Jan Fabre – Ma nation : l’imagination

Jusqu’au 11 novembre 2018, la Fondation Maeght
accueille l’artiste belge Jan Fabre.
« le cerveau est la partie la plus sexy du corps humain « 
Jan Fabre

Jan Fabre, Sacrum Cerebrum XIII

L’exposition est consacrée à ses sculptures essentiellement
en marbre et à ses dessins traitant de la pensée, du corps,
de nos rêves et surtout, de nos imaginaires en dialogue
avec les découvertes scientifiques, avec l’esprit et le cerveau
qui deviennent une source, une terre, un personnage dont
nous vivons les aventures dans cette exposition, grâce à
des oeuvres notamment créées pour cet événement.
D’autres ont déjà été présentées aux  biennales de
Venise 2017 (vidéo) à l’Abbaye de San Gregorio.
et Venise 2009, 

Grand héritier du surréalisme et du baroque flamand,
comme de l’art dramatique et de la danse contemporaine,
on ne présente plus Jan Fabre, artiste plasticien protéiforme,
iconoclaste, se dit homme de la consilience,
créant des sculptures et des installations, grand dessinateur
et également artiste de la scène et auteur.
L’imagination s’est imposée d’emblée, comme thème
central. Observer de façon concentrée et intensive pour

en faire surgir un microcosme et pour y élever les insectes
au rang de chevaliers et de héros, transformant un monde
banal en un univers fantastique comme une faculté
miraculeuse de l’enfant. Pour Fabre elle incarne
l’essence même de l’imagination artistique. C’est magique.
Il y a 3 couleurs principales le blanc pour la pureté,
le doré pour la spiritualité, le bleu pour la robe de la vierge,
dans l’histoire de l’art et la croix c’est l’arbre de vie
Les tomettes du sol avec les murs blancs et les sculptures
en marbre de Carrare en font un ensemble très pur.

L’heure bleue est le moment pour Jan Fabre qui
précède l’aurore et la lumière du jour. C’est le moment
clé où les animaux de la nuit vont dormir et où ceux du jour
se réveillent où le silence est absolu, avant que tout n’éclate.
Le moment où Jan Fabre insomniaque créé. D’où les séries
au stylo bille bleu qui ornent les murs des salles.
Jan Fabre a conçu une exposition « sur-mesure » pour
la Fondation Maeght, une exposition qu’il a voulue spirituelle,
dans tous les sens du terme, à la fois onirique, grave, mais avec
l’ironie des jeux et l’humour à la manière de James Ensor.
Il fait dialoguer ses découvertes d’artiste avec celles de la science
et de l’histoire des arts.
Jan Fabre se veut à la fois
« guerrier et serviteur de la beauté ».
Son oeuvre répond à la beauté de la Fondation, qu’il considère
comme un haut lieu de la création, par sa scénographie, par la
beauté de ses sculptures où le marbre, la blancheur, les
opalescences, les transparences répondent aux associations libres
de ses dessins et de ses collages. C’est une danse de la pensée
et du corps avec les éléments, les autres règnes, les fictions les
plus surprenantes, qui se déploie ainsi dans la fondation.
Insectes, cerveaux, crânes, squelettes, les sujets obsessionnels
de Jan Fabre nous parlent de mort. Le gisant, une tradition
de la sculpture occidentale, sublime le corps pourrissant.
Jan Fabre revisite ces vanités avec dérision, nous invitant
à méditer sur la fragilité de la vie.

Les corps sont délicatement sculptés en marbre de Carrare
avec un grand réalisme. De talentueux marbriers de Carrare ont
réalisé les oeuvres d’après les idées et les croquis de l’artiste
qui ornent les différentes salles .
Poursuivant son dialogue entre art et science, Fabre représentent
deux scientifiques, Elizabeth Caroline Crosby (1918-1983),
neuro-anatomiste américaine et Konrad Lorenz (1903-1989),
biologiste et zoologiste autrichien. Deux explorateurs des mystères
du cerveau présentés comme des défunts royaux et qui,
selon l’artiste, ressemblent à ses parents,  Edmond Fabre et
Helena Troubleyn.

