur et mentor
Johann Jacob Bodmer et un parrain Salomon Gessner
qui lui enseignent, le latin, la mythologie et la bible, la divine
comédie.
Füssli compte parmi les peintres les plus novateurs du
XVIIIe siècle. Et parmi les plus marginaux.
À cheval entre les Lumières et le Romantisme,
il témoigne des antagonismes de l’époque, tiraillée entre
raison et déraison.

Près de 70 tableaux mettent en lumière deux de ses sources
d’inspiration majeures : la littérature et le théâtre.
C’est l’un des créateurs les plus fascinants de la fin du 18e s.
Dans une période sombre, la révolution française, la Terreur
la mort de Louis XVI, de Marat, puis de Robespierre,
la fermeture des académies, des université, des musées,
le patriotisme prend la place de la culture.
L’Europe est dans la tourmente. Les valeurs occidentales
sont en train de se lézarder.
Alors qu’en Amérique est érigé le Capitole symbole du
nouveau monde et de la liberté, en Angleterre Georges III
sombre dans la démence. Ce monde sombre, contemporain
alimente la création surréaliste et  onirique de Füssli.
Féru de littérature l’artiste s’installe à Londres de 1781 à 1825.
A la Royale académie c’est Füssli qui est célébré avec Titania.
(1793/94). Il découvre Shakespeare et Milton.
Füssli, Titania

L’exposition Füssli, Drame et Théâtre s’intéresse aux
sources littéraires de ses peintures ainsi qu’aux moyens
stylistiques mis en oeuvre.
L’oeuvre entière de Füssli est parcourue par son intérêt
pour la grande littérature à laquelle il s’initie durant ses
années d’études à Zurich. Il emprunte des motifs à
la mythologie antique, au Paradis perdu de John Milton et
aux drames de Shakespeare dont il propose une mise
en scène « théâtralisée ».
Füssli, Paradis Perdus Milton

De remarquables compositions
montrent les corps tendus à rompre de héros et de femmes
vierges éclairés d’une lumière crue, tandis que des visions
spectrales, anges déchus, fées et autres apparitions surnaturelles
déploient un fantastique spectaculaire, souvent sombre.
À la croisée du classicisme et du romantisme, Füssli délaisse
les conventions artistiques et se voue au royaume de son
imagination fantasque.
« Shakespeare de la toile »

Après un séjour de plusieurs années à Rome, comme beaucoup
d’artistes de l’époque il fait le « grand tour« , Füssli fait fureur
à Londres à partir des années 1780 avec ses peintures
consacrées à des oeuvres shakespeariennes.

L’exposition présente notamment des grands formats
de Songe d’une nuit d’été, Macbeth et Hamlet que l’artiste
autodidacte réalise pour deux galeries littéraires et qui lui
valent bientôt le surnom de « Shakespeare de la toile ».
Des oeuvres majeures issues de son projet d’une
galerie Milton à laquelle il se consacre entre 1790 et 1800
sont également présentées.
L’image de « Suisse sauvage » excentrique, tel que Füssli
fut surnommé à Londres, est jusqu’à aujourd’hui fortement
marquée par Der Nachtmahr, tableau au succès scandaleux,
dont l’exposition montre la version d’une collection particulière
bâloise.
Ainsi, le public perçoit surtout le peintre comme le précurseur
du romantisme noir du « Gothic Horror ».
L’exposition au Kunstmuseum Basel étoffe cette image
en présentant Füssli comme un artiste extrêmement lettré
doué d’une imagination géniale. Elle donne à voir au visiteur
des matières épiques devenues tableaux et explore aussi bien
l’univers littéraire que l’imaginaire dramatique de Füssli.
Les sources d’inspiration de Füssli sont présentées à travers des
sections consacrées à des légendes antiques et médiévales,
à son étude d’oeuvres plus récentes et contemporaines,
comme Oberon de Christoph Martin Wieland, à des
tragédies et comédies de Shakespeare ainsi qu’au
Paradis perdu, poème épique de John Milton.
Füssli, Oberon

Une autre section est dédiée aux images d’auteur et aux
inventions de Füssli – des peintures qui ne s’inspirent pas
directement d’une oeuvre littéraire existante mais qui
représentent « la personnification des sentiments » que l’artiste
intègre de temps à autre à des contextes narratifs de sa propre
invention.
Füssli, Amour et Psyché

International et multimédia
À l’instar de Füssli, l’exposition Drame et Théâtre aspire
également à produire une vive impression en mettant
l’accent sur la peinture, médium qui suscite l’admiration.
Près de 70 oeuvres présentent les mondes picturaux à la fois
spectaculaires et intellectuellement exigeants élaborés par
Füssli durant ses décennies londoniennes.
Aux côtés des sept peintures du Kunstmuseum Basel
figurent des prêts généreux du Kunsthaus Zürich, de la
Folger Shakespeare Library de Washington, du Yale
Center for British Art de New Haven
, du Louvre, de la
Tate London et du Metropolitain Museum of Art in
New York
ainsi que d’autres musées suisses et internationaux
et de collections particulières.

Thom Luz, régisseur au Theater Basel, parvient dans
un travail vidéo à réunir les univers de la littérature, du théâtre
et de l’art au sein du musée en menant une réflexion du point
de vue du théâtre contemporain sur l’atmosphère et la
dimension parfois mystérieuse de l’oeuvre de Füssli.
Commissaire : Eva Reifert


En outre, l’audioguide propose au visiteur de se laisser
guider personnellement par Füssli à travers les salles
d’exposition.
Podcast le paradoxe Füssli, l’art est la matière
Publication
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît aux éditions
Prestel Verlag. Il propose une approche interdisciplinaire et
donne la parole aux sciences littéraires et théâtrales.
Ainsi, Alexander Honold se penche sur les enseignements
poétologiques de Johann Jakob Bodmer et de Johann Jakob
Breitinger auprès desquels Füssli a étudié à Zurich et explore
les sources de sa conception de l’art.
Pour sa part, Beate Hochholdinger-Reiterer montre comment
l’artiste entre en contact avec l’oeuvre de Shakespeare
et la manière dont le théâtre londonien a exercé une influence
sur son art à partir des années 1760.
Citons enfin d’autres contributions de Eva Reifert, Bodo Brinkmann,
Claudia Blank, Gabriel Dette, Thom Luz et Caroline Rae.
Catalogue qui n’existe hélas qu’en allemand ou en anglais.
Kunstmuseum Basel | Neubau,
St. Alban-Graben 16, 4052 Basel
du mardi au dimanche 10.00–18.00
Mercredi jusqu’à 20h

depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum
 

Mon Nord est Ton Sud

Jusqu’au 11 novembre 2018 à la Kunsthalle de Mulhouse
L’objet de l’exposition Mon Nord est Ton Sud, n’est pas de
développer une analyse sur ce qui rapproche ou éloigne
Mulhouse et Freiburg im Breisgau mais de prendre le
prétexte de ces deux villes pour observer des réalités plurielles
et développer une réflexion sur ce qui différencie deux sujets,
deux situations a priori proches voire confondues.
Sandrine Wymann

Katrin Ströebel

L’exposition est construite autour d’une autre idée de
l’exotisme : il existe plusieurs espaces qui se côtoient, dont
l’espace géographique à l’intérieur desquels les objectifs,
les visées ou les attentes sont pluriels parfois même
contradictoires.
les artistes :
Bertille Bak – Chto Delat – Gil & Moti – Jan Kopp
Georg ia Kotretsos – Katrin Ströbel -Clarissa Tossin
– Maarten Vanden Eynde

Gil & Mot
i
(nés respectivement en 1968 et 1971 en Israël, ils vivent
et travaillent aux Pays Bas)

Ce duo d’artistes masculins affiche clairement son identité :
couple homosexuel, ex-juifs israéliens immigrés aux Pays-Bas.
De là découle tout leur travail qui prend la forme d’installations,
de peintures, dessins, films et photographies. Réunis depuis 1998, ils
partagent tout, chaque moment, mêmes vêtements, mêmes clés,
même portefeuille… À eux deux, ils se sont fabriqué une nouvelle
individualité hors norme, bien décidés à explorer sans concession les
thèmes socio-politiques qui les animent, comme celui des minorités
discriminées, du racisme, de l’altérité.
En 2014 est né le projet Dutch Volunteers. La première
condition pour pouvoir s’inscrire comme volontaires
d’une ONG néerlandaise et partir dans les territoires Cisjordaniens
afin d’apporter leur aide aux palestiniens, était
qu’ils abandonnent leur nationalité israélienne pour devenir
des citoyens néerlandais. Cette nouvelle nationalité
obtenue, ils ont pu se rendre à la fois dans les territoires
occupés et en Israël. Les oeuvres présentées dans Mon Nord
est Ton Sud sont des témoignages de plusieurs communautés
qui se côtoient sans savoir se rencontrer.
Jan Kopp (né en 1970, il vit et travaille
à Lyon en France)

Dessin, vidéo, sculpture, performance, l’ensemble de ces médiums
sont présents dans la pratique de Jan Kopp, pourvu qu’ils
lui laissent la possibilité de prolonger une rencontre.
L’« être ensemble » est un thème qu’il explore sous
différentes formes aussi bien participatives que
contemplatives. Il s’intéresse à la ville qui est un
vivier formidable d’architecture mais aussi de
chaos, d’organisations sociales et de personnes.
Elle lui offre des espaces à arpenter et des détails
à observer.
Utopia House est un projet et une oeuvre nés de l’écoute et
de la rencontre. La commande initiale était de réhabiliter un foyer
décati d’élèves de lycée, d’offrir à de jeunes adolescents un espace
de vie agréable. En les écoutant, Jan Kopp s’est aperçu
que l’envie d’évasion était au moins aussi forte que
la demande d’un nouveau lieu de convivialité.
À ce message, il a répondu par Utopia House, une
sculpture habitable qui est à la fois un bateau et
une habitation. Construite collectivement par une
mise en commun de savoir-faire et d’immenses
énergies, l’oeuvre a ensuite navigué pendant
plusieurs semaines de Mulhouse à Lyon, aller retour.
Georg ia Kotretsos (née en 1978 à Thessalonique en Grèce,
elle vit et travaille à Athènes)
Georgia Kotretsos, a grandi
en Afrique du Sud, étudié aux Etats-Unis puis est
revenue travailler en Grèce. De là, elle développe
une oeuvre très inscrite dans l’actualité du monde
qu’elle observe à partir de son statut de femme
artiste grecque. La question du savoir, de son
partage et le débat sont au coeur de son engagement.
Activiste, elle a un travail de photographie, de
dessin, de sculpture mais elle est aussi à l’initiative
de rassemblements, de conférences, de textes qui
traduisent autant sa parole que celles de ceux qu’elle
engage à ses côtés.
En avril 2016, elle entreprend la première
expédition liée à son projet The Phototropics. En
partant sur l’île d’Ithaki, l’objectif est de mener un
voyage de recherche pour explorer le phénomène
du phototropisme appliqué aux mouvements
humains. Sur place, elle déploie des gestes
éphémères, comme inscrire le mot « HELP » en
anglais et en arabe sur les plages avec les parasols
des vacanciers. Les expéditions suivantes la mènent
au Maroc à Merzouga dans le désert, autre point
stratégique de la migration humaine, puis aux
grottes d’Hercule point de départ de nombreux
migrants. Les photographies et dessins présentés
dans Mon Nord est Ton Sud documentent les
voyages successifs tandis que les sculptures
attenantes rappellent la fragilité des états jamais
définitivement installés.
Pour construire votre visite / parcours au sein de
l’exposition :
Emilie George / Chargée des publics
emilie.george@mulhouse.fr
+33 (0)3 69 77 66 47
Éventail des visites à thème téléchargeable sur
www.kunsthallemulhouse.com

Miro au Grand Palais de Paris

Le Grand Palais, à Paris, présente dans  une rétrospective dédiée
au grand maître catalan Joan Miró (1893-1983),
près de 150 oeuvres,  jusqu’au 4 février 2019.

Miro Peinture Poème

ceci est la couleur de mes rêves

« Il m’est difficile de parler de ma peinture, car elle est
toujours née dans un état d’hallucination, provoqué
par un choc quelconque,
objectif ou subjectif, et duquel je suis entièrement
irresponsable.

Quant à mes moyens d’expression, je m’efforce d’atteindre
de plus
en plus le maximum de clarté, de puissance et
d’agressivité plastique,

c’est-à-dire de provoquer d’abord une sensation physique,
pour arriver ensuite à l’âme. »
« Déclaration », Minotaure : revue artistique et littéraire,
n° 3-4, décembre 1933, p. 18, dans Joan Miró :
Écrits et entretiens
, Margit Rowell (éd.),
Paris, Daniel Lelong, 1995, p. 132
Miro Autoportrait

Les oeuvres sont réunies afin de donner à cet oeuvre unique
et majeure toute la place qui lui revient dans la
modernité.  Des prêts exceptionnels, provenant de grands musées
internationaux, européens et américains, ainsi que de grandes
collections particulières mettent l’accent sur les périodes
charnières de Miró qui déclarait :
« Les gens comprendront de mieux en mieux que
j’ouvrais des
portes sur un autre avenir, contre toutes
les idées fausses,
tous les fanatismes ».
La création de cet artiste protéiforme, colorée, poétique,
d’exception irrigue l’art de tout le XXe siècle, irradiant de sa
puissance et de sa poésie près de sept décennies avec une
générosité et une originalité inégalées.
Miro, la Ferme 1921 / 22

Dans une scénographie, créée tout spécialement pour les
espaces du Grand Palais et rappelant l’univers
méditerranéen de Miró, des oeuvres majeures (peintures
et dessins, céramiques et sculptures, livres illustrés)
se côtoient afin de mettre en lumière cet itinéraire marqué
de renouvellements incessants.
Miro le Carnaval d’Arlequin 1924/25

L’exposition débute au premier étage, avec les périodes
fauve, cubiste et détailliste, suivie de l’époque surréaliste où
Miró invente un monde poétique, inconnu jusqu’alors
dans la peinture du XXe siècle. Ces périodes fécondes
mettent en évidence les questionnements de l’artiste, ses
recherches ainsi que sa palette de couleurs toujours au
service d’un vocabulaire de formes inusitées et nouvelles.
Miro , l’Addition 1925

C’est un esprit rebelle et libre qui crée un langage propre
Ni abstrait ni figuratif, riche de multiples inventions, c’est
dans un parcours poétique que l’on découvre le langage
résolument neuf que n’a eu de cesse de développer
Miró. Son art prend ses sources dans la vitalité du quotidien
pour s’épanouir dans un monde jusqu’alors méconnu où les
rêves du créateur occupent une place privilégiée.

« Il me faut un point de départ, explique Miró, ne serait-ce
qu’un grain de poussière ou un éclat de lumière. Cette forme
me procure une série de choses, une chose faisant naître
une autre chose. Ainsi un bout de fil peut-il me déclencher
un monde. »
La montée du fascisme, dans les années 1930, le voit s’engager
dans une lutte sans fin pour la liberté. Des peintures dites
« sauvages » illustrent la force étrange et inédite qu’il donne
à son oeuvre dans ces moments de tension extrême.

Pour l’exposition universelle de 1937, il expose à côté de Guernica
son oeuvre , le Faucheur, un paysan avec une faucille.
Oeuvre malheureusement perdue, qu’il avait donnée aux espagnols.
Dans les années 1940, l’apparition des Constellations, une série
de petits formats exceptionnelle exécutée à Varengeville-sur-Mer,
en Normandie, livre un dialogue avec des rêves inassouvis.
Bientôt ce sera l’interrogation sur la céramique qui donnera
naissance à une sculpture qui témoigne, là aussi, de cette passion
pour la réalité et une part de rêverie qui n’était pas a priori
imaginable dans cette discipline.

Miró
transforme le monde avec une apparente simplicité
de moyens, qu’il s’agisse d’un signe, d’une trace de doigt ou de celle
de l’eau sur le papier, d’un trait apparemment fragile sur la toile,
d’un trait sur la terre qu’il marie avec le feu, d’un objet insignifiant
assemblé à un autre objet.

Il fait surgir de ces rapprochements étonnants et de ces mariages
insolites un univers constellés de métamorphoses poétiques qui vient
réenchanter notre monde.
« Pour moi, avoue Miró, un tableau doit être comme
des étincelles.

Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou
d’un poème ».

Miro et Prévert

Les dernières salles sont consacrées aux vingt-cinq dernières années
de la création du peintre. Dans son grand atelier de Palma de Majorque
construit par son ami l’architecte Josep Lluis Sert, Miró peint
des oeuvres de plus grands formats qui donnent une ampleur
nouvelle à un geste toujours aussi méticuleusement précis.
Le vide s’empare d’une grande partie des toiles longuement
méditées. Miró déploie une énergie nouvelle

avec des signes et des formes mettant en évidence une création
toujours en éveil. De grandes sculptures en bronze, parfois peintes,
disent, aussi à cette époque, la juxtaposition heureuse entre
le réel et l’irréel. Dans cette oeuvre ultime où le noir surgit
souvent avec une force nouvelle, le tragique frôle toujours
l’espoir.
Ainsi Miró investit-il l’univers pictural et sculptural avec une
acuité attisée par le temps qui passe.
Jean-Louis Prat

commissariat :
Jean-Louis Prat, ancien directeur de la fondation Maeght
(1969-2004), historien de l’art,
membre du Comité Joan Miró et ami de l’artiste
scénographie : Atelier Maciej Fiszer

Podcast les Constellations avec Jean Louis Prat
Il y évoque aussi les toiles sur le prisonnier qui attend son execution