Allongée sur un matelas brodé, le corps de Lady Crosby
est couvert d’un léger voile. La femme semble endormie.
Un ver se glisse sous le tissu, signe de décomposition,
ou selon Jan Fabre, une allégorie de la fertilité. Le papillon
posé sur le visage de la défunte est un symbole de
résurrection comme les abeilles, araignées, scarabées.
Ces insectes ont le même rôle que les lions et les chiens
psychopompes (guides des âmes) aux pieds des sépultures royales.
Les gisants entourés chacun de 5 sculptures ont été conçus comme
dans une chambre funéraire. Les 10 petits gisants cerveaux
surmontés de leurs accessoires apparaissent comme une sorte
de galerie de portraits.
Autour des gisants, les cerveaux posés sur des socles sont comme
des globes, des univers. Ils sont coiffés d’insectes, délicat papillon
semblant butiner les circonvolutions de marbre ou araignée nichée
dans une feuille hésitants entre la vie et la mort.

Le point d’orgue est l’interprétation de la Piéta déjà
présentée à Venise 2015   à la Nuova Scuola Grande
di Santa Maria della Misericordia.
(voir la description sous le lien).
A St Paul c’est dans
la cour extérieure, cinq Piétas, monumentales, virginales,
sur un sol doré. L’agencement de l’ensemble de ces 5 oeuvres,
chacune dressée sur un bloc de marbre brut, invite les visiteurs
à une ascension spirituelle vers la Piéta V ( Merciful Dream).
C’est une pièce poignante inspirée de la Piéta de Michel-Ange.
Jan Fabre y substitue sa propre représentation à celle du
Christ, étendu mort sur les genoux de la Vierge, dont le
visage est remplacé par une tête de mort. De la main droite de
l’artiste tombe un cerveau. Ici on ne peut accéder aux oeuvres
comme à Venise, où cela était possible en enfilant des chaussons.
C’est tant mieux, car actuellement il n’est plus possible d’accéder
sereinement et pleinement à des oeuvres depuis que le monde
est atteint de selfite furieuse.
« Pour moi, il s’agit d’un triptyque : la science,
la religion et
l’art «  J F

Ce qui touche dans le travail de Jan Fabre, c’est la puissance
alliée à la fantaisie, la métaphore et la poésie, le goût des formes
animales et végétales. Le corps est son matériau de recherche
et il en repousse les limites sans cesse
. Le roi du plagiat :
Cette installation fait référence à une pièce de Jan Fabre
le Roi du Plagiat. Il est question d’un ange qui souhaite
redevenir humain. Pour y parvenir il doit se construire
un nouveau temple, se constituer un nouveau cerveau,
et un nouveau corps. A cet effet il va utiliser 4 pierres,
4 Stein (pierre en allemand) : Frankenstein – (la médecine
et l’invention de l’intelligence artificielle), – Gertrude Stein
(l’écriture), – Wittgenstein (la philosophie) Einstein (la science)

Hommage à Jacques Cousteau
Ce sont les cerveaux associés à des insectes, lui-même
étant le scarabée (papillons, araignées, abeilles) des animaux
( poissons, tortues, coraux,) des végétaux (fleurs, arbres,
fruits … ou des objets du quotidiens (souvent contondants.)

Pour Fabre une exposition est une mise en scène,
une dramaturgie, un acte spirituel. Il sait choisir avec
un rare bonheur ses lieux d’exposition,  des écrins qui
portent à la spiritualité.
« L’art tel que je le perçois est un moyen de défense de
la vulnérabilité de notre état d’humain, de défense de
la vulnérabilité de la beauté. »

Jan Fabre the Brain as a Heart

Fondation Maeght
623 Chemin des Gardettes
St Paul de Vence
ouvert tous les jours de 10 à 18 h

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

2 réflexions sur « Jan Fabre – Ma nation : l’imagination »

Les commentaires sont fermés